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PRISE DE POSITION SUR LA SITUATION INTERNATIONALE – 2ème PARTIE

Nous poursuivons la publication de notre critique du projet de résolution sur la situation internationale proposée à la Conférence du CCI du 30 mars/1er avril (). Comme nous l’avons indiqué dans la première partie de ce texte (parue dans le n°9 du bulletin de la fraction), ce travail n’a pas la prétention d’apporter des réponses achevées, mais bien plutôt de soulever un certain nombre de questions qui ne peuvent plus être ignorées ou évitées. Ces questions ne « tombent pas du ciel ». Nous pensons que c’est la brutale accélération des événements, tant internes qu’au plan de la situation mondiale, qui a jeté une lumière crue sur des questions que, jusqu’à présent, le CCI et nous en son sein, ne voyions pas encore clairement. En effet, les principaux événements de la situation mondiale des 8 derniers mois constituent une mise à l’épreuve pour les révolutionnaires et pour leur capacité à s’orienter au milieu de cette tourmente. Dans les premiers bulletins de la fraction sont parues nos prises de position sur les événements du 11 septembre et la fuite en avant dans le militarisme ainsi que sur les événements d’Argentine. Elles sont ce qu’elles sont et il nous faudra certainement y revenir ultérieurement, car elles ne sont encore qu’un minimum. De son côté, le CCI « officiel » d'aujourd'hui a pris sur ces mêmes événements des positions qui, selon nous, marquent à la fois une grave sous-estimation de la maturation en profondeur des conditions objectives de la lutte des classes, tant sur le plan de la crise économique que du militarisme, et une tendance croissante à l'« indifférentisme » vis à vis des luttes réelles actuelles du prolétariat; sous-estimation et indifférentisme que nous avons regroupés sous le terme de « renoncement théorisé au combat ». C’est toujours cette critique du contenu pratique et immédiatement sensible de l’intervention actuelle du CCI qui sous-tend le texte qui suit, intervention actuelle que nous n’hésitons pas (cf. dernière partie de ce texte), à qualifier d’opportunisme.

Cependant, au delà du constat sur les positions prises par notre organisation, le présent texte commence à soulever des problèmes de méthode dont les racines existaient déjà dans le CCI bien avant les événements mondiaux actuels et que ceux-ci ne font que rendre plus ouvertement visibles. Dans ce sens, il était inévitable que le travail de réflexion de notre fraction passe par cette étape « critique », comme passage obligé du rétablissement du cadre théorique capable de nous armer face aux événements actuels et à venir. Il ne s'agit pas de «jeter par-dessus bord» tout ce qu'a dit le CCI, ce qui n'est ni notre but, ni notre méthode, mais au contraire en reprenant patiemment et méthodiquement les questions réelles et nécessaires à partir desquelles le CCI a été amené –notamment- à parler de la période actuelle comme d'une « phase de décomposition du capitalisme ». Il nous appartient donc de nous réapproprier ce que cette thèse avait de juste et nécessaire contre la dérive et l'interprétation idéaliste qu'en fait de plus en plus le CCI d'aujourd'hui, y inclus de ce qu’elle est devenue au fil des années, en tant que « réponse à tout » de notre organisation face à n’importe quel événement du monde ou de sa vie interne. Car c’est bien cette lecture schématique, voire dogmatique, du monde réel à travers l’unique prisme de la « décomposition » en ignorant les acquis précédents du CCI et du marxisme, qui révèle aujourd’hui son insuffisance, face à l’accélération de l’histoire.

Nous sommes donc pleinement conscients des limites de la présente prise de position, dont la forme pourra être vécue comme très polémique (d’autant qu’elle s’attache de près à la lettre du texte de la résolution) au détriment d’une exposition développée des positions générales de la fraction sur la situation mondiale actuelle, que nous allons continuer d’élaborer en continuation de nos précédentes contributions (cf. bulletins n°4, 5 et 6). Il s’agit encore d’un matériel « brut », du résultat provisoire d’une unique discussion de la fraction sur la résolution à l’occasion de la Conférence. C’est donc seulement comme « moment » d’une discussion, qu’il a sa place dans notre bulletin, que nous voulons désormais ouvert aux débats au sein du milieu politique prolétarien. S’il parvient à favoriser la réflexion en son sein, parmi les militants du CCI comme des autres groupes et parmi les contacts inorganisés du milieu, il aura rempli sa tâche.

Dans les trois premiers chapitre du présent texte, nous avons traité essentiellement de la question de la guerre impérialiste. Nous y avons mis en évidence, combien au nom d’un combat contre « l’idée » de la « troisième guerre mondiale dans un futur proche », la résolution révélait un refus de mener un combat déterminé contre la guerre réelle actuelle. Nous avons aussi abordé les problèmes de méthode posés par la manière d’aborder la question des blocs impérialistes dans la période actuelle. Enfin nous avons souligné combien la résolution, au nom de la décomposition comme cause de toutes choses, finissait par perdre de vue les déterminations de la guerre impérialiste qui trouvent bel et bien ses causes, aujourd’hui comme hier, dans les contradictions fondamentales du mode de production capitaliste : crise économique et concurrence entre puissances impérialistes. Nous voulons maintenant aborder la question de la lutte des classes et de son rapport avec la maturation objective de ces mêmes contradictions fondamentales, ainsi que, lié à ce qui précède, celle des perspectives, de la dynamique de la période actuelle.

IV.- Quel « cours historique » ?

C’est toujours à l’aune de la croisade contre « l’idée d’une troisième guerre mondiale dans un futur proche » que la question du rapport de forces entre les classes est posée par la résolution.

Tandis que le point 4 se termine par l’affirmation que « ...la classe ouvrière n’est pas défaite et elle ne veut pas marcher de façon soumise derrière les critères de guerre de son ennemi de classe », le point 5 enchaîne en annonçant « L’énorme démonstration de patriotisme aux Etats-Unis après l’attaque du 11 septembre rend nécessaire le réexamen de ce fondement central de notre compréhension de la situation mondiale ».

D’emblée, ouvrons ici une parenthèse : l’annonce d’un « réexamen », à la lumière des événements du 11 septembre, de ce que nous appelons « le cours historique à des affrontements décisifs entre les classes » ne peut qu’attirer notre attention. En effet, 11 septembre ou pas, il existe depuis un certain nombre d’années en notre sein une tendance toujours plus affirmée à présenter la dynamique de la période actuelle comme celle d’un « cours grandissant à la décomposition », « ruinant chaque jour un peu plus la possibilité du renversement révolutionnaire du capitalisme par le prolétariat », affirmations contredisant sans cesse, mais sans jamais le dire clairement, la perspective d’affrontements de classes dans laquelle le CCI a inscrit jusqu’à présent son activité. L’existence de cette contradiction théorique en notre sein a créé, depuis longtemps, un certain malaise parmi les militants de notre organisation, ainsi que dans le cercle de nos sympathisants. Ce n’est pas pour rien que l’ancien SI avait prévu de mettre la question du cours historique au centre des débats du 14e Congrès du CCI il y a un an. Il était déjà alors urgent de tenter de clarifier cette question et de permettre que, si des doutes existaient dans notre organisation concernant la perspective d’affrontements décisifs, ils s’expriment clairement. Devant la tendance politique qui, au sein du CCI, faisait déjà de « la décomposition » l’alpha et l’omega de toute la situation qui nous entoure (et même de la vie interne), il devenait urgent que notre organisation clarifie les choses : Quelle est la perspective de la situation ? cours aux affrontements de classes ou bien cours à la décomposition déterminant une impuissance grandissante du prolétariat à répondre à l’accélération de l’histoire ? Hélas, grâce au complot monté, contre ce même ancien SI, par ce que nous appelons la faction liquidationniste (faction qui est le chef de file par excellence de cette tendance politique qu’on peut appeler « démoralisation et impuissance »), le 14e Congrès s’est trouvé littéralement saboté et a été rendu bien incapable de remplir sa tâche.()

Las, comme on va le voir, la résolution ne « réexamine » pas grand chose et évite soigneusement de soulever le problème de la contradiction entre l’affirmation concernant le cours historique aux affrontements de classe et celle qui le contredit au nom de la décomposition. Sauf que le centrisme qui traverse ainsi toute la résolution, comme tout centrisme, en cherchant à ménager la chèvre et le chou, n’aboutit qu’à faire triompher l’opportunisme. Mais, terminons là la parenthèse pour reprendre le cheminement de la résolution.

Après avoir établi que la classe dominante américaine mène une « politique en vue d’éliminer (..) la réticence de la classe ouvrière américaine à se sacrifier directement pour les aventures impérialistes des Etats-Unis », la résolution constate qu' « Il est sûr que le capitalisme américain a fait des avancées idéologiques importantes à cet égard tout comme il a utilisé les événements pour renforcer tout son appareil de surveillance et de répression (un succès qui a trouvé un écho en Europe aussi). Néanmoins, elles ne représentent pas une défaite historique mondiale pour la classe ouvrière» (point 5).

Nous tenons à dire tout de suite que pour nous il est clair que nous ne vivons pas actuellement une « défaite historique mondiale » de la classe ouvrière. Mais dire cela suffit-il à appréhender la dynamique de la situation ?

Suffit-il, comme le fait le point 5, d’aligner des « raisons » censées prouver que la classe « n’est pas défaite » et de démontrer ainsi que nous ne sommes pas aujourd’hui en 1914, tandis que les phénomènes présents ne sont pas ceux d’une guerre mondiale opposant l’Europe aux Etats-Unis ? Suffit-il de se rassurer sur cette « non défaite » et d’en conclure implicitement que les événements actuels ne changent rien à la situation et donc n’ont pas d’implications pour notre classe et son avant-garde ?

Hélas non, car, ce faisant, le point 5 évite surtout de mettre sur le tapis les seules questions à se poser en termes de « cours historique » et du rapport entre la guerre et la lutte des classes : Oui ou non, la dynamique de la situation et y compris ses développements militaristes actuels confirment-ils la perspective d’affrontements de classes ? Et, notamment, la guerre devient-elle aujourd’hui, oui ou non, une condition réelle, concrète et déterminante dans la confrontation entre les deux classes antagoniques de la société ?

En évitant cette question, et en se contentant de chercher des preuves que « la classe ouvrière bouge encore », la résolution en reste toujours à sa démarche de départ : la lutte contre « l’idée de la guerre mondiale » plutôt que la lutte concrète contre la guerre concrète. C’est pourquoi elle est incapable de comprendre la situation comme une dynamique, un mouvement, c’est à dire en terme de combat dont l’issue n’est ni gagnée ni perdue d’avance.

V.- Derrière la minimisation de l’offensive politique lancée contre la classe ouvrière,...

En premier lieu, les raisons données pour preuve de la non « défaite historique mondiale » consistent pour une bonne part à atténuer la reconnaissance qu’on vient pourtant de faire des « succès » de l’offensive politique de la classe dominante américaine. Ensuite et surtout, elles finissent par nier l’existence de cette attaque en tant qu’attaque de la bourgeoisie contre le prolétariat rendue nécessaire par la violence de ses propres contradictions impérialistes, c’est à dire comme un moment de la lutte des classes, à laquelle le prolétariat sera et est déjà contraint de répondre.

        Tout d’abord, nous dit-on « le rapport de force (sans s ?) entre les classes ne peut être déterminé qu’au niveau international et par dessus tout en examinant l’état de la partie entre bourgeoisie et prolétariat au c?ur des pays européens ». Certes. Or, poursuit-on, « à ce niveau (..) il n’y a pas eu de débordement ( ?) de patriotisme comparable à ce qui a eu lieu aux Etats-Unis ». Voilà qui est rassurant !... mais pas très convaincant : après tout si au lieu du World Trade Center (ou après lui), la City de Londres et Notre Dame de Paris avaient été bombardés par des avions de ligne suicide, on ne voit pas pourquoi la bourgeoisie européenne se serait privée d’orchestrer les mêmes « débordements de patriotisme » qu’aux Etats-Unis.

        Ensuite, un second argument est censé distinguer la situation aux Etats-Unis de celle de l’Europe : « au contraire, la guerre américaine en Afghanistan a suscité une inquiétude considérable dans la population européenne, ce qui s’est reflété partiellement par l’ampleur du mouvement anti-guerre sur ce continent ». C’est parfaitement vrai, mais cela ne change rien à la réalité de la propagande militariste tout comme de l’avancée réelle du militarisme sur les champs de bataille. D’ailleurs il n’y a pas eu moins « d’inquiétude » aux Etats-Unis, à commencer par celle suscitée par les attentats du 11 septembre eux-mêmes. La classe dominante enfourche volontiers le cheval de la lutte contre le militarisme... des autres, qu’il s’agisse de celui qui arme le bras d’Al Qaida, vu du point de vue américain ou de la critique du militarisme US, vu du point de vue européen. Cela ne change rien au triomphe de ce militarisme. Ce qui par contre est important c’est de reconnaître, comme le fait à juste titre la résolution, que « ce mouvement anti-guerre », n’est pas seulement nourri par « la réticence européenne à s’aligner sur la campagne de guerre américaine », mais est « aussi un moyen d’empêcher toute opposition de classe à la guerre capitaliste ». Preuve s’il en est que le prolétariat est éminemment concerné par ce qui se passe et que la bourgeoisie doit absolument occuper ce terrain pour entraver le développement d’une réponse de classe dans les consciences ouvrières.

        Plus loin, à la fin du point 5, on nous explique que la bourgeoisie « y va mollo » à cause du « poids en négatif du prolétariat sur le développement de la guerre ». La preuve en serait « la façon dont la classe dominante présente ses grandes opérations militaires » : « Que ce soit dans le Golfe, nous explique-t-on, au Kosovo, en Afghanistan, la fonction réelle de ces guerres est systématiquement cachée au prolétariat – non seulement au niveau des buts réels de la guerre (là dessus, le capitalisme cache toujours ses objectifs derrière de belles phrases [Ah quand même, on voit bien que l’auteur se rend compte que l’argument ne tient pas, puisque les véritables objectifs étaient tout autant « cachés » en 1914 ou en 1939, face à une classe ouvrière réellement et objectivement défaite]), mais même au niveau de savoir qui est réellement l’ennemi ». Autrement dit, le fait qu’on cache aux prolétaires la vérité de la confrontation entre les grandes puissances masqué derrière « la guerre contre le terrorisme », ce fait est censé atténuer la réalité de l’offensive anti-ouvrière que constitue l’union sacrée qui se déchaîne aujourd’hui aux Etats-Unis. D’ailleurs même cet argument ne tient pas, car Bush a très bien dit « qui est l’ennemi » : lorsqu’il a déclaré dans un discours « qui n’est pas avec nous est contre nous ! », qu’a t’il fait d’autre que de désigner comme ennemi potentiel tout Etat étranger qui n’appuierait pas la politique de l’Amérique. Voilà donc encore un argument pas franchement convaincant, qui n’est là que pour minimiser ce qui se passe réellement.

        On invoque enfin que « la bourgeoisie est très prudente sur le fait de mobiliser un grand nombre de prolétaires dans ces guerres », ce qui est appuyé par l’affirmation : « bien que la bourgeoisie américaine ait rencontré sans aucun doute quelques succès significatifs à cet égard, elle a tout de même été soucieuse de minimiser les pertes américaines en Afghanistan ». Ah bon ?! Alors qu’au contraire on sait très bien que toute la propagande de l’Etat américain a consisté à dire et à répéter qu’il fallait désormais accepter des morts américains, alors que la résolution elle même vient de dire que son but est d’éradiquer le « syndrome du Vietnam, c’est à dire la réticence de la classe ouvrière américaine à se sacrifier », voilà qu’une demi-page plus loin, la même bourgeoisie américaine aurait « prudemment » changé d’avis et que sa politique serait de limiter les pertes américaines. Ce n’est pas le nombre de morts américains dans cette guerre là qui est important dans l’évaluation de l’offensive anti-ouvrière actuelle, mais bien le changement que constitue l’appel ouvert aux sacrifices de vies humaines de la part de l’Etat. Ce changement de discours -et l’ivresse nationaliste qui le justifie- est en lui même une violente attaque politique contre la classe ouvrière, et ce, même si aucun « body bag » n’était revenu d’Afghanistan !! Pourquoi chercher ainsi à atténuer ce qu’on vient pourtant de dire ?

VI.- ... la négation du fait qu’elle place la classe ouvrière devant la nécessité d’y répondre

Pour finir ce chapitre, il est par contre deux faits, objectifs et têtus, que cite la résolution dans ce même point 5, mais dont elle se garde bien de révéler toute la signification fondamentale, du point de vue de la confrontation entre les classes présente et à venir.

- le premier, c’est le constat déjà cité suivant lequel « le capitalisme américain (..) a utilisé ces événements pour renforcer tout son appareil de surveillance et de répression (un succès qui a trouvé un écho en Europe aussi) »

- le second c’est l’évocation du fait que lors de grèves récentes aux Etats-Unis, les secteurs ouvriers en grève « aient été dénoncés comme étant ‘non patriotiques’ puisqu’ils défendaient leurs intérêts de classe »

De ce second fait, la résolution ne trouve rien d’autre à en dire que le constat que « même aux Etats-Unis la marée patriotique n’a pas tout envahi ». Certes ! Mais il aurait fallu surtout dire, que non seulement les luttes ouvrières existent malgré la guerre, mais qu’elles sont contraintes d’exister contre elle. Ce qui est important dans ces événements, aussi limités soient-ils, c’est que les luttes ouvrières les plus défensives pour les salaires ou contre les licenciements NE PEUVENT PAS IGNORER LA GUERRE. Autrement dit on arrive dans une situation où la classe ouvrière, pour mener la moindre lutte de résistance pour les salaires est contrainte de se mettre ‘hors–la-loi’ vis à vis de l’union sacrée patriotique et de s’opposer ouvertement et radicalement à la politique de l’Etat capitaliste. Quels que soient les préjugés nationalistes pesant pour le moment dans le cerveau des prolétaires, le besoin de se battre pour leurs intérêts de classe va concrètement les contraindre, soit à remettre en cause ces préjugés et ce faisant à politiser leur lutte et à se placer sur un point de vue internationaliste, soit à renoncer à se défendre sur leur terrain de classe. Voilà ce que révèlent, de manière encore très embryonnaire, ces épisodes de grèves aux Etats-Unis après le 11 septembre. Certes ce n’est encore qu’embryonnaire, et on peut faire confiance aux forces d’encadrement bourgeois, syndicats, partis de gauche et gauchistes, qu’ils se seront chargés de convaincre les grévistes que défense de leurs intérêts de classe et défense de la patrie n’étaient pas si incompatibles que cela, afin de contenir la critique prolétarienne de l’union sacrée dans des limites « supportables ». Mais cela annonce de quoi est fait l’avenir : une tendance à la politisation des luttes ouvrières, non par protestation morale contre la guerre, mais tout simplement par nécessité.

Quant au premier fait, il est assez invraisemblable qu’une résolution de quatre pages très noircies, n’y ait pas consacré un mot de plus que le bout de phrase cité plus haut ! Nous sommes en train d’assister, non seulement aux Etats-Unis mais dans tous les pays « démocratiques » développés à une politique ouverte de durcissement de l’Etat et de renforcement de tous ses moyens de répression comme jamais depuis la seconde guerre mondiale. C’est un tournant particulièrement significatif, moins dans les mesures concrètes qui sont prises (car les moyens officieux de surveillance de l’Etat qui se cachent derrière le masque démocratique sont déjà extrêmement développés), que dans le fait qu’elles sont prises ouvertement et à grand bruit, qu’elles deviennent la « loi officielle ». La campagne sécuritaire en France déployée à l’occasion de la campagne électorale et qui prend pour cible la « violence urbaine » est ainsi venue s’ajouter à celles qui, dans tous les pays, agitent avec force depuis le 11 septembre la « menace terroriste ». Les discours sur les « libertés individuelles », les « droits de l’homme » et la « citoyenneté » sont passés au second plan au profit de ceux appelant à « donner à la démocratie les moyens de se défendre » et justifiant l’augmentation du nombre de flics, de gendarmes, de mesures d’exceptions autorisant la police comme la justice à contrôler sans limite la vie privée et les biens de quiconque peut être soupçonné de « terrorisme » ou encore de les interroger sans le recours d’un avocat, sans parler des campagnes contre les « abus » des demandeurs d’asiles étrangers etc .

Quel est le sens de cette politique ? Pourquoi l’Etat bourgeois laisse-t-il ainsi tomber le masque démocratique derrière lequel il cache sa dictature au profit du visage de la répression ouverte et de la terreur ? Sinon parce que la classe dominante, elle, sait que la situation est grosse de bouleversements sociaux. Elle sait que les digues de l’illusion démocratique sont fatiguées et ne suffiront plus à garder sous contrôle la misère que le capitalisme en crise engendre. Elle se prépare à les affronter et pour cela, il lui faut déjà, mettre en place la jurisprudence qui lui permette de réprimer efficacement tout ce qui peut menacer sa domination et en préparer le terrain dans l’opinion publique. Cela aussi constitue une attaque politique d’ampleur contre le prolétariat. Mais comme pour la fuite en avant vers la guerre, elle ne fait que rendre plus claire la violence des contradictions de classe. Elle ne fait à son tour que constituer une des conditions de la politisation des luttes ouvrières.

Ce n’est pas pour rien que la résolution n’a pas relevé toute la signification de ces deux derniers phénomènes, de même qu’elle se refuse à établir les conséquences du constat qu’elle fait que les campagnes pacifistes sont « un moyen d’empêcher toute opposition de classe à la guerre capitaliste ». La résolution ne veut pas réellement démontrer que la perspective que dessine la situation est celle de confrontations de classes décisives. Elle veut précisément démontrer l’inverse : le cours à la décomposition et donc à la perte progressive de tout possibilité pour le prolétariat de renverser le capitalisme. Toute la démonstration du point 5 sur « la classe non défaite » est là, comme ceux qui l’ont précédé, pour amener le point 6 de la résolution.

VII.- Le « cavalier de l’apocalypse » ou la négation de la lutte des classes en général et des affrontements de classes à venir en particulier.

Voilà ce que nous dit ce fameux point 6 :

« La perspective annoncée par le marxisme depuis le 19e siècle reste socialisme ou barbarie, mais la forme concrète que prend la menace de la barbarie est différente de celle à laquelle s’étaient attendus les révolutionnaires du 20e siècle, celle de la destruction de la civilisation par une seule guerre impérialiste. L’entrée du capitalisme dans la phase finale de son déclin, la phase de décomposition, est conditionnée par l’incapacité de la classe dominante à « résoudre » sa crise historique par une autre guerre mondiale, mais elle porte avec elle des dangers nouveaux et plus insidieux, ceux d’une descente plus graduelle dans le chaos et l’autodestruction. Dans un tel scénario, la guerre impérialiste, ou plutôt une spirale de guerres impérialistes, serait toujours le principal cavalier de l’apocalypse, mais il chevaucherait au milieu de famines, de maladies, de désastres écologiques à l’échelle planétaire et de la dissolution de tous les liens sociaux ».

Ce passage révèle que la démonstration de la thèse : « une guerre mondiale n’est pas à l’ordre du jour dans un futur proche » n’avait pas d’autre but que de réduire encore et toujours les phénomènes du monde réel à la catégorie « décomposition ». Et notamment à amener le lecteur sur le terrain d’un « scénario » où les déterminations fondamentales de l’histoire, c’est à dire les contradictions objectives du capitalisme : crise économique, concurrence capitaliste et contradictions de classes, ont brutalement disparu. Et où, à nouveau, la guerre impérialiste elle-même n’est pas considérée comme une politique de la classe dominante, développée en réponse à ces contradictions et ce tout au long du 20ème siècle, mais uniquement en tant que « menace »,  « apocalypse », « fin du monde » ou « destruction de la civilisation ». (D’ailleurs, il est particulièrement faux et réducteur de caractériser l’attitude des révolutionnaires du 20e siècle vis à vis de la guerre impérialiste comme se résumant à brandir la « menace » de « destruction de la civilisation par une seule guerre impérialiste », comme si ce n’était pas contre la guerre impérialiste réelle et concrète qu’ils se sont battus en défendant un internationalisme prolétarien intransigeant, et ce, non seulement face aux deux guerres mondiales mais face à tous les conflits impérialistes qui n’ont cessé depuis lors).

Devenue « cavalier de l’apocalypse », la « spirale des guerres impérialistes » actuelle serait donc désormais -par la seule force de cette incantation dont l’influence mystique n’échappera à personne- émancipée de toute relation avec le mouvement des contradictions réelles et fondamentales du mode de production capitaliste. De même qu’en seraient émancipées toutes les horreurs appelées à « chevaucher » à ses côtés : famines, maladies, désastres écologiques... Ni l’évolution de la crise économique, ni celle de la lutte des classes ne sauraient plus désormais avoir le moindre lien avec un tel processus  !

Et c’est ce que confirme ce qui suit immédiatement :

«  A la différence de la guerre impérialiste mondiale, pour qu’un tel scénario puisse aboutir à sa conclusion, il ne serait pas nécessaire pour le capital d’embarquer et de défaire les bataillons centraux de la classe ouvrière : nous sommes déjà confrontés au danger que la classe ouvrière puisse être submergée petit bout par petit bout par tout le processus de décomposition, et perde petit à petit la capacité d’agir comme une force consciente antagoniste au capital et au cauchemar qu’il inflige à l’humanité »

L’implacable logique formelle du raisonnement déduit de l’idée de « la classe ouvrière non défaite » est terrifiante. Elle consiste en ceci :

1er temps : la « classe ouvrière non défaite » implique « l’incapacité de la classe dominante à résoudre sa crise historique par une nouvelle guerre mondiale » ;

2e temps : cette impossibilité à son tour donne libre cours au « scénario de la décomposition » avec tous ses féroces « cavaliers » ;

3e temps : ce « scénario » lui même suit un cours indépendant de l’évolution future du rapport de forces entre les classes, puisqu’il pourrait « aboutir  à sa conclusion » (quelle conclusion  sinon la « fin du monde » ?) sans que la classe dominante n’ait besoin d’embarquer ni de défaire la classe ouvrière des pays centraux.

En résumé, la classe ouvrière n’est pas défaite, c’est pourquoi… elle est impuissante devant le cours des événements ! Formidable !

Dans cette thèse l’histoire est immobile et à commencer par les classes sociales elles-mêmes. L’histoire n’est donc plus, comme l’a montré le marxisme, l’histoire de la lutte des classes. Elle suit désormais un autre « scénario ». Voilà à quoi conduit la réduction du réel à quelques catégories figées et autonomes. Dans le monde de la pensée pure, tout est possible, y compris changer le cours de l’histoire par la seule force de la manipulation logique de ces catégories, tout simplement parce qu’on donne à ces catégories, en oubliant qu’elles ne sont jamais qu’une création plus ou moins arbitraire de la pensée, une force autonome, indépendante de l’évolution du monde réel telle qu’elle se déroule sous nos yeux..

Nous sommes désolés, mais il faut appeler un chat un chat : si « la fin de l’humanité » arrive, cela voudra dire, pour le moins, que la classe ouvrière est défaite ! Et lorsqu’on avance que « un tel scénario peut aboutir sans que le capital n’ait défait la classe ouvrière », ce qu’on dit en vérité c’est que la classe ouvrière pourrait bien être défaite sans combattre  ! Autrement dit que la perspective contenue dans la situation présente N’EST PLUS celle de confrontations radicales et décisives entre les classes !

Tout ce point 6 est, d’un bout à l’autre, animé d’un renoncement complet au combat, non seulement dans l’aboutissement logique auquel il parvient, mais dans le vocabulaire même qu’il emploie. Après avoir commencé par dire que l’absence de guerre mondiale dans un futur proche « n’est pas une source de consolation », la suite du développement oppose donc au mot « consolation », les contraires successifs suivants : « sentiment d’une apocalypse imminente », « fin du monde (qui) se rapproche », « menace », « dangers », « insidieux », « cavalier de l’apocalypse » et à nouveau « danger ». « Consoler », « rassurer » comme au point 5 ou bien au contraire « inquiéter » comme dans ce point 6, voilà le faux choix dans lequel se débat la résolution, comme si notre tâche était de choisir entre optimisme et pessimisme, à l’instar des intellectuels bourgeois se disputant sur la nature « foncièrement bonne » ou « foncièrement mauvaise » de « l’Homme » et dont le discours, dans l’un comme dans l’autre cas, ne sert qu’à appeler les exploités à se résigner à l’ordre capitaliste existant.

Pour notre part, nous pensons, au contraire de la résolution, que s’il est une perspective contenue dans la situation présente, ce n’est nullement que « la classe ouvrière perde petit à petit la capacité d’agir comme une force consciente antagoniste au capital », mais au contraire qu’elle gagne cette capacité ! Car, il faut être clair, « antagoniste au capital », la classe ouvrière l’est par définition et depuis qu’elle existe, de par sa position objective dans les rapports d’exploitation capitaliste. Ce que par contre elle n’a pas en permanence, mais seulement dans des moments particuliers de l’histoire, c’est la « capacité d’agir comme une force consciente », consciente justement du caractère irréductible de son antagonisme au capital et agissant en conséquence. Et c’est bien uniquement à la condition que la classe ouvrière développe cette « capacité d’agir comme une force consciente » que le renversement du capitalisme est possible. Cela veut dire que cette capacité n’est pas quelque chose d’ores et déjà « acquis » et qui risquerait d’être « petit à petit perdu », mais quelque chose en perspective devant nous. Très précisément par le développement d’une part de cette « conscience dans la classe » (dont nous parlions dans le débat de 1984, pour ceux dans le CCI qui n’ont pas tout oublié) dont une série rapprochée d’expériences de confrontations décisives détermine le développement dans les masses, et d’autre part par le fait que son mouvement donne naissance à un Parti prolétarien international digne de ce nom..

Cette « force consciente » de la classe ouvrière, existe bien sûr aujourd’hui, mais elle est –pour l’essentiel- concentrée dans les petites minorités révolutionnaires qui constituent le « milieu politique prolétarien » et dans les franges encore minuscules du prolétariat qu’elles influencent plus ou moins. Leur capacité d’agir est dans l’immédiat dérisoire. Mais si nous « parions » sur la perspective que le prolétariat international gagne effectivement cette « capacité d’agir comme force consciente », ce n’est nullement parce que notre fraction voudrait opposer son « optimisme » au « pessimisme » de la résolution, mais pour deux raisons :

- la première est que c’est le capital lui-même qui est en train dès aujourd’hui de réunir les conditions pour que se développent, dans les pays les plus décisifs, des combats de classes qui seront, par nécessité, contraints d’être plus déterminés et plus radicaux que par le passé. Le processus d’aggravation de l’exploitation capitaliste, notamment contre les prolétaires des grands pays développés est en train de connaître une accélération violente qui oeuvre à ruiner les bases d’un grand nombre d’illusions réformistes et corporatistes que les vagues de luttes des années 70-80 n’avaient pas réussi à dépasser. Dans le même temps, cette violence économique est en train de s’accompagner d’une violence politique ouverte de l’Etat bourgeois, que mesurent la fuite en avant vers la guerre comme le durcissement du discours et des moyens répressifs étatiques. Cette dimension de violence politique du capital participe plus que tout à la maturation des conditions objectives de la lutte des classes, à la révélation de l’enjeu politique, et partant aussi de toute la difficulté, des combats de classe.

- la seconde c’est que se confirme une maturation en profondeur dans l’émergence de minorités à la recherche de véritables positions de classe, tandis que, dans le même temps, un mouvement de discussions, de débat, de clarification est en train de s’opérer dans le milieu politique prolétarien existant. Et nous avons même le culot de penser que notre fraction (), est une manifestation en positif de ce besoin et de cette maturation. Ces signes montrent que la possibilité existe pour que la classe ouvrière donne naissance à une véritable avant-garde politique capable de jouer un rôle de plus en plus important dans les luttes à venir et d’influencer leur cours, jetant par là les bases de la constitution du parti international. Ils montrent que la conscience non seulement de cette possibilité mais de cette nécessité est en train de faire son chemin.

VIII.- Après avoir opposé à la guerre réelle, l’abstraction de la guerre mondiale, on oppose aux luttes actuelles de la classe l’abstraction de ses « luttes futures »

C’est à la quatrième page de la résolution qu’on trouve finalement un point 11 qui s’efforce de poser les choses (notamment la crise, la guerre et la lutte des classes) dans leurs véritables rapports. On y lit notamment  :

« Dans la période à venir, la classe ouvrière et par-dessus tout la classe ouvrière des principaux pays capitalistes sera confrontée à une accélération de la situation mondiale à tous les niveaux. En particulier, apparaîtra dans la pratique le lien profond qui existe entre crise économique et montée de la barbarie capitaliste (...) l’impasse mortelle dans laquelle se trouve l’économie mondiale fait monter la pression vers des solutions militaires ; la montée vertigineuse des budgets militaires appelle de nouveaux sacrifices de la part de la classe ouvrière (...). En même temps, la nécessité de justifier ces attaques aura pour résultat de nouvelles attaques idéologiques contre la conscience de la classe ouvrière. Les travailleurs n’auront ainsi aucun autre choix dans leur lutte pour défendre leurs conditions de vie que de comprendre le lien entre crise et guerre, que de reconnaître les implications historiques et politiques que cela a pour leur combat »

Malheureusement au lieu d’avoir une résolution qui soit construite solidement autour de cette démarche, avec le souci de la concrétiser dans ces différents aspects tels qu’ils se déroulent sous nos yeux aujourd’hui, ce point tombe à la fin du texte « comme un cheveu sur la soupe » et en reste à des généralités relevant de la profession de foi, tandis qu’au contraire tous les aspects concrets de la situation ont été préalablement placés dans un autre cadre de compréhension, indépendant de lui : le cadre de la décomposition. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que les affirmations du point 11 sont ainsi résolument conjuguées... au futur, par opposition à un présent dans lequel on semble ne pas oser « se mouiller » et dans lequel on s’acharne à ne vouloir voir que de la « décomposition ». Ne sommes-nous pas déjà en train de vivre « une accélération de la situation mondiale à tous les niveaux » ? Pourquoi renvoyer au futur « l’apparition » du lien « profond » entre la crise et la guerre ? Est-il donc quelque chose « d’enfoui » dans l’avenir ou bien au contraire déjà terriblement visible, justement dans cette simultanéité de la crise et de la guerre comme nous n’en avons pas connu depuis les années 30 ? Et n’est-ce pas à nous, révolutionnaires, de le révéler sans pitié dès aujourd’hui dans notre propagande afin de répandre dans notre classe la critique révolutionnaire du capitalisme (et pas seulement une indignation morale contre « la barbarie » qui n’a pas grand chose à envier aux éditoriaux du « Monde Diplomatique ») ? Quant aux attaques idéologiques contre la conscience de classe du prolétariat visant à justifier l’une et l’autre (la guerre et les sacrifices exigés à la classe ouvrière), est-il encore utile ici de rappeler à quel point elles sont dès aujourd’hui terriblement présentes ?

Au point 12, on est toujours dans le futur : « Les révolutionnaires peuvent avoir confiance dans le fait que le cours à des affrontements de classes reste ouvert et qu’ils ont un rôle vital à jouer dans la future politisation des luttes ouvrières ». Le rôle des révolutionnaires, c’est donc « pour le futur ». Est-ce qu’ils n’ont pas pourtant d’ores et déjà une responsabilité énorme vis à vis des minorités qu’ils sont susceptibles de toucher aujourd’hui, s’ils veulent demain être en mesure d’influencer la « politisation des luttes » ? Quant au reste, merci pour cet appel platonique à la « confiance » dans le cours historique, dont toute la résolution vient pourtant de s’évertuer à saper les bases, en nous décrivant avec force détails un autre « scénario » où la lutte des classes est totalement absente !

D’ailleurs l’emploi du présent reprend immédiatement ses droits pour ajouter aussitôt : «  Mais ils ne sont pas là pour consoler la classe (encore !). Le plus grand danger (encore !!) pour le prolétariat dans la période à venir, c’est l’érosion de son identité de classe avec l’avancée pernicieuse (encore !!!) de la décomposition à tous les niveaux ». (« Consoler » ou « inquiéter », c’est une manie !). Voilà, en tout cas, comment c’est finalement au « scénario » du point 6 plutôt qu’à la perspective tracée au point 11 qu’on se dépêche de donner le dernier mot !

Mais continuons : « Si ce processus se poursuit sans frein, la classe ouvrière sera incapable d’avoir une influence décisive sur les bouleversements politiques et sociaux qui se préparent inexorablement du fait de l’approfondissement de la crise économique mondiale et de la dérive dans le militarisme. Les derniers événements en Argentine nous donnent un tableau clair de ce danger. » Nous y voilà !!

IX.- Le cas de l’Argentine

Le cas de l’Argentine est en effet illustrateur de la démarche totalement défaitiste où est entraînée notre organisation. Jugeons-en : la preuve de « l’avancée pernicieuse de la décomposition » serait que « la classe ouvrière a été incapable de s’affirmer comme force autonome » en Argentine. Oui, c’est vrai, la classe ouvrière en Argentine ne s’est pas affirmée comme force politique autonome dans un mouvement qui a entraîné également (et inévitablement) dans la rue la petite bourgeoisie ruinée par la crise et qui a été effectivement confrontée à la nécessité de se distinguer du terrain nationaliste et réformiste dans lequel, évidemment, la bourgeoisie, ses gauchistes et ses démocrates de service a cherché à l’enfermer (). Tout un chacun peut faire cette « photographie » du mouvement. Toute la question est de savoir dans quel « film » se place cette photographie.() Car, à quoi aurait-il fallu s’attendre selon la ligne qui est désormais celle du CCI ? A l’émergence des conseils ouvriers ? A une insurrection prolétarienne débouchant sur un appel à l’extension mondiale de la révolution ? La résolution « s’étonne » de ce que ce mouvement « a permis à la bourgeoisie d’avoir toutes les possibilités de manipuler la situation en sa faveur ». Est-ce que, par hasard, la profession de foi sur la « future politisation des luttes » de la résolution signifie que nous attendons le jour J où le prolétariat se dressera tout armé, ne laissant à la bourgeoisie aucune « possibilité de manipuler la situation », et lui interdisant notamment de s’appuyer sur les couches non prolétariennes petites-bourgeoises révoltées pour enfermer le mouvement sur un terrain nationaliste ? Est-ce que, tant que nous n’en sommes pas là, il faut considérer les manifestations de notre classe comme autant de preuve des « dangers pernicieux de la décomposition » ? Est-ce que par hasard « la lutte des classes » (qu’hélas, et c’est peut être significatif, nous avons tendance dans le CCI à écrire « lutte de classe » sans ‘s’ de même qu’on trouve de plus en plus souvent dans les écrits du CCI « rapport de force », toujours sans ‘s’), c’est seulement quand la classe ouvrière ne rencontre l’opposition d’aucune autre classe devant elle ? Non ! Ce que montre justement la « photographie » de l’Argentine, c’est que la classe ouvrière EST EN TRAIN DE FAIRE L’EXPERIENCE, PAR NECESSITE, DE LA POLITISATION DE SES LUTTES. Dans des expériences comme les événements d’Argentine, le prolétariat est engagé dans un combat politique contre tous les programmes bourgeois, un combat politique dont les prolétaires eux-mêmes n’ont pas d’emblée une conscience claire (en général ils savent seulement ce qu’ils ne veulent plus), mais c’est justement dans de tels combats que cette conscience se développe en même temps que la critique et le rejet des réponses bourgeoises à la crise sociale. Mais c’est un processus, cela va demander tout un arc d’expériences et de luttes, encore devant nous, dont l’Argentine 2001 n’est qu’un des moments. Quant à la capacité des masses ouvrières à opposer à tous les programmes bourgeois son propre programme politique (lequel faut-il le rappeler n’est autre que la révolution prolétarienne internationale, à moins que le CCI d’aujourd’hui en voit un autre ?) au point que la petite-bourgeoisie et les autres classes puissent se ranger derrière lui plutôt que derrière les mots d’ordre nationaux de « sauver l’Argentine », elle ne peut être que le produit d’un tout autre rapport de forces, la marque d’une situation révolutionnaire. Voilà pourquoi, tant que nous n’en sommes pas là, le mouvement ne peut que retomber en ne laissant, en apparence, comme seul gain que les discours nationalistes de la classe dominante. Mais ce n’est là que l’apparence des choses et seuls des immédiatistes s’en contentent pour juger péremptoirement que « le mouvement n’offrait aucune perspective ». Nous pouvons être certains que, par mille petits canaux, les leçons de cette expérience sont en train d’être tirées dans les rangs prolétariens, tandis que nous savons que loin d’avoir réglé quoi que ce soit, la violence de la crise continue de faire des ravages et jettera dans la lutte à nouveau un prolétariat plus averti et plus déterminé. Voilà pourquoi , au contraire de l’affirmation idéaliste qui termine le point 12 : «  les récents événements ne doivent pas être confondus avec ces potentialités futures (du prolétariat argentin) », ils en sont au contraire l’expression la plus réelle.

Encore une fois, ce que montre justement l’Argentine, ce n’est pas que la classe ouvrière est « en train de perdre petit à petit la capacité d’agir comme une force consciente antagonique au capital » (point 6 déjà cité), mais au contraire qu’elle est en train de la gagner.

Enfin, tandis que l’Argentine montre à la fois ce besoin de politisation comme une nécessité imposée à la classe ouvrière par l’accélération de la crise économique et politique de la classe dominante et à la fois l’ampleur et les difficultés de la tâche, la résolution s’en détourne et là encore oppose un « futur » idéal à ce présent qui nous interpelle et nous appelle à assumer AUJOURD’HUI nos responsabilités. Or les assumer c’était d’abord tirer des événements d’Argentine de véritables leçons pour les prolétaires des autres pays et notamment des grands pays développés au lieu du mépris incroyable que le CCI leur a servi. Ensuite, c’était affirmer toute notre solidarité et celle du prolétariat mondial avec les prolétaires argentins. Et enfin assumer concrètement cette solidarité réelle, en recherchant là bas des contacts, en essayant de retrouver les éléments d’avant-garde, qui très certainement, aujourd’hui, avec leur faible voix, essayent de s’orienter sur un terrain prolétarien internationaliste face aux événements. Ils existent forcément, parce qu'une telle crise économique, politique et sociale implique que la classe ouvrière tende à donner le jour à des petites minorités d’avant-garde se plaçant sur un terrain résolument ouvrier. De plus, nous savons qu’il existe une telle tradition politique dans le prolétariat argentin et que, notamment dans les années 80, il a existé des groupes à la recherche des positions de la gauche Communiste. A nous de les retrouver, à nous de renouer les contacts avec ces éléments. Si le CCI avait été à la hauteur, lui qui a des sections sur le continent américain, il y a longtemps qu’il aurait cherché à envoyer une « expédition » en Argentine (comme il fut capable de le faire autrefois, dans les années 80, quand suite aux événements de Pologne par exemple, nous avons recherché activement des contacts en Europe de l’Est par exemple). Au lieu de cela les organes centraux actuels du CCI envoient des « expéditions » contre ses propres militants sur le continent américain !

X Des erreurs de méthode qui ne sont pas neutres

On l’a vu, la résolution proposée met en évidence de sérieux problèmes de méthode. Mais pas seulement. Il apparaît de plus en plus clairement que ces erreurs de méthode ne sont pas neutres, et, notamment, qu’elles sont toutes au service de renoncements et de concessions à l’idéologie dominante.

1) La croisade contre le « matérialisme vulgaire » camoufle l’abandon du matérialisme et de la critique marxiste du capitalisme

Il existe dans le CCI une fâcheuse tendance à mettre les choses dans des tiroirs étanches. Ainsi en est-il de la manière dont certains textes, interventions et encore la dernière résolution traite la question du rapport entre la crise et la guerre ou, en général, du rapport entre l’économique et le politique, et notamment entre les contradictions économiques et les contradictions impérialistes. Du souci juste de distinguer deux aspects d’une réalité, on en est arrivé à les considérer comme totalement séparés, c’est à dire comme évoluant dans deux sphères totalement indépendantes. Et, notamment, l’habitude semble avoir été prise depuis quelques temps dans le CCI de taxer de « matérialisme vulgaire » toute tentative de rappeler que c’est seulement dans les rapports économiques qu’on peut trouver en dernière instance la clé de compréhension des phénomènes super-structurels que sont l’Etat, la guerre, la politique impérialiste, etc.

Or, autant il est parfaitement juste de dire par exemple qu’il n’y a pas de lien mécanique, immédiat entre la crise et la guerre, comme le rappelle d’ailleurs la résolution lorsqu’elle dit : « L’intensification de la crise et des attaques contre les conditions de vie de la classe ouvrière ne coïncident pas mécaniquement avec le développement des guerres et des tensions impérialistes » (point 11), autant il est vrai que la politique économique et commerciale d’une part et la politique impérialiste, diplomatique, militaire des Etats capitalistes d’autre part ne sont pas identiques, autant il est parfaitement anti-marxiste de prétendre qu’elles n’entretiendraient aucune relation entre elles ! Ainsi, on a tendu dans le CCI à séparer abstraitement « l’économique » et le « stratégique ». En oubliant que le mot « stratégie » veut dire essentiellement ceci : une stratégie est une politique construite sur le long terme, qui poursuit un objectif déterminé en tenant compte du fait que les conditions de la réalisation de cet objectif ne sont pas immédiatement réunies et qu’il s’agit donc d’?uvrer à les réunir. La politique impérialiste suit en général une stratégie, car pour « poursuivre la politique par les moyens de la guerre », encore faut-il en avoir les moyens, encore faut-il s’assurer que la prise de risque que constitue un engagement militaire soit menée dans les meilleures - ou les moins mauvaises- conditions possibles. Voilà pourquoi, la « stratégie impérialiste » ne suit pas mécaniquement et immédiatement les aléas de la bourse ou des chiffres de croissance(). Mais cela n’empêche pas qu’elle est bel et bien au service des intérêts bien compris du capital national et de la défense de ceux-ci face aux ravages de la crise. Laquelle défense est, en premier lieu, celle de ses profits, de ses marchés, de ses sources d’approvisionnement, etc., et par suite de tous les moyens politiques, diplomatiques et de coercition sur ses zones d’influence qui servent à garantir leur pérennité et ... rien d’autre.

L’hésitation à dire cela clairement, justifié au nom de la crainte de tomber dans le « matérialisme vulgaire » a de sérieuses implications. Notamment d’émousser toujours le tranchant de la critique du capital. Autrement dit de nous priver des armes indispensables à son renversement.

Plus généralement, et c’est particulièrement frappant dans cette résolution, les relations entre la crise, la guerre et la classe ouvrière ne sont envisagées qu’en tant qu’il s’agit d’entités abstraites, figées et statiques. La guerre n’est mise en relation avec la crise que pour autant qu’on parle de l’abstraction « guerre mondiale », mais surtout pas dans ses expressions réelles et concrètes. La classe ouvrière n’est considérée comme « frein à la guerre » à son tour qu’en tant que l’abstraction « classe ouvrière non défaite » dont nous avons déjà parlé (cette abstraction qu’on finit par rendre responsable des difficultés de la classe ouvrière concrète, c’est à dire des prolétaires, êtres humains de chair et d’os d’aujourd’hui). Les « potentialités de la classe ouvrière » elles-mêmes sont vues comme des abstractions : il ne s’agit pas du mouvement réel qui s’accomplit sous nos yeux, mais d’une force absolue, dont « l’autonomie de classe » et la « conscience » seraient déjà données une fois pour toutes, mais qui serait invisibles et attendraient seulement l’occasion de se « manifester », comme apparaissent des manifestations de Dieu aux croyants les jours de fête. La crise elle même enfin n’est pas saisie dans son mouvement réel, son évolution concrète, elle est, elle aussi, devenue une abstraction immobile : quelque chose qui depuis les années 80 est « suffisamment développé » pour donner lieu soit à la guerre mondiale, soit à la révolution. Pourtant, n’avons nous pas nous même souligné mille fois la « lenteur de la crise », formule qui révèle bel et bien que son processus n’est pas encore « achevé » ? N’avons nous pas nous mêmes souligné combien jusqu’à présent la bourgeoisie a trouvé les moyens de repousser dans l’espace (à la périphérie) et dans le temps (endettement, etc.) les effets de ses contradictions économiques sur les grandes métropoles ? Mais aujourd’hui, au lieu d’en tirer les conséquences sur le plan de la lutte des classes et de voir dans les faits qu’il n’y a eu ni la guerre mondiale, ni des mouvements insurrectionnels dans les années 80 un signe que le processus de la crise n’avait pas encore atteint le niveau qui précipite la société dans l’une ou l’autre de ces issues, le CCI a tendance à préférer expliquer tout par le « troisième larron » de la décomposition.. Ce faisant, il a malheureusement en même temps cessé de s’intéresser à l’évolution de la crise réelle et concrète et à poursuivre un travail sérieux d’élaboration de ses ressorts, au nom du concept abstrait « crise déjà largement assez grave ».

Ces trois catégories abstraites maintiennent donc entre elles les rapports immobiles qu’on leur a arbitrairement donnés une fois pour toutes et constituent une sphère de raisonnement à part, rangée bien au chaud dans la doctrine et totalement indépendante du mouvement réel de l’histoire qui, pourtant, continue. Ce dernier lui - celui qui nous intéresse pourtant- évolue dans une autre sphère, laquelle échappe à toute détermination marxiste : la guerre concrète, la lutte des classes concrète ne sont pas déterminées par la crise concrète, elle ne sont plus que des « manifestations de la décomposition ». C’est très pratique car, justement, le CCI actuel n’a aucune intention de se salir les mains dans des « manifestations de la décomposition ». Il n’envisage son activité que dans la première sphère, dans cette sphère là, il se veut très « révolutionnaire », très « radical » et très « déterminé » et ce n’est effectivement pas très difficile de mener le combat dans un monde imaginaire où on n’affronte que des obstacles de papier : ceux qu’on a créés dans sa propre imagination et à l’exclusion de tous ceux qui se dressent dans le monde réel. Où qu’on tourne les regards, il devient évident que ce ne sont pas des analyses incorrectes qui conduisent le CCI aujourd’hui à ne pas être à la hauteur de la situation, c’est son propre renoncement à combattre qu’il est tout simplement en train de théoriser.

2- L’enfermement sectaire fait partie du renoncement au combat prolétarien

Nous avons vu au début de ce texte comment la résolution s’attaque aux groupes existant du milieu prolétarien. Ceci est particulièrement révélateur de la dramatique dérive dans laquelle notre organisation s’est laissée entraînér. Déjà, dans le principe, face à des événements aussi graves que ceux du 11 septembre, le CCI avait jusqu’à présent toujours défendu une politique active d’ouverture vis à vis de tout le milieu internationaliste. Il avait toujours considéré que, quelles que soient les nuances d’analyse et d’interprétation, la question de la guerre était un moment particulièrement important rendant à la fois nécessaire et possible la recherche de la discussion avec les groupes internationalistes existant et si possible d’actions communes. Non seulement le CCI s’est catégoriquement refusé de faire la moindre action dans ce sens face aux événements depuis le 11 septembre, mais il fait preuve d’un sectarisme particulièrement actif consistant à mettre en avant au maximum sa « petite » différence, c’est à dire les points de désaccords avec les groupes existants (chose qu’il avait tant condamné chez les autres groupes auparavant). Voilà encore une politique de renoncement et d’abandon, et notamment d’abandon de l’?uvre de regroupement des forces révolutionnaires qui a été, dès sa naissance, l’objectif que s’était donné le CCI.

Plus encore, il s’engage dans une politique totalement destructrice consistant à déformer sciemment les positions défendues par les autres groupes, à les caricaturer, à les calomnier, comme pour ajouter aux désaccords existant d’autres désaccords imaginaires et justifier son sectarisme. A croire que la critique de groupes politiques d’avant-garde authentique de notre classe serait devenue sa raison d’être. Les « parasites » sont-ils encore ceux qu’on pense ?

3- Prolétariat et petite bourgeoisie 

La pensée selon laquelle il ne faut s’engager dans un combat que si l’on est sûr qu’il soit gagné d’avance est totalement étrangère au prolétariat. Elle appartient par contre typiquement à la petite bourgeoisie, qui, elle, exige toujours des garanties, tout simplement parce qu’elle a dans la société capitaliste telle qu’elle est, même en crise ouverte, même en train de la paupériser, encore quelque chose à perdre et que « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras » reste sa maxime d’épicier. Elle a à perdre dans la révolution prolétarienne ses misérables petits privilèges de « classe moyenne » qui font sa gloriole et sa fierté de ne pas appartenir à la « masse anonyme » des déshérités mais à une classe intellectuelle qui tient, plus qu’à tout autre chose sans doute encore, à ce sentiment de supériorité que lui confère l’illusion de la « liberté de penser » qui la traverse. Elle croit dur comme fer à sa « petite libre pensée » qu’elle croit avoir arraché par la seule puissance de son cerveau individuel « au dessus des masses », sans voir que sa « libre pensée » n’est qu’un reflet aliéné de la domination bourgeoise. Elle croit, comme la petite bourgeoisie argentine en effet, à son propre pouvoir de réforme du monde par la seule puissance de ses idées « démocrates » qu’elle s’imagine capables de tenir tête à la violence de l’implacable logique capitaliste qui , pourtant la broie elle aussi, en même temps qu’elle broie les prolétaires. Les prolétaires ont conscience d’être broyés depuis longtemps, les petits bourgeois eux s’imaginent y échapper grâce à leur « liberté de penser ». En réalité et ce faisant ils ne sont qu’une masse de man?uvre du capital.

4- Certes 2001 n’est pas 1914. Et pourtant...

Le CCI d’aujourd’hui affirme avec certitude qu’aucun danger de guerre mondiale ne se présente dans un futur proche et, en même temps il nous explique que le prolétariat « ne peut rien faire » contre la guerre, telle qu’elle se présente concrètement à nous, sous prétexte que « la forme concrète que prend la menace de la barbarie est différente de celle à laquelle s’étaient attendu les révolutionnaires du 20e siècle, celle de la destruction de la civilisation par une seule guerre impérialiste ». Cela ne vous rappelle rien ? N’est-ce pas la social-démocratie minée par l’opportunisme qui tint autrefois le même discours ? Elle jurait ses grands dieux que jamais une guerre impérialiste mondiale ne pourrait avoir lieu car la force de l’Internationale était là pour l’empêcher. Tant qu’il ne s’agissait que de l’idée abstraite de la guerre, les partis sociaux-démocrates n’avaient aucun problème pour affirmer leur internationalisme prolétarien, mais quand vint la guerre réelle, terriblement concrète, que firent-ils ? Sinon dire que, puisque la guerre prenait « une autre forme » - la forme d’une « guerre de défense nationale » ou d’une « lutte contre la réaction russe »- il fallait donc se résigner à l’accepter comme un fait accompli. Le CCI n’est pas la Seconde Internationale, heureusement, nous ne sommes pas en août 1914, et la pression de la classe dominante sur lui n’est pas comparable à celle qui fit voter les crédits de guerre aux députés social-démocrates, si bien que son présent renoncement au combat concret et déterminé contre la guerre impérialiste, d’une part continue sans encombre à cohabiter avec l’affirmation platonique de son internationalisme de principe, et d’autre part ne saurait représenter pour notre classe la même tragique trahison que celle des partis de la Seconde Internationale. Ceci montre seulement comment, une fois de plus, derrière l’élaboration de nouvelles « théories » prétendant « enrichir le marxisme », ne se nichent en vérité rien d’autre que l’opportunisme et la capitulation devant l’idéologie bourgeoise.

5- La maladie du CCI

Non ce n’est pas de « clanisme » ni de « décomposition » qu’est atteint le CCI. Il est atteint d’une maladie très classique et bien connue, mais autrement plus « grave » : l’opportunisme.

avril/ mai 2002.


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