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Présentation du bulletin 19

Ce bulletin est orienté autour de 2 thèmes : notre analyse des mouvements sociaux en France comme expression d'un début de reprise prolétarienne et notre intervention en leur sein d'une part, la poursuite du débat dans le camp prolétarien, d'autre part. Il va de soi que notre appréciation des luttes en France constitue fondamentalement, elle aussi, une contribution au débat au sein de ce camp prolétarien.

Nos lecteurs auront observé un retard dans la parution de ce bulletin par rapport au rythme des précédents. Il y a à cela plusieurs raisons. Il est vrai que, concevant notre travail comme un travail de fraction, nous ne nous sommes jamais donné comme priorité politique la régularité dans la parution de notre bulletin. Mais au-delà de cet aspect, la raison essentielle réside dans l'implication quotidienne de nos militants dans les luttes ouvrières qui se sont déroulées en France depuis plusieurs semaines et qui sont venues après une mobilisation, importante elle-aussi, à l'occasion des manifestations pacifistes lors de la guerre en Irak.

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, notre fraction n'a de cesse d'analyser et de mettre en évidence qu'une "nouvelle période" est ouverte, au sein de laquelle l'enjeu, guerre impérialiste ou révolution prolétarienne, revient au devant de la scène comme une donnée incontournable et permanente. Dès lors, la bataille entre les deux forces sociales porteuses de cet enjeu, la bourgeoisie portant la guerre, le prolétariat la révolution, ne trouvera plus de répit durable. Et les événements qui se sont déroulés ces derniers mois ne font que confirmer notre analyse.

Au niveau des tensions impérialistes, la rupture du blocage historique des années 1990 et la volonté clairement affichée de la part de la bourgeoisie mondiale de forcer la voie vers "sa" solution guerrière ne font que se confirmer jour après jour. A tous ceux qui osaient croire à la fin de la guerre en Irak, l'histoire vient d'apporter un cinglant démenti : le 12 juin dernier, les forces militaires américaines lançaient la plus importante opération militaire dans le nord de l'Irak depuis la prétendue "fin du conflit" il y a deux mois. Quant à l'Etat français il a remisé son "pacifisme" d'hier pour engager son offensive impérialiste en Afrique : après l'intervention en Côte d'Ivoire, c'est aujourd'hui contre la population congolaise qu'il tourne ses canons.

Nous ne développerons pas davantage ici sur ce plan. Toutefois nous renvoyons nos lecteurs aux publications, prises de positions et interventions des groupes de la Gauche communiste sur cette question, notamment au tract distribué par Le PCI-Le Prolétaire (1 ) à propos de l'intervention française au Congo.

Mais ce qui a marqué magistralement la situation de ces derniers mois, c'est le resurgissement d'une classe ouvrière combattante au premier plan de l'actualité, en particulier en France, cela après presque 14 ans de quasi-paix sociale. Rompant brutalement avec l'atmosphère d'unité nationale que la bourgeoisie avait voulu instaurer au moment de la guerre en Irak autour du soi-disant pacifisme de l'Etat français, des millions d'ouvriers ont commencé à militer pour la "grève générale", ont envahi les rues pour clamer leur refus du plan Fillon contre les retraites, ont multiplié les assemblées générales, ont proposé et discuté d'initiatives de luttes. Contre les syndicats qui, ouvertement, entravaient et sabotaient leur lutte, des ouvriers, certes minoritaires, rassemblés en petits groupes dans et sur les pourtours des manifestations ou dans les assemblées générales dénonçaient la "trahison". Pour la première fois depuis des années, la nécessité du combat pour la prise en mains des luttes par les ouvriers eux-mêmes a commencé à germer.

Et pour tous, il reste clair à l'heure où nous écrivons que si la combativité reste intacte après plusieurs mois de lutte (contrairement à des périodes où les ouvriers reprenaient le travail dans l'amertume) le gouvernement n'a cependant pas reculé d'un pouce. Aucune illusion sur les quelques miettes accordées aux enseignants, il faudra donc reprendre le combat où on l'a laissé. D'autant que la bourgeoisie est, elle aussi, contrainte de continuer les attaques ; les prochaines sont déjà programmées pour l’automne : elles vont porter sur la sécurité sociale.

Dans cette première expression de reprise de la lutte ouvrière, après celle des ouvriers en Argentine en 2001, les révolutionnaires se devaient d'être partie prenante, aux sein de leur classe. De la même manière ils ont la responsabilité irremplaçable de tirer les premières leçons en inscrivant ce moment de lutte dans le contexte changé de la nouvelle période.

Avec nos petits moyens, nous nous sommes attachés à cette tâche. C'est pourquoi nous publions dans ce bulletin le tract que nous diffusions jusqu'au 6 mai ainsi que le communiqué que nous avions destiné à l'origine aux groupes du milieu prolétarien et à quelques éléments proches mais dont nous avons été amené à élargir la distribution au vu de l'intérêt et de l'écho qu'il a suscité. Depuis le 16 juin, nous sommes en train de diffuser, dans la mesure de nos moyens, un deuxième tract qui tire les premières leçons à généraliser de cette mobilisation ouvrière (idem dans ce bulletin).

Dans un prochain bulletin, nous reviendrons sur cette situation et nous serons certainement amenés à prendre position sur l'analyse et l'intervention des groupes du milieu prolétarien. Mais d'ores et déjà nous ne pouvons que nous démarquer de l'intervention indifférentiste qu'a mené le CCI, ne reconnaissant pas le mouvement à son début pour finir par afficher un mépris hautain afin de justifier sa désertion pure et simple face à ce premier réveil prolétarien mais, fait plus grave, sa désertion quant à la défense des positions classiques de cette organisation en pareille situation. Nous publions donc une brève prise de position concernant le "Supplément" qu'il a édité.

Le deuxième axe essentiel de ce bulletin consiste en une série de textes relatifs au débat dans le camp prolétarien. Nous souhaitons poursuivre ce débat avec le plus large esprit d’ouverture et d’écoute tout en défendant les positions "classiques" du CCI dont nous nous revendiquons. Il nous paraît d’autant plus fondamental que la nouvelle situation que nous confrontons l’exige si nous voulons être ferment actifs dans la réflexion de notre classe et dans son combat. Nous poursuivons le débat avec le BIPR par une contribution sur la conception matérialiste de l’histoire. Nous ouvrons une réflexion sur la question de la compréhension de la période actuelle du capitalisme et sur la question de la décadence par un premier texte.

C'est également dans ce cadre que nous publions le texte du camarade T. (Mexique) "Contribution à la critique de la conception idéaliste du CCI", accompagné de notre lettre de réponse. Notons au passage que la critique du camarade T., pourtant écrite avant les grèves en France et qui s'appuie sur les prises de position de la presse du CCI sur la lutte ouvrière en Argentine de l'hiver 2001-02, se trouve en grande partie illustrée et confirmée par l'analyse et l'intervention du Courant en France au point qu'on pourrait croire qu'elle s'adresse à celle-ci.

Enfin, nous publions à titre informatif et pour mémoire le dernier échange de correspondance entre notre fraction et le CCI concernant notre nouvelle (et dernière en date) exclusion après celle de mars 2002 (!). Le CCI aura donc réussi l'exploit de nous exclure deux fois...

La Fraction (15/06/03).


Notes:

1. On pourra se procurer ce document en écrivant à : Editions Programme – 3, rue Basse Combalot, 69007 LYON (France).


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