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Invasion de l'Irak : un coup géostratégique à plus de trois bandes

Nous publions ci-dessous l'un des textes que nous a fait parvenir le camarade AN (ex-T), sympathisant de longue date du BIPR et du CCI au Mexique. Nous avons choisi de publier ce texte en particulier, parce qu'il représente une contribution et une réflexion importante sur la situation impérialiste actuelle ; plus particulièrement il s'attache à analyser le poids et l'importance à attribuer à l'enjeu pétrolier dans l'intervention militaire en Irak. Précisons que ce texte, non daté, a été écrit avant le déclenchement de l'intervention américano-anglaise. Nous versons donc ce texte tel quel, comme contribution au débat et à la réflexion sur la situation internationale.


Avec l'invasion imminente de l'Irak, les Etats-Unis entendent passer à la phase suivante de leur offensive visant à leur assurer le contrôle des principales réserves de pétrole du monde. Il s'agit d'une authentique blitzkrieg (offensive éclair) provoquée par les attentats terroristes du 11 septembre, événement comparable à l'attaque de la base navale de Pearl Harbor en 1941, tant par la complicité du propre appareil de sécurité américain que par la nécessité d'induire l'attaque "surprise" qui a permis de justifier la déclaration de guerre[1]. Les similitudes avec le passé doivent être aussi contrebalancées par les différences avec la situation présente. Aujourd'hui comme alors il s'agit d'une guerre dirigée contre les puissances rivales des Etats-Unis, bien que dans les guerres mondiales antérieures il existait un antagoniste constitué en bloc politico-militaire clairement défini et que les Etats-Unis aient retardé leur intervention jusqu'au moment où l'usure des puissances européennes leur permettait de renforcer leur position et d'émerger comme puissance hégémonique. A l'opposé, la doctrine de l'"attaque préventive" adoptée par l'administration Bush contre la menace du terrorisme comporte des caractéristiques qui distinguent la stratégie américaine actuelle dans l'espace comme dans le temps. Dans l'espace au sens où la "menace" du terrorisme international et "déterritorialisé", est le prétexte par lequel est justifiée l'intervention militaire dans un grand rayon d'action géographique ou, plus précisément, dans les régions de la planète ayant une valeur stratégique. Dans le temps, dans la mesure où il est urgent de mettre à profit sans retard le plus grand "avantage comparatif" américain, leur force militaire, face à leurs concurrents européens et asiatiques avec l'objectif clairement formulé dans le Guide de Planification de la Défense pour l'exercice fiscal 1994-1999 "d'éviter la réapparition d'un nouveau rival", ce qui implique "la tâche d'éviter qu'une puissance hostile ne domine une région dont les ressources, par un contrôle renforcé, .finiraient par générer une puissance mondiale. Ces régions incluent l'Europe occidentale, l'est de l'Asie, le territoire de l'ancienne Union soviétique et l'Asie du sud-ouest" [2]. La ressource principale dans l'économie moderne c'est le pétrole, et le contrôle de celui-ci donne la principale clef pour contrôler les économies des rivaux et conditionner leur comportement politique. Les objectifs géostratégiques correspondent, par conséquent, aux gisements d'hydrocarbures ainsi qu'avec le tracé des oléoducs et des gazoducs. L'urgence dans le temps vient de la conviction que la supériorité militaire n'est pas éternelle et doit être utilisée pour empêcher la formation d'un bloc militaire antagonique. En d'autres termes, la perspective consiste à gagner la partie avant que l'adversaire se présente au combat.

Les stratèges nord-américains ont exposé avec une grande netteté les défis qu'affronte Washington et la crainte qui se cache derrière l'agressivité de la politique extérieure américaine. Selon Brzesinski, ex-conseiller à la sécurité nationale pendant l'administration Carter, l'Eurasie est le lieu où, en plus de concentrer environ 75% de la population mondiale, 60% du PNB du monde et les trois quarts des ressources énergétiques, sont situés "tous ces Etats potentiellement susceptibles de défier, politiquement et/ou économiquement la suprématie américainne", en particulier "les deux aspirants les plus peuplés du monde à l'hégémonie régionale et à l'influence globale" au cas où ils parviendraient à capitaliser à leur faveur un pouvoir eurasiatique qui 'accumulé dépasse largement celui des Etats Unis'[3]. Kissinger est encore plus clair à propos de la possibilité que l'actuelle condition de suprématie des USA pourrait se voir réduite à la condition d'une "île" dépendant des événements en Eurasie : "Au plan géostratégique, les USA sont une île par rapport à la grande masse continentale de l'Eurasie dont les ressources et la population sont très supérieures aux leurs. La domination d'une des deux principales sphères d'Eurasie – l'Europe ou l'Asie – par une seule puissance continue d'être une bonne définition du danger stratégique pour les Etats-Unis, avec ou sans la Guerre Froide, parce qu'un tel regroupement aurait la capacité de les dépasser économiquement et, en fin de compte, militairement aussi"[4].

Le premier objectif de cette offensive préventive a commencé avec l'intervention militaire sous couverture de l'OTAN dans l'ex-Yougoslavie et la lutte pour le contrôle des oléoducs qui transportent le pétrole du bassin de la Caspienne vers les marchés internationaux[5] . L'agenda géostratégique pour cette région répond à la nécessité d'éviter le contrôle russe et iranien sur les oléoducs et les gazoducs à travers la mise en place de routes alternatives dans le couloir Azerbaïdjan – Géorgie – Turquie, avec les oléoducs Bakou (capitale de l'Azerbaïdjan) – Ceyhan (port turc de la Méditerranée) et Bakou – Supsa (port de la mer Noire en Géorgie). Les routes en question seraient complémentaires de la route balkanique dégagée à partir de l'intervention de l'OTAN en 1999 : la route Burga (port bulgare sur la mer Noire) –Macédoine – Vlore (port albanais sur l'Adriatique).

La guerre suivante, celle d'Afghanistan en 2001, a permis d'ouvrir une brèche au coeur de l'Asie centrale qui servira pour le tracé de la route destinée à connecter les gisements du fin fond du Turkménistan aux marchés internationaux, en particulier ceux d'Asie orientale. Le tracé de cette route a été l'objet de négociations avec le régime taliban depuis le milieu de la décennie 1990 de la part de la compagnie Union Oil Company of California (UNOCAL), laquelle s'est chargée de remplacer la compagnie argentine, Bridas, pionnière du projet, comptant pour cela sur le plein appui de l'administration Clinton[6] .

Les attaques contre l'Afghanistan et l'Irak furent conçues dès avant le 11 septembre, de sorte qu'il est facile de considérer que les attentats terroristes furent d'une grande utilité pour préparer l'opinion et justifier la campagne militaire de grande ampleur et de longue durée en Asie centrale et au Moyen Orient. Dans le cas de l'Afghanistan, la rupture avec le régime taliban s'est convertie en un obstacle qui a empêché le développement du projet de l'UNOCAL. Les talibans avaient lié leur destinée à celle de Al Quaida, tous deux successeurs des mudjahidines financés par l'Arabie Saoudite et les Etats-Unis dans la guerre contre les soviétiques dans les années 1980. En représailles, les Etats-Unis ont fait connaître leur intention d'attaquer l'Afghanistan depuis le milieu 2001[7] . Dans le cas de l'Irak, le "changement de régime" a été projeté dès avant que le cabinet de l'administration Bush arrive à la Maison Blanche en janvier 2001, comme on peut le constater dans le document intitulé Rebuilding America's Defense : Strategies, Forces And Resources For A New Century, élaboré en septembre 2000 par des membres du néo-conservateur Project for the New American Century (PNAC), parmi lesquels figuraient Dick Cheney (par la suite vice-président), Lewis Libby (chef du cabinet de Cheney), Donald Rumsfeld (secrétaire à la Défense), Paul Wolfowitz (sous-secrétaire à la Défense) et le frère cadet de George W. Bush, Jeb Bush. L'objectif central du document est la formulation de la "Grande stratégie américaine" conduisant au "maintien de la prééminence globale des USA, rendant impossible l'émergence d'une puissance rivale et adaptant l'ordre de la sécurité internationale aux principes et intérêts nord-américains". On voit aussi se révéler la préoccupation que l'Europe pourrait devenir la rivale des Etats-Unis ainsi que la nécessité de prendre le contrôle de la région du Golfe Persique que Saddam Hussein soit au pouvoir ou pas : "Les Etats Unis ont cherché depuis des décennies à jouer un rôle plus important dans la sécurité régionale du Golfe. Tandis que le conflit non réglé avec l'Irak procure la justification immédiate, la nécessité d'une présence nord-américaine substantielle dans le Golfe, au-delà du sort du régime de Saddam Hussein"[8] .

Le Moyen Orient ne se distingue pas seulement pour être propriétaire des principales réserves de pétrole du monde, mais aussi parce que ces réserves acquièrent une valeur toujours pus importante dans la mesure où les réserves prouvées et estimées du monde s'approchent de leur limite absolue et qu'elles commencent à s'épuiser. Cela veut dire que, une telle tendance étant un fait inéluctable, l'OPEP est en passe d'accroître dramatiquement sa capacité à contrôler les prix du pétrole. Selon les prédictions de certains experts[9] , les réserves pétrolières s'épuisent à un rythme sans précédent, ce qui conduira à une réduction de la capacité de production globale pour l'année 2010, à condition que durant cette période la demande n'augmente pas, et étant entendu que les prix pourraient doubler voir tripler en deux ou trois ans, le monde passant de l'abondance de pétrole à la pénurie. Les réserves mondiales connues et estimées ne pourraient pas satisfaire le niveau de production présent de 74 millions de barils/jour (b/j) au-delà de 2022, sachant que tout accroissement de l'activité économique globale ne peut que contribuer à accroître la demande et rapprocher l'année pointe où sera atteint le niveau maximum de réserves existantes. En accord avec ces pronostics, un accroissement annuel de 1% de la demande mondiale de brut pourrait impliquer que la production mondiale de brut atteigne son niveau maximum de 83millions de b/j en 2016, un accroissement de la demande de 2% la porterait à 87millions de b/j en 2011, tandis qu'un accroissement de la demande de 3% le ferait pour 2003 [10]. Cependant, l'Agence Internationale de l'Energie a prévu que la demande mondiale atteindra 119 millions de b/j vers 2020.

Les perspectives de renforcement de la position de l'OPEP coïncident avec la gestation d'un divorce dans l'alliance avec le pays qui possède la première réserve pétrolière du monde et qui est en même temps le leader de l'OPEP, l'Arabie Saoudite. En réalité, la décomposition de cette alliance répond, à son tour, à la décomposition des relations au sein du leadership politique du régime qui gouverne l'Arabie. Cette rupture met le pays au bord d'un effondrement politique semblable à la révolution islamique de 1979 qui conduisit au pouvoir le régime des Ayatollah en Iran, alors que pour une partie importante de la population et pour la hiérarchie religieuse, depuis la guerre du Golfe, les USA ont cessé d'être le sauveur du Koweït pour se changer en l'envahisseur de l'Arabie Saoudite, situation qui s'est traduite par la pression croissante des leaders religieux pour s'éloigner de Washington. De façon semblable au leader religieux Ayatollah Khomeini, Bin Laden cherche à agiter un mouvement radical contre le régime, bien que ce ne soit pas pour se mettre à la tête d'un Etat moderne comme ce fut le cas en Iran, mais pour procéder à une restructuration de l'organisation tribale du royaume saoudien.

La guerre déclarée par Bin Laden contre les Etats-Unis n'a pas pour objet l'Afghanistan ni de constituer un réseau terroriste transnational sans objectif territorial précis, c'est la lutte pour un Etat-nation spécifique ; l'Arabie Saoudite. Cette guerre commencée en 1993, avec la première attaque contre le World Trade Center de New York, suivie par les attentats contre les quartiers de la Garde Nationale Saoudienne à Riad (1995), les tours de Khobar, dans les environs de Dahran (1996), les ambassades américainnes au Kenya et en Tanzanie (7 août 1998) et le porte-avions USS Cole (12 octobre 2000). L'objectif est d'éroder les relations entre Washington et le régime saoudien[11] .

D'autre part, la seconde réserve pétrolière du monde, celle d'Irak, se trouve être occupée par des compagnies de pays rivaux, en particulier la France et la Russie. Ajoutons à cela que le sentiment anti-américain au Moyen Orient tend à être capitalisé par une Union Européenne désireuse de renforcer sa sphère d'influence dans cette région stratégique. Dérivant de la confluence de ces tendances, l'émergence de l'euro et l'éventualité du remplacement du dollar comme monnaie de référence pour le pétrole, chose qui aurait des répercussions énormes sur le marché financier américain, se présente comme un instrument de représailles plus efficace que l'embargo pétrolier appliqué dans les années 70.

Réserves * Production **

Arabie saoudite

261,8 8,8

Irak

112,5 2,4

Emirats Arabes Unis

97,8 2,4

Koweït

96,5, 2,1

Iran

89,7 3,7

Venezuela

77,7 3,4

Russie

48,6 7,1

USA

30,4 7,7

Libye

29,5 1,4

Mexique

26,9 3,6

* milliards de barils ** milliers de barils par jour

Sources  : BP Statistical Review of World Energy,

cité dans "Don't mention the o-word. Irak oil"

La réponse nord-américaine à ces formidables défis se profile avec l'invasion et l'occupation militaire de l'Irak. Une stratégie grâce à laquelle Washington fera d'une pierre deux coups. En premier lieu, avec la possession de l'Irak les concurrents déjà installés ici devront s'en aller ; ensuite, à partir du contrôle des seules réserves qui peuvent rivaliser en quantité et en prix avec les capacités de production de l'Arabie, les Etats-Unis seront en position, une fois qu'auront été rénovées les infrastructures pétrolières de l'Irak, d'extraire les quantités de pétrole nécessaires au marché mondial, de briser le monopole saoudien et de détrôner ainsi l'OPEP[12].

La doctrine de l'offensive préventive est complétée par celle du "changement de régime", laquelle est dirigée contre tous ces gouvernements hostiles aux intérêts américains et peut être destinée à une Arabie Saoudite sur laquelle les Etats-Unis auront une meilleure capacité d'intervention à partir d'une présence militaire massive et proche, établie en Irak. La présence en Irak permettra aussi de soutenir le projet du couloir de Bakou-Cyhan, en appui aux ex-républiques soviétiques de Géorgie et d'Azerbaïdjan, très sensibles aux pressions russes.

L'assaut contre l'Irak a pour première tâche de se réapproprier par le moyen militaire la répartition de la richesse pétrolière dont les Etats-Unis se sont eux-mêmes exclus par le blocage économique de ce pays et dont leurs rivaux ont été les principaux bénéficiaires. Hussein a concédé les gisements les plus prometteurs à des entreprises russes, françaises, allemandes et chinoises, mais le projet de protectorat selon le modèle implanté en Afghanistan a pour objectif de les éjecter au bénéfice des quatre soeurs anglo-saxonnes (Exxon-Mobil, Chevron-Texaco, British Petroleum et Royal Deutch Shell)[13].

La Russie sera peut-être le pays le plus touché. Près de 300 compagnies russes font du négoce avec l'Irak dans le programme "pétrole contre nourriture" et contrôlent les droits de commercialisation sur le marché mondial de 35 à 40% des exportations de pétrole irakien, ce qui rapporte à ces compagnies russes 4 milliards de dollars par an[14]. L'entreprise Lukoil a obtenu un contrat pour développer le gisement du Qurna occidental (15 milliards de barils) dans le sud de l'Irak, tandis que la compagnie Slavneft obtenait un contrat de service pour le gisement de Tuba, situé aussi dans le sud. Il y a en perspective, en plus, un accord économique de 40 milliards de dollars dans lequel serait incluse la possibilité pour que les entreprises russes réalisent des explorations dans l'ouest de l'Irak. D'autre part, si une réduction des prix provoquée par l'arrivée de quantités croissantes de pétrole Irakien sur le marché international menacerait l'existence du cartel de l'OPEP, dans le cas de la Russie cela pourrait entraîner l'économie de ce pays au bord de l'effondrement[15]. En fin de compte, la Russie perdrait toute influence géopolitique et toute valeur comme médiateur au Moyen-Orient, puisqu'elle aurait démontré sa faiblesse aux yeux de ses alliés du monde arabe.

A côté de la Russie, la France est une autre puissance qui a des intérêts majeurs en jeu en Irak. La compagnie Total-Fina-Elf a négocié des droits d'exploitation dans le vaste gisement de Majnoon (10 milliards de barils). D'autre part ce n'est pas un hasard si la France soit intervenue au sein du Comité des sanctions de l'ONU en faveur du droit pour l'Irak de changer la monnaie d'échange de son pétrole de dollars en euros, et pour que Bagdad place ses intérêts de la vente de son pétrole dans une filiale de la banque française BNP Paribas a New York[16].

En référence aux membres du Conseil de Sécurité de l'ONU, la France et la Russie, James Woosley, ex-directeur de la CIA, a déclaré clairement que Washington laisserait ouvertes toutes les possibilités pour ces pays de protéger leurs intérêts en Irak s'ils se soumettaient à leurs dessins : "C'est très simple, la France et la Russie ont des compagnies pétrolières et des intérêts en Irak. On doit leur faire savoir que, s'ils collaborent à faire émerger en Irak un gouvernement décent, nous ferons notre possible pour nous assurer que le nouveau gouvernement et les compagnies américaines travailleront étroitement avec eux", mais au contraire, "si elles appuient Saddam, il sera difficile si ce n'est impossible de persuader le nouveau gouvernement Irakien de travailler avec eux"[17].

AN., mars 2003


Notes

[Note 1]  : [Dans les années 1930, avant-guerre, NDLR] le Japon avait été provoqué au moyen de l'embargo total de la fourniture de pétrole par les entreprises anglo-américaines qui monopolisaient sa commercialisation. La préoccupation centrale du président Roosevelt était de motiver un changement de l'opinion publique et du Congrès qui permettrait l'entrée des USA dans la seconde guerre mondiale. Finalement, comme lors du 11 septembre, un étrange concours d'erreurs des services de renseignements et d'incompétence dans la prise de décisions militaires ont précédé le bombardement nippon.

[Note 2]  : Cité par Patrick Tyler 'U.S. Strategy Plan Calls for Insurging No Rivals Develop', New York Times, 8 mars 1992, p.4.

[Note 3]  : Brzesinski, Zbigniew, El gran tablero mundial. La supremacia estadounidense y sus imperativos geoestrategicos. Barcelona, Editorial Paidos, 1998 p. 40

[Note 4]  : Kissinger, Henry. La diplomacia, Mexico, Fondo de Cultura Economica, 1996, p. 810.

[Note 5]  : Selon des estimations du département de l'énergie des USA, les réserves des Etats limitrophes de la Caspienne, sans compter les possessions de la Russie et de l'Iran, s'élèvent entre 16 et 32 milliards de barils de pétrole et, en comptant le gaz, entre 236 et 337 milliards de pieds cubiques de réserves avérées et encore 319 milliards de réserves probables (Kuniholm, Bruce ; « The Geopolitics of Caspian Basin », the middle East Journal, vol.54, n°4 automne 2000). Chiffres qui, certainement, sont très en-dessous des 600 milliards de barils de pétrole des réserves prouvées dans le Golfe Persique, ce qui correspond aux deux tiers des réserves mondiales de pétrole. De plus, alors que le coût d'extraction du pétrole saoudien est seulement de trois dollars, les coûts élevés du transport qu'implique la livraison de la Caspienne sur les marchés internationaux pourrait augmenter ses coûts jusqu'aux alentours de 13 dollars par baril. Voir Manning, Robert. « the myth of the Caspian Great Game and the 'New Persan Gulf' », Brown Journal of World Affairs, vol.V, n°2, été/automne 2000 http://www.bjwa.org.

[Note 6]  : Rashid, Ahmed. Los Taliban, El Islam, el petroleo y el nuevo "Gran Juego" en Asia Central. Barcelona, Ediciones Peninsula, 2001, p.252.

[Note 7]  : Depuis les tentatives ratées pour éliminer Bin Laden au moyen d'actions secrètes et d'opérations chirurgicales mises en places depuis 1999, l'administration Bush a opté pour une intervention militaire robuste. Washington a prévenu indirectement le gouvernement de Kaboul sur cette possibilité au cas où celui-ci persévérerait dans son refus de remettre le leader de Al-Qaeda, dans les sessions convoquées par l'ONU (Berlin, juillet 2001), auxquelles assistaient des représentants des Etats-Unis, de la Russie, de l'Iran et du Pakistan. A la réunion, participait le ministre des affaires étrangères pakistanais, Niaz Naik, auxquels se joignaient trois généraux de son pays, ce qui fut le moyen à travers lequel Washington s'assurait que le message arriverait à destination. Voir Jonathan Steele, Ewen MacAskill, Richard Norton-Taylor, Ed Harriman, "Threat of US strikes passed to Taliban weeks before NY attack", The Guardian, 22 septembre 2001. Après les attentats du 11 septembre, le 18 septembre 2001, Naik déclara à la BBC que depuis la mi-juillet les autorités américaines lui avaient communiqué les plans pour renverser le régime taliban pour mettre à sa place un gouvernement de transition modéré, probablement sous la direction du roi Zaher Shah. De plus, Naik a été averti que l'action militaire aurait lieu autour de la mi-octobre, avant l'hiver. 'EUA planejavam atacar Afeganistao, segundo ex-diplomata' BBC, 18 septembre 2001.

[Note 8]  : Neil Mackay, 'Bush planed Irak « regime change » before becoming President', Sunday Herald, 15 septembre 2002. http://www.sundayherald.com.print27735.

[Note 9]  : Analyses de Douglas-Westwood Ldt. Entreprise de consultation de l'industrie de l'énergie, établie à Canterburry, Angleterre. Voir « Analyst claim early peak in world oil production », Oil a nd Gas Journal, 26 août 2002.

[Note 10]  : selon l'étude à laquelle nous nous référons, il y a 95 pays qui produisent du pétrole aujourd'hui, ils en ont produit dans le passé et continueront d'en produire dans le futur ; cependant 46 de ces pays, dont les Etats-Unis et la Russie, dépasseront d'ici 5 ans le niveau le plus haut de leurs réserves pétrolières, 10 autres pays, dont la Grande-Bretagne et la Malaisie, entament maintenant le déclin de leurs réserves, tandis que 12 autres (dont la Norvège et la Chine) atteindront leur point le plus haut très bientôt. Le reste des producteurs atteindront ce point dans les 20 prochaines années.

[Note 11]  : Klare, Michael. La geopolitica de la guerra, The Nation, 5 novembre 2001, reproduit par La Jornada, 6 novembre 2001, pp. 6-7.

[Note 12]  : C'est-à-dire, menacer la stratégie saoudienne de maintenir les prix de l'OPEP entre 22 et 28 dollars le baril. Don't mention the o-word, Irak's oil. The economist, 12 septembre 2002.

[Note 13]  : Pour y parvenir, les conglomérats nord-américains ont déjà conclu un accord sur le passage des concessions des gisements pétroliers avec le gouvernement de remplacement, probablement dirigé par Ahmed Chalabi, leader de l'opposition à l'étranger représenté au Congrès National Irakuien.

[Note 14]  : Selon les estimations de la compagnie Zarubezneft, petite entreprise étatique qui opère en Irak depuis la fin des années 60, 70 milliards de barils de pétrole, plus de la moitié des réserves Irakiennes totales, se trouvent dans des gisements pour lesquels les compagnies russes ont des accords avec Bagdad. Sabrina Tavernise, 'Threats and responses : Moscow's Pocketbook', The New York Time, 17 octobre 2002, et Simon Saradzhyan, "Russia's Interest in Irak is not Saddam", Moscow Times, 13 septembre 2002.

[Note 15]  : Le budget de l'Etat de Russie dépend des apports du pétrole à hauteur de 30%. Selon le ministre de l'énergie, Igor Yusupov, l'économie russe pourra se maintenir si les prix tombent jusqu'à 20/25 dollars le baril, et les dépenses publiques pourraient se maintenir au niveau prévu pour 2003 si les prix se situaient entre 20 et 21 dollars le baril. Pourtant, le Kremlin serait très affecté si les prix tombaient sous les 20 dollars le baril. Selon d'autres sources, le niveau le plus bas que la Russie pourrait supporter serait de 18 dollars le baril. Cependant, selon des déclarations du Département d'Etat nord-américain, les USA cherchent à ramener le prix du pétrole vers les 13 dollars le baril. Selon les prédiction de Mikhaïl Khodorkovsky, directeur de la coopérative russe de Yukos, les prix du pétrole après la guerre en Irak pourraient être de 14/16 dollars le baril dans le meilleur scénario et de 12/14 dans le pire. Cela veut dire que si les USA fixent le prix du pétrole à 13 dollars le baril, cela entraînerait la Russie à l'effondrement économique. "War in Irak : What's at Stake for Russia ?". Straffor, 22 novembre 2002.

[Note 16]  : Charles Recknagel, "Irak Moves To Euro", 1er novembre 2000, Radio Free Europe/Radio Liberty.

[Note 17]  : cité par Dann Morgan et David B. Ottaway, "War Could Unshackle Oil in Irak", Washington Post, 14 septembre 2002, p.A01.


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