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SUR LA REUNION PUBLIQUE DU CCI DU 3 AOUT 2002 AU MEXIQUE

La suite du "procès" contre la fraction

Dans notre bulletin n°11, nous avons déjà souligné le caractère de véritable procès contre la fraction qu'a pris la Réunion Publique (RP) du CCI à Paris le 4 mai passé : "En fait de débat politique, c'est à un véritable procès public qu'ont assisté les participants à cette réunion. Un procès ordurier digne des plus sinistres procès engagés par l'IC stalinisée contre ses oppositionnels dans la fin des années 20. Ordurier parce que basé sur le mensonge et la calomnie. Parce que basé sur la pire des méthodes empruntées au stalinisme : on fait un amalgame de faits que l'on a au préalable et dans les coulisses, soigneusement interprété, et que l'on présente bout à bout, en prenant bien soin de les extraire de leur contexte. Tout cela dans l'espoir que de cette masse de faits assénés, il restera bien quelque chose : le spectateur médusé en conservera bien une suspicion, un doute, un malaise. Ce sont ces mêmes méthodes que le CCI mettait en œuvre lors de la Conférence extraordinaire destinée à exclure les militants de la Fraction : ce sont les mêmes qu'il reproduit aujourd'hui pour nous dénoncer publiquement". (bulletin n°11, Prise de position de la fraction sur la RP du CCI du 4 mai 2002).

Non satisfait, l'actuel CCI continue son procès contre la fraction maintenant au Mexique. Pour cela, il ne lésine sur aucun moyen : location d'une salle luxueuse et en plein centre de la ville (ce qui est inédit dans l'histoire de la section du CCI au Mexique) ; il convoque tous ses contacts, y inclus ceux habitant dans les provinces les plus éloignées ; il envoie une importante délégation internationale et, finalement, il "invite les membres de la fraction au Mexique à présenter leur point de vue" comme il l'a fait à Paris. Tout cela avec le seul objectif de présenter publiquement un catalogue d'accusations et de mener un procès contre ces militants, procès qui, en outre, est déjà jugé d'avance, puisque les membres de la fraction ont déjà été exclus du CCI pour les délits auxquels il leur fut demandé de répondre durant la réunion. Voilà à quoi se résume aujourd'hui pour l'actuel CCI une "défense de l'organisation".

Bien que la Réunion Publique au Mexique n'ait été qu'une continuation, une mauvaise copie, de ce que nous avions vu à Paris, il nous semble important d'exposer quelques aspects qui, malheureusement, montre la profondeur de la crise communiste du CCI et l'aggravation de cette involution.
Cela s'est exprimé dès la présentation qui fût à la charge des membres du présidium de la réunion, érigés en procureur et en juge à la fois. La première partie de cette présentation, loin de justifier le sujet de la réunion, affirma que "les membres de Paris de la «soi-disant fraction» n'ont pas le droit de prendre la parole dans les réunions du CCI tant qu'ils ne rendent pas l'argent qu'ils ont volé", alors qu'on laisse à ceux du Mexique le droit de parler "bien qu'ils soient complices des voyous de Paris". Ce qui veut dire que les membres de la fraction sont déjà jugés et condamnés à l'avance. Ensuite, la présentation s'est lancée durant plus d'une demi-heure dans des accusations et des insultes contre les membres de la fraction : la fraction est "une attaque directe d'une structure parasitaire contre le milieu politique prolétarien"... La racine de cela se trouve dans "l'oubli des statuts", "les pressions idéologiques et la décomposition qui accélèrent le processus d'introduction d'idéologies du lumpen"... Les membres de la fraction "ont calomnié, intrigué, conspiré, tenu des réunions secrètes, ont refusé de payer leurs cotisations, ont volé, ont menti, ont agressé verbalement et physiquement"... Leur position est de "l'opportunisme organisationnel, une capitulation idéologique, la défense aveugle d'un provocateur, une attitude parasitaire, de la haine, de la confusion"... "Ils ont volé les adresses pour lancer leur venin à l'extérieur, ils cherchent la destruction du CCI". "C'est un mensonge de dire qu'on les a tous expulsés. Jonas oui, car c'est un provocateur. Les autres ont été suspendus pour ne pas avoir payé leurs cotisations, les autres sont des déserteurs... ceux du Mexique sont suspendus, ils n'ont pas été exclus"... "ils refusent de discuter"... "Ils rejettent un jury d'honneur pour laver le nom du leader"... "la fraction ne cherche pas à convaincre, ce sont des parasites qui veulent saboter et paralyser, ils n'ont aucune honte. Si ce qu'ils disaient était juste, ils devraient se maintenir dans le CCI pour défendre les principes et non s'en aller la queue entre les jambes en pleurnichant" (sic)(1)... Et la présentation a terminé par : la supposée fraction est un "groupe parasitaire face au milieu politique prolétarien qui a une attitude noire [manipulatrice sans doute] vis-à-vis du BIPR. Elle se rapproche de celui-ci de manière trompeuse en cherchant à faire une alliance en présentant une autre figure au BIPR pour monter une conspiration contre le CCI" (re-sic !).

Tel fût la première partie de la présentation de la "réunion publique" dont l'objectif était de donner "l'axe de la discussion", le "ton" de la réunion. Comme on le voit, de nouveau, comme à Paris, il ne s'agissait pas d'une réunion politique mais d'un procès, d'un "lynchage" public des membres de la fraction. Et de nouveau, s'il s'agit de dénoncer des "voyous, des voleurs, des menteurs, des calomniateurs, des parasites du milieu prolétarien, des agresseurs, des intrigants, des déserteurs, des saboteurs, des provocateurs et des conspirateurs", surgit naturellement la question qu'a d'ailleurs posée un des contacts présents : pourquoi donc le CCI les invite-t-il soi-disant pour "présenter leur point de vue " ?
Mais ce discours qui cherche à semer le doute et la méfiance sur l'engagement et l'honneur militant des membres de la fraction, au lieu de mettre en question et de déshonorer la fraction, met en question et déshonore non seulement le bon sens politique du présentateur, mais aussi celui de l'ensemble du CCI : gaspiller tant de moyens financiers et organisationnels pour nous servir comme plat de résistance... une montagne de qualificatifs d'insultes comme argument politique ! Mais pire encore, le CCI décrédibilise vis-à-vis des contacts et des éléments en recherche de clarification et de cohérence politiques, la notion même de réunion publique dans lesquelles les prolétaires peuvent débattre sur leurs objectifs et leurs besoins ; il la convertit en une simple expression d'"intrigues de palais" de telle ou telle organisation. La seule chose valable de cette présentation a été de montrer ouvertement quelle a été l'ambiance interne qu'ont vécue les militants qui ont résisté à l'introduction de nouvelles méthodes de fonctionnement et à la nouvelle idéologie qui prédominent chaque fois plus dans le CCI actuel ; comment la discussion collective et la confrontation franche des positions ont été substituées par les accusations et les calomnies de tout type contre ceux qui s'opposaient plus ou moins consciemment à la dérive politique du CCI.
De même, la présentation montre à ceux qui ont pu suivre de près le CCI le degré atteint dans son involution. Quand elle avance l'idée que la fraction, ensemble avec le BIPR, "serait en train de conspirer contre le CCI", on voit comment se développe le processus de sectarisation du CCI, d'enfermement sur soi et de perte du sens de la réalité. Ce qui est en voie d'être remis en question par le CCI, c'est la notion même de milieu politique prolétarien. Comme n'importe quelle secte, il développe l'idée selon laquelle "tout le monde est contre lui" ce qui rend nécessaire de s'enfermer encore plus sur lui-même.

La seconde partie de la présentation, à la charge d'un autre membre du présidium, a essayé de donner un vernis théorique aux qualificatifs précédents. Mais encore une fois, elle est vite tombée dans les adjectifs les plus bas : "pseudo-fraction, ils volent le nom de l'arsenal de la classe ouvrière", "ils ont violé au moins douze points des statuts, ils pensent que les statuts sont des armes à double tranchant", la fraction "fuit le débat, est monolithique, elle abandonne l'intervention dans la classe, elle lance du venin contre l'organisation, elle veut être reconnue pour attaquer, c'est un parasite qu'il faut combattre". Nous voyons donc quel était l'objectif "occulte" de cette "réunion publique". Nous ne pouvons qu'alerter l'ensemble du milieu politique prolétarien et les militants du CCI sur ce slogan : "combattre le parasitisme". Jusqu'où va conduire le conditionnement idéologique des militants du CCI et d'une partie chaque fois plus réduite(2) de ses contacts qui consiste à les convaincre que les membres de la fraction sont une bande de "parasites, de voleurs, de saboteurs, de provocateurs et de conspirateurs" ? Jusqu'où ce "combat contre le parasitisme" va mener le CCI ? Quel est le pas suivant une fois la fraction jugée et condamnée ? Jusqu'où vont aller les camarades du CCI(3)  ?
Quant au vernis politique, le CCI a développé dernièrement la "théorie" - ce fût l'argument principal de la présentation - qu'une fraction digne de ce nom, c'est-à-dire qui puisse être reconnue, doit avoir un programme alternatif à celui de l'organisation en dégénérescence et qu'elle doit déjà constituer le pont entre l'ancienne et la nouvelle organisation révolutionnaire. Cette théorie tourne complètement le dos à l'histoire des organisations révolutionnaires et à la lutte des fractions en leur sein (comme nous avons déjà commencé à le montrer dans le bulletin n°9 )(4). En particulier, elle tend à occulter systématiquement l'histoire du surgissement des oppositions et des fractions face à la dégénérescence de l'IC dans les années 20 durant la période de "bolchévisation". Ce rejet de l'histoire de la part de l'actuel CCI s'explique par le fait que sa nouvelle théorie sur les fractions a été créée seulement, et que, pour justifier son refus de reconnaître l'existence de notre fraction. Cette méthode qui consiste à chercher a posteriori des "justifications" théoriques à une conduite politique au prix d'une déformation et de la dissimulation consciente de l'histoire, tourne aussi le dos au marxisme.

Enfin, la troisième partie de la présentation à la charge du troisième membre du présidium prétendait "ouvrir" le procès en exigeant directement des membres de la fraction présents que leur intervention - limitée à dix minutes - ne réponde qu'à trois questions : "Est-il vrai ou non que Jonas ait diffusé dans les «couloirs» l'idée qu'une militante du CCI serait un agent de l'Etat ? Les membres de la fraction au Mexique ont-ils ou non volé les billets d'avion destinés pour la Conférence extraordinaire à laquelle ils n'ont pas assisté ? Les membres de la fraction au Mexique ont-ils volé ou non les adresses des contacts ?"

Voilà ce que fût la présentation qui a duré presqu'une heure, le tiers du temps de la réunion ; un sale petit montage en trois parties :
Partie un : accusations et qualificatifs parmi les pires qu'ils pouvaient trouver (voleurs, voyous, conspirateurs, provocateurs).
Partie deux : justification "théorique" de "l'inexistence de la fraction" au moyen du travestissement de l'histoire.
Partie trois : accusation directe contre les membres de la fraction "invités à présenter leur point de vue" et pression directe pour les obliger à "répondre".

Avec le précédent de la réunion publique à Paris du 4 mai, la fraction savait que quelque chose dans ce genre se préparait. Cependant, nous avons accepté sans hésitation "l'invitation". Non parce que nous étions prêts à nous laisser "jugés" par l'actuel CCI, mais parce que cela constituait une opportunité pour nous exprimer devant le milieu de contacts au Mexique et devant les camarades du CCI, pour les inviter à nous écouter, à lire et à discuter sérieusement nos bulletins. A l'opposé des accusations que le CCI porte contre nous et selon lesquelles nous voulons "le saboter" et "le détruire", nous avons constaté - comme nous l'avons dit à la réunion - avec une grande préoccupation et une grande tristesse que les craintes antérieures de la fraction se réalisaient : qu'une fois exclus de l'organisation, la résistance des militants du CCI à la dérive et à la dégénérescence organisationnelles serait plus difficile et affaiblie. Ainsi, nous avons vu comment des militants qui, il y a à peine quelques mois, portaient de fortes critiques contre les nouvelles méthodes et idéologies introduites dans l'organisation, même s'ils n'étaient pas d'accord avec la formation de la fraction, doivent aujourd'hui se porter à la tête des accusations et des qualificatifs de mépris portés à la fraction pour "démontrer" la sincérité de leur "autocritique" et leur "fidélité" à l'actuel CCI. Pendant que la majorité des militants présents restait lamentablement silencieuse.

Sur les trois questions "directes" du présidium érigé en procureur et en juge : notre réponse.

Le fait de ne pas avoir dédié tout le temps qu'ils nous ont donné pour répondre à ces questions, va permettre au CCI de remâcher que la fraction "fuit le débat" et qu'elle "n'a pas d'arguments".

Notre intervention :

D'entrée, nous avons souligné que nous rejetions le "procès" du CCI contre la fraction comme une méthode propre au stalinisme. Mais en outre, l'organisation le sait pertinemment, nous avons déjà répondu depuis des mois et avec des arguments politiques, théoriques et historiques à toutes ces accusations. C'est le CCI qui ignore ces arguments et continue avec ses accusations fallacieuses.

Sur l'expulsion du camarade Jonas comme "provocateur", nous nous sommes déjà exprimés publiquement (cf. notre bulletin n°11, 4 juin 2002). Nous invitons les camarades intéressés à lire ce bulletin. Ici, nous commenterons seulement quelques aspects en lien avec cette réunion. D'abord il faut noter que l'attaque dirigée contre le camarade Jonas ne conduit pas seulement à la destruction de ce militant mais est un piège monté contre toute la fraction puisque le CCI nous a imposé entre autres "conditions" (conditions inacceptables car elles signifient de fait renoncer à nos convictions) pour nous réintégrer dans le CCI, de rompre toute relation politique avec ce camarade.
D'autre part, il faut relever l'aspect calomnieux des accusations et du jugement du camarade Jonas. En réponse à notre interrogation à la réunion sur comment un camarade qui compte parmi les fondateurs du CCI, avec plus de trente ans d'engagement militant et qui a occupé les fonctions les plus délicates au sein de l'organisation, a pu en quelques mois se convertir en un "provocateur", nous avons reçu deux "réponses" de militants du CCI qui prêteraient à rire si elles ne manifestaient pas la tragédie que représente le type de "discussion" interne que vit actuellement l'organisation. La première comparait Jonas à... Kautsky.
"Si Kautsky qui fût le chef de la Seconde internationale a trahi, pourquoi Jonas ne le ferait pas ?". Précisément, la question est qu'alors que chez des révolutionnaires comme Kautsky, nous pouvons suivre dans leurs écrits et pratique le processus qui les a conduit d'abord à l'opportunisme et par la suite à trahir la classe ouvrière, ce processus n'existe pas chez le camarade Jonas. Quelques semaines avant sa démission de l'organisation, il était encore un membre du Secrétariat international, respecté et apprécié par l'ensemble de l'organisation. Son "délit" a été de mettre "le doigt sur la plaie" des comportements indignes et douteux d'un militant, comportements sur lesquels s'était déjà engagée une discussion interne, sur lesquels beaucoup de militants avaient des doutes et des préoccupations valables ; discussion que, par la suite, le CCI s'est empressé d'étouffer.
La seconde réponse est encore plus insidieuse. Parlant du cas de Jonas, un autre militant du CCI a commencé à "expliquer" qu'il pouvait y avoir des provocateurs cachés qui étaient même capables de dénoncer d'autres provocateurs de manière à maintenir une image de militant probe. Et ensuite il a commencé à développer l'histoire de Malinovsky (l'agent provocateur de la police secrète russe qui occupa des charges de haute responsabilité dans le parti bolchevik). Face à cette insinuation dégueulasse comparant Jonas à Malinovsky, nous avons protesté et demandé dans la réunion que le CCI dise clairement et ouvertement s'il considérait que Jonas était un policier. La réponse "indignée" a été :
"Nous n'avons jamais dit cela. Dans la presse, on dit qu'on a expulsé Jonas pour comportements indignes... Nous n'avons pas de preuves qu'il soit un agent... !"(5). Cela a été le jeu de la faction liquidationniste que, malheureusement, suit maintenant la majorité du CCI : le jeu de "faire ses coups en dessous" ["tirar la piedra y esconder la mano" ou "jeter la pierre et cacher la main"]. On compare Jonas à Malinovsky, mais on ne dit pas qu'il est policier ; on crie publiquement que c'est un "provocateur", mais par écrit on dit qu'on l'a expulsé pour "comportements indignes". Telle est la véritable politique qui sème la méfiance entre militants, qui détruit les liens organisationnels, telle est la politique officielle du CCI actuel.

Sur la troisième question, "le vol des adresses des abonnés". Là-aussi, nous avons répondu à l'avance à cette accusation. Le CCI laisse à entendre que nous l'avons laissé sans liste d'adresses. Si cela avait été le cas, les envois et les communications du CCI avec ses contacts et ses abonnés auraient été interrompus. Cela n'a pas été le cas, ni même l'intention de la fraction. Ce qui est certain, c'est que nous avons conservé une copie de la liste justement pour pouvoir nous adresser au milieu prolétarien, pour l'alerter de la grave crise que vit le CCI et l'appeler à intervenir vis-à-vis de l'organisation et de ses militants ; voilà quel est notre "délit". Sur ce sujet, nous avons montré comment dans l'histoire, il y a eu des cas analogues. Dans la mesure où la direction opportuniste ou en dégénérescence cherche par tous les moyens à couper la parole à l'opposition, celle-ci doit recourir à ces moyens pour pouvoir diffuser sa voix.

Finalement, voyons la deuxième question qui semble toucher plus particulièrement les membres de la fraction au Mexique : "le vol des billets d'avion". Cette situation a déjà été discutée aussi en interne quand nous étions encore dans le CCI. L'organisation connaît parfaitement notre réponse. Si le CCI n'a rien d'autre de mieux à présenter comme "défense de l'organisation" que de diffuser publiquement ce type de faits comme racine de la crise, ce sera sa responsabilité si son audience termine pas être écoeurée face aux questions "transcendantes" sur lesquelles il l'invite à discuter.
De nouveau, nous avons démenti catégoriquement que nous "ayons volé des billets d'avions". Nous allons ici expliquer brièvement - et nous espérons pour la dernière fois - la situation et le contexte politique qui ont entouré cette affaire.
Le CCI a nié et combattu par tous les moyens l'existence de la fraction interne. Un de ces moyens a été de jouer alternativement de traitements "individuels" ou "collectif" selon l'intérêt du moment pour essayer de briser la fraction (par exemple, à cette réunion publique, on nous traite comme "la bande à Jonas" quand on nous accuse d'être des conspirateurs et des provocateurs, mais en même temps et de manière contradictoire, on nous fait des invitations "personnalisées" pour la réunion et en outre on distingue entre les membres parisiens de la fraction qui sont interdits de parole dans les RP du CCI alors qu'on "concède" cela aux membres mexicains à titre individuel). Ce jeu existait déjà quand nous étions dans le CCI.
Avant la Conférence extraordinaire, les membres parisiens de la fraction avaient déjà été suspendus pour différents motifs "disciplinaires" alors qu'on faisait pression sur les membres mexicains pour qu'ils y assistent afin de "défendre notre point de vue" (la même chose que pour cette réunion publique). Mais la fraction luttait alors pour le droit à être présente comme telle, comme fraction, à la Conférence. Nous exigions que les sanctions iniques contre nous soient levées bien que nous savions que cela était déjà pratiquement impossible. En même temps, les membres mexicains de la fraction avaient de sérieuses difficultés d'ordre familiales ou personnelles pour faire le voyage en Europe. Quand nous avons informé la section mexicaine que nous ne pouvions assister, nous avons subi une forte pression avec des arguments particulièrement bas que nous n'avions jamais entendus auparavant dans une réunion du CCI : non seulement on nous accusait de
"subir des pressions et des manipulations pour ne pas voyager" par un camarade parisien de la fraction - le camarade qui depuis la fondation de la section au Mexique avait été le correspondant du SI et qui était encore respecté et apprécié par l'ensemble de la section quelques mois plus tôt - mais aussi on nous accusait - mot pour mot - "de ne pas avoir de couilles" ["no teníamos pantalones"](6). (Les assistants à la RP de Mexico ont pu ressentir cette ambiance qui, selon l'actuel CCI, serait celle du "débat ouvert", en entendant ce même type d'insultes qui sont maintenant répétées publiquement : ainsi le premier présentateur-procureur nous a accusés d'être des "déserteurs partis en pleurnichant avec la queue entre les jambes" ["desertores que salimos lloriqueando y con la cola entre las patas"]).
Indigné devant ces attitudes, un des camarades de la fraction sortit de la réunion de section. Alors la section proposa que les membres de la fraction se réunissent à part pour qu'ils discutent de leur participation à la Conférence. Nous avons alors décidé de proposer ce qui suit à la section : accepter que deux camarades de la fraction fassent le voyage en Europe mais comme membres de la fraction et pour exiger la participation de l'ensemble de la fraction à la Conférence
(7) (c'est-à-dire que nous avons réaffirmé la position qu'avait déjà la fraction là-dessus). Pour la section mexicaine, cela fût suffisant et la discussion se termina là-dessus : la section décida de nous donner les billets en toute connaissance de nos exigences et conditions politiques. Maintenant, le CCI nous demande des comptes pour "ne pas avoir rempli le mandat de la délégation" (mandat qui n'a jamais existé) et exige que nous répondions si les camarades mexicains "furent kidnappés par les parisiens" ou "s'ils ont volé consciemment les billets d'avion pour des activités qui ne sont pas celles de l'organisation". Comme nous l'avons déjà dit, les camarades mexicains exigèrent comme le reste de la fraction que les sanctions soient levées et qu'on permette la présence de la fraction comme fraction à la Conférence. Ce que l'organisation a refusé. Voilà quel est le "délit" qui a été pris comme un des motifs de suspensions des militants mexicains "jusqu'à ce qu'ils rendent l'argent du voyage".

Voilà. Nous pensons que cela suffit largement. Le lecteur externe pourra s'interroger si le CCI n'a rien de plus important à faire que de convoquer une réunion publique dans un pays périphérique avec des délégués internationaux, avec des contacts provenant de lointaine province, dans une grande salle... pour que les membres de la fraction déjà jugés et sanctionnés par leur exclusion, viennent répondre pour le soi-disant vol de deux billets d'avion."

Les préoccupations des éléments du milieu politique prolétarien proches du CCI

Voici quel fût le souci exprimé par un des assistants, contact du CCI depuis des années, qu'on ne peut accuser de "partialité" envers la fraction(8) . Son intervention dans la réunion a été particulièrement intéressante.
Après avoir réaffirmé le grand respect qu'il garde au CCI et exprimé que celui-ci avait été durant des années une référence politique pour lui, le camarade a néanmoins exprimé avec force sa préoccupation et son désaccord avec le contenu de la réunion publique :
"Cependant, je désapprouve complètement le caractère de cette réunion. Je suis venu à cette réunion... parce que je voulais entendre des arguments et une discussion politiques. Mais ce que je constate, c'est qu'on est venu ici seulement pour accuser et juger quelques éléments, et qu'on discute de choses (qu'ils ont volé, qu'ils ont kidnappé des militants, etc.) que personne d'extérieur ne peut comprendre... La seule chose que je vois, c'est que le CCI va mal, qu'il est en crise. Il me semble que ni le CCI, ni la fraction ne savent discuter. Il y a des choses importantes à discuter sur la situation internationale. Je suis d'accord avec la position du CCI sur le 11 septembre, mais je ne partage pas ce qu'il dit sur l'Argentine. Je suis plutôt d'accord avec ce que dit le BIPR sur cette question. Je ne peux juger de la fraction sur la base de son bulletin n°9. Je veux qu'ils me donnent le 1e, le 2e et tous les autres. S'ils ont pris les adresses pour envoyer leur bulletin, cela est secondaire par rapport à la discussion politique. Si le CCI ne peut régler ses problèmes internes, il doit recourir à un arbitrage externe. Mais il doit donner les éléments..."

Nous ne pouvons que saluer l'intervention franche et courageuse de ce camarade à la RP. A notre avis, il montre quelle devrait être l'attitude des éléments du milieu politique prolétarien sérieusement préoccupés face à la crise du CCI. Cependant, à la suite est intervenu un membre de l'Accusation, pardon du présidium, pour remettre sur ses rails le procès : "Nous manifestons notre désaccord total avec la dernière intervention..." et de là il s'est lancé dans une vérification "historique" selon laquelle même dans les moments les plus cruciaux du mouvement ouvrier, la question de la construction de l'organisation continue à être un axe fondamental dans la vie et les discussions de l'organisation révolutionnaire en réaffirmant qu'il "est nécessaire de défendre le milieu politique prolétarien qui est maintenant attaqué" et que "ce serait une catastrophe pour l'humanité si le CCI disparaissait..."
Ce qu'a fait le présidium a été de déformer complètement l'intervention du contact en laissant entendre que celui-ci ne se souciait pas ou ne comprenait pas l'importance des questions organisationnelles, de la défense du milieu politique prolétarien et du CCI comme s'il avait voulu à la place discuter sur la situation internationale. En premier lieu, le présidium a passé sous silence sa critique du caractère de cette réunion, évident pour toute personne extérieure, véritable procès publique contre la fraction (comme l'ont relevé aussi d'autres éléments qui ont assisté à la RP de Paris du 4 mai). C'est ce caractère que le camarade sincèrement inquiet a dénoncé. En second lieu, le présidium a aussi passé sous silence le fait que le contact réclamait, non qu'on discute sur la situation internationale, mais qu'effectivement on discute les questions organisationnelles et politiques de fond. C'est-à-dire qu'il y ait un véritable débat politique sur lequel les deux parties devraient pouvoir fournir les éléments suffisants pour qu'on puisse intervenir sur le fond des divergences. Et non la comédie mise en scène que personne d'externe ne peut comprendre. Finalement, est symptomatique le sens de l'intervention du contact : face aux graves événements internationaux des derniers mois, le CCI gaspille de l'argent pour juger "comme complice de l'élément Jonas et pour un supposé vol de deux billets d'avion" quelques éléments alors que, par exemple, il a montré un mépris incroyable, inconnu jusqu'alors dans le CCI, face au drame que vit la classe ouvrière en Argentine et dans tout le cône sud de l'Amérique latine.
La réplique du camarade contact est revenue sur sa préoccupation face à l'étrange politique du CCI actuel : "Je ne suis pas d'accord avec la méthode du CCI... S'il y a des éléments qui sont des voleurs ou des policiers, pourquoi les avoir invités à la réunion publique ? Pourquoi ne pas les expulser et en finir avec cette question ?" Là, le contact a réussi à percevoir l'incohérence et la contradiction de l'actuel CCI. A quoi le présidium a répondu par une autre incohérence encore plus grande : "ils méritent vingt fois d'être expulsés... mais le CCI est patient". La fraction se pose la même question : quel est l'objectif derrière cette politique du scandale menée par l'actuel CCI ? Quel est l'objectif des organes décisionnels actuels du CCI en poursuivant cette politique du scandale maintenant envers le milieu politique prolétarien quand non seulement ils continuent le procès de la fraction à l'extérieur, mais il l'étend encore plus en lançant par exemple l'idée que le BIPR et la fraction seraient en train de "conspirer" contre le CCI ? N'est-ce pas là une véritable politique de destruction qui sème la confusion et le rejet de tous les groupes de la Gauche communiste par les éléments révolutionnaires en recherche de cohérence politique(9)  ?

La politique de l'autruche du CCI

Mentionnons enfin un dernier aspect de la réunion publique qui a surgi à la fin de celle-ci et qui présente un intérêt car elle n'était pas dans le "script" prévu par le CCI. Une intervention d'un membre de la fraction s'inquiétait du fait que le CCI s'enferme chaque fois plus sur lui-même et qu'il s'achemine vers une sectarisation croissante. Il a donné l'exemple du rejet - parfois sur "incitation" soit implicite, voire explicite, de membres d'organes centraux actuels - par certains militants du CCI de la réception et de la lecture du bulletin de la fraction et, surtout, du fait que cet exemple se transmet maintenant à certains contacts du CCI à qui on interdit de lire le bulletin (comme nous l'a indiqué un contact qui fait partie d'un cercle de sympathisants proches du CCI au Mexique). Ce contact est intervenu pour dire qu'il s'agissait d'un "mensonge" et qu'il y avait eu "un malentendu" (sans préciser de qui venait le "malentendu", des délégations officielles du CCI chargées de les voir ou d'eux-mêmes) et que c'était eux-mêmes (les contacts) qui "par respect des règles du CCI, avaient décidé de ne pas lire les bulletins de la fraction et qui lui avaient demandé qu'elle ne prenne plus contact avec eux".
Face à cela, un autre camarade de la fraction a répondu qu'alors la situation était encore "pire car comment quelqu'un qui se dit révolutionnaire peut se refuser à lire d'autres positions, y inclus celles de ses adversaires politiques ?" De même, ce fait expliquait la situation que nous avons vécue dans le CCI. En particulier quand, dans la section au Mexique, un camarade a demandé à ce que les bulletins soient récupérés et qu'ils ne soient pas lus. Et comment d'autres camarades - sans être de la fraction - défendaient au début la nécessité de les lire pour les "critiquer" et comment par la suite, ces mêmes camarades ont refusé de continuer à les recevoir "car cela ne les intéressait pas". Nous pouvons ajouter que cette attitude s'est étendue au sein du CCI à certaines parties puisque quelques "sections-noyaux" - en général parmi les plus refermées sur elles-mêmes justement comme le critiquaient les rapports d'activités des années 1990 de l'ancienne majorité du CCI - nous les renvoient sans même ouvrir l'enveloppe qui le contient. N'est-ce pas là une preuve de la tendance au sectarisme de l'actuel CCI ?

De nouveau, le présidium est intervenu pour s'expliquer sur ce point en invoquant "les statuts et la centralisation du CCI". On comprend donc mieux l'étrange "explication" donnée par le groupe de contacts proches du CCI. Face à cela, l'autre contact qui critiquait les méthodes du CCI, réellement surpris, a demandé : "cela veut-il dire que dans les statuts du CCI, il y a une interdiction de lire certaines choses ?" Et avec raison, car la réponse du présidium était hors-sujet puisque ce qui était posé n'était pas que la discussion d'une organisation fût centralisée et organisée, mais l'attitude "d'autruche" qu'adoptent chaque fois plus les camarades du CCI en écoutant et en acceptant passivement uniquement ce que dictent les actuels organes décisionnels du CCI (est-ce que ça n'a pas été justement l'attitude de la majorité des camarades présents à cette réunion ?), renonçant à tout esprit critique et tombant chaque fois plus dans l'enfermement, dans la sectarisation.
C'est dans ce sens que prend toute sa signification la phrase du présidium que nous avons citée plus haut selon laquelle "ce serait une catastrophe pour l'humanité si le CCI disparaissait...", signification sur laquelle nous voulons insister à nouveau. La fraction ne cherche pas la disparition ni la destruction du CCI. Son origine est dans la défense du CCI, de ses principes, de sa méthode organisationnelle, de l'héritage politique qu'il représente pour la classe ouvrière. C'est pour cela qu'elle lutte contre sa dégénérescence, pour son redressement. Pour la fraction, ce sont les actuels organes décisionnels du CCI qui le conduisent vers sa destruction organisationnelle et politique. Il est évident que si l'héritage politique dont sont porteurs les groupes du milieu politique prolétarien disparaissait, ce serait un désastre pour l'humanité. Cependant, dans le contexte de l'actuel CCI, le sens de la phrase du présidium n'est qu'une autre manière de dire que le CCI se considère chaque fois plus comme une organisation seule et isolée, entourée de purs parasites et conspirateurs contre elle. Enfin, elle exprime la tendance du CCI à nier un autre principe qu'il a défendu depuis son origine : la notion même de milieu politique prolétarien (MPP). Et de cela, les illustrations sont de plus en plus nombreuses et évidentes.

La fraction interne du CCI


REACTIONS DU CAMARADE T. (MEXIQUE) SUITE A LA RP DU 3/8/02

Nous reproduisons des extraits d'une lettre antérieure à la réunion publique adressée au CCI et à la fraction par le camarade T., contact du CCI, dont nous avons mentionné les interventions dans la Réunion Publique du Mexique. L'esprit et la méthode - en exprimant ses "questionnements et divergences de manière claire et systématique en vue de la clarification politique" - que le camarade adopte face à la crise du CCI est à saluer. Il s'est d'abord, avec raison et responsabilité, empressé de se situer en défense du CCI, de manifester sa solidarité avec le CCI face à sa crise et des extraits de sa lettre ont même été publiés dans Revolución Mundial de juillet 2002. Mais la solidarité et la confiance que le camarade exprimait vis-à-vis du CCI se voulait une solidarité et une confiance politiques, vérifiables, non aveugles. Puis nous reproduisons des extraits de ses interventions lors d'une réunion avec la fraction après la RP. Elle est tout à fait significative des effets démoralisateurs et destructeurs de la politique menée par la faction liquidationniste tant sur les contacts maintenant que sur la grande majorité des militants du CCI. Tout à fait significative aussi du drame que sont en train de vivre beaucoup de sympathisants et de militants du CCI et de la Gauche communiste.

Extraits de la lettre du camarade T. au CCI et à la fraction interne du CCI (Mexico, 1/8/2002)

"Sûrement ceux qui ont opté pour le CCI comme principale référence programmatique, sommes-nous unis inévitablement aussi par un lien émotionnel. Il ne peut en être autrement. La crise du CCI accable ses sympathisants. Cela exprime la force du lien qui unit le CCI à ses lecteurs. Par la présente lettre, je veux réaffirmer la position que j'ai manifestée et que le CCI a reproduit dans le texte "Solidarité exemplaire de la part de nos sympathisants", RM n°69, juillet 2002. Effectivement, cette réaffirmation va dans le sens même que j'ai manifesté dans ce texte : «Je veux exprimer ma confiance dans le CCI en ces moments où l'organisation traverse des difficultés internes de la meilleure manière que je puisse le faire : en manifestant mes questionnements et divergences de manière claire et systématique en vue de la clarification politique». Et je prétends continuer à le faire de la manière la plus honnête.
Quand j'ai rédigé cette lettre [le texte reproduit dans
RM], je n'avais aucune connaissance de manière directe des positions de la Fraction interne du CCI. Ma position initiale s'est vue relativisée à partir du moment où j'ai reçu à mon domicile par courrier le document appelé "Bulletin interne du CCI, n°9". Jusqu'alors, j'avais éprouvé certains doutes sur le fonctionnement interne du CCI. Il me semblait qu'une crise aussi sévère était le signe de quelque chose de plus profond que la seule défection de quelques militants(10) (...). Il me semblait - et je continue à le penser - que la crise du CCI était très sérieuse. De fait, l'organisation elle-même le reconnaissait ainsi et n'a jamais caché la gravité du problème de sorte que j'ai pensé que je devais être attentif au développement futur des événements et maintenir une position critique mais en même temps de solidarité avec l'organisation. (...).
Cependant, à partir de la lecture du bulletin n°9 déjà mentionné, ma position changea et j'ai senti que j'étais convoqué à une discussion et non à une simple orientation à partir d'affinités personnelles ou émotionnelles. Et je dis cela tant vis-à-vis du CCI que de la fraction (...). A partir du bulletin n°9, mon sentiment fût d'écouter les deux "parties", c'est-à-dire de concéder le bénéfice du doute à la fraction et de lire, écouter et débattre de ses positions. Pour ce que j'ai pu percevoir de la lecture des textes des deux positions, ainsi que du degré de blessure et de malaise qui apparaissait sur le visage et l'état animique des militants du CCI et de la fraction avec lesquels j'ai eu des contacts, le débat interne avait été virulent et épuisant. Quand la confrontation est sortie à la "lumière publique", ce fut dans un état de décomposition lamentable et difficile à digérer pour qui n'y avait pas été immergé auparavant (...).
Je dois dire que je ne peux assumer la position de solidarité comme l'a fait le "Noyau-Nord" [le cercle de contacts du CCI que nous avons mentionné dans le compte-rendu de la réunion publique] car je ne crois pas que soit suffisante une manifestation d'appui. Il faut plutôt une clarification réelle de ce qui se passe (...). C'est pour cela que je considère qu'il ne s'agit pas de refuser de lire le bulletin n°9 - même s'il parvient aux mains des lecteurs par un moyen incorrect comme le "vol" des adresses postales des lecteurs. Mais au contraire il s'agit d'EVALUER ET DE CRITIQUER ce document. De mon point de vue, même une violation des normes de fonctionnement interne comme l'appropriation d'informations de la part de militants réprimandés et en situation indéfinie, passe au second plan par rapport à la nécessité de mener à fond la clarification sans condition de la situation (...). Offrir le bénéfice du doute à la dissidence du CCI est en même temps lui offrir le bénéfice de la
critique à ses positions à partir des prises de position que les camarades de la fraction adoptent.

Je considère aussi que, dans la mesure où la fraction s'est constituée comme telle face à la nécessité de renverser ce qu'elle considère comme un processus de dégénérescence interne du CCI, c'est elle qui est la plus obligée de fonder sa cause. (...) Elle se trouve dans la situation d'expliquer le plus systématiquement possible, et surtout avec des preuves, la véracité de son cas (...). Comme il s'agit de montrer que le CCI est en train de dégénérer, elle doit démontrer ce que doit faire ou dire le CCI pour reprendre son cours antérieur. On ne peut se contenter de dire que la vie interne du CCI dégénère. Cette maladie doit avoir des symptômes clairs (...). Avant tout, j'insiste sur le fait que jusqu'à ce qu'on démontre le contraire, le CCI doit être protégé. La fraction est plus obligée que le CCI de faire preuve de vertu et d'éviter de tomber dans les reproches par tout type de qualificatifs car elle risque de décrédibiliser la cause, d'éloigner les sympathisants, d'augmenter le découragement... de faire le travail de la bourgeoisie. Je dois dire que la fraction me semble être insuffisante sur ce plan. Le bulletin 9 n'est pas le document le plus adéquat pour soutenir sa cause face aux sympathisants du CCI pour ce que j'ai dit auparavant : il est incomplet. (...).
Je propose aux "parties" qu'elles (...) rejettent les attaques personnelles, qu'elles modèrent leur langage (action de gangsters, pratiques de voyous, asile d'aliénés, liquidationnistes, kidnapping à l'aéroport, action de commandos, etc., etc... ) et qu'elles donnent la priorité à la confrontation des positions programmatiques comme axe central de la discussion et de la décantation des divergences (...). S'il n'en était pas ainsi, si la logique destructrice se maintenait, j'opterais pour serrer les rangs avec le CCI jusqu'à ce que le destin dise autre chose (...).
Je propose à la fraction qu'elle définisse sa situation : si elle est une fraction
interne du CCI, qu'elle se soumette au CCI, qu'elle négocie les conditions de son retour. Si cela est impossible, qu'elle abandonne l'enseigne de fraction "interne" et qu'elle se donne la tâche de se regrouper avec une autre organisation si elle est en condition de le faire. En tout cas, qu'elle cesse les attaques contre le CCI à partir de considérations organisationnelles et personnelles (...)."


Plusieurs questions sont posées dans ces extraits de la lettre du camarade. Et d'autres encore dans la totalité de la lettre. Nous avons déjà répondu à certaines (pourquoi sommes-nous une fraction interne ce qui exclut pour le moment tout regroupement avec une autre organisation ; nous n'avons pas démissionné et nous exigeons notre réintégration comme fraction dans le CCI) et ne pouvons ici répondre aux autres pour le moment. Par contre, outre l'esprit critique et de solidarité avec le CCI qui est à saluer, nous voulons aussi souligner les critiques qu'il porte à la fraction. Certaines sont tout à fait valables et nous essaierons de les prendre en considération. En particulier, le camarade a tout à fait raison quand il insiste sur notre responsabilité plus grande et sur l'exigence plus grande qui sont demandées à notre fraction.
L'intérêt de la lettre est aussi de montrer la réaction initiale de défense et de confiance politique dans le CCI que le camarade manifeste à la veille de la réunion publique au Mexique. Que va faire le CCI de cette disposition déterminée, consciente, fraternelle, militante, du camarade ? L'a-t-elle encouragée, éclaircie, favorisée dans le sens de l'engagement militant et du combat de classe ? Quel bilan va tirer le camarade T. de la Réunion "sur la défense de l'organisation" ?


Extraits des notes de la réunion du 24/8/02 du camarade T. avec la fraction

T. "Pour moi, cette réunion [la Réunion Publique de RM] a eu un aspect totalement négatif. Je ressens un changement dans la situation internationale. Je ressentais qu'il était nécessaire de s'engager plus vis-à-vis de l'organisation(11) . Quand [RM] m'a dit que viendraient à la RP des gens d'autres pays, que ce serait une réunion publique internationale, que viendraient aussi les contacts du Nord [et d'autres régions du Mexique], et qu'en plus serait présente la fraction interne du CCI, j'ai pensé qu'allait se développer un débat politique de grande ampleur. Mais la réalité fût que s'est déroulé un procès politique. J'ai ressenti de la peur, de la terreur (...). La personne qui m'accompagnait, m'a dit qu'il ne joindrait jamais une organisation comme celle-là. Je suis indigné (...) qu'ils se soient donnés tout le temps qu'ils aient voulu pour porter les accusations et qu'ils ne donnaient pas de temps à la fraction pour répondre (...).L'autre aspect incorrect a été la prise de parole "discrétionnaire", arbitraire, du présidium comme l'a fait le Français [membre de la délégation internationale du CCI qui se trouvait au présidium] qui n'était pas là pour centrer la discussion mais pour faire et refaire des interventions personnelles. J'avais déjà vu cette manière de présider dans des groupes comme le CGH [groupe gauchiste-estudiant du Mexique]. C'est pour moi un manque de respect politique. Ce qui m'a indigné le plus a été qu'ils veulent me conditionner ou qu'ils me disent ce que je dois dire. Comme ceux du Nord [les contacts (12)] qui disent qu'ils ne lisent pas les documents par discipline ou par respect des statuts. Cela me parait absurde (...).
Mon intervention dans la réunion n'était pas pour favoriser la fraction, ni la majorité. Ma réaction a été de l'indignation en voyant ce qui se passait. Je pense que dans une telle situation, les sympathisants peuvent contribuer à centrer la discussion. Mais une discussion politique, pas une discussion comme celle à laquelle nous assistions. En vérité, j'ai eu peur en voyant ce qui se passait.
Les arguments qu'a posés le camarade des Etats-Unis [dans la délégation internationale, il y avait un militant de RI-France membre du Bureau International, un de WR-Grande-Bretagne et un d'Internationalism-Etats-Unis] dans son intervention, sont pour moi rien d'autre que de la pure psychologie et encore de la pire espèce. Par exemple quand il a dit que
"si les militants de la fraction étaient fatigués, qu'ils le disent"(13) . Cela ne me parait pas être un argument politique. La psychologie est quelque chose de dangereux dans le mouvement ouvrier. C'est le stalinisme qui l'a usé pour détruire les militants communistes sous le prétexte qu'ils étaient jaloux, etc... (...).

Le risque que je vois pour vous
[la fraction] et qui ne me plairait pas, serait que vous tombiez dans un anti-CCI. Car si l'organisation s'est déjà stalinisée, quel intérêt y-a-t-il à continuer le débat ? Surtout s'ils s'enferment sur eux-mêmes. Quel intérêt y-a-t-il à s'appeler fraction interne ? (...).
Enfin, je veux dire que si vous aviez dit la même chose dans la réunion [la série de qualificatifs et d'insultes que nous rappelons dans notre compte-rendu] que ce que vous a adressé le présentateur M., cela aurait été une "saloperie"
["chingadera", expression typiquement mexicaine] de votre part. Et alors je vous aurais répondu aussi la même chose que ce que je leur ai répondu (...).
Autre chose qui est incorrecte : à la fin de la réunion, ils se sont tous mis à m'entourer et a essayé de me convaincre de manière isolée. Cela aussi m'est apparu incorrect
(14) ".

La fraction : "Pourquoi nous appelons-nous fraction interne du CCI ? Nous nous appelons fraction parce que nous n'avons pas l'intention de former un autre groupe politique. Nous ne voulons pas contribuer à la confusion du MPP. Nous défendons le programme du CCI, tous ses principes et ses acquis qu'il a repris de l'histoire du mouvement ouvrier. Nous exigeons qu'ils nous réintègrent au sein du CCI. Nous voulons maintenir le CCI (...).
Nous nous sommes donnés les tâches suivantes :
En premier, lutter et défendre les principes du CCI.
En deuxième, tirer un bilan politique de comment on détruit les organisations de l'intérieur pour que cette situation soit connue par les générations futures de militants afin que cela ne se répète pas (...).
Troisièmement, nous avons l'analyse que le CCI est en train d'abandonner les principes politiques qu'il a toujours défendus et pour lesquels nous avons adhéré à l'organisation. Une des principales questions est l'abandon de la vision du travail collectif et nous repoussons l'idée de chefs géniaux. Le CCI a toujours lutté pour le travail collectif. Mais aujourd'hui, ce principe est abandonné et a été théorisé l'existence de deux types de militants, les uns "fil-rouge" qui suivent la ligne de Marx, Lénine et des autres grands révolutionnaires ; et les autres militants faibles qui se fatiguent et abandonnent la lutte
(15) . Nous rejetons aussi l'usage de la discipline pour résoudre les divergences car son utilisation étouffe la vie interne de l'organisation. En effet, au lieu de développer un large débat sur des positions politiques, tout est assujetti à la discipline. Ce qui arrive au CCI, c'est que tous les militants acceptent cette théorie. Et en l'acceptant, il n'y a plus de discussion politique. Les documents et résolutions sont acceptés sans discussion. Nous rejetons et combattons cela.
Le quatrième aspect que nous combattons et rejetons de toutes nos forces est l'abandon de la méthode marxiste au profit de la spéculation idéaliste la plus crasse
(16) (...)."

Le bilan de la réunion que tire le camarade parle de lui-même. Le camarade T. a le mérite de ne pas accepter sans s'exprimer ouvertement sur ses désaccords et ses impressions. Mais combien d'autres se taisent... et ne reviennent plus, ou ne reviendront plus ? Les quelques informations que nous avons - malgré l'isolement qui nous est imposé des militants du CCI qui n'ont plus le droit de nous adresser la parole (!) -, indiquent que ce phénomène se développe. Cela n'est pas pour nous réjouir. Loin de là. Même si cela vient aussi confirmer ce que nous n'avons eu de cesse de répéter et de dénoncer depuis plus d'un an maintenant.
C'est à une véritable liquidation de la crédibilité du CCI dans tout le milieu à laquelle nous assistons aujourd'hui. Et c'est au déboussolement, au découragement, et à l'écoeurement, que sont poussés les contacts et sympathisants du CCI.
Nous leur disons la même chose que ce que nous avions dit, et continuons à dire, à nos camarades qui sont militants du CCI. N'abandonnez-pas le CCI, et encore moins la lutte du prolétariat. Luttez au sein du CCI pour vos convictions politiques et la défense des pratiques et des principes de toujours de celui-ci en matière organisationnelle. Même si toute opposition déclarée au sein du CCI verrait sans doute un combat encore plus ignoble et ordurier de la part de la faction liquidationniste que celui qu'elle nous a imposé, vous pouvez compter non seulement sur notre fraction, mais aussi sur tout le milieu politique prolétarien qui, au-delà de ses divergences principielles et politiques, ne se réjouit pas de ce qui se passe au sein du CCI. Ne se réjouit pas des risques énormes de perte d'énergies militantes. Ne se réjouit pas du discrédit de toute notion d'organisation communiste que l'actuel CCI, ivre de "clanisme", d'explications psychologiques, de paranoïa (tout le monde lui en veut, tout le monde est un parasite ou influencé par le parasitisme), et d'opportunisme sectaire, porte en lui. Nous disons la même chose aux sympathisants du CCI : faites comme le camarade T. ne l'abandonnez pas. Ecrivez-lui, critiquez-le, ne désertez pas ses réunions publiques, défendez-les comme des espaces de débat politique ouvert à tous (y compris à notre fraction). C'est comme cela, que cette crise gravissime sera réellement dépassée et que les militants et sympathisants surmonteront leur dégout et leur impuissance actuels. Soit le CCI tel qu'il existe sera redressé (ce qui passera par l'élimination politique de la faction liquidationniste), ce qui est - reconnaissons-le - peu probable, et ce qui ne se fera pas sans un bilan critique rigoureux et systématique (dont la fraction est déjà porteur), soit il continuera sa dérive actuelle, sectaire en particulier, et alors c'est une autre organisation, ou d'autres, qui sera le facteur dynamique du processus de clarification politique et de regroupement des forces révolutionnaires. Ces organisations existent déjà et assument déjà ce rôle (même si de notre point de vue, c'est encore insuffisant) : le BIPR est l'une d'entre elles. A notre avis la plus claire politiquement. Et même certains groupes bordiguistes, tel le courant qui publie Le Prolétaire en France en est une autre même si nous avons d'énormes divergences avec ses positions programmatiques. Contrairement à ce que veut faire croire l'actuel CCI, il n'est pas la seule organisation communiste au monde. Il n'est plus le plus clair sur un tas de questions politiques de différentes dimensions. Il joue de moins en moins, et à une vitesse terrible, son rôle de pôle de regroupement et de référence politiques. Bien au contraire, il tend à devenir un repoussoir. Il devient chaque fois plus le "parasite" - au sens propre du terme - du milieu politique prolétarien. Seule la politique que nous défendons et que nous avons défendu dans nos rapports d'activités (cf. bulletin n°1 et n°6), pourrait permettre de rompre avec la dynamique actuelle. C'est pourquoi nous exigeons d'être réintégrés comme fraction organisée dans le CCI lors de son prochain congrès international qui devrait se tenir d'ici quelques mois.

La fraction, le 7/9/02.


Notes:

(1) En espagnol : "... y no irse con la cola entre las patas y lloriqueando". Rappelons que devant les réticences et exigences politiques et les difficultés familiales des membres de la fraction au Mexique pour venir à la fameuse conférence où toute la fraction a été exclue, un des arguments utilisés avait été qu'ils "n'avaient pas de couilles" [au Mexique l'expression qui est tout aussi grossière est "que no tienen pantalones"]. L'autre argument qui avait "convaincu" les membres de la fraction au Mexique de venir, était la garantie qu'il leur avait été donnée que la fraction serait acceptée et participerait comme fraction à la conférence.
(2) Outre le courrier que nous recevons, de nombreux faits et signes indiquent que de plus en plus de contacts du CCI sont déboussolés, voire démoralisés, devant la dérive actuelle et tendent à s'éloigner de plus en plus du CCI. Tant sur le plan du regroupement des forces révolutionnaires que sur le plan de la crédibilité du CCI et, malheureusement, de la Gauche communiste, le processus actuel est un processus de liquidation de décennies d'intervention et d'acquis politiques d'une part, et de "sympathie" souvent active vis-à-vis de la lutte du prolétariat et de ses minorités révolutionnaires d'autre part.
(3) Il n'aura pas fallu longtemps pour que cette incroyable dérive fasse franchir un pas supplémentaire aux membres du CCI actuel qui ont insulté et agressé physiquement un militant du PCI-Le Prolétaire (cf. l'article du Prolétaire dans ce numéro du bulletin). Effectivement l'inquiétude que nous avions déjà exprimée dans ce bulletin (n°7, 8, 9 et 12) se vérifie encore plus rapidement que ce nous craignions. (note du 2/10/02).
(4) Cf. notre contribution dans ce numéro du bulletin en réponse à l'article de la Revue internationale 110 sur Les fractions et la question de la discipline organisationnelle.
(5) C'est déjà la même insinuation qui avait été faite lors de la RP de Paris du 4 mai dans la présentation qui laissait à entendre de manière particulièrement hypocrite et sournoise que Jonas pouvait avoir été un agent de l'Etat depuis mai... 1968. L'usage des insinuations, surtout sur ce type de sujet, outre d'être une ignominie dont le CCI se fait maintenant le champion, est extrêmement destructeur des militants - tant de ceux qui en souffrent que de ceux qui s'en font les complices - et des principes politiques communistes. Cette pratique d'insinuations et de calomnies aujourd'hui publiques, a été développé tout au long de ces années au sein du CCI par la faction liquidationniste, et en particulier deux de ses membres, d'abord secrètement, puis ensuite après le 14e congrès du CCI, ouvertement dans l'organisation.
Pour notre part, notre critique et notre dénonciation des comportements de certains militants, et en particulier d'une militante indigne, se basent et sont déjà démontrées par des faits irréfutables divers. Une partie de ceux-ci sont présents dans notre Historique du SI (cf. présentation du bulletin n°11) et dans divers autres documents touchant à plusieurs périodes que nous avons gardés, voire retrouvés. Nous les produirons quand nous l'estimerons utile, en particulier quand les questions politiques de fond seront suffisamment éclaircies et claires pour l'ensemble du milieu politique prolétarien pour que cette question puisse être traitée dans la plus grande clarté et avec le plus grand sérieux. Nous n'évoquerions pas cet aspect si le CCI ne répandait pas partout ses accusations contre le camarade Jonas.
(6) C'est une des manifestations de la mise en pratique "conséquente" de la nouvelle théorie de l'indignation révolutionnaire mise en avant par la faction liquidationniste pour justifier toutes ses insultes et pressions contre les opposants à sa politique. Nous présentons brièvement cette brillantissime innovation théorique des liquidationnistes dans l'introduction de ce bulletin.
(7) Cf. dans le bulletin n°9 de notre fraction nos différents courriers et coups de téléphone durant la conférence elle-même pour que nous puissions participer à la Conférence.
(8) Des extraits "choisis" d'un premier courrier de solidarité de ce camarade au CCI ont été publiés dans Revolución Mundial de juillet 2002.
(9) La réaction du sympathisant du CCI que nous reproduisons à la suite de ce texte manifeste bien cette politique visant à l'écoeurement et à la démoralisation des sympathisants sérieux du CCI.
(10) A la lecture de notre bulletin, tout lecteur peut se rendre compte du mensonge du CCI quant à notre soi-disant sortie volontaire du CCI. Tout lecteur se rend bien compte que nous avons été exclus.
(11) Le cas de T. n'était pas isolé. Nous avions déjà relevé ce phénomène de rapprochement et de volonté militante depuis un ou deux ans tant vis-à-vis du CCI que des autres groupes de la Gauche communiste, particulièrement du BIPR. C'est ce processus particulier de clarification, de rapprochement, de regroupement politiques autour des positions et des groupes de la Gauche communiste qui est aujourd'hui directement et frontalement attaqué, entravé, par l'action destructrice de la faction liquidationniste du CCI (indépendamment des quelques intégrations qu'elle précipite maintenant pour démontrer la validité de sa politique et la pseudo-santé du CCI aux yeux de ses propres militants).
(12) qui vont certainement être maintenant rapidement "intégrés" comme prix de leur "confiance" aveugle. Mais sur quelles bases et quelle conviction politiques ? Nous savons que c'est un véritable "marché" qui s'est conclu sur ce point avec les camarades du Nord bien que la clarification et le débat politiques soient loin d'avoir été menés à leur terme. C'est aussi sur ce plan que nous commençons à voir l'opportunisme se développer dans le CCI.
(13) Et donc qu'ils arrêtent toute activité politique. C'est déjà cet argument qui est présent dans le compte-rendu de la RP de Paris, Révolution internationale 324, de juin 2002 : "A ces ex-militants, un de nos abonnés a adressé dans une lettre au CCI le conseil suivant : "s'ils sont fatigués, qu'ils aillent se coucher". Nous pouvons ajouter : c'est le meilleur service qu'ils puissent rendre au prolétariat." Notre lecteur peut se rendre compte du niveau du débat politique auquel prétend le nouveau CCI et l'état d'esprit, sur ce plan aussi destructeur de forces et d'engagement militants, qui l'anime aujourd'hui. On ne cherche pas à sauver des militants et des énergies révolutionnaires, sans compter l'expérience de ces militants : on veut les décourager et les détruire comme militant. Au moins comme militant communiste...
(14) De plus en plus, ce sont les pratiques gauchistes de pression, pour "convaincre" par le forcing, par la "force du nombre" ou "l'affinitaire" - jusqu'à utiliser la famille -, substituées au débat politique dans un cadre formel et fraternel, qui se développent dans le CCI. Ce travers que certains militants portaient déjà, n'est plus combattu aujourd'hui, ne connait plus de contre-poids depuis le 14e congrès du CCI et les démissions des uns, les capitulations politiques des autres, la passivité, et l'exclusion de notre fraction. C'est une autre dimension de la dérive du CCI.
(15) Cette idée est contenue aussi dans la réflexion que nous avons relevée dans la note précédente. Pour l'heure, nous ne pouvons publier les textes internes produits qui développaient cette "vision géniale". Si des lecteurs sont intéressés, nous pouvons néanmoins leur faire parvenir. Il suffit de prendre contact avec nous. Nous avons publié une critique de cette vision dans le numéro 3 de notre bulletin, La méthode spéculative dans le CCI. Le texte est disponible sur notre site internet http://membres.lycos.fr/bulletincommuniste/.
(16) Cf. nos différents critiques et prises de position sur la situation internationale (11 septembre, Argentine, élections en France, et dans ce numéro notre critique à l'article de la Revue internationale 110 sur le conflit indo-pakistanais), mais aussi sur les questions organisationnelles (la méthode spéculative et sur les fractions dans l'histoire du mouvement ouvrier).

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