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Louise et Bruno lancent l'offensive contre l'organisation et Peter se laisse entraîner.

Le 14e congrès de RI (avril 2000) vient de se tenir. Il a tiré un bilan très positif du travail de la section en France et tracé des perspectives claires. Cependant, tout au long du congrès, Louise a adopté une attitude "boudeuse et silencieuse". C'est une bouderie très visible et un silence très audible. A la fin du congrès, se tient une réunion de la CE qui vient d'être nommée en présence d'une délégation du SI. A cette occasion, le camarade Bruno porte une critique très forte contre l'orientation du BI. C'est-à-dire contre ce qui est ressorti du congrès. Comme on le verra plus tard, il ne pouvait adopter une telle attitude qu'en se sachant soutenu par Louise et Peter

1) Le début de l'alliance de Louise, Peter et Bruno contre l'ouverture du débat

Dans la discussion sur le bilan du congrès de RI, le SI s'interroge sur le sens des attitudes – différentes - ou des supposés désaccords de Louise, Bruno et Peter.

SI du 27/04/00 :

Olivier commence par la conclusion du bilan fait hier en section [de Paris] : deux visions se sont exprimées, et elles s'expriment à l'intérieur du SI. Il faudra aller plus à fond, et voir quelles questions il faudrait approfondir.

Par exemple Peter qui dit en commençant [que] le congrès a montré qu'il y a eu des difficultés, un manque d'homogénéité. Ce qui est bizarre, c'est qu'il a été une continuation du BI plénier de la semaine d'avant ; ou alors il fallait critiquer le BI plénier. Donc je ne vois pas le niveau de ses critiques. Elles se basent sur un certain nombre de points sur l'activité, la discussion du samedi (?) ; je ne vois pas en quoi [elle était] chaotique.

Ensuite par rapport à la délégation du BI : je trouve qu'elle a été bien, qu'elle est intervenue dans le bon sens, elle a amené des points importants.(...). Il [Bruno] a posé la question que la CE avait eu une orientation et le BI une autre orientation en demandant la discussion du texte du SI ; car s'il avait su qu'on mettrait en discussion ce texte, il aurait contribué d'une autre manière à la discussion ; et il trouvait bizarre qu'on publie le texte sans avoir rectifié les erreurs factuelles contenues dans ce texte."

[Bruno croyait sans doute sincèrement que le texte du SI n'allait pas être discuté. D'où tire-t-il cela alors que le BI plénier une semaine auparavant décide que le texte doit être discuté ? C'est bien la manifestation non seulement des confidences qu'il reçoit, mais aussi que malgré la décision du BI, Louise et Bruno (Peter ?), ont engagé une résistance à la publication de ce texte et qu'ils espèrent bien arriver à leur fin. Ou pour le moins, retarder au maximum la publication. Contre la décision du BI. Pourquoi ?]

"(...) Louise a demandé pourquoi le présidium est venu lui demander de se prononcer ; on lui a répondu que c'était normal" [face à son silence et alors que tous les camarades savent qu'elle n'est pas d'accord. La seule chose qu'ils ne savent pas, c'est sur quoi elle n'est pas d'accord. Aujourd'hui avec le recul, nous pouvons avoir une idée du sens profond de "son silence"]

Michel: "à cette réunion de la CE, le camarade Bruno a fait une intervention 'terroriste', style absolument catégorique : la CE avait pris une décision et les modalités organisationnelles qui avaient consisté à mettre en discussion le texte à la veille du congrès, étaient anti-organisationnelles (!). J'ai répondu vigoureusement en lui disant que c'était inadmissible de dire que les décisions du BI sont anti-organisationnelles, c'est vraiment ne pas mesurer ce qu'il dit. Sa manière inhibe [intimide] les camarades ; les seuls qui ont un peu réagi : Bernard, Palko ; c'est tout. Il ne tient aucun compte de la rafale d'interventions dans le congrès, montrant l'homogénéité [sur les] problèmes traités : rien ne lui a fait. Il se préoccupe des discussions «entre chefs».

La discussion révèle aussi que le mal vient de loin ; longtemps que les membres de la CE ont perdu l'habitude de prendre en charge, de prendre des initiatives ; depuis longtemps les camarades ont perdu l'habitude de s'exprimer. Même Samuel. Palko un peu. Ceux qui ont "droit à la parole" : Bruno, Olivier, Louise quand elle daigne dire quelque chose ; les autres du SE sont en retrait." [Michel rejoint sous un autre angle ce que François a défendu dans le BII 280 quand il a défini et critiqué la politique du SE comme une politique "d'injonction"; cf.le chapitre 15]

Michel continue son intervention : "Louise quant à elle, on ne sait pas ce qu'elle pense ; son texte n'était pas pour le congrès ; sa position c'est qu'il ne fallait pas arriver au congrès en ordre dispersé. C'est inquiétant, d'autant plus que le camarade Peter n'est pas dans le coup, et s'il l'est, ce n'est pas avec la politique du SI et du BI, est-ce sa politique ? Quelle est-elle ? Il y a un truc qui ne va pas, inquiétant car cela crée une fragilité à Paris pour le moins, et il va falloir s'appuyer beaucoup sur les ressources de la CE".

Dans la partie précédente, nous avions vu les difficultés et la gêne de Peter lors du BI plénier. Jusqu'alors, il avait toujours, même si avec des réticences ou des hésitations, appuyé la politique du BI et du SI vis-à-vis du SE et de sa dynamique de contestation du SI. Au BI, il a commencé à être particulièrement mal à l'aise. A l'évidence, il s'est déjà engagé à ce moment-là vis-à-vis de Louise – nous avons vu les pressions constantes qu'elle exerce sur lui – sur la question de la publication du texte du SI, et donc sur la mise en évidence des dysfonctionnements du SE et des problèmes de comportements individuels qui sont posés derrière ces difficultés. A partir de maintenant, il va être contraint d'adopter une attitude déloyale vis-à-vis du SI. Et sans le déclarer ouvertement, il va adopter une politique en opposition à celle du SI. Commence alors l'obstruction à la publication du texte du SI, les manœuvres de retardement, et l'opposition à la publication du BII 276.

2) Peter abandonne les intérêts de l'organisation sous la pression

A la fin de cette même réunion, Peter indique qu'il ne pourra pas recevoir comme prévu, ni participer, aux discussions avec le camarade K. d'Inde pour les discussions d'intégration. On voit bien l'importance de ces réunions et donc l'importance d'une mobilisation du SI. Notons que Peter entame là une pratique particulièrement irritante pour les autres camarades, pratique qui va devenir systématique. Quand il est gêné par une question qui a trait soit à son engagement militant, soit au comportement militant de sa compagne, il attend la fin de la réunion du SI pour poser le problème, pour rajouter un point une fois l'ordre du jour terminé. C'est sans doute inconscient chez lui mais c'est aussi révélateur de sa "gêne".

La réunion est finie. Mais Peter soulève la question de l'arrivée de K. le 6 ; or il sera absent. Qui sera là ? Qui peut s'en occuper ?

Michel: "ça ne me gêne pas vraiment de m'en occuper ; mais ce n'est pas normal que les camarades qui savaient que le mois de mai est très pris, prennent des vacances (et deux sont à des conférences territoriales)... Il n'y a que Peter qui le connaît." Présidence/Jonas :"Ça redevient une discussion politique de fond ; inscrivez-vous." [Jonas a raison de souligner que c'est une discussion politique de fond que Peter n'osait poser franchement, un peu comme un gamin honteux].

Peter: "le problème, n'est pas Louise en soi, mais M.(l'enfant). On lui avait dit qu'on serait un week-end avec elle puisqu'on était absent plusieurs week-ends [cela pourrait être une raison justifiée, mais Peter ne se pose pas la question que les autres camarades peuvent avoir aussi le même problème avec leurs propres enfants. Et qu'il serait nécessaire d'en discuter collectivement au lieu de mettre l'organisation devant le fait accompli. Mais la vraie raison n'est pas là. La suite de l'explication est différente].

"Problème de la dépression de Louise qui a le sentiment qu'on a sacrifié notre fille à l'organisation". [C'est toujours le même chantage de Louise sur Peter, en particulier à propos de leur fille, cette "erreur colossale" selon elle,  cf. notes du SI du 27/1/98, chapitre 4.  Pourquoi le pose-t-il au dernier moment si ce n'est parce qu'il a un peu honte devant les autres camarades ? Et pourquoi a-t-il honte sinon parce qu'il sait bien qu'il a cédé à une exigence supplémentaire de Louise ?]

Comment le SI finalement résout-il la question ? C'est Michel qui "arrondit" les angles – car les autres camarades sont en colère - et va prendre en charge la venue de K. tant aux plans pratique que politique. C'est-à-dire le même Michel, le supposé guru, qui rattrape régulièrement les manques et les retards de Peter - voire ses désertions pour cause de vacances pour la Revue internationale 105 avant le 14e congrès du CCI (avril 2001) – afin d'assurer le travail régulier de l'organisation.

Michel: [il est] vrai qu'il y a du temps [une semaine] et il ne faut pas être immédiatiste. Pour des raisons de logistique on n'est pas très nombreux samedi et dimanche. On peut voir les camarades de Paris qui parlent anglais. [Il faut] gérer les choses avec les ressources qu'il y a. [Il est] essentiel d'aller à New-York. Moins urgent pour la Suisse, mais appel de leur part très clair ; il y a un nouveau camarade."

La position actuelle du BI sur le clan-pavillon dans le SI amène à cette absurdité : pour le travail, l'intervention et l'unité de l'organisation, le supposé guru Michel et son soi-disant clan sont plus efficaces que les brillants "marxistes" que sont Peter et Louise.

3) Un incident éloquent

Les camarades Sophie et Sven se séparent. Sophie se retrouve dans une situation dramatique de dépression. Les camarades Peter et Louise sont parmi les premiers à assurer une solidarité vis-à-vis de Sophie. Nous ne rentrerons pas ici dans les détails, les discussions et les incidents (1), incidents dans lesquels sont toujours mêlés Louise et Peter, qui se produisent à ce moment-là. Des témoignages ont été apportés à la commission d'investigation. Mentionnons quand même, contrairement à la légende qui s'est mise en place, que d'autres camarades que Louise et Peter se sont mobilisés pour voir et aider Sophie, et aussi Sven qui souffre aussi beaucoup de la situation (cf. les témoignages et les lettres de Sophie et Sven).

Lors de la réunion du SI du 2/5/00, se produit un incident à partir de la discussion sur Sophie et Sven. Nous ne pouvons citer les notes. Nous demandons donc, pour la première et la dernière fois dans ce document, aux camarades de nous croire sur parole. Peter se laisse aller à évoquer le fait que l'organisation aurait une responsabilité dans la disparition de Julien (2).

Michel: "te rends-tu compte de ce que tu dis ? (...). Laisser entendre que nous aurions notre part de responsabilité est indigne." (3)

Comment Peter peut-il s'être mis cela dans la tête ? D'où tient-il cette idée ? N'est-ce pas là l'expression d'une dérive particulièrement grave de sa part ?

4) Un acharnement... anti-Jonas de la part du SI ?

A cette même réunion du 2/5/00, une discussion a lieu sur les projets d'avenir du camarade Jonas. Fidèle à la politique du CCI, surtout depuis 93, le SI essaie de poser de suite un problème d'ordre individuel, privé et familial. Cette fois-çi, il ne s'agit pas de Peter, mais de Jonas. Ce n'est pas Jonas qui pose le problème. C'est un autre membre du SI qui veut vérifier s'il y a bien un problème et le poser le cas échéant, pas dans les couloirs, ni autour d'un repas, mais dans le cadre formel de l'organisation, au SI. Notons que ce type de discussion sur la situation des membres du SI est une règle et que ce n'est pas la première fois que nous abordons des problèmes personnels autres que ceux de Peter.

Juan: "au cours d'un repas avec le camarade Jonas et sa compagne, sa compagne a réitéré à deux reprises qu'en septembre vous seriez partis de Paris."

Jonas: "elle croit qu'elle peut facilement se faire muter, elle se fait des idées. De toutes façons je ne peux plus l'empêcher de vouloir s'en aller. Si elle obtient une mutation on s'en va." [Jonas n'en a jamais parlé auparavant au SI].

Juan: "donc soit elle garde cette idée, et ça va te poser un problème de couple."

Jonas: "je peux être militant ailleurs."

Juan: "donc il y a la possibilité que tu partes de Paris. Ca mérite d'être posé. Et ta compagne était assez catégorique".

Olivier:"ça me pose un petit problème, est-ce que vraiment vous avez discuté de la chose tous les deux ?" (...). Ca vaut la peine que tu réfléchisses. Je demande que les camarades réfléchissent. On a une engueulade [une dispute] entre Michel et Peter [sur l'incident relevé plus haut]. Ca pose problème. Et le camarade Jonas veut quitter Paris. Je pense qu'il faut réfléchir à notre situation du SI. A Paris on n'a pas de CO, le SE est réduit à sa portion congrue [très peu de camarades]. Et si le SI s'affaiblit."

Peter: "de toutes façons rien n'est fait. Ceci dit il faut anticiper. Si la compagne de Jonas veut quitter Paris, il ne faut pas faire pression sur Jonas ; il faut faire confiance pour qu'il choisisse la solution la meilleure pour l'organisation. La question s'est posée à WR lorsque Sven et Sophie ont quitté Londres. La réponse à l'époque ça a été de faire confiance aux camarades."

Juan: "ce qui m'inquiète c'est quand Jonas dit «je suis resté à Paris à cause de l'organisation»".

Jonas: "c'est mal dit."

Juan: "mais ta compagne aussi peut le comprendre «à cause de l'organisation»".

Au-delà de notre propos immédiat, à savoir montrer qu'il n'y a pas un acharnement "spécial Peter" mais qu'il appartient à l'organisation, dans ce cas au SI, de poser toutes questions personnelles qui peuvent avoir une conséquence sur l'organisation, il y a là deux insistances qui apparaissent. Nous ne pensons pas qu'elles soient contradictoires et nous ne pensons pas que le fait que ça soit Peter qui en exprime une, et Juan et Olivier une autre soit significatif d'autre chose que d'un souci à un moment donné. Précisons que ces deux derniers n'ont aucunement l'idée d'imposer à Jonas de rester à Paris contre sa volonté et contre la volonté de sa compagne. "Ca va sans dire, mais ça va mieux en le disant".

Après le congrès de RI (avril 2000), les éléments de la crise se précisent. Le couple Louise-Peter va mieux. Mais son "unité" retrouvée se fait contre l'organisation. Petit à petit, Peter reprend des thèmes de Louise qu'il n'acceptait pas en septembre 99. En particulier, il participe à la résistance à l'ouverture du débat. Bruno et Louise de concert, c'est clair, s'attaquent au SE et au moral de ses membres en les traitant de suivistes. Leur objectif maintenant : bloquer ou retarder au maximum l'ouverture du débat afin de semer le trouble et de saboter la mise en évidence de la question du militantisme et de comportement.



Notes:

1 Même si ça ne fait pas partie de cette période de l'histoire du SI, et comme il est possible que la période 2001 tarde un peu à être rédigée, il faut quand même mentionner le fait suivant : au cours d'un repas en présence de Peter, Louise, et des camarades Cassandra, Peppino et Kiel – délégués pour discuter avec Louise et lui apporter le soutien et la solidarité du BI et de l'organisation – Louise insinue qu'un membre du SI aurait dit à Sven qu'il fallait qu'il se sépare. Et que, si le CCI devait perdre un des deux camarades, il valait mieux que ce soit Sven qui reste militant. Déjà en soi, cette remarque d'un camarade serait honteuse. Mais le fait qu'elle soit un pur mensonge, donne à vomir. Et que les membres de la délégation prennent cette remarque pour argent comptant [la croit] est absolument navrant. Quelles leçons de 93 ont-ils réellement tirées ? La lettre des membres du BI sur ce fait n'arrivera au SI qu'en avril juste avant le congrès... En même temps, arrive le texte en réponse à Louise de... Kiel présent aussi à l'entrevue et au nom du SI élargi qui reprendra la théorie du tissu organisationnel de Paris comme cause aux problèmes de Louise.
Dans un premier temps, le SI s'interroge. Quel membre du SI est-il visé ? Michel pense que c'est lui puisqu'il a hébergé Sven un certain temps et qu'il est la cible principale – nous le savons depuis les expressions de défiance à son égard par le SE (cf. les parties précédentes) – des dénigrements de Louise. En fait, nous l'apprendrons lors du SI mensuel de juin 2001, Louise accuse de façon mensongère Olivier jetant ainsi le discrédit sur lui tout en lui forgeant une réputation de "destructeur de couples". Ne faut-il pas reconnaître ici une méthode qui était fréquemment utilisée par Simon ?

2 [camarade qui est décédé dans une situation de dépression personnelle très forte]

3 [C'est la deuxième fois que Michel parle d'indignité pour Peter ou Louise... en présence de Peter et lors d'une réunion formelle de l'organisation, et non pas dans les couloirs ou au cours d'un repas. C'est-à-dire que c'est "officiel", franc et ouvert devant l'organisation]


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