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PRESENTATION DU BULLETIN 20

Dans le bulletin n°14 de la fraction, paru en novembre 2002, nous écrivions (1) :
"C’est donc bien une nouvelle période qui s’est ouverte avec les événements du 11 septembre. Une rupture s’est opérée dans la situation internationale. La bourgeoisie mondiale est contrainte de prendre la direction d’une marche à la guerre généralisée et d’engager ouvertement des politiques qui visent à préparer la société à cette échéance. "
Et nous poursuivions :
Cependant, au-delà des projets bellicistes de la classe dominante, la période que nous vivons se caractérise par une classe ouvrière non défaite, qui conserve toutes ses potentialités de lutte. De plus, cette période met en relief la convergence de deux facteurs essentiels : la crise et la guerre, convergence qui est à la fois source de prise de conscience et puissant stimulant de la lutte prolétarienne. Plus que jamais, dans la conscience et dans la pratique ouvrière, le lien entre les revendications économiques immédiates et les questions politiques se pose. "
Nous disions donc, voilà près d’un an, qu'en raison de l'aggravation sans précédent de la crise économique, d’une part, la bourgeoisie était entrée dans une phase où elle devait nécessairement marcher vers la guerre et que, d’autre part, elle devait le faire dans une situation où la classe n’était pas vaincue. Ce qui signifie que les luttes de la classe pour la défense de ses intérêts vitaux, c'est-à-dire la survie face au chômage et à l'aggravation de ses conditions de vie, allaient se situer dans un contexte dans lequel la guerre serait une donnée de plus en plus évidente.
Sans sombrer dans une euphorie béate, nous en concluions que la convergence entre ces deux aspects était porteuse de potentialités pour le prolétariat. Mais, pour que ces potentialités se concrétisent il faut que la classe puisse compter sur ses minorités révolutionnaires. Nous finissions donc notre texte sur cette question en disant :
… la guerre est une donnée centrale dans la situation, un péril que les révolutionnaires doivent ensemble dénoncer haut et fort face à leur classe. Mais ils doivent en même temps appeler celle-ci à assumer sa tâche historique, la révolution prolétarienne, parce que c’est la seule réponse à apporter au capitalisme qui est aujourd’hui plus que jamais générateur de misère et de mort.
Et parce qu’ils constituent les seuls pôles de référence et les seules forces de regroupement des énergies révolutionnaires conséquentes –de par leur tradition et leur expérience -, les groupes de la Gauche communiste sont les seuls à pouvoir prétendre être à la hauteur de ces responsabilités et mener le combat qui s’impose. "

I - Nous maintenons !

Depuis le moment où nous écrivions ces lignes dans le bulletin n°14, nous avons vu :
* l'accélération de la crise économique : récession aux USA et dans certains pays d'Europe, faillites et fermetures de secteurs industriels entiers… ;
* le déclenchement du conflit en Iraq par les forces US et quelques-uns de leur alliés d’hier ;
* l’opposition résolue de l’Allemagne et de la France à la politique dominatrice des USA, ce qui a produit l’émergence d’un ‘front’ Allemagne-France et donc un bouleversement des structurations impérialistes ;
* un mouvement de luttes ouvrières d’une ampleur et d’une profondeur que l’on ne connaissait plus depuis près de 15 ans. L’épicentre de ce mouvement naissant a été la France, mais de nombreux autres pays européens (notamment) ont été touchés (voir le bulletin n°19 où nous rendons compte de ces luttes).
Ces faits correspondent tout à fait à ce que nous développions voilà près d’un an.
Les menées guerrières ont bien pris ce tour particulièrement aigu que nous évoquions alors (et nous ne développons pas, ici, sur la situation israëlo-palestinienne ni sur les opérations impérialistes en Afrique, etc.) et l’émergence du noyau franco-allemand n’est pas autre chose qu’un pas en avant vers la bipolarisation impérialiste.
De son côté, la classe ouvrière ne peut pas rester inerte face aux attaques portées : après les signes avant-coureurs venus d’Argentine voilà un an et demi, elle a repris le chemin de la lutte pour la défense de ses intérêts. Il semble même que, reprenant l’ouvrage où elle l’avait laissé à la fin des années 1980, elle cherche à se donner les moyens de maîtriser ses luttes, à en prendre le contrôle.
La "nouvelle période" est bel et bien ouverte et il s’agit de voir si les minorités révolutionnaires pourront se hisser à la hauteur de leurs responsabilités.

II –Un bilan en demi-teintes

La classe ouvrière est donc au rendez-vous de l’histoire et, comme nous pouvions le prévoir, ses tâches sont immenses et ses difficultés nombreuses et bien réelles. Ce n’est pas le lieu de préciser ici ce que sont ces difficultés et ce que sont leurs causes. Nous y reviendrons dans un prochain bulletin.
Ce qui importe avant tout c’est de comprendre que cette période sera un test pour les groupes révolutionnaires, que certains se renforceront tandis que d’autres risquent bien d’être emportés. Car ce n’est pas la bataille finale qui se profile, ce n’est pas la marche à l’insurrection qui s’engage mais un affrontement important entre deux classes dans des conditions où les enjeux sont énormes et où il n’y aura ‘pas de cadeaux’, si l’on peut dire.
Nous avons déjà souligné, dans les bulletins précédents (et notamment dans le n°19) que le PCI et le BIPR s’étaient positionnés de façon globalement correcte, selon nous, que ce soit par rapport à la dénonciation de la guerre en février/mars dernier, ou que ce soit par rapport aux luttes ouvrières en avril/mai/juin. Ces camarades ont su discerner les forces en présence et affirmer les positions fondamentales du prolétariat. Cependant, au-delà de ce positionnement ils manifestent, à notre avis, beaucoup de réticences quant à la caractérisation de la période actuelle. Il ne suffit pas de constater les phénomènes quand ils se manifestent. Il faut encore, pour remplir son rôle d’avant-garde, pousser l’analyse jusqu’au point où l’on est en mesure de donner des perspectives au prolétariat. Jusqu’à ce que l’on soit capable d’indiquer à notre classe ce que seront les prochains pas que devra NECESSAIREMENT franchir la bourgeoisie et comment on peut s’y opposer. C’est ce que notre classe attend de nous, c’est ce que nous lui DEVONS en tant que minorité communiste.
C’est pourquoi il nous semble nécessaire et vital que le débat, la confrontation des points de vue, s’expriment le plus largement au sein de ce que nous continuons d’appeler le camp prolétarien. C'est de ce débat et de cette confrontation, ouverts et face à la classe, que les positions justes émergeront.
Le débat, la confrontation des points de vue, voilà à quoi notre bulletin entend participer de toutes ses forces.

III – Mais que fait le CCI ?

Nous avions relevé dans plusieurs de nos bulletins déjà que le CCI n’avait rien compris à ce qui se passait en Argentine puis à la dynamique qui se faisait jour avec le déclenchement de la guerre d’Iraq et enfin aux luttes en France (et, au-delà, en Europe) ce printemps. Sur tous les sujets importants de ces deux dernières années le CCI a manifesté à la fois :
* une incapacité à comprendre le changement de situation en général et à en dégager tous les indices (par exemple la signification des élections en France, Allemagne, etc.) ;
* un mépris hautain pour les luttes, comme en Argentine ;
* une hésitation criminelle à s’impliquer pour dénoncer la guerre impérialiste et l’idéologie qui la sous-tend, le pacifisme (voir à ce propos le texte de Trotsky que nous publions ci-après) ;
* sa désertion du combat ouvrier, comme dans les luttes du printemps en France.
Dans ce dernier cas, il a poussé le bouchon encore plus loin puisque, non content de regarder du haut de son balcon les luttes qui se déroulaient ‘devant chez lui’, il n’a pas hésité à cracher dessus et, en appelant les ouvriers à ne pas participer au mouvement (puisque ce n'était qu'une manœuvre de la bourgeoisie, il s’est objectivement conduit en véritable briseur de grève.
Nous renvoyons les camarades au texte ci-après de la Revue Internationale n°20 du CCI, publiée en 1980. Chacun pourra constater ce qu’était alors la conception de l’intervention dans les luttes et du rôle des révolutionnaires par rapport à leur classe. Quant à nous, c’est à cette conception que nous restons fidèles !
Enfin, nous voulons attirer l’attention des lecteurs sur le texte (2ème partie) sur la décadence et l’enracinement profond de cette conception dans le mouvement ouvrier. C’est parce qu’il défendait la vision de la décadence que le CCI pouvait alors développer son analyse et enrichir son 'bagage politique'. Aujourd’hui, le développement délirant de la notion de 'décomposition' l’entraîne vers le néant, le fatalisme démobilisateur de la non-intervention et, pire encore, le fait qu’il prétende faire découler cette innovation ‘pathogène’ de la position prolétarienne de la décadence risque de porter un coup fatal à cette dernière et, du même coup, à l’arsenal politique et théorique du prolétariat. Nous revendiquons haut et clair cette notion de décadence contre sa déformation par les 'décompositionnistes' liquidateurs du CCI. (3/08/2003)


Notes:

1 . Texte intitulé Situation internationale : une nouvelle période s’ouvre. Bulletin 14.


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