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SITUATION INTERNATIONALE
La reprise internationale des luttes ouvrières

"Pour nous, tous ces éléments [les grèves et manifestations ouvrières de mai-juin 2003 en France] indiquent clairement que la classe ouvrière est engagée dans une nouvelle dynamique de reprise des luttes et qu'elle est en train de sortir de la période de recul qu'elle connaît depuis près de 15 ans" (Bulletin 19, Communiqué à propos des luttes sociales en France, 31/05/03)

De tout temps, une des tâches des communistes a été d'affirmer le plus clairement possible les perspectives générales des situations historiques. Il leur appartient de se prononcer sans ambiguïté, de manière la plus tranchée possible, sur l'état du rapport de forces entre les deux principales classes sociales de la société capitaliste et surtout, de présenter face à la classe ouvrière et face aux autres forces révolutionnaires, ouvertement, le plus clairement possible, les orientations d'intervention et de lutte. Les révolutionnaires ne peuvent se contenter d'être des commentateurs empiriques des événements s'ils veulent assumer les tâches d'une réelle "avant-garde" politique, lutter pour être une réelle "direction" politique. Analyser la situation et se prononcer sur ses tendances de fond, sur sa dynamique centrale, sur son cours et donc sur les perspectives des situations rencontrées, est une tâche centrale des organisations communistes.

Pour notre part aujourd'hui, et en cela nous reprenons la tradition de toujours du CCI, c'est sans ambiguïté que nous affirmons que la classe ouvrière reprend le chemin des luttes après 15 ans de recul. Même lorsque nous étions soumis à un processus d'exclusion de notre propre organisation (1) qui visait à nous démoraliser et à nous détruire comme militant et qui, donc, prenait une bonne part de notre énergie, nous avons tenu à assumer cette responsabilité, définir la dynamique et les perspectives ouvertes par la nouvelle situation consécutive aux attentats du 11 septembre 2001 à New-York, le cours du rapport de forces entres les deux classes déterminantes de la société capitaliste. En pleine crise organisationnelle et militante, et au milieu des moqueries, des quolibets de nos camarades, et des insultes de certains, dans les dernières réunions (réunion du Bureau international de janvier 2002 2) auxquelles nous étions exceptionnellement "invités" à participer, nous affirmions que les réactions ouvrières de l'hiver 2001-2002 en Argentine, malgré leurs limites, annonçaient cette reprise internationale des luttes (3). Depuis, les grèves de mai-juin 2003 en France sont venues confirmer et réaliser cette perspective. La dynamique actuelle est à la reprise des luttes ouvrières.

D'autres forces révolutionnaires, à partir de leurs propres positions et analyses, ont elles aussi su reconnaître la réalité de cette reprise. Le mouvement de luttes en France "peut être considéré comme la reprise de la lutte de la part des ouvriers au moins sur le plan économique" et "les grèves montrent que le temps de la paix sociale est dépassé aussi en Autriche (Revolutionary Perspectives 29, publication de la Comunist Workers Organisation-BIPR, numéro d'été 2003, traduit par nous). Dans un article sur les grèves en France appelant à "se préparer aux luttes futures !", le journal du PCInt-Programme communiste-Le Prolétaire 468 d'août 2003, affirme que "l'avenir est celui des affrontements de classes toujours plus aigus et plus larges". Pour ce qui est du CCI, nous invitons nos lecteurs à lire notre prise de position spécifique sur sa presse, à vrai dire ses presses, dans ce même numéro de notre bulletin (4).

Depuis lors, l'affirmation de l'existence d'une reprise internationale des luttes ouvrières s’est vérifiée largement. Les derniers mois ont connu de nouvelles manifestations de luttes ouvrières particulièrement significatives. La grève d'octobre 2003 dans la poste britannique et les grèves dans les transports urbains de décembre 2003-janvier 2004 en Italie sont les expressions les plus claires de cette reprise après les luttes du printemps en France.

Quelles sont les caractéristiques de ces luttes ouvrières ?

En premier lieu, ces luttes se sont développées alors que la guerre continue en Irak et elles se sont déroulées dans deux pays dont les bourgeoisies ont directement participé à l'invasion du pays et participent toujours aujourd'hui à son occupation militaire. C'est-à-dire dans deux pays où les campagnes idéologiques et de propagande sur l'unité nationale en période de guerre sont toujours d'actualité. Est-il besoin de rappeler ici que les grèves en France avaient éclaté à peine quelques semaines après la fin "officielle" de la guerre et après les énormes manifestations pacifistes qui appuyaient la politique anti-américaine du gouvernement français ? Le développement de luttes ouvrières, le refus des sacrifices au nom des intérêts de la nation, du pays, de l'entreprise, tend toujours à déchirer le voile de la soi-disant unité nationale et de la soi-disant disparition de la lutte des classes. Cette tendance au rejet concret, dans les faits, de l'union nationale en période d'intervention militaire est un premier élément, important, qui donne déjà une indication du processus qui a cours au sein de la classe ouvrière internationale, de la dynamique actuelle dans la situation.

De même ces luttes en Grande-Bretagne et en Italie se sont déroulées juste quelques mois après les grèves du printemps français. Cette quasi-continuité s'est exprimée aussi dans le développement de la combativité dans d'autres pays. Les luttes en France avaient été accompagnées au même moment de mobilisations importantes, même si moins significatives, en Autriche (contre les attaques sur les retraites), en Allemagne (métallurgie), en Italie (5). Les luttes de Grande-Bretagne et d'Italie de l'hiver ont été accompagnées de mobilisations ouvrières, elles aussi moins significatives mais non moins réelles, en Espagne (chantiers navals en décembre), au Portugal (fonction publique le 23 janvier), en Allemagne (métallurgie le 30 janvier), en Suède et au Danemark (transport aérien et aéroport 29 et 30 janvier), en Grèce (fonction publique le 3 novembre), en Israël (début novembre), Autriche (cheminots et postiers le 12 novembre), aux Etats-Unis (6)...

Pour la majorité d'entre elles, ces mobilisations se sont développées pour des augmentations de salaires et contre la détérioration des conditions de travail telles que les suppressions d'emplois et l'augmentation des cadences et de la charge de travail. Alors qu'au printemps, les grèves autrichiennes et françaises rejetaient les attaques contre les retraites. Seule la lutte de la métallurgie allemande était alors sur le terrain salarial.

La réalité de ces expressions nouvelles de combativité et de luttes est confirmée a contrario par le silence, le black-out, la censure des médias internationaux. Toutes ces luttes, comme celles du printemps, ont été largement passées sous silence par l'ensemble de la presse des autres pays. Ce n'est que lors de la reprise du travail des postiers britannique que le journal français Le Monde publie un article sur la grève. Il en est allé de même pour la lutte des traminots italiens. Nous allons donc revenir sur les éléments concrets que nous avons pu regrouper afin que tout lecteur puisse d'abord avoir quelques éléments d'appréciation sur les deux luttes les plus significatives et leur dynamique respective.

La grève à la poste en Grande-Bretagne

"La grève a éclaté il y a une dizaine de jours, à la suite d'un incident bénin : la découverte de deux gros rats morts dans les toilettes d'un dépôt" (Le Monde, 3/11/03). En fait, "l'action a commencé le 17 octobre avec la mise à pied de 16 chauffeurs de Southall, Londres, après qu'ils aient refusé [de faire une tournée supplémentaire car] cela ne faisait pas partie de leur travail. Le travail a été transféré au centre voisin de Greenford où les travailleurs ont refusé de le prendre. Ils ont aussi été suspendus" (The Guardian, 3/11/03).

En septembre avait eu lieu un vote syndical dans l'entreprise pour engager une grève "légale" sur des revendications salariales et de conditions de travail. Sur 100 000 votants - et 40% d'abstentions -, la grève avait été repoussée par une faible majorité de 2000. Malgré ce vote et malgré les syndicats, expression de forte combativité et désaveu des syndicats, la grève a éclaté un mois plus tard et s'est très rapidement étendue de Londres à l'ensemble du pays s'unifiant sur les questions de salaire et sur les conditions de travail (suppression de tournées de facteur). Après le référendum de septembre, elle ne pouvait qu'être illégale et la direction de la Poste Royale a été très claire sur l'action des syndicats : "Le syndicat nous dit qu'il désavoue la grève sauvage. Qu'il nous le prouve en travaillant avec nous à ce que ses membres retournent au travail" (idem, 24/10/03). Même si le syndicalisme de base a été très présent dans la lutte, il n'en reste pas moins que la grève est partie de manière "spontanée", c'est-à-dire sur l'initiative des ouvriers eux-mêmes un mois à peine après l'organisation du référendum.

"20 000 travailleurs de la poste sont en grève sauvage (...). C'est la vague de grève illégale la plus sérieuse qu'ait connue la Poste Royale en dix ans" (idem, 30/10/03, souligne par nous). "Les travailleurs à Swindon, à Slough et Gravesend ont rejoint aujourd'hui la grève sauvage faisant monter le chiffre de postiers en grève dans le pays à plus de 20 000. L'action qui a commencé à Londres-Ouest il y a deux semaines, s'est étendue chaque jour (à) Maidstone, Essex, Milton, Keynes, Conventry, Oxford, Portsmouth, Warringthon, Rugby, et à l'aéroport de Stansted (...)" (idem, 31/10/03). "A son plus haut, plus de 25 000 employés ont fait grève à Londres, et en Essex, Kent, Hampshire, Buckinghamshire, Bershire, Oxfordshire, Wiltshire, Staffordshire, Cheshire et Lanarkshire" (idem, 4/11/03).

La grève s'arrête le 3 novembre suite à un accord entre le CWU et la direction. . La direction "accepte" de suspendre les mesures de réorganisation des services et de suppression de la deuxième tournée de distribution du courrier et retire les sanctions contre les grèvistes. Par contre, les revendications sur les salaires et sur les primes (qui ne "concernaient" que les postiers de Londres) ne sont pas satisfaites. Il est évident que les gains de cette grève sont surtout sur le plan politique, en particulier dans l'expérience acquise et le moral retrouvé aussi bien pour l'ensemble de la classe ouvrière britannique que pour les postiers eux-mêmes, ne serait-ce qu'au plan de leur relation quotidienne avec les petits chefs.

Il convient de relever l'inquiétude de la bourgeoisie devant le resurgissement des grèves non maîtrisées par les syndicats. "Vers un retour des grèves sauvages ?" a titré et s'est inquiétée la presse.

Au moment où la grève des postiers prenait fin, "les pompiers se sont mis en grève illégale" pour le respect de l'accord obtenu après la lutte, longue de plusieurs mois, d'avant l'été. "La récente grève illégale de la poste a inspiré certaines des actions spontanées des pompiers (...). Ce qu'ont fait les postiers doit avoir eu quelques effets sur les sentiments des pompiers (...). Ce qu'ont fait les postiers a montré la grande solidarité qu'il y avait et qui pouvait être obtenue" (site Internet de la BBC, 4/11/03, souligné par nous). "L'action a commencé la nuit dernière à Norfolk et, selon la Presse Association, s'est aujourd'hui étendue à l'Ecosse, au Derbyshire, Wiltshire, Humberside, Norfolk, South Yorkshire et le Nottinghamshire" (The Guardian, mardi 4 novembre 2003).

Nous pouvons relever un certain nombre de caractéristiques de ces mobilisations ouvrières :

- une forte combativité exprimée dans l'éclatement de la grève malgré le référendum syndical, la durée de la mobilisation et avec la "relance" des pompiers dans la grève après leur première expérience d'avant l'été ;

- le caractère "sauvage", illégal des grèves qui passent outre les consignes et accords syndicaux et les lois en vigueur, exprime une dynamique de confrontation avec les syndicats ;

- une tendance immédiate à l'action simultanée, voire étendue, dans la corporation (les postiers) mais aussi au-delà (les pompiers) avec des expressions concrètes de solidarité entre secteurs ;

- la capacité de différents secteurs de la classe ouvrière à se reconnaître dans la lutte d'un secteur particulièrement en pointe, ici les postiers, coeur et moteur de la mobilisation, et donc d'un possible développement plus large de la lutte (que cela ne se soit pas réalisé n'enlève rien à cette caractéristique) ;

- la dynamique du mouvement sur plusieurs semaines avec des moments forts, des moments plus calmes, des relances, etc. malgré et contre les pressions de toute nature.

L'ensemble de la bourgeoisie, Etat, partis, médias, dénoncent les grévistes et leur irresponsabilité, les traitant de voyous et de lumpens, utilise la répression (enregistrement vidéos des piquets de grève, fichage des ouvriers les plus combatifs , suspension-mise à pied de nombreux grévistes, menaces de licenciements et de poursuites judiciaires).

Les grèves de l'hiver en Italie

De la même manière que pour les grèves en Grande-Bretagne, la presse bourgeoise des autres pays a gardé un silence quasi-complet sur les différentes mobilisations ouvrières en Italie. Nous reprenons donc ici les dépêches de l'Agence France Presse (AFP) qui n'ont pas été reprises par la presse internationale.

"La compagnie aérienne italienne Alitalia a été contrainte d'annuler 80 vols nationaux et internationaux (...) en raison d'un mouvement social surprise du personnel. (...). Ce n'est pas la première fois depuis le mois de décembre que les règles sur le préavis ou le service minimum sont enfreintes. Lundi dernier, les villes de Turin et Brescia, dans le nord, ont été totalement privées de transport en commun et le 1e décembre, la ville de Milan avait été pratiquement paralysée par une grève à outrance des traminots" (Agence France Presse, 17/12/03). "La grève sauvage dans les transports en commun de plusieurs grandes villes italiennes s'est poursuivie lundi, en dépit de la menace dimanche du ministre de l'Intérieur, Giuseppe Pisanu, de sévir contre les grévistes (...). Les grévistes refusent l'accord signé samedi à Rome entre les trois principales organisations syndicales et les représentants du gouvernement et des sociétés de transport. L'accord (...) a été rejeté par une partie des employés et, fait sans précédent depuis plus de dix ans, la législation sur le service minimum et le préavis a été violée à plusieurs reprises" (AFP, 22/12/03, souligné par nous).

Confirmant la profondeur de la combativité déjà exprimée en France et Grande-Bretagne, la mobilisation sauvage, illégale, en Italie ne se dément pas durant plus d'un mois à partir du 1e décembre. Et cela malgré la signature par les syndicats d'un accord sur une augmentation salariale mi-décembre.

"Hier [8 janvier], ce sont les transports aériens qui ont été durement perturbés par une grève de huit heures (...). Autre front effervescent : les transports urbains. Les COBAS (syndicats autonomes) dénoncent l'accord social conclu en décembre par le gouvernement avec les centrales ouvrières (...). Toute la question est de savoir si les grévistes respecteront le code de conduite leur imposant d'assurer un service minimal ou prendront à nouveau les usagers en otages, comme cela s'était déjà produit en décembre à Milan, lors de la pire journée de chaos qu'ait connue la capitale lombarde. Des négociations de la dernière minute se déroulaient hier au sein des sociétés municipales de transports. Si le compromis ne devait pas satisfaire une «base» très militante, il ne resterait plus aux préfets qu'à ordonner des réquisitions" (Le Figaro, journal français, 9/01/04)

"La ville de Milan, capitale économique de l'Italie, a été paralysée lundi matin par une grève sauvage des employés des transports (...). Le mouvement est suivi à 100% (...). Les COBAS ont indiqué qu'ils n'étaient pas à l'origine du nouveau mouvement (...). Les trois principaux syndicats CGIL, CISL et UIL (...) ont signé fin décembre un accord au niveau national portant sur une augmentation de salaire mensuelle de 81 euros alors que la revendication initiale était de 106 euros" (AFP, 12/01/04). "Une nouvelle grève sauvage partielle a été organisée mardi dans les transports locaux à Milan (...). Milan avait déjà été paralysée le 1e décembre par une grève sauvage, les trois grands syndicats nationaux ayant alors été débordés par leur base. Depuis le mouvement s'était répété, plus ou moins suivi, jusqu'à lundi où la grève sauvage a complètement paralysé la capitale économique de l'Italie " (AFP, 13/01/04). "Tous les transports en commun de Milan ont circulé normalement mercredi matin après deux jours de grève sans préavis (...). Une grève sans préavis a d'ailleurs eu lieu mercredi matin à Bologne mais le préfet a aussitôt réquisitionné le personnel et les moyens de transports ont recommencé à circuler après une interruption de deux heures". (AFP, 14/01/04 )

De nouveau, la mobilisation ouvrière en Italie manifeste le même type de caractéristiques que les grèves en Grande-Bretagne. Si l'on se fie aux informations ci-dessus, on constate que celle-ci, commencée dès le 1e décembre, dure presque deux mois. Là-aussi la durée exprime à la fois une très forte combativité et un rejet des consignes et des accords signés par les syndicats. Le caractère sauvage, illégal des débrayages, qui est répété tout au long de cette période, vient encore manifester la volonté de passer outre les mots d'ordre syndicaux, la légalité bourgeoise, et les menaces de répression. "Les traminots enseignent qu'on peut et qu'on doit se passer des syndicats" (Battaglia Comunista de janvier 2003, traduit par nous de l'italien).

Dans les deux cas, ce sont les ouvriers qui prennent l'initiative de la lutte et qui choisissent les moyens et les formes de celle-ci. "Les traminots milanais (...) se sont de fait organisés dans leurs assemblées de dépôt" (idem).

La tendance à la confrontation aux syndicats s'affirme de nouveau dans le rejet des accords signés par les syndicats et dans l'entrée en lutte malgré ces derniers et sur le terrain et les revendications choisies par les ouvriers.

Se sont exprimées aussi l'extension de la lutte à plusieurs villes, même si pour l'essentiel c'est resté dans la même corporation, et la simultanéité "Alitalia, travailleurs du commerce, TNT à Mirafiori" (idem) - et la solidarité avec quelques autres secteurs. "Nous saluons la solidarité que les traminots ont exprimée, à Milan, aux travailleurs du commerce en les rencontrant hors de Rinascente. C'est un pas nécessaire, mais il faut aller de l'avant" (Manifesto sulle lotte dei tranvieri e altri - Dicembre 2003, BC de janvier 2004).

Enfin, de nouveau, la poursuite du mouvement, au moins un mois et demi du 1e décembre à la mi-janvier, de la mobilisation, de la tension et de l'attention ouvrières, avec des moments forts, des moments plus calmes, puis des relances subites de l'action ouvrière vient affirmer la combativité et la volonté de lutte des ouvriers face et contre les mots d'ordre et accords syndicaux, les menaces de répression et les campagnes médiatiques, face et contre la loi bourgeoise.

Deux moments dans la mobilisation italienne ?

On peut relever deux moments principaux dans la dynamique de la lutte en Italie. Dans un premier moment, début décembre jusqu'aux fêtes de fin d'année, la dynamique de lutte s'impose tant parmi les transports urbains de différentes villes parmi les plus importantes d'Italie que dans d'autres secteurs. L'accord signé vendredi 19 décembre entre les syndicats, le gouvernement et les sociétés de transport et les menaces de répression, (réquisition, menaces de licenciements, campagne médiatique ordurière contre les grévistes là-aussi traités de voyous, de preneurs d'otages, etc...) ne réussissent pas à éteindre la combativité et la dynamique de lutte. La période de fêtes marque un répit, mais la lutte reprend de plus belle dès le début janvier.

Ce n'est que dans ce deuxième moment, alors que les grandes centrales syndicales apparaissent complètement hors-jeu, que le syndicalisme de base est mis en avant avec les COBAS qui dénoncent l'accord signé fin décembre. Malgré cela, le 12 janvier encore, "le mouvement est suivi à 100% (...). Les COBAS ont indiqué qu'ils n'étaient pas à l'origine du nouveau mouvement (...)" ce qui indique à la fois que les COBAS eux-mêmes ne contrôlent pas encore complètement le mouvement, mais qu'ils se placent au premier plan pour le faire. Effectivement, deux jours plus tard la grève s'arrête devant les menaces de répression et la réquisition effective des ouvriers à Bologne que, maintenant, la bourgeoisie réussit à imposer. Autant les menaces répressives et l'action des syndicats traditionnels n'ont aucun effet en décembre, autant l'action des COBAS et la répression réussissent à imposer la fin de la grève en janvier.

Une fois le réajustement syndical opéré avec la mise au premier plan des COBAS, en janvier, on peut penser que la dynamique d'extension venant des traminots milanais était alors bloquée et qu'elle ne pouvait se réaliser, s'il était encore possible de le faire (ce qui nous est difficile d'apprécier à partir des éléments que nous avons), qu'à partir d'autres secteurs ou d'autres villes.

Il apparaît donc, nous semble-t-il "de loin", que les ouvriers milanais des transports étaient au coeur et le moteur principal de la mobilisation et de la tension sociale. Il leur appartenait, à eux particulièrement, d'appeler les autres secteurs et les autres villes à les rejoindre dans la lutte unie.

Sans préjuger de l'analyse détaillée des camarades du BIPR en Italie, ils semblent eux-aussi reconnaître et souligner le rôle central et dynamique, actif, qu'ont joué les traminots milanais, comme foyer principal du combat ouvrier. D'abord au niveau de l'appel à la lutte de tous les secteurs que constitue leur action, comme référence, comme point d'appui, comme facteur de mobilisation et d'entraînement dans la lutte : "Il est donc évident qu'existent les raisons concrètes d'un élargissement de la lutte. Celle des traminots est donc un exemple qui attend d'être suivi par des millions de travailleurs en défense des postes de travail et pour des salaires dignes" (BC janvier 2004). Mais sans doute plus important encore, à nos yeux en tout cas, les camarades du PCInt-Battaglia communista sont capables de présenter à la classe ouvrière les enjeux politiques en terme de rapport de forces entre prolétariat et bourgeoisie, en terme dynamique, en situant la signification de la lutte des traminots milanais et de l'écho qu'elle rencontre, pour l'ensemble de la classe ouvrière. "La lutte qui a eu le plus grand écho, celle des cheminots, est aussi la plus délicate : avec elle se joue le destin des accords nationaux, le rapport entre les syndicats et la force de travail, et la capacité des travailleurs à se défendre contre les attaques toujours plus violentes de la bourgeoisie." (idem).

Il nous apparaît donc, à nous-aussi, que les révolutionnaires devaient s'appuyer dans un premier temps sur la lutte des traminots, milanais au premier chef, pour appeler ceux-ci à assumer consciemment leur fonction d'avant-garde de la lutte en appelant tous les autres secteurs à les rejoindre. C'est, au vu des documents en notre possession, et comme nous allons le voir par la suite, l'orientation qu'a adoptée le PCI-Battaglia Comunista et qu'il a essayé de défendre le plus massivement possible dans ses différentes interventions en Italie.

Les caractéristiques de la dynamique de la reprise internationale des luttes

Les deux mobilisations, britannique et italienne, présentent de grandes similitudes. Certes la mobilisation italienne a affirmé un certain nombre de caractéristiques et de tendances avec plus de force, de manière plus marquée, que la mobilisation autour de la grève des postiers britanniques. Mais la dynamique même des événements est semblable. Dans le contexte d'un mécontentement croissant, en particulier autour de la question salariale, un secteur a pris l'initiative de la lutte contre les accords et mots d'ordre syndicaux ; de manière "sauvage", c'est-à-dire illégale, en ne respectant pas la loi bourgeoise ; la grève s'est étendue dans le secteur très rapidement ; celle-ci a tendu à rencontrer un écho massif dans l'ensemble de la classe ouvrière avec des manifestations de solidarité d'autres secteurs allant même jusqu'à la grève ; dans les deux cas, les revendications principales n'étaient pas corporatistes mais bel et bien unitaires dans lesquelles l'ensemble des autres catégories d'ouvriers se sont reconnues ; la tenue de piquets de grève et d'assemblées massives par les postiers anglais est mentionnée par la publication anglaise du CCI, World Revolution 269, la tendance à lutter et à s'organiser hors et contre les syndicats est présente dans les deux cas ; enfin, la durée relativement longue des deux mouvements et l'aspect "non-linéaire" de la mobilisation, avec des temps forts et des temps faibles suivis de relance de la lutte, manifeste plus qu'une combativité non-démentie, mais un refus, une lutte contre les échéances, le "timing", contre le rythme et les terrains (échéances des négociations ou des votes syndicaux, préavis légaux de grève, menace de répression) qu'a essayé d'imprimer la bourgeoisie, gouvernement et syndicats. Ces caractéristiques manifestent bien une tendance dans la classe ouvrière à lutter pour prendre et garder l'initiative de la lutte, sa maîtrise et, à la fois - ce qui n'a pas toujours été le cas dans le passé (7) -, à développer son extension et son unité.

En fait, il apparaît même que la lutte italienne - qui commence juste quand l'autre se termine - vient reprendre et développer la lutte des postiers et pompiers britanniques en poussant plus loin les expériences d'extension, d'organisation, et d'affirmation des intérêts ouvriers contre les syndicats et la légalité bourgeoisie.

Ces caractéristiques ne sont pas sans rappeler les principaux traits de la lutte ouvrière en France de mai-juin 2003 (8). Certes la dynamique même des événements, les conditions mêmes de la lutte, étaient différentes. L'ampleur de l'attaque sur les retraites contre l'ensemble de la classe ouvrière, et tout spécialement contre le secteur étatisé, public, a d'entrée "résolu" la question de l'extension puisqu'il était clair pour tous qu'il fallait "réagir tous ensemble" contre la même attaque. Mais les traits que nous venons de relever sont assez semblables :

- forte combativité ouvrière qui s'exprime dans la persistance déterminée du mouvement et dans le rejet des mots d'ordre et consignes syndicales ;

- rôle central, moteur, comme facteur actif, d'un secteur particulier, les professeurs en France, au coeur du mouvement, cristallisant la dynamique même de la lutte de tous les secteurs ;

- dynamique à l'extension et à l'unité de la lutte au travers de revendications unitaires et de délégations aux autres secteurs ;

- tendance à l'organisation de la lutte au service de son élargissement et de son unité et pour la maîtrise des décisions ;

- rejet ouvert, conscient, revendiqué, des mots d'ordre syndicaux et affirmation des revendications et des méthodes de luttes indépendamment et contre les syndicats ;

- affirmation de la dimension politique du combat contre l'Etat dans l'affirmation de la lutte contre les lois et la répression bourgeoises.

En fait, toutes ces caractéristiques et la persistance des mobilisations ainsi que leur aspect "non-linéaire", fait d'avancées et de reculs, de moments d'intenses mobilisations, puis de calmes relatifs, avant de rebondir subitement - c'est aussi une caractéristique de ce qui s'est passé en France dès la fin avril jusqu'à la mi-juin -, expriment à un niveau très minime, en germe, la dynamique présente dans la situation historique actuelle vers ce que Rosa Luxemburg a défini comme la grève de masse, puis après elle, Trotski (son livre 1905), Anton Pannekoek dans le débat sur la grève de masse au sein de la social-démocratie allemande, débat et positions que Lénine reprend à son compte et salue dans L'Etat et la révolution.

La compréhension des groupes communistes et leur intervention

Nous avons vu que le BIPR et le PCI-Le Prolétaire avaient su reconnaître la dynamique vers la reprise de la lutte ouvrière. Quand nous disons qu'ils ont su analyser correctement la situation générale et les luttes ouvrières au niveau immédiat, leur signification et leur dynamique, cela ne veut pas dire que nous partageons en tout point, dans tous les aspects, cette analyse et leur intervention. Mais cela veut dire qu'à partir de leurs propres positions et analyses, ils ont été capables de s'inscrire à l'avant-garde du combat, qu'ils ont assumé le rôle actif de direction politique, en relation à leurs forces militantes, dans le combat ouvrier. Cela veut dire qu'ils ont su être au plan politique et au plan militant l'avant-garde politique du prolétariat tant au plan historique qu'au plan immédiat. Cela veut dire aussi que, lors des grèves italiennes, nous nous serions retrouvés au coude à coude dans les grèves, dans les assemblées, dans les manifestations de rue, du même côté de la barricade, sans doute avec les mêmes mots d'ordre, ou en tout cas poussant dans la même direction. C'est de fait ce qui s'est passé en France puisque le BIPR, le PCI-Le Prolétaire (9) et notre fraction sont intervenus dans le même sens dans les luttes en France de mai-juin avec la même orientation générale, le même mot d'ordre : la prise en main de la lutte.

Non seulement ces deux courants politiques avaient su prendre en compte, justement, l'impact historique des attentats du 11 septembre, mais aussi reconnaître dans les événements argentins de 2001-2002 une expression claire de lutte ouvrière (tout en y soulignant les limites). Les deux groupes cités auparavant, en fonction de leurs forces militantes, sont intervenus tout à fait correctement lors des grèves françaises du printemps 2003, en mettant en avant autour du 20 mai le mot d'ordre de prise en main par les travailleurs de leur lutte - rappelons au passage qu'au même moment le CCI appelait à la reprise du travail (cf. Le Prolétaire 470 et notre bulletin 22) !

Nous avons vu précédemment l'analyse globale qu'avait fait le PCInt-Battaglia Comunista des luttes italiennes et qui nous apparaît globalement juste. Nous ne connaissons pas la position de la section italienne, Il Comunista, du PCI-Programme communiste. Par contre, il est intéressant de relever et de citer quelques extraits de l'intervention réalisée par un autre groupe bordiguiste, N+1 :

"Les ouvriers des transports ont mené une lutte magnifique (...). Il s'agit d'une grève catégorielle, mais elle s'est élevée au rang d'une lutte de classe à partir du moment où elle a déchaîné la haine féroce de la bourgeoisie et la solidarité enthousiaste des autres travailleurs (...). Cette lutte, en effet, va maintenant au-delà des questions spécifiques du secteur des transports. Elle pose la question des conditions de tous les prolétaires (...). Affirmer que la lutte des traminots est celle de tous les prolétaires n'est pas un lieu commun, mais une constatation sur la base des conditions matérielles de vie. Elle a donné lieu à des phénomènes importants d'auto-organisation qui ne sont pas du spontanéisme mais une force consciente" (N+1, 15/1/04, souligné par nous).

Une fois de plus, il nous semble que cette appréciation du mouvement, même si elle se situe dans le cadre des positions bordiguistes, s'inscrit dans la dynamique générale qui voit différentes forces communistes, pour l'essentiel toutes directement liées à la Gauche italienne et au PCI constitué en 1943-1945, être capables de reconnaître les expressions réelles de luttes ouvrières et d'en tirer les leçons principales. Malheureusement, cette prise de position datée du 15 janvier, donc à la fin du mouvement, ne donne pas d'orientation particulière à la lutte. Nous ne savons pas si ce groupe est intervenu directement au moment même de la lutte et a pu ainsi proposer, avancer, des perspectives et des orientations (10).

Mais c'est surtout l'intervention de Battaglia  Comunista que nous voulons saluer et appuyer. De toute évidence, à la lecture de sa presse et de son site Internet, cette organisation s'est largement mobilisée à cette occasion et a développé une intervention, en particulier par voie de tracts, massive et politiquement conséquente. Outre l'analyse de la lutte dont nous partageons les grandes lignes telles qu'elles apparaissent dans la presse (et malgré nos insuffisances dans la maîtrise de la langue italienne), les orientations que cette organisation a mises en avant nous apparaissent tout à fait justes et correspondre aux besoins de la lutte.

Après avoir mis en avant des nécessités allant dans le sens des revendications concrètes et unitaires comme le refus de l'accord gouvernement-syndicats, le PCInt met en avant les mots d'ordre suivants :

"Les expériences des grèves soi-disant sauvages disent que :

- les travailleurs peuvent s'organiser hors et si nécessaire contre les syndicats pour l'organisation de leurs propres luttes ;

- les organisations de lutte que les travailleurs se donnent peuvent se coordonner à un niveau territorial et ensuite national pour concentrer le maximum de la force ;

- surtout on peut coordonner les luttes de différentes catégories entre elles (...).

Il faut créer des organismes basés sur les assemblées ouvertes sur les lieux de travail et composés de délégués élus et révocables des assemblées des différents lieux de travail et des différentes catégories. Ceux-ci seront les seuls organismes qui pourront se dire l'expression et la vraie représentation des travailleurs.

C'est sur ce terrain, de reconquête de l'autonomie, que le prolétariat doit commencer sa recomposition de classe et prendre l'initiative de la lutte.

C'est sur ce terrain que peut se représenter vivante et vitale l'alternative historique à ce système capitaliste, source de faim, de misère et de guerres.

Pour la rupture de la paix sociale ! Pour les organismes indépendants de lutte des travailleurs !

Pour la reprise de l'initiative prolétarienne dans la lutte de classe !

Pour la perspective anti-capitaliste du communisme international !" (Manifesto sulle lotte dei tranvieri e altri - Dicembre 2003, Battaglia Comunista, janvier 2003)

Tout comme nous avions diffusé le tract du BIPR (tout comme celui du CCI d'ailleurs malgré le refus que certains militants nous avaient opposé) sur la guerre en Irak, de même nous aurions tout à fait pu diffuser ce tract si nous avions des militants en Italie. Nous avons déjà dit que, dans la situation actuelle du camp prolétarien, cette organisation se retrouve, en particulier depuis la crise du CCI et sa dérive sectaire et opportuniste, le seul réel pôle international de référence et de regroupement (au sens large et "historique" du terme). A l'occasion des luttes récentes, le PCI-Battaglia Comunista a été, à notre sens, l'organisation communiste qui a le mieux assumé tant au plan politique - analyse, orientation, mots d'ordre - que militant, le rôle d'avant-garde, de direction politique, qu'exige la lutte du prolétariat.

Cette appréciation politique, qui participe aussi de vérifier l'existence de la reprise internationale des luttes ouvrières, qui en fait même partie, confirme bien notre analyse sur les deux dynamiques opposées et le combat qui en découle au sein du camp prolétarien. Il vient confirmer que, avec l'ouverture du cours opportuniste, sectaire et défaitiste que vit maintenant le CCI officiel, le BIPR se retrouve au centre de la dynamique vers la construction du parti. Cela lui donne d'énormes responsabilités.

Face à la dérive actuelle du CCI, c'est pour nous un réconfort et un espoir de voir d'autres organisations, au premier chef le BIPR, assumer de manière conséquente les tâches de direction politique qui échoient aux organisations communistes. Nous sommes conscients que des divergences existent avec cette organisation et nous-mêmes, en particulier sur les questions de méthode d'analyse plus que sur les positions politiques. Nous sommes aussi conscients, et nous avons des critiques, sur ce que nous pouvons considérer comme des insuffisances chez le BIPR tant vis-à-vis de la lutte de classes que vis-à-vis des autres forces révolutionnaires. Mais l'important, et c'est là-dessus que nous parions, c'est là-dessus que nous appuyons le BIPR, c'est la dynamique et les perspectives que cette organisation offre aujourd'hui tant dans la perspective de la clarification politique et du regroupement des forces communistes, que dans la lutte de classes.

La reprise internationale des luttes ouvrières ne donnera toutes ses potentialités historiques, quelle que soit l'ampleur de son développement propre, que si les forces communistes, aussi réduites et faibles soient-elles, sont capables de se situer en première ligne de ces luttes, aux avant-postes, d'en être l'avant-garde politique. Mais aussi d'avoir une politique de regroupement conséquente et dynamique : Battaglia communista vient d'accomplir un pas important dans ce sens.

La fraction interne du CCI, le 6 février 2004.


Notes:

1. Fait d'attaques personnelles, de calomnies, de racontars, de provocations, d'accusations, d'isolement, de pressions personnelles, y compris sur nos familles, de sanctions infamantes, de dénonciations auprès de nos camarades, etc. -

2. Sur le déroulement de cette réunion et les "raisons" de notre "invitation" alors que nous étions déjà tous "suspendus" ad vitam eternaem, le lecteur peut se reporter à notre bulletin 6, en particulier à la Déclaration de la fraction au CCI et à tous ses militants du 31/1/02 qui met à nu la politique d'accusations, de sanctions et de dénonciation sans principe contraire aux statuts du CCI, la politique de magouille et de manoeuvre mis en place par la faction liquidationniste. Il peut aussi mettre en parallèle cette politique et notre attitude politique et militante avec la lecture de nos prises de position politiques pour cette réunion, notre proposition de rapport d'activités, notre prise de position critiquant le rapport avancé par la majorité liquidationniste, et notre prise de position alternative sur la situation internationale.

3. "Les événements d’Argentine qui ont éclaté alors que se terminait cette terrible année 2001, répondent comme un écho à l’accélération brutale de la situation mondiale ouverte par le 11 septembre et par le déchaînement militariste capitaliste auquel ils ont donné le signal. En face de la fuite en avant vers la guerre du capital mondial en crise, les luttes en Argentine révèlent que cette même crise en s’approfondissant porte en elle, encore intacte et pleine de potentialités, une autre dynamique, une autre perspective que la guerre. Et cette dynamique n’est autre que le second terme de l’alternative historique : celle du développement des luttes ouvrières, celle de la radicalisation de la conscience dans notre classe, celle de la révolution prolétarienne. (...) Voilà ce que sont venus rappeler les événements d’Argentine" (Bulletin 5, 8/1/02).

4. Nous laissons de côté pour l'instant les prises de position contradictoires du CCI dans sa presse internationale, en particulier entre certaines publications territoriales (World Revolution, Internationalism, Rivoluzione internazionale) et l'organe central du CCI, la Revue internationale et le journal français Révolution internationale. Les uns mentionnent timidement l'éventualité d'une reprise des luttes. Les autres l'ignorent superbement. Nous y revenons dans un autre texte de ce bulletin.

5"Les luttes des travailleurs en Autriche et en France ont suivi les luttes en Italie et sont les dernières réponses défensives des ouvriers européens à une série de mesures introduites aujourd'hui en Europe" (Revolutionary Perspectives 29, publication de la Comunist Workers Organisation-BIPR, numéro d'été 2003).

6. "Auparavant cette année, il y a eu une grève à General Electric sur la question de l'assurance maladie. Mais les choses ont éclaté en octobre quand toute une série de grèves ont surgi sur les allocations médicales. A Chicago, ce fut les travailleurs des installations sanitaires, à Los Angeles les ouvriers des transports. Ensuite, cela a été suivi par 30 000 travailleurs de l'approvisionnement au Missouri, au Kentucky, Ohio et en Virginie de l'Ouest, et ensuite par 70 000 autres en Californie - qui sont toujours en grève après 7 semaines. Il est significatif que les chauffeurs de camion refusent maintenant de faire des livraisons dans les magasins d'approvisionnement en Californie " (Internationalism 128, publication du CCI aux Etats-Unis, décembre 2003).

7. Bien souvent dans les luttes des années 1980, les ouvriers en lutte voulant s'assurer le contrôle de leur propre lutte contre les syndicats, devenaient réticents, voire opposés, à son extension de peur justement d'en perdre la maîtrise. C'est sur ce sentiment qu'avaient joué le syndicalisme de base et les trotskistes pour dénaturer et rendre inoffensives les coordinations surgies alors dans les luttes en France.

8. Cf. notre communiqué dans le bulletin 19.

9. Les militants du PCI verront sans doute dans notre propos une "tentative masquée de frontisme à tout prix typique du CCI", frontisme qu'ils rejettent. Nous ne pouvons développer cette question ici. Rassurons les camarades, nous avons de très grosses et importantes divergences théoriques, principielles et politiques avec le courant bordiguiste et il n'est pas dans nos intentions de les cacher. Nous ne faisons ici que relever un fait empirique qui est aussi une constatation politique d'autant que cette similitude d'orientation avec le CCI, notre CCI, dans des luttes immédiates est une chose nouvelle qui n'existait pas, ni dans les années 1970, 1980 et 1990. Pour notre part, nous avons une explication à une telle dynamique de "convergence" dans la situation historique actuelle ouverte depuis le 11 septembre et... la crise du CCI. Nous aurons l'occasion d'y revenir.

10. Il est fort possible aussi que ce groupe ne considère pas l'intervention immédiate comme une de ses responsabilités.


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