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Présentation de la contribution du camarade LL sur « la théorie des complots »

Nous publions ci-dessous un texte du camarade LL (ancien militant du CCI ayant démissionné en 1987) qu'il a adressé conjointement au CCI et à notre fraction.

Nous portons ce texte à la connaissance de tous nos lecteurs - ainsi qu'aux militants du CCI qui n'auraient pas eu l'occasion d'en prendre connaissance - parce que nous le considérons comme une contribution réelle, essentielle au débat que nous avons ouvert dans nos bulletins en particulier dans sa partie portant sur les « nouvelles » méthodes utilisées par le CCI [1] . Ces méthodes qui se sont développées à notre encontre, sont aujourd'hui acquises au sein du CCI comme l'ont démontré les derniers événements : interdiction d'intervenir dans les RP du CCI faite à un membre du PCI- Le Prolétaire , dénonciation honteuse et publique dans la presse du CCI de ce même militant et dénonciation publique du PCI par la même occasion.

Nous nous attarderons néanmoins sur une indication importante. Cette lettre nous informe qu'en septembre 2002 - date à laquelle nous recevions le texte -, le CCI continuait à mener un « travail d'enquête » sur le cas de notre camarade Jonas : « Sollicité (...) par des militants du CCI enquêtant (à charge ?, à décharge ?) sur la moralité d'un militant de cette fraction (...). Ce que j'ai commencé à faire avec les militants du CCI que j'ai rencontrés dans leur 'travail d'enquête'... ».

Autrement dit : le CCI a donc produit un article de dénonciation publique, a organisé un simulacre de procès où il invitait largement les participants à condamner Jonas sans argument comme l'avaient relevé un certain nombre de participants à la RP de Paris sur ce thème, le CCI a donc exclu ce militant AVANT d'avoir achevé son prétendu « travail d'enquête  », ce que confirme l' « interrogatoire» pratiqué récemment sur LL. Et il continue aujourd'hui encore à fouiner dans la vie et les relations de Jonas pour chercher des faits susceptibles de l'accabler.

On ne peut faire de démonstration plus criante de l'irresponsabilité totale et du peu de sérieux de la politique du CCI actuel.

Mais au-delà, ce fait constitue l'AVEU formel que la condamnation de Jonas et de la fraction par le CCI était totalement gratuite : une manoeuvre consistant à trouver un bouc-émissaire pour détourner l'attention du CCI, du milieu et des lecteurs sur un militant désigné responsable de tous les maux que rencontre le CCI, une manoeuvre sordide destinée à justifier le refus de tout débat sur les questions centrales que nous avions commencé à poser au sein du CCI il y a maintenant plus de deux ans. Malheureusement, la dérive gravissime que nous ne pouvions que pointer à l'époque, a fini par dominer, s'imposer pour aboutir à la situation dramatique qu'on connaît aujourd'hui.

Dans cet épisode grotesque, il y a bien de fait un effet de repoussoir que joue ouvertement le CCI, terrain propice pour développer une atmosphère de démoralisation et de rejet des organisations révolutionnaires. En cela, le CCI actuel fait office de relais, conscient ou non, à la propagande bourgeoise qui vocifère « tous pourris ». Il y a de fait une conséquence logique à une telle politique : accroître la démoralisation et la confusion auprès des lecteurs, et sympathisants, des éléments en recherche ; discréditer l'ensemble des organisations se réclamant de la Gauche communiste, de ses traditions, de ses méthodes.

Car en quoi de telles pratiques combattent-elles la confusion politique ambiante ? En quoi contribuent-elles à attirer les ouvriers vers la compréhension de la nécessité d'un pôle révolutionnaire conséquent ? Et ne servent-elles pas plutôt les intérêts de la bourgeoisie au détriment des intérêts du prolétariat comme le pointe très justement le texte ci-dessous ?

C'est de cette sale besogne que nous tenons pour responsables les « liquidationnistes » qui ont pris la tête du CCI. Ils sont responsables du discrédit qu'ils jettent sur la Gauche communiste, sur la nécessité des organisations politiques de la classe ouvrière en alimentant les campagnes de la bourgeoisie contre les révolutionnaires « tous pourris » et enfin la destruction de tous les acquis inestimables du CCI pendant plus de 30 ans. C'est pour ces faits que nous dénonçons, une fois de plus, la « clique » qui a pris le pouvoir à la tête du CCI.

La fraction.


Contribution du camarade LL :

Réflexions sur les difficultés actuelles du CCI et de sa fraction

Prise de position contre la théorie des complots

Camarades,

Au cours de ces dernières semaines, sollicité, via l'envoi de bulletins d'informations par les militants du C.C.I. ayant formé une fraction et par des militants du CC1 enquêtant ( à charge? à décharge ? ) sur la moralité d'un militant de cette fraction, j'ai été amené à m'interroger sur ce qui était en train de se passer au sein de l'une des plus importante organisation du milieu politique prolétarien et à prendre position sur ces événements. Ce que j'ai commencé à faire avec les militants du CC1 que j'ai rencontré dans leur "travail d'enquête" et ce que je vais continuer à faire ici en attendant de le faire ailleurs, si nécessaire.

1) Si je partage complètement la préoccupation des révolutionnaires, de chercher le plus possible à se préserver de la répression de la bourgeoisie et de ses tentatives d'infiltration et de déstabilisation dans leurs rangs, c'est-à-dire de rendre ces tentatives inévitables sans grands effets , je tiens, avant toute autre chose, à rappeler ici que dans cette dimension, toujours secondaire, de la lutte de classe, les révolutionnaires sont amenés - même "à leur corps défendant" - à venir sur le terrain pourri et nauséabond de leur ennemi de classe , celui du mensonge, de la dissimulation, de la manipulation, de la défiance, du sans foi ni loi, où "la fin justifiant les moyens" on n'obtient que la destruction de l'unité et de la conscience de classe dans les rangs ouvriers.

Je tiens à dire que sur ce terrain, contrairement à ce qu'ils croient en reprenant à leur compte les "recettes du passé" qui en leur temps déjà n'ont guère eu d'effets dissuasifs contre l'Etat, les révolutionnaires ont tout à perdre et rien (hormis un stupide "je vous l'avais bien dit!" post mortem) à gagner .

2) En effet, à l'initiative réelle ou supposée réelle, de la bourgeoisie, ils en viennent à partager, au moins un temps, puis deux, puis trois ... sa conception policière de l'Histoire et de la petite histoire , à assumer la toute puissance illusoire et la jouissance malsaines des enquêteurs privés ou publics qui s'instituent tout à la fois, psychologues, psychanalystes, échotiers, concierges, journalistes, reporters, témoins, procureurs, et finalement juges et justiciers .

Ils remettent en question et mettent à la question tout ce qui, jusque là, leur avait paru normal , anodin , digne de confiance , dans la façon d'être et de se comporter, inévitablement singulière et en partie "irrationnelle", d'un ou plusieurs de leurs camarades ; il finissent, s'ils insistent, par "découvrir" que tel individu, auteur de comportements politiques "incorrects" et "inadmissibles" du point de vue des "principes prolétariens", est incohérent avec lui-même et ses engagements ; qu'il avait des liens non exclusivement politiques avec tel, et tel, et tel ; que ce même individu ne disait pas les mêmes choses à tout le monde, donc qu'il dissimulait; qu'il avait ses têtes , qu'il jouissait d'une très grande confiance auprès d'un tel et d'un tel ... donc qu'il tirait des ficelles, manipulait des âmes ; il s' aperçoivent qu'un tel et un tel, jugés ( encore à ce jour ) dignes de confiance, avaient déjà remarqué certaines bizarreries dans sa façon de se positionner ou de ne pas se positionner dans tel ou tel débat politique tendu ; ils découvrent inévitablement qu'il était influencé par un tel et un tel et/ou qu'il avait influencé un tel et un tel à cette époque; ils prennent conscience qu'ils ignoraient certains détails "importants" sur la vie concrète, professionnelle, sexuelle (?) et sentimentale (?) de cet individu et de ses amis ; ils acquièrent la certitude que ce dernier avait un passe-temps aussi stupide qu'étrange ( comme perdre son temps à regarder la télé ou à rechercher le trésor des templiers ou à faire les jeux fléchés, ou à lire des ouvrages de psychanalyse ... ) et, élément décisif entre tous, qu'il a eu, lui ou quelqu'un de sa famille , maille à partir avec l'un ou l'autre des organismes de répression de l'appareil de l'Etat bourgeois (par ailleurs omniprésent dans la société civile dans la phase décadente du capitalisme ).

3) Je tiens donc à rappeler que c'est sur un tout autre terrain que se livre et se gagne la lutte contre la répression et les tentatives de déstabilisation de la bourgeoisie dont les révolutionnaires ne peuvent connaître les tenants et aboutissants (avec toujours quelques doutes sur leur véracité) que lorsque la classe ouvrière a réussi à prendre le pouvoir politique, donc jamais en dehors de ces périodes exceptionnelles, périodes encore à venir en ce qui nous concerne.

L'unique terrain où les révolutionnaire peuvent s'opposer efficacement au travail de provocateurs de la bourgeoisie parmi eux, se situe résolument à l'opposé de ce que sous-tend toute accusation ou soupçon d'appartenance à la police de l'Etat ou d'un parti de l'Etat, de constitution de commissions d'enquêtes ou de jurys d'honneur ( qui supposent donc toujours le déshonneur pour quelqu'un ).

C'est celui de la confiance de principe accordée et maintenue à tout élément qui a réussi au moins un temps appréciable à se positionner de façon positive à l'intérieur des frontières de classe et à contribuer de façon satisfaisante à la vie de l'organisation.

C'est celui de croire en toute circonstance que les dires et les actes de tout militant ouvrier satisfaisant à cette condition s'originent dans une intention de défendre au mieux les intérêts de classe, même et surtout quand ses dires et ses actes semblent tourner le dos à la conception communément partagée du mode de défense de ces intérêts de classe.

C'est donc se positionner pour mettre en évidence des errements au sein du prolétariat et non pas traiter de ces idées et de ces actes comme ceux relevant d'éléments agissant sciemment dans l'intérêt d'une autre classe .

C'est chercher à comprendre ces attitudes comme un symptôme d'une difficulté plus générale de l'organisation , difficulté à identifier au plus tôt en mettant à la question - , sans hésitation - les théorisations et les "certitudes" acquises par l'organisation lors de ses crises précédentes, au regard non seulement des "acquis historiques" mais aussi et surtout au regard des changements profonds intervenus dans la situation générale qui place la classe ouvrière devant de nouvelles difficultés .

C'est aller chercher les causes de la maladie non pas d'abord dans les imperfections politiques et personnelles de l'individu ou du groupe d'individus qui en témoigne de la façon la plus visible mais dans la situation concrète de la classe à la vie de laquelle ils participent souvent depuis plusieurs décennies, puis dans l'organisation elle-même, dans ses analyses et dans son mode de fonctionnement réel .

C'est répondre ainsi in vivo , par une solidarité et une confiance agies et non pas déclamée et réclamée ( en sa classe, en ses positions, en ses principes, en sa pratique, en son organisation et en tous ses militants et en leurs rapports indissociables ) au doute et à la défiance que l'idéologie bourgeoisie et la bourgeoisie instillent, distillent directement et indirectement dans tous les rangs ouvriers.

C'est ainsi défendre les conditions d'existence d'un esprit réellement critique, critique , chez tous les militants , ce qui est le seul garant que les révolutionnaires soient à leur place, c'est-à-dire à l'avant garde de la réflexion et de l'action dans la classe ouvrière, et non des gardiens d'un temple organisationnel et programmatique, certes orthodoxes, conformes, uniformes, sans reliefs, sans conflits… mais surtout avides ( encore plus dans cette période d'incertitude et de sentiment d'impuissance voire de désespoirs chez les ouvriers ) - de certitudes et de réassurance qu'apportent ( de surcroît ? ) les votes démocratiques à la quasi-unanimité en assemblées générales ( ce qui pourtant devrait être l'exception ) sur, la plupart du temps, de bonnes résolutions (!) mais souvent prémâchées voire prédigérées par des organes centraux "responsables" (à la place de qui?) qui, se succédant à eux-mêmes de congrès en congrès, poussent leurs membres à se convaincre à leur insu , d'être les seuls vrais propriétaires de l'édifice, les seuls héritiers capables d'assurer la survie de l'organisation et de son (?) programme .

Le seul moyen de résister efficacement au travail direct de sape de la bourgeoisie c'est aujourd'hui accepter de s'interroger sur les pratiques concrètes de la vie organisationnelle, c'est vérifier si les principes de bases ( celui du principe de la toile d'araignée en opposition à la pyramide ) trouvent encore à s'appliquer dans l'esprit ou seulement à la lettre ; c'est s'interroger, sans peur aucune, sur la validité des explications données aux crises organisationnelles antérieures, c'est s'interroger sur la validité des théorisations récentes concernant le mode de vie des militants communistes ; c'est chercher à voir si tous les discours, les écrits, les campagnes ( qui se distinguent de vrais débats ) contre les "clans" réels et supposés, contre les "gourous" réels et imaginaires, contre les "jugements de valeurs" portés - en faveur  ou à l'encontre, de militants, dans les "couloirs" n'ont pas trop emprunté à la version "intégriste" du moralisme petit-bourgeois qui, en opposition à la version "libertaire" "tout m'est possible, tout nous est permis " , défend l'idée que les militants révolutionnaires sont déjà " des êtres humains à part , des prototypes de l'humanité qui apparaîtra dans le communisme" (Deux versions hyper dangereuses et non-contradictoires entre elles d'ailleurs!).

C'est de chercher à savoir si les révolutionnaires -en croyant se prémunir contre des manoeuvres policières toujours possibles- n'ont pas réussi tout simplement à empêcher les êtres humains qu'ils sont et qu'ils demeurent ( avec toutes les contradictions et les limitations que cela comporte ), d' aimer certaines personnes mieux et plus que d'autres , de respecter davantage l'avis, les idées, les comportements de certains plus que ceux d'autres, de se laisser influencer ( convaincre ! ) par les idées, les propositions de certains plutôt que par celles d'autres. Cela, dans une période où il s'agissait d'affirmer clairement que ce type d'attitude fait partie de la vie "normale" , nécessaire ( au sens que ça ne peut pas ne pas être ) inévitable et positive, pour autant que tous veillent en même temp s à ne jamais se couper complètement des autres militants, à ne jamais se prendre plus ou moins consciemment pour les éléments décisifs de la vie politique de l'organisation, et cela tout simplement en veillant en permanence à ce que soit retransmis à tous , rapidement , dans les bulletins et dans les assemblées générales, les thèmes, les contenus de leurs discussions, de leurs appréciations et divergences politiques ou idéologiques .

Lutter efficacement contre les effets destructeurs de l'action ou de l'influence de la bourgeoisie c'est se poser la question de savoir si, en voulant limiter l'importance des regroupements "affinitaires" inévitables et identifiés ( à tort ! ) comme la cause première de certaines dérives politiques et organisationnelles, on n'a pas acculé tous les militants et certains plus et plus vite que d'autres simultanément :

1)- à un isolement intellectuel et affectif particulièrement démoralisant et destructeur, du fait que le cadre formel de l'organisation est devenu pour eux le seul lieu non seulement d'élaboration politique mais d'occasion de prise de parole , d'expression de leurs idées et de leurs affects , donc aussi le seul lieu d'existence subjective , à la fois comme individu et militant , les poussant ainsi, peu à peu, à chaque désaccord important ou secondaire, à chaque constat de manquement important ou secondaire à l'éthique militante chez eux ou chez les autres, à l'exagération , à l'amplification , à la démoralisation puis à la défiance et finalement à la transgression des règles communes de base.

2)- a une tendance à dissimuler, refouler, dénier systématiquement leurs "vrais" sentiments, leurs "vraies préférences", leurs "vraies" conceptions, de la vie, de l'amitié... et du monde.

C'est se poser la question de savoir si, en voulant interdire ou limiter chez les militants des dimensions inévitables (inconscientes, pulsionnelles, sentimentales, irrationnelles …) qui interviennent dans toute action humaine de la plus admirable à la plus vile; si, en voulant interdire ou limiter les expressions ordinaires de l'amour et de la haine ( qui, jusqu'à plus ample information, existent en chacune de nos relations aux autres dans des proportions qui varient en permanence selon les moments et les situations ), on n'est pas arrivé au résultat inverse : exacerber au plus haut point ces passions , et dénaturer leur mode d'expression ordinaire, positif, en en faisant des éléments de pure destruction des individus et du groupe.

C'est reprendre Marx quand il répétait que rien de ce qui était humain ne lui était étranger et ne pas croire que, si "leur morale n'est pas la notre" ( ce qui signifie aussi que leurs méthodes ne peuvent jamais être les nôtres ), on pourrait se sauver de la décomposition sociale, morale et politique en transformant l'organisation en "Forteresse assiégée" , en élaborant et en faisant respecter en tout lieu et à tout moment, une pseudo morale prolétarienne nouvelle ou traditionnelle faisant abstraction de ce qui fonde toute forme d'humanité.

Car alors, bon gré mal gré, on ne ferait que transformer chaque militant en flic moral potentiel puis réel de l'autre, tuant toute confiance en soi et en l'autre, tuant toute idée et toute volonté de réflexion nouvelle, de remise en question des vérités "acquises ", et cela d'abord et surtout au sein des organes centraux qui, parce qu'ils sont chargés plus spécifiquement (?) de veiller à la mise en application des orientations politiques qu'ils ont en grande partie eux-mêmes élaborés, sont déjà naturellement enclins au conservatisme , à la défense du consensus que l'on confond souvent avec l'unité , à la lutte contre ce qui dérange, ce qui fait scandale, ce qui fâche, ce qui divise ... et qui deviendraient alors des purs parmi les purs chargés de débusquer, de dénoncer, d'isoler et de combattre, les "impurs" ou "insuffisamment purs" .

Résister aux tentatives réelles ou supposées de déstabilisation de la bourgeoisie c'est, en toute occasion, refuser toute théorie du complot qui non seulement éloigne, détourne de la recherche des vrais problèmes et de leurs solutions a peu de frais (cf. fonction de la théorie classique du bouc émissaire ) mais aussi rabaisse moralement tous les militants , les accusateurs comme les accusés, au rang de sous-hommes, d'irresponsables, de manipulables.

Car quand on évoque un complot une camarilla , un clan , des gourous , des tirages de ficelles , des tenus par la peau des couilles , des qui porte la culotte dans leur couple , des sans et des avec ... on dénie aux camarades directement impliqués dans des manquements réels et/ou imaginaires la responsabilité de leur choix, celui "erroné" d'aujourd'hui mais aussi celui jugé "correct" d'hier.

On dénie toute valeur à sa propre organisation qui a pu accueillir, s'accommoder, exploiter, utiliser des esprits aussi faibles ou aussi retors en son sein et au sein de ses organes centraux ; on insulte les orientations qui ont été défendues aussi par ces militants "sans conscience", "sans moral, "sans principes".

Et quand, s'étant sali soi-même en les salissant pour mieux les isoler, les diviser, quand, leur ayant dénié toute capacité de choix aujourd'hui et hier, on les appelle quand même à " re devenir responsable" (?), à avoir le courage (?) de venir se défendre devant un jury d'honneur (??) et à se montrer déloyal avec le " seul " (?) élément jugé véritablement dangereux pour l'organisation et pour le milieu prolétarien, c'est-à-dire quand on leur propose au vu et au su de tous , d'avaliser leur statut de pures marionnettes en changeant de tutelle et de trahir la confiance qu'ils ont en ce fameux militant aujourd'hui dangereux et infréquentable mais jugé depuis près de 30 ans par ses accusateurs comme un militant particulièrement digne de confiance, alors on ne réussit qu'à affaiblir son organisation, son groupe, sa fraction et la crédibilité de tout le milieu révolutionnaire.

On avalise cette automutilation au nom de fausses "1eçons du passé" qui pourtant ont plus souvent servi de points d'appui et de justification à la contre-révolution qu'à l'identification et l'éradication des mouchards au sein du prolétariat. On permet aux ministres de l'intérieur de se frotter les mains, eux qui n'ont même plus besoin d'envoyer leur personnel pour foutre le bordel chez les "vrais" révolutionnaires qui, aux premiers "pets de lapins" de l'un ou de l'autre, s'accusent mutuellement d'être ou de risquer d'être (??) la pointe avancée de l'appareil de répression de l'Etat bourgeois.

4) De ce qui précède il découle que je n'adhère nullement aux explications développée par le CCI concernant la dite "affaire (??) Simon" , sur lesquelles je me suis positionné ponctuellement déjà dans le passé en invoquant à l'origine de ce drame l'immaturité du CCI, les difficultés de la période d'après 1989, la disparition du vieux Marc et l'existence ancienne (Cf. 6ème Congrès de RI ) de divergences, de sensibilités, d'opinions contradictoires, non identifiées , non assumées , d'ordre politique et "idéologiques", morale , cela, lors d'une R P en 1997 "En défense du milieu prolétarien" et dans un courrier environ un an et demi plus tard.

Je précise encore que je ne partage pas davantage les accusations et soupçons portés par le CC1 à l'encontre d'un ou des membres de la nouvelle fraction interne du CCI, de même que je rejette toute validité, toute véracité aux accusations portées par un ou des camarades de cette nouvelle fraction contre un ou des camarades du SI, ( camarades de la fraction, qui, apparemment, mis en minorité sur cette question de présence policière, mais pas que sur cette question, se sont lancés dans l'affolement et la précipitation dans la constitution prématurée d'une fraction symptôme et non pas d'une fraction curative salvatrice.)

Pour en terminer ici, j'attire l'attention sur le fait que ce sont apparemment les militants qui ont souscrit et se sont investis le plus, hier, dans la défense de "la théorie des clans" , de la "théorie des gourous" , de la théorie du complot policier dans la déplorable entreprise de "mise à nue" (pour moi, aussi immonde qu'indigne de militants communistes véritablement responsables) des ressorts "cachés du pseudo complot ourdi par le flic Simon" qui se retrouvent aujourd'hui en position d'agents et/ou de victimes , de nouveaux complots d'origine policière .

Je rejette donc aussi l'interprétation simpliste qui veut croire qu'il n'y a pas de fumée sans feu et que des agissements policiers aussi grossiers sont logiques et naturels dans la phase historique actuelle car la bourgeoisie, ayant discrédité (particulièrement en France) ses fractions de gauche dans la classe ouvrière, chercherait préventivement à empêcher le CC1 d'accueillir en son sein le renouveau de la conscience de classe et voire son extension prochaine dans la classe.

Toutes ces idées relèvent pour moi d'élucubrations infantiles, de la pensée magique, narcissique, de l'auto-persuasion, de l'auto-aveuglement et de la réassurance aussi facile qu'illusoire et dangereuse sur soi, sa pratique dans la classe, la validité des méthodes utilisées pour se défendre contre la pression idéologique énorme de l'ennemi de classe et, plus grave encore, sur:

1)- l'état réel de recul aussi inédi t que profond -même si momentané- de la conscience de classe dans les rangs ouvriers et donc aussi dans ses organisations d'avant-garde .

2)- le niveau inédit de dégradation et de décomposition des moeurs et institutions politiques de la bourgeoisie et leurs conséquences sur ses capacités à assurer rationnellement et durablement la défense de ses intérêts de classe.

3)- le mode d'articulation dialectique entre ces deux réalités mouvantes.

Salutations prolétaires,

Ch

(Ex L. L. rédacteur du Rapport et de la Résolution d'activité du 6ème Congrès de RI et donc aussi de la dernière partie du rapport votée et rejetée par le congrès comme simple contribution personnelle, mais partie intégrante d'un rapport qui, lu dans son intégralité par le camarade M Pi qui en avait perçu l'unité et la logique interne, n'avait trouvé d'autre recours que de se précipiter au domicile du "vieux Marc", militant le plus aguerri, pour l'alerter en toute sincérité contre ce Rapport, contre son esprit, contre sa lettre parce que pour lui il y avait là "la marque de la Préfecture" . Déjà !)

P.S. : Il doit exister dans les archives de RI et de la COP un C.R. d'une intervention du "vieux Marc" (datant de la période d'avant le 6ème congrès de RI et d'après la Conférence Extraordinaire de 1984 (?) où l'organisation avait commencé à souffrir des opinions et sensibilités baba-cool post-soixante-huitarde), contribution exprimant le point de vue des communistes sur l'amitié, l'amour, la haine et la camaraderie dans la militance qui vaudrait la peine d'être republiée et rediscutée aujourd'hui.

LL


Note:

[1] Nous ne partageons pas tous les aspects développés dans cette lettre, notamment dans sa partie finale : par exemple concernant le caractère « prématuré » de la constitution de notre fraction. Nous avons déjà développé sur cette question et aurons probablement l'occasion de revenir ultérieurement sur d'autres aspects.


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