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Le militantisme communiste et le combat pour l'esprit de parti

1) Le CCI confronté au rapport entre vie du militant communiste et vie personnelle

Les premières réunions de l'année 1999 sont intéressantes. Le SI se penche sur plusieurs questions ayant trait aux fausses conceptions du rapport entre vie personnelle et vie militante.

SI du 14/1/99 :

Michel (sur des problèmes du couple "X") :" Je pense qu'il faut discuter dans la partie du travail collectif, des problèmes d'engagement militant et de l'existence de deux couples militants [dans "cette" section]. Difficultés dans les couples à gérer le fait qu'ils soient en couple, mais qu'ils tendent à se considérer comme couple militant." L'ensemble du SI, Peter compris, est d'accord. Puis Peter aborde la question d'une "trajectoire personnelle" particulière et délicate d'un militant : "c'est quand même un problème de maturité des militants. Ou bien ces épisodes sont tellement lourds que les camarades ne peuvent être militants ; ou bien les camarades doivent dépasser de telles choses, assumer. Un aspect : choisir la délégation la plus opportune. Mais si les faits sont extrêmement délicats, il appartient quand même au SI de donner un cadre pour ce type de situation. Ce sont des problèmes qu'on peut rencontrer ailleurs, et il faut faire part du cadre et de l'expérience. Moi je pense que même si ce sont des questions délicates, le SI doit pouvoir définir une politique".

Peter manifeste là encore une réflexion politique basée avant tout sur l'intérêt général de l'organisation.

Effectivement, de plus en plus, l'organisation, et le SI au premier chef, se retrouve face à des difficultés personnelles réelles liées souvent, pas toujours, à des confusions politiques sur le militantisme, en tout cas à une difficulté politique individuelle et collective pour poser et affronter ces questions. Inutile de revenir ici sur les cas déjà connus (Nis à Internationalisme, Ldo-Mary à RM, etc...) : séparation de couple, problèmes de santé et particulièrement d'ordre psychologique, problèmes d'endettement personnel lourd. Nous ne pouvons mentionner tous les cas de ce type, plus les questions comme la séparation, ou la fusion vie militante et vie personnelle (AP, RM sur le poids de la religion...). Ce sont ces problèmes, et évidemment particulièrement, celui que le SI a sous les yeux et qui touche à deux camarades (Peter et Louise) à l'autorité politique alors indiscutable et avec des mandats de premier plan, auquel le CCI se trouve confronté et que le 13e congrès de 1999 va essayer de poser afin qu'on puisse y répondre.

Au SI du 19/1/99, est abordée la question des difficultés de la camarade Nis qui vient de se séparer de son compagnon militant. Peter : "Sa vie sociale était avec son compagnon et l'organisation. Et c'est tout. C'est sans doute un élément qui doit jouer" dans sa dépression et sa démoralisation. Ensuite, sont abordées les difficultés de la camarade Denise (Toulouse) qui finira par démissionner et dont le compagnon, non militant, exerce un chantage sentimental permanent sur la camarade et cherche, pour le moins, à détruire sa conviction militante. Avec succès d'ailleurs.

2) Louise et Peter comme manifestations particulières des difficultés du militant communiste

C'est dans cette situation générale que continue à se poser pour le SI les difficultés des militants Peter et Louise. Avec le recul, aujourd'hui, on s'aperçoit qu'ils sont au cœur du problème général de par leur rôle et leur "place" dans l'organisation et de par la résistance qu'ils vont opposer à l'organisation. Ils sont d'une certaine manière la clé de ce problème. Leur situation résume ou synthétise en grande partie toutes les situations personnelles de difficultés, en terme de couple, en terme de vie quotidienne, familiale, professionnelle (Louise a toujours des problèmes au travail), en terme d'absence de vie sociale en dehors de l'organisation, en terme de maladie psychologique, en terme de militantisme, en terme de rapport entre vie militante et vie personnelle, etc...

SI du 26/1/99 :

Peter : "au niveau maison, Louise est en arrêt maladie, déprimée. Ca tourne autour de notre fille, difficultés scolaires, "elle n'est pas assez encadrée", c'est moi qui n'ai pas assez fait mon travail selon Louise." [Louise accentue sa pression et la culpabilisation sur Peter – qu'elle ait raison ou non n'est pas le problème – par rapport à l'éducation de leur fille. Ca va être le cas toute l'année].

Jonas: "la semaine dernière on avait compris que Louise quittait la maison. Elle reprend apparemment son rôle de mère normale. C'est rentré dans l'ordre ?"

Peter : "c'est de façon assez contradictoire. Les professeurs ont dit qu'il fallait encadrer plus notre fille ; Louise considère que c'est moi qui ne l'aie pas assez encadrée alors que je m'en occupe seul au niveau scolaire ; mais du coup elle culpabilise ; elle reste à la maison".

Louise continue son chantage permanent, car il s'agit bien d'un chantage qu'il soit conscient ou non, sur Peter à propos de la séparation. Mais en même temps, elle se "sacrifie", "culpabilise" dit Peter, pour l'éducation de la fille. Conscient ou inconscient, malade ou pas malade, n'est-ce pas une manipulation qui se met en place ?

Le "point Peter" se poursuit et le SI aborde la question d'une adoption d'une nouvelle résolution.

Lecture projet de résolution (1) sur Peter

Jonas : "c'est important que Peter se prononce."

Peter:" je suis d'accord"

Elise: (...) il ne faut pas refaire comme la dernière fois, uniquement la régularisation des horaires ; si on dit qu'il y a un problème politique derrière, c'est plus profond. Dans le cas de David, au début il n'a pas compris qu'il ne comprenait pas, il a mis plusieurs mois pour comprendre ; pour David c'était plus "facile" (...). Le camarade Peter est souvent le "sauveur" au niveau politique. Ceci dit il y a toujours le problème politique du travail collectif qui subsiste derrière. On dit à Peter qu'il est "un anarchiste 68ard", il est d'accord ; OK, mais en fait, comment manifester cet accord ? Une question aussi, c'est sur la Rint ; il faut absolument une conviction générale, de ne pas céder si les articles sont en retard. Marca avait donné l'exemple de lui-même qui donnait toujours ses articles en retard mais se disait "oui mais toujours sans corrections" ; il avait souligné que c'était une conception individualiste et de super militantisme. Peter fait la même chose au fond.(...).

Peter: d'accord avec la résolution, d'accord avec ce que dit Elise. Il y a aussi un problème de volonté. Un fonctionnement erratique, par à coups. La volonté est une question de nécessité, c'est vrai... "

Posons-nous une question ? Est-ce que cette politique du SI à ce moment-là est une politique visant à discréditer Peter aux yeux de l'organisation, du BI en particulier à qui cette résolution va être proposée ? Est-ce que cette politique est l'expression d'un clan anti-Peter ? La critique que l'on peut faire au SI et au BI jusqu'alors, est plutôt de n'avoir pas su rester ferme sur le fond de la question et de n'avoir pas posé ouvertement le problème politique devant tout le BI, et surtout devant tout le CCI. C'est ce qui va être tenté timidement au 13e congrès du CCI. Bien trop timidement.

Mais il faut aussi se poser une autre question : quel est l'impact de la politique de pression permanente de Louise sur Peter ?

3) Le 13e congrès du CCI comme début de réponse à ces difficultés, comme pas vers l'esprit de parti

SI élargi du 31/1/99 :

Les rapports pour le 13e congrès du CCI déjà sont discutés à cette réunion. L'ensemble des camarades présents appuient ces rapports, et particulièrement le rapport d'activité proposé. Ce rapport essaie d'aller au cœur des problèmes de fonctionnement et de militantisme auxquels le CCI, et sans doute, tous les groupes communistes, se trouvent confrontés. C'est grâce, et dans le cadre du combat et des leçons de 93 que le CCI peut poser ces questions.

Olivier: " Je souligne certains points : tout le débat qu'on a mené sur les rapports entre vie individuelle et vie militante, ça a été clarifié mais il faut reprendre ; un certain nombre de questions ont été laissées de côté. Ce qu'on voit dans Internationalime avec Nis, c'est qu'il y avait encore des confusions dans la tête des camarades, tout était mélangé. Même après 4 ans de débat on voit que cette question reste entière ; et le droit de regard dans la vie des camarades discuté au dernier congrès de RI, là on voit que les camarades ont fait autour d'eux un certain "cordon sanitaire" qui fait qu'on n'a pas vu l'ampleur des problèmes. Et puis il y a des camarades qui gardent un certain statut particulier alors qu'ils devraient balayer devant leur porte [C'est à Peter et Louise en particulier qu'il pense, et que tous les camarades présents pensent]. Après le clanisme chacun a mené sa vie de son côté, il faut recréer un tissu organisationnel solide. Il y a besoin et nécessité d'une solidarité.

Peter:" plein soutien aux rapports. Autre aspect "militantisme intégral : posait le problème de l'idée du clan : on doit dans notre vie quotidienne, amoureuse, familiale, intégrer une certain "militantisme" élargissement du couple (reliquats de 68, vie quotidienne). Mais il y a un aspect, pour les militants, la vie militante est le centre de la vie, même si pas le seul aspect. Car au nom du 'non-militantisme intégral', il y a 'je ne peux faire ceci ou cela à cause de la famille, les enfants, etc'. [il répond aux arguments de Louise à la maison ce qui n'enlève rien à la validité de la question et de la réponse donnée] Donc se réapproprier (...). Là aussi comme pour toutes les questions, quand nous sommes confrontés à des problèmes de la vie organisationnelle, [il faut] se replacer dans le cadre de l'expérience du mouvement ouvrier (...). Ces questions de vie personnelle/vie militante, ont été toujours présentes dans le mouvement ouvrier. Dans un meeting social-démocrate, Rosa Luxemburg raconte l'histoire d'un jeune ouvrier qui lui demandait s'il pouvait se marier."

Il faut souligner la qualité de l'intervention de Peter et le bon esprit qui la préside. Il est (encore) disposé à participer à la réflexion générale de l'organisation et à son renforcement au niveau théorique comme au niveau concret en mettant en avant son propre cas personnel.

Il y a donc bien une analyse et une orientation qui se dégagent, en continuité directe avec le combat de 93, et qui vont être adoptées par le 13e congrès. Et Peter en est l'un des porteurs les plus clairs à ce moment-là.

4) Une résolution sur le cas Peter comme manifestation du combat pour l'esprit de parti et la défense du militant Peter

Suit alors la discussion sur l'adoption de la résolution sur Peter. Dans la dynamique de ce qui vient de se discuter et de se dégager comme orientation, les camarades adoptent et argumentent en faveur de l'adoption de cette résolution. Certains dégagent une orientation plus générale mais la discussion sur le "cas Peter" et l'orientation qui s'en dégage est l'illustration claire que Peter et Louise sont au cœur du problème sur le militantisme posé au CCI. De la clarification et du dépassement de leurs difficultés, dépend en grande partie le pas vers l'esprit de parti que le CCI doit accomplir. C'est en tout cas ce que tout le monde (la totalité du BI) ressent clairement à ce moment-là. Y compris Peter.

Krespel: "OK. Il faut poser le problème comme le fait la résolution. C'est à dire, c'est une manifestation d'un problème général dans le CCI : incompréhension de ce qu'est le militantisme. Beaucoup de parallèles avec le problème en Allemagne avec le camarade David, ou maintenant avec Nis. Incompréhensions sur le militantisme qui restent après le combat que nous avons mené. Mais le camarade Peter n'est pas exactement le même cas que les autres : Peter est un des camarades qui a fondé le CCI, et qui certainement a le plus d'autorité dans le CCI. Donc on a tendance à lui "accorder" un statut privilégié. Donc, c'est plus difficile. 2° aspect est que le problème est beaucoup plus dangereux pour l'organisation que [pour] n'importe quel autre camarade : c'est le travail de l'OC qui est en jeu, et c'est l'autorité de Peter qui est en jeu. C'est une menace aux acquis du combat/débat [de 93]. Et c'est dangereux pour le camarade lui-même, sa conviction, pour sa santé, pour son couple, pour sa compagne. OK avec résolution, mais je crois qu'il faut poser le problème devant toute l'organisation. Jusqu'alors, on avait dit on garde cette question au sein du BI. Mais cette politique, justifiée alors, a échoué. Donc il faut le poser ouvertement dans le rapport d'activité pour le congrès, face à tout le CCI. Le poser avec responsabilité et avec toutes les conséquences que ça peut avoir."

Krespel était-il sous l'emprise de Michel et du clan-pavillon ? Voulait-il discréditer Peter ? Ou bien exprime-t-il la tentative de l'organisation de poser et de résoudre des problèmes politiques de premier plan, le militantisme communiste, face à des problèmes concrets ? L'explication post-festum, en 2001, du clanisme comme raison des difficultés et de la situation dans laquelle se trouve le CCI aujourd'hui ne tient pas la route. C'est un montage grossier qui détourne l'organisation de ses préoccupations vitales et légitimes.

5) Peter  exprime une gêne : pourquoi ?

Krespel situe bien les enjeux pour le CCI des difficultés de Peter – et de Louise de fait - de par sa place particulière dans le CCI. C'est cette politique, tant vis-à-vis de Peter que de l'ensemble de l'organisation, qui, bien qu'adoptée par le 13e congrès, ne sera pas mise en œuvre par la suite. Nous verrons pourquoi et comment s'est développée une résistance, voire un sabotage, de la mise en œuvre de cette politique. Mais d'ores et déjà, les membres du BI ressentent une gêne chez le camarade Peter. Krespel: "les membres du BI sont un peu surpris que Peter n'intervienne pas. Que pense-t-il de la résolution ?"

Peter est clair à ce moment comme nous venons de le voir. Alors pourquoi cette gêne ? Il n'y a qu'une raison qui sera confirmée par la suite. Il a peur de la réaction de Louise (car il lui raconte les réunions du SI). Il sait à l'avance, pour l'avoir vécu tant de fois auparavant, qu'elle va lui faire une crise pour avoir implicitement présenté les difficultés qu'il rencontre, et surtout pour avoir pris position dans le sens des intérêts de l'organisation. Ce sera confirmé dans la réunion suivante du SI.

6) Un moment clé : la réaction de Louise au SI élargi

La crise de Louise a bien lieu dès la fin du SI élargi. Peter nous l'annonce 4 jours plus tard. On voit pourquoi Peter avait peur au SI élargi : il a droit d'abord au clash, puis au chantage au suicide, puis à la démission, et enfin à sa culpabilisation :

SI du 4/2/99 :

Peter:"au niveau familial, amélioration. Louise a eu une dépression : elle prend des médicaments. Elle voit le psy et on va voir le psy en commun. On devait le voir la semaine dernière et il n'était pas là. Elle avait l'impression que j'avais saboté l'entrevue. Il est arrivé avec retard (...). Il y a eu un clash parce que le SI a été mis «au courant». [Voilà le clash].

Explications diverses auxquelles le tapeur ne comprend rien.

Jonas et Elise : Enervements sur "pourquoi [est-ce un] sujet tabou ?"

Peter: "elle était dans un état proche du suicide (...) [voilà le chantage au suicide]. Il faut discuter effectivement. Mais si à ce moment-là, si je lui avais dit j'ai exposé la situation au SI, je ne sais pas comment elle aurait réagi."

Michel: "Aglaë a dit hier que Louise avait dit qu'elle pensait démissionner car ceux qui disaient on ne peut pas militer en couple, ont raison. C'est politique."

Peter: "Louise m'a dit cela [voilà le chantage à la démission sur Peter qui y est particulièrement sensible]. Je lui ai dit qu'on n'en discutait pas entre nous. Elle revient sur la petite-enfance de M. et le fait qu'elle était mobilisée énormément à cette époque." [Et elle boucle le tout avec une touche supplémentaire de culpabilisation de Peter].

Entre la réunion du SI élargi du 31/1/99 et la réunion du SI du 4/2/99, il y a beaucoup de choses qui apparaissent très clairement. C'est un moment clé, charnière, pour les deux militants du "couple" :

- l'attitude de Peter est encore déterminée par la défense des intérêts de l'organisation (bon état d'esprit, réflexion politique au service de l'organisation). Mais, déjà au SI élargi, une félure apparaît clairement que Krespel souligne très justement dans la discussion sur la résolution. Ce n'est qu'à la réunion suivante du SI qu'on trouve l'explication à la gêne et au malaise de Peter quelques jours plus tôt. Le malaise de Peter est en réalité la manifestation de la peur de ce qui l'attend sûrement à la maison suite au SI élargi : une pression énorme que Louise va exercer sur lui ;

- Louise connaît manifestement une nouvelle et violente crise dépressive à la suite du SI élargi. Peter révèle clairement que c'est dû au fait que le SI a été mis "au courant". Il confirme entièrement en disant "… si je lui avais dit j'ai exposé la situation au SI, je ne sais pas comment elle aurait réagi." Que le SI soit "au courant" n'est pas seulement la cause du disjonctage de Louise, mais surtout l'occasion de faire un "clash" et même un chantage au suicide (et à la démission) tout en continuant à faire son travail de culpabilisation vis-à-vis de Peter (sur la petite enfance de leur fille).

Lors de cette réunion, Peter, nous l'avons vu plus haut, commence à céder à la pression de Louise qui ne veut surtout pas que leurs problèmes soient posés au SI (2). Et son attitude vis-à-vis du SI et de l'organisation va aller en se dégradant. Influencés par les récriminations de Louise, principalement au SE, et alors que Peter ne dit rien sur sa situation, ou si peu, le SI, et le BI, n'ont pas vu le drame et la tragédie que le camarade était en train de vivre. Au fil de cette histoire, nous nous rendons compte de la réalité de l'enfer familial que Louise a fait subir au camarade Peter durant toutes ces années.

Lors de cette réunion l''argument invoqué par Peter est la maladie psychologique de Louise. Cet argument de la maladie, qu'elle soit réelle ou pas, va devenir une excuse à toutes les attaques contre l'organisation que Louise va porter (cf. sa lettre du 6/2/01 ou bien son attitude dans les réunions de section de RI-Nord tout au long de l'année 1999-2000). L'organisation, et particulièrement les OC, SE et BI, ne pourront lui répondre et stigmatiser son attitude car ça la "stresse", la déprime, etc... C'est un problème que le SI commençait à voir mais qu'il n'a pas su régler. C'est une politique systématique de chantage à la maladie qui se met en place. D'abord sur son compagnon Peter et puis sur l'organisation. Par ailleurs, il faut remarquer que c'est très souvent suite à des avancées de l'organisation, là le SI élargi une semaine auparavant, sur la question du militantisme, et donc de son militantisme, que Louise subit une dépression, qu'elle est malade. Nous ne mettons pas en doute la réalité de la maladie, c'est-à-dire de la dépression (3). Mais cette "démoralisation" psychologique se produit assez souvent quand l'organisation va vers la mise en cause de son "militantisme" à travers les critiques à Peter et les questions du couple.

Mais surtout, on s'aperçoit que les deux, bien qu'en conflit entre eux, se "couvrent" face à l'organisation. En réalité, par le chantage, elle va de plus en plus placer Peter en situation de complicité contre l'organisation.

Michel: "quelque chose ne va pas. On traite de Louise au SE et de Peter au SI. Chacun fait écran de l'autre dans chaque commission".

Cette complicité contre les intérêts de l'organisation va se manifester clairement dans l'organisation pratique du congrès international, en particulier dans le logement des camarades. En particulier dans le refus de Louise de loger des camarades chez elle et Peter.

7) Les pressions de Louise contre le militant Peter

SI du 13/4/99 :

Michel sur l'organisation du congrès :"Après le congrès, un peu gênant car on s'est trouvé à plusieurs reprises à s'empailler [se disputer] quasiment devant les camarades car "ce n'était pas prévu" [pour certains] de loger les camarades [qui ne sont pas de Paris]. Je m'excuse auprès de Peter pour m'être énervé, mais je maintiens le fond. Des compagnes [de camarades] non-militantes étaient prévenues de l'arrivée de gens... et pas Louise ! (...)"

Peter: "vrai que par rapport à la question de l'hébergement des camarades après, je savais qu'il y avait des camarades ; mais quand j'en ai parlé à Louise..., Olivier en parlera peut-être, il y a de nouveau des difficultés. Problème avec la fille qui se met à part quand il y a des camarades."

Michel:" erreur que vous commettez, ici quand il y a des camarades, la vie continue. On n'a pas à parler politique, mais on peut parler école, ou autres choses."

Peter: "plus difficile puisque les deux adultes sont militants." [on voit que la confusion entre vie privée et vie politique continue. On voit surtout l'état d'esprit de Louise vis-à-vis de l'organisation, vis-à-vis de Peter et vis-à-vis des... camarades qui viennent de loin. On voit la pression qu'elle continue à exercer contre le militant Peter. Qui essaie de discréditer Peter ?]

SI du 6/599 :

Peter arrive en retard au SI une fois de plus malgré la résolution adoptée par le BI et la motion du congrès. Se pose alors la question d'appliquer la résolution. A savoir : renvoyer Peter chez lui (4). Il y alors une résistance acharnée de Peter et une colère contre le SI. Colère, nous allons le savoir après la crise du couple de l'été 99, dont il va faire part à Louise et que celle-ci, c'est clair aujourd'hui, va entretenir.

Olivier: "comme toujours, le camarade Peter a toujours une explication [à son retard]. On a dit qu'on n'en voulait plus ; et il y a quelque chose de troublant, il se fâche. Et nous ne sommes pas maîtres de la résolution."

Peter continue à justifier, comme à chaque fois, son retard et il s'oppose à l'application de la résolution votée par le BI.

Jonas: "je suis d'accord pour poser la question à Peter, est-ce que tu penses qu'on n'applique pas correctement la résolution ?".

Elise: "il y a toujours quelque chose. (...)"

Jonas: "es-tu d'accord ou pas ?"

Peter: "il y a eu une contrainte au niveau du boulot... [du travail]"

Juan: "est-ce qu'on applique correctement ou pas la résolution ?"

Jonas: "ce n'est pas ce qui t'est arrivé qui nous importe, c'est est-ce qu'on est dans le cadre de la résolution ou pas ? Tu peux estimer que non. Mais nous on est alors en droit de le poser au BI."

Peter: "on peut le poser au BI" [il n'est absolument pas convaincu. Est-ce que les décisions de l'organisation, de l'Organe central du CCI ne s'appliquent pas à Peter ? Est-ce que la lettre et l'esprit des statuts ne s'appliquent pas à Peter ?]

Olivier: "tu ne réponds pas à la question. Est-ce qu'on applique ou pas correctement ?"

Peter: "là il y a des circonstances particulières." [comme à chaque retard]

Juan: "donc tu estimes que la résolution n'a pas de raison de s'appliquer dans ces circonstances particulières."

Peter: "OK. Est-ce que je peux quand même dire le point sur Nis."

Non seulement, il est en désaccord mais en plus il va rentrer chez lui en colère contre le SI. Et il en fera part à Louise.

Cette dérive de Peter va continuer jusqu'à l'été. Le SI est particulièrement inquiet de la situation de Peter et aussi, car il en va de sa responsabilité, des conséquences que les retards et oublis de Peter ont sur les tâches du SI.

SI du 6/7/99 :

Olivier:"nous sommes inquiets (Jonas, Juan et moi au moins) car nous avons l'impression qu'il [Peter] est moins engagé dans les activités, et il continue son irresponsabilité : j'étais très en colère car il n'a pas donné une enveloppe importante et urgente pour Louise, sinon après une semaine ; le camarade Peter n'a pas amené le journal à la Poste le jour indiqué ; et [il a des] difficultés pour participer au travail de la Rint. Il ne se rend pas compte qu'un camarade est malade au SI, que d'autres ont des difficultés, mais il donne l'impression qu'il est au-dessus de la mêlée." [C'est-à-dire qu'il n'est pas concerné par les problèmes concrets du SI]

Peter: "j'ai oublié de porter l'enveloppe à Louise. Je n'ai pas pu porter les journaux le jeudi, je n'aurais pas dû prendre cet engagement"

Michel:" ton comportement est farfelu. Pour la Revue internationale (Rint), tu me donnes les fichiers 8 jours après avoir fini de travailler dessus. Tu arrives à la Rint à 9h30 quand on t'attend à 8h30 avec plein de raisons ... Pour la Rint, tu m'appelles ce soir à 18 heures alors que j'ai dit que la Rint était chez l'imprimeur ce matin ... Elise et Jonas ont apporté les dernières corrections hier soir. Toi, tu n'as pas téléphoné."

"Tu ne te rends pas compte, il n'y a qu'à toi que ça arrive de te planter comme ça à répétition dans les embouteillages [de voitures, une des grandes excuses pour les retards] ; il n'y a que toi qui va acheter du parquet à 9 heures du soir" [un soir de réunion].

Je n'ai trop rien dit ce mois-ci car moi-même j'étais hospitalisé et je n'ai pas été au top sur la Rint. Mais on ne peut pas compter sur toi. [voilà sans doute ce que certains appellent l'acharnement sur Peter. Une marque du pseudo-clan ?]

A ce moment de notre histoire, il est nécessaire de remarquer et de souligner que la situation militante de Peter connaît une dégradation anormale. Il est évident que sa vie est un enfer. Et cela a des conséquences fortes sur ses capacités militantes. C'est un drame dont l'organisation n'a pas su évaluer l'ampleur. Il est vrai que nous n'avons pas été aidés par les "silences" de Peter. Et que nous avons été détournés par la "bruyante" dépression de Louise.

8) La dynamique de contestation du SE se poursuit

Pendant ce temps, la dynamique de contestation et d'autonomie du SE vis-à-vis du SI et du reste du CCI continue à se développer même si ça ne prend pas les formes caricaturales de 1998.

SI du 20/3/99 (élargi)

Les camarades [du BI] s'étonnent du tract décidé par le SE de RI. Le SE de RI a décidé de diffuser un tract d'appel à la lutte contre l'avis du SI et sans vraiment en référer, en avertir le SI et le BI. Finalement, ce tract sortira au moment où éclate la guerre du Kosovo. Mais le SE décidera de maintenir la diffusion du tract et les militants se retrouveront à distribuer deux tracts en même temps (!). Très rapidement, la plupart des militants, et la section se concentreront sur la diffusion du tract international sur le Kosovo.

SI du 1/6/99 :

Olivier: "la réunion SI-SE. Les relations SE-SI, le SE pense que ce n'est pas harmonieux. On n'a pas eu de réunion après le congrès" [le SE continue sa petite politique de contestation].


SI du 19/6/99 (élargi) :

Olivier : "Dernier point : il faut que nous ayons une prise de position sur la question du perfectionnisme dans le SE de RI. LE BI doit prendre position." [cette question sera finalement abordée avec l'ouverture du débat dans le BII 276. Quelle conclusion en tire-t-on aujourd'hui à la "lumière" des "nouvelles"orientations ?]

Enfin le SE a trouvé une nouvelle occasion de s'emballer. Lors d'une discussion, le SI a posé la nécessité d'une rationalisation des forces dans l'organisation et dans RI en particulier. Parmi les réflexions, suggestions et autres hypothèses soulevées par les uns et les autres, il y a eu (ô scandale !) celle du déplacement du SE à Toulouse. Aujourd'hui, cette hypothèse sans lendemain est présentée comme une manœuvre du soi-disant clan actuel (qui n'existe d'ailleurs pas à ce moment-là –juin 1999- selon nos pourfendeurs de clans).

SI du 13/4/99 :

Peter:"l'idée de mettre le SE à Toulouse est une idée, mais elle devrait être prise par un congrès de RI. Mais si on prenait une telle décision, il faudrait une période transitoire et associer beaucoup plus des camarades de Toulouse auparavant."

On voit là comment la question a été soulevée, comme une "idée à réfléchir" Sans plus. Peter aurait-il participé au clan-anti-Peter ?

Malgré le 13e congrès qui pose la question du militantisme, y compris explicitement celui de Louise et de Peter, dans le rapport et dans la motion adoptée sur lui, les manquements de Peter et les pressions de Louise sur ce dernier contribuent encore à leur dérive. Mais surtout, ils occultent le congrès – avec "l'aide" malheureusement d'un manque de vigilance, de conviction et de fermeté du BI et du SI – et la mise en discussion et pratique de ses orientations sur le militantisme et vers l'esprit de parti. La crise gravissime du couple durant l'été qui vient va définitivement enterrer les orientations du congrès sur cette question. Le BI et le SI appliqueront avec succès ces orientations partout, dans tous les cas et sections où ça se posera, sauf dans RI, sauf dans le cas de Louise et Peter. C'est-à-dire justement là où il fallait le faire en priorité car il était la clé de la situation. Avec ce qui va arriver, la crise du couple, la résistance et le sabotage de l'ouverture du débat sur les problèmes du SE, le 13e congrès aura vécu. Et un pas de plus sera franchi dans le processus vers la crise actuelle.


Notes:

1 "1- Depuis quelques mois, et malgrè les engagements pris à maintes reprises devant le BI (cf. résolution d'octobre 1997 ; prise de position de Peter sur cette résolution datée du 3/12/97), le camarade Peter multiplie les manquements organisationnels. Parmi ceux-ci, notons :
- les retards systématiques aux réunions du SI (entre 10 et 30 mn) ;
- les retards quasi-systématiques dans l'exécution des tâches que l'organisation lui confie (…) ;
- les documents internes « égarés» ou «oubliés» (parfois sur son lieu de travail (…).
2- La pagaille qui semble régner dans la vie du camarade, tant au niveau personnel (familial, professionnel…) qu'au niveau militant, s'est manifestée encore tout récemment par des incidents totalement incacceptables pour l'organisation :
- la dernière réunion du SI mensuel (…) a du s'interrompre (…) parce que Peter n'avait pas signalé à l'organisation que des travaux (peinture) dans sa maison devaient impérativement se faire durant le week-end de cette réunion ;
- faisant partie de la délégation de RI au dernier congrès de WR, Peter, de façon totalement irresponsable, a raté son train, laissant la camarade, avec laquelle il devait voyger, désorientée et troublée (…)". (cf. BII 266).

2 Nous verrons que ce n'est pas systématique de sa part, et que quand ça l'arrange – en particulier dans son conflit avec Peter – elle pousse à ce que le SI soit mis au courant (cf. les notes lors de la crise de l'été 99).

3 De la même manière que nous ne mettions pas en doute la réalité des sentiments de SK vis-à-vis d'Adrien : elle le trouvait d'autant plus attirant qu'il était un "membre fondateur". Il en va sans doute de même pour la maladie psychologique de Louise, y compris l'utilisation de cette même maladie par Louise elle-même pour faire pression sur Peter et contre l'organisation. Son statut à la Bordiga est "justifié" par sa maladie.

4 "Dans le même but et dès à présent, le SI décide : de ne plus accepter, à ses réunions, le moindre retard du camarade [Peter] ; pour cela, il s'engage à le priver de réunion et à le renvoyer chez lui à chaque fois qu'il n'est pas, comme les autres camarades, à l'heure (…). Ces décisions devront être appliquées sans hésitation et sans état d'âme, quelles que soient les explications ou raisons données pour les retards et malgré le coût politique qu'elles entraîneront pour l'organisation" (Résolution du SI du 26/1/99, BII 266).


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