Home | Bulletin Communiste FICCI 14 | 

Introduction au bulletin 14

Guerre en Iraq dont la seule inconnue est la date de son déclenchement ; massacres permanents en Israël et en Palestine ; massacre de civils à Moscou par les soudards de Poutine lors d'une prise d'otages ; massacres en Tchétchénie ; massacres encore en Afghanistan où la 'solution' US donne sa mesure ; massacres toujours dans divers pays d'Afrique, etc.

La guerre semble devenue une banalité quotidienne et pourtant, bien que journaux et télévisions en remplissent colonnes et écrans, une chose essentielle, LA chose essentielle, est masquée aux yeux de la population – et en premier lieu de la classe ouvrière des pays centraux du capitalisme. Cette chose essentielle c'est que, depuis le 11 septembre 2001 la logique de ces guerres et conflits n'est plus la même. Depuis cette date, en effet, les bourgeoisies des différents pays développés se sont engagées dans la marche à la guerre généralisée.

Sous la contrainte d'un système économique en crise, la bourgeoisie mondiale n'a plus d'autres possibilités que de mettre toute la société en ordre de marche vers la guerre mondiale.

Chose inédite dans l'histoire, c'est avec une classe ouvrière non vaincue et possédant encore toutes ses potentialités, avec un prolétariat en mesure de défendre sa propre perspective révolutionnaire, que la bourgeoisie est dans l'obligation d'avancer sa perspective à elle ; la guerre.

Face à cela, il va de soi que la responsabilité des révolutionnaires est décuplée.

C'est aux révolutionnaires que revient la tâche d'intervenir dans leur classe pour 'éclairer le chemin' et donner la véritable perspective des luttes qui se déclencheront en réaction aux menaces guerrières et aux attaques que celles-ci entraînent contre nos conditions de vie, de travail, de salaire.

Voilà, en quelques mots, ce que sont les enjeux de la situation.

De quelles forces disposent les révolutionnaires pour remplir leur rôle ?

Dans quel état se trouve le camp prolétarien ?

Il est, de fait, traversé par deux dynamiques opposées.

D'un côté on voit le CCI, qui fut pendant longtemps le pôle de regroupement principal du Milieu Politique Prolétarien (MPP) et son groupe le plus important, sombrer dans une dérive opportuniste et sectaire.

De l'autre côté on assiste à l'émergence (ou à la ré-émergence) du débat et de la confrontation fraternelle des points de vue au sein du camp révolutionnaire.

C'est à l'ensemble de ces questions que notre bulletin répond. Voyons d'abord la situation du camp révolutionnaire

Le débat dans le camp révolutionnaire

Devant les préparatifs guerriers, la Fraction s'est posé la question de son intervention. Constatant que le BIPR avait décidé d'intervenir par tract ('Iraq, Pétrole, sang et classe') pour dénoncer la guerre, nous avons proposé à ces camarades de participer à la diffusion. Si les choses n'ont pas pu se faire pour des raisons techniques lors de la manifestation du 12 octobre à Paris, nous avons, par contre, distribué ce document autour de nous au boulot à Paris ainsi que plus largement au Mexique. Nous pensons utile de donner quelques mots d'explication ici.

La situation nécessitait une intervention de la part des communistes, cela semble évident et le mieux aurait été que tous les groupes du camp prolétarien se rencontrent pour envisager une réponse commune. D'autre part, nous pensons que ce n'est pas le rôle de la Fraction d'intervenir en son propre nom face à la classe ouvrière (à part en cas de force majeure). Aussi, nous avons opté pour notre participation à la diffusion d'un tract qui était disponible et qui se prononçait sur l'essentiel, pris en charge par un groupe existant et il va sans dire que, si le CCI avait réalisé un tract, nous lui aurions proposé notre aide pour sa diffusion.(1) Il est clair aussi que notre accord avec le contenu général du tract devait exister, ce qui est le cas pour le tract du BIPR.

Nous avons ainsi pu concrétiser dans la pratique des relations fraternelles et militantes avec le BIPR. Loin de toute vision sectaire dans lesquelles les uns utilisent les autres (voir plus loin le point sur le CCI) les relations politiques entre le BIPR et la Fraction n'ont pas d'autre objectif que de clarifier les points de vue face à l'ensemble du camp prolétarien et de la classe dans son ensemble.

Ces relations fraternelles sont aussi illustrées par le courrier que le BIPR a adressé au camarade T (Mexique). Ce camarade est un sympathisant du CCI qui cherche à comprendre ce qu'est la situation de cette organisation. Pour avoir lu le bulletin de la Fraction et l'avoir évoqué dans une Réunion Publique de la section Revolución Mundial au Mexique, il a subi les foudres et les insultes du CCI (voir Bulletin n°13). Cela l'a incité à se tourner vers notre Fraction (dont il ne partage pas tous les points de vue) et vers le BIPR. Nous voyons là une manifestation de ce qu'est le débat entre révolutionnaires et saluons l'attitude des camarades du BIPR.

Illustration encore de ce qu'est le débat entre révolutionnaires, nous publions la première partie d'un texte (datant de mai 2002) de la camarade Sarah dont nous avions déjà souligné, dans le bulletin n°13, qu'elle ne partage pas la démarche et la méthode de la Fraction. Nous publions aussi, en regard, la résolution que la Fraction avait adoptée à cette époque. Le débat reste ouvert avec cette camarade, même si nous avons estimé, d'un commun accord, qu'il n'était pas possible, pour le moment, de travailler dans la même structure. La camarade poursuit ses réflexions et son élaboration de son côté et la Fraction reste attentive à sa contribution au débat dans le camp révolutionnaire. Nous publierons la suite de son texte dans les prochains bulletins et nous avons convenu avec notre camarade de publier ses remarques et commentaires.

Nous entreprenons, également, dans ce Bulletin une réflexion sur ce que nous appelons la méthode de fraction qui est une défense de notre politique de 'continuité organique'.

Les lecteurs trouveront une lettre du camarade LL avec une présentation de la Fraction. Ce camarade a démissionné du CCI voilà environ 15 ans et, depuis, n'avait pas donné tellement signe de vie (au plan politique, bien sûr). La direction actuelle du CCI l'a contacté dans le but de donner un peu de matière à son 'dossier' – désespérément vide - d'accusation contre Jonas. Nous ne savons pas trop ce que les liquidateurs (ou leurs représentants) ont bien pu dire à ce camarade, toujours est-il que l'effet ne s'est pas fait attendre : il a pris contact avec notre Fraction et nous a communiqué une lettre adressée au CCI en réponse à leur délire. 'Contre la théorie des complots' défend un point de vue qui montre que LL a conservé une réelle préoccupation politique et... un sûr instinct de classe.

Le débat au sein du camp prolétarien n'est plus, désormais, un vœu pieux ou une incantation impuissante ; c'est une réalité palpable. Il s'agit maintenant de travailler à ce que ce 'lieu de débat' prenne en charge la situation actuelle, et en particulier les menées guerrières de la bourgeoisie et les répliques de la classe.

Le sectarisme du CCI à l'oeuvre

< Pour la Fraction, aujourd'hui, la principale manifestation du sectarisme et de l'opportunisme du CCI crève les yeux à propos de sa réaction face à la situation. Quand une organisation de cette importance, et qui avait autrefois un tel souci de l'intervention dans la classe dans les situations graves, ne se donne pas les moyens de publier un tract international sur les menaces guerrières - ou peut-être ne les voit même pas !– c'est qu'elle est engagée dans une dérive gravissime.

Voilà l'illustration cruciale du sectarisme du CCI actuel. A côté de cela, les agressions, les mensonges et les magouilles des liquidateurs ne sont que des péripéties. A tel point que la Fraction avait décidé de ne plus relever systématiquement ses calomnies et autres délires.

Nous avons dû nous résoudre, pourtant, à réagir à deux 'petits' événements récents : le communiqué sur le PCI - 'Le prolétaire' - et une lettre de la section au Mexique (RM) à nos camarades de la Fraction sur place.

A/ Le communiqué que publie la faction liquidationniste en réponse à l'article du PCI atteint le comble de l'ignominie et de la sottise.

Ignominie parce que, outre le renouvellement des attaques contre notre camarade Jonas, les liquidationnistes accentuent leur politique de haine et de calomnie contre l'ensemble du camp prolétarien par les allusions dégueulasses contre un militant du PCI et contre le PCI lui-même (sans parler des 'gracieusetés' à propos des 'enculeurs' et des 'enculés' !). C'est probablement leur contribution au caractère fraternel des relations au sein du camp révolutionnaire qui est censé encourager les ouvriers qui se posent des questions à les débattre dans ce cadre ! ! !

Sottise parce que qui peut croire un instant qu'une organisation comme le PCI va se laisser mener par le bout du nez. Mais sottise catastrophique selon nous, parce que la logique de nos liquidateurs les amène et les amènera toujours plus à porter de nouvelles attaques non fondées pour justifier les précédentes. Et ce jusqu'à cette situation qui, selon les termes de Marx, rend tout retour en arrière impossible.

B/ Quant à la lettre que Revolucion Mundial (RM) adresse aux camarades de la Fraction au Mexique, elle relève de l'incohérence du CCI actuel (ou plutôt de sa cohérence perverse). Nous renvoyons le lecteur à notre réponse pour ce qui est des contradictions et incohérences, ce sur quoi les choses doivent être très claires, c'est que, en tant que Fraction, nous demandons et continuerons à exiger notre réintégration dans notre organisation et ce à la condition express d'y être reconnu comme fraction avec les droits et devoirs que cela implique.

Il n'est pas question que nous entrions dans le petit jeu ridicule des conditions pièges qui lient les mains ou des grandes déclarations de vertu qui n'ont pour objectif que d'épater la galerie et de rendre les autres responsables de la rupture.

La Fraction existe, c'est un fait indéniable. Les liquidationnistes ne s'en tireront pas avec des 'astuces de notaires' et ils devront :

soit assumer le débat politique contradictoire sur les orientations pour le CCI – les leurs et les nôtres – au sein de l'organisation et pour cela il leur faudra nous réintégrer sans condition préalable ; soit continuer de s'enfermer dans le sectarisme en ignorant le fait Fraction, mais ils doivent savoir que cela n'évitera pas le nécessaire débat sur leurs pratiques et orientations.

En tout état de cause, et pour mettre un terme à cette déjà trop longue introduction, la Fraction a pour rôle et a bien l'intention de porter tous les débats devant le camp révolutionnaire comme elle a commencé de le faire. Ce ne sont plus seulement les minables petites manœuvres des liquidationnistes qui importent. Ce qui compte dorénavant, c'est que le camp révolutionnaire prenne en charge le débat sur la dérive d'une de ses composantes et qu'il en tire collectivement les enseignements pour la classe et son futur parti.

La Fraction s'engage à tenir toute sa place dans ce débat.

24 novembre 2002


Note:

(1) Bien que nous soyons convaincus que les dirigeants actuels de notre organisation auraient repoussé notre proposition, nous restons, quant à nous, fidèle aux principes !


Home | Bulletin Communiste FICCI 14 |