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Présentation du bulletin 24

Depuis la parution de notre dernier bulletin, la situation n’a fait que se préciser au niveau de l'état général du capitalisme mondial (confirmation de sa dynamique de marche à la guerre et, face à celle–ci, reprise des luttes du prolétariat).

Elle s’est aussi précisée au niveau des deux dynamiques présentes dans le camp prolétarien avec, d’un côté, des groupes et éléments engagés dans la voie du débat, de la confrontation des points de vue et, de l’autre côté, la plongée toujours plus dramatique et caricaturale du CCI ‘nouvelle formule’ dans la logique sectaire et opportuniste.

Marche à la guerre ou chaos

Les attentats de Madrid, le 11 mars dernier, sont venus répéter au cœur de l’Europe les massacres du 11 septembre 2001 à New York et Washington. Les répéter et les prolonger au sens où c’est directement au cœur de quartiers ouvriers que les coups ont été portés.

Le terrorisme est une arme de la bourgeoisie, le marxisme l’a montré depuis des lustres. Tous les Etats ont recours à cette méthode, à ces pratiques de terreur qui ne font qu’exprimer la barbarie capitaliste. Le terrorisme, c’est du concentré de politique bourgeoise. Von Clausewitz disait au début du 19ème siècle que la guerre n’est que la politique menée avec d’autres moyens , aujourd’hui on voit que le terrorisme est un moyen à la fois politique et militaire que tous les Etats utilisent pour définir les contours de cette guerre généralisée qui est, de façon toujours plus évidente, une nécessité pour le capitalisme et dans laquelle ils s’efforcent d’entraîner la classe ouvrière.

Voilà ce qu’il est essentiel de comprendre dans les attentats de Madrid, au-delà de l’utilisation électorale qu’a pu en faire telle ou telle fraction de la bourgeoisie espagnole, au-delà de l’implication directe ou indirecte de telle ou telle fraction nationale de la bourgeoisie. C’est toute la bourgeoisie qui est responsable. C’est la classe ouvrière dans ses bastions les plus importants, en Europe, qui est visée ; il suffit, pour s’en convaincre, de regarder les suites de ces attentats :

- tentative de la part des bourgeoisies européennes d’embrigader les prolétaires derrière la démocratie, seule réponse, disent-ils, à ces actes barbares, ;

- renforcement des arsenaux policiers et juridiques contre toute forme de ‘violence’ ;

- exaltation de la démocratie et du bulletin de vote comme arme suprême ;

- tentative de diriger la légitime colère ouvrière vers les bouc-émissaires habituels que sont les émigrés, les ‘étrangers’, les ‘bronzés’, tous plus ou moins suspects d’être des terroristes en puissance ;

- déboussolement et désorientation de la classe ouvrière, détournement de sa rage – dont la source principale n’est autre que la détérioration de ses conditions de vie, de travail et de salaire – vers des cibles toutes désignées et que la propagande aurait vite fait, si les ouvriers l’acceptent, de situer ‘en-dehors des frontières’, vers quelque ennemi héréditaire, naturel, ou qui sait quoi.

C’est ce qu’ont compris et mis en avant les groupes sérieux du camp prolétarien (BIPR, PCI) et c’est ce que notre fraction a dénoncé dans une prise de position, mise en ligne sur notre site Internet au lendemain des attentats.

Et c’est ce que n’a pas compris – une fois de plus ! Mais devons-nous nous en étonner ? – la direction opportuniste du CCI.

Pour cette organisation en cours de dégénérescence, le terrorisme n’est que l’expression de la "décomposition", du chaos. Il est, comme la guerre, irrationnel ! C’est à dire qu’il n’est pas réductible à la raison, qu'il est incompréhensible. Le lecteur pourra lire dans ce bulletin notre critique de la prise de position du CCI sur les attentats de Madrid, Contresens dans la théorie de la décomposition et les pas du CCI vers l'opportunisme.

On en vient à se demander si, ce qui fut une organisation communiste – et non des moindres ! -, ne va pas en venir bientôt à nous servir les répugnantes fadaises des Vanderweld, des Longuet et consort. Comme ces pacifistes impérialistes qui, au nom de la détestation de la guerre et parce qu’ils avaient abandonné la boussole marxiste de la lutte des classes, en vinrent à s’aligner sur leurs propres bourgeoisies et à trahir la classe ouvrière, nos décompositionnistes, par "détestation du terrorisme" et parce qu’ils ont perdu la boussole marxiste, en sont déjà à glorifier ce qu’ils nomment ‘solidarité’ et qui n’est rien d’autre, en l’occurrence, que l’acceptation par les prolétaires espagnols de faire des heures supplémentaires non payées pour pallier la coupable incurie de l’Etat.

Alors qu’ils disent eux-mêmes, dans leur article, que ces actes terroristes sont des actes de guerre, ils ne semblent plus en mesure d’en tirer les conséquences politiques ; ils font des concessions au pacifisme ! Voilà une autre conséquence de la théorie de la décomposition et du chaos ! Après être passés à côté de la signification de la bipolarisation avec la guerre d’Irak, après être passés à côté de la reprise des luttes ouvrières depuis le printemps dernier, voilà qu’ils passent à côté de la signification de la campagne terroriste/antiterroriste et menacent de sombrer dans le plus lamentable pacifisme !

Le débat entre révolutionnaires

Nous publions dans ce bulletin, en plus des prises de position sur les attentats en Espagne et sur les élections en France, plusieurs textes qui participent du débat au sein du camp prolétarien (question du regroupement, de la décadence, etc.). Ces derniers sont soit la suite de textes déjà parus, soit ils font écho à des questions soulevées par les groupes du camp prolétarien (1).Le débat se poursuit donc entre les groupes du campprolétarien, ainsi qu’avec des individus dont nousrecevons des correspondances sur lesquelles nous reviendrons dans unprochain bulletin.

Nous voulons attirer l’attention du lecteur sur le texte « Guerre impérialiste ou révolution prolétarienne : La décadence du capitalisme et le marxisme » qui est la 4ème et dernière partie de notre étude sur le sujet.

Cette question de la décadence a toujours été une position cardinale pour le CCI jusqu’à ce que, avec sa fumeuse théorie de la décomposition, la direction opportuniste de cette organisation la mette à l’encan (2).Position ‘caractéristique’ du CCI, cette vision dela décadence était en général rejetéepar les autres courants du milieu prolétarien (le PCI-LeProlétaire la considérant comme idéaliste, parexemple) mais, depuis bien longtemps, on n’avait pas vus’exprimer de débat sur ce sujet au sein de ce mêmemilieu. La crise dans laquelle s’enfonce de plus en plus le CCI incite les groupes du camp prolétarien à revenir sur cette question (voir note 1) ; ce qui est une implication de ceux-ci dans le combat contre la dérive opportuniste d’un groupe du MPP et constitue leur participation au combat pour tenter de sauver ce qui peut l’être du désastre de la dérive opportuniste de notre organisation. Nous saluons cet effort et notre étude sur la décadence s’inscrit dans la même logique que celle des camarades du camp prolétarien : c’est notre contribution au combat pour la sauvegarde d’énergies révolutionnaires.

Nous l’avons déjà dit et répété : cette tendance au débat et à la confrontation/clarification des points de vue est une impérieuse nécessité dans la période présente. Nul doute que la vague de luttes ouvrières entamée au printemps dernier en Europe connaîtra des répercussions du fait, notamment, des mesures drastiques que le capitalisme prépare et met en place de plus en plus ouvertement dans les différents pays européens (pensions de retraite, assurance maladie, indemnités de chômage, etc.). En même temps, la préparation guerrière, derrière le masque du terrorisme et de l’anti-terrorisme va bon train et c’est dans ce contexte que les ouvriers vont être amenés à réagir aux attaques économiques. Les minorités révolutionnaires ont la lourde responsabilité de donner des orientations politique à la classe qui les a fait naître. Le débat entre organisations du camp prolétarien en est à la fois l’expression et la condition.

Un certain nombre d’entre eux l’ont compris et en tirent les conséquences. Le fait que le BIPR et le PCI – Le Prolétaire aient fait chacun un tract dans lequel ils se prononcent sur le sujet de la guerre et des luttes ouvrières est un signe encourageant de cette prise en main de leurs responsabilités.

Face à cela, malheureusement, on ne peut que noter, une fois encore, que l’organisation numériquement la plus importante, notre organisation, le CCI, non seulement ne s’inscrit pas dans cette logique, mais qu’encore il se situe à l’exact opposé de celle-ci.

Ainsi, lors d’une manifestation récente, à Paris, des militants de notre fraction diffusaient le tract du BIPR -avec l’accord de celui-ci et en cohérence avec la position que nous avons adoptée voilà un an (3)-,et se sont trouvés en présence de militants du CCI àqui ils ont benoîtement proposé ce tract. En leurprécisant, bien sûr, son origine. Et bien, ils ontrefusé de le prendre parce que c’était desmembres de la fraction qui leur proposaient. Ils en sont maintenant àrefuser de lire un document d’un groupe qu’ils reconnaissent comme appartenant au milieu prolétarien (jusqu’à preuve du contraire !) pour la simple raison que c’est la fraction qui le distribue. Si nous avions décidé de distribuer ce tract c’est d’abord parce qu’il défend la position internationaliste sur le sujet et ensuite parce que, à notre connaissance, c’était le seul disponible à cette occasion. C’est donc la seule prise de position internationaliste présente que les militants du CCI ont refusé de lire. Navrant !

Navrant et ridicule. Comme l’a été leur attitude lors de la dernière réunion publique à Paris.

Nous sachant interdits de séjour dans la salle, nous avions rédigé un petit texte, basé sur des extraits des publications du CCI, et mettant en évidence l’inanité de leur explication de la situation sur la base de la "décomposition". La plupart des militants et des sympathisants (sans doute chapitré sur le sujet) ont refusé notre papier. Quelques-uns l’ont pris, cependant, et nous avons interpellé les militants sur la question des prises de position contradictoires entre les différentes presses du CCI à propos des luttes ouvrières des derniers mois. Les militants, souvent un peu crispés, avaient la consigne de ne pas adresser la parole aux membres de la fraction. Ils ont respecté la consigne malgré les répétitions de nos questions. Ainsi, devant leurs sympathisants et contacts, ils ont fait la preuve de leur désertion du combat politique. Et le drôle de l’affaire c’est que, bien qu’interdite de séjour la fraction était présente dans le débat, ne serait-ce qu’à travers ses questions restées sans réponses et qui, à coup sûr, ont dû tarauder l’esprit des contacts, des sympathisants et probablement de plus d’un militant.

L’évolution de la dérive opportuniste

L’opportunisme a sa logique propre. Une fois le doigt pris dans l’engrenage de cette logique bourgeoise, il est excessivement difficile de s’en sortir. L’évolution du CCI nous le démontre tous les jours. Et elle s’accélère de façon exponentielle, ça aussi le CCI nous en fait la preuve.

C’est d’abord sur le terrain de la vie organisationnelle que cette dérive s’est marquée et ceux qui devaient constituer la fraction interne en ont été les premières victimes, en même temps que les premiers à la dénoncer et à la combattre. Notre écho a été faible, dans un premier temps et les groupes et individus du camp prolétarien n’ont pas saisi immédiatement l’ampleur et la signification du phénomène.

Par la suite, et du fait de la logique opportuniste, la nouvelle direction du CCI a commencé à s’en prendre à ces groupes et individus, ce qui eu pour effet d’alerter ces derniers et de les amener à prendre en compte notre démarche. Nous avons relayer les réactions de ces groupes et individus dans notre bulletin.

Puis, de plus en plus enlisé dans sa dérive, le CCI en est venu à ne plus savoir répondre aux exigences de la situation ; par rapport à la montée guerrière dans un premier temps et dans les luttes ouvrières, au printemps dernier.

Les effets de la dérive opportunistes sont alors apparus de façon évidente et criante aux yeux de tous (sans doute aux yeux de certains militants aussi) et les réactions du camp prolétarien se sont faites plus manifestes.

Il est de la plus grande importance que le camp prolétarien dans son ensemble prenne en charge de façon claire et déterminée le combat contre cette dérive qui n’affecte pas seulement une organisation politique particulière, mais qui est une menace potentielle pour tous les groupes et éléments prolétariens. Le débat et la confrontation des groupes politiques et des individus du camp prolétarien autour, notamment, des positions fondamentales du CCI sont un des aspects fondamentaux du combat pour le redressement du CCI, si possible, ou, sinon, pour la clarification des choses à son propos.

Quant aux militants qui sont encore dans le CCI et dont, probablement, bon nombre se posent des questions sur le décalage de plus en plus net entre leur organisation et les autres groupes de la Gauche communiste, le décalage entre les positions et analyses avancées par la direction du CCI et les faits eux-mêmes, la réalité, ces militants nous les encourageons à soulever ces questions au sein du CCI, à se donner les moyens de faire renaître la discussion et l’expression de désaccords dans l’organisation. Et qu’ils sachent que la fraction a toute sa place dans ce type de débat et qu’elle est prête à la prendre.

Le 7 avril 2004


Notes:

1 : Nous avons pris connaissance récemment d’un texte paruen décembre 2003 dans Prometeo (Revue du BIPR en Italie) et traitant de la question dela décadence. Nous saluons ce travail des camarades du PCInt qui marque leur souci de clarifier la question. Nous aurons sans doute l’occasion d’y revenir.

2 : Nous avonsmontré dans notre texte ‘L’évolutionaléatoire…’, bulletin n°21 , que cette conception de ladécomposition avait abouti au rejet de fait de la vision de la décadence, mêmesi elle se prétend en continuité avec cettedernière.

3 Voilà ce que nous disions au moment des manifestations pacifistes contre la guerre en Irak :"La Fraction a proposé au BIPR, au PCI et au CCI d'aider à la diffusion de tout tract internationaliste, avec lequel elle serait en accord, et produit par ces derniers groupes (...).
Pour notre fraction, il n'y a que des questions politiques ; c'est pour cela que, contrairement à ceux qui nous ont exclus, nous ne nous laissons pas dominer ni entraîner par nos sentiments (surtout quand ils sont "noirs") ; c'est aussi pour cela que notre préoccupation première (et unique), dans la situation dramatique qu'impose la bourgeoisie mondiale avec sa spirale guerrière, est de tout faire pour que les rares voix communistes internationalistes qui existent aujourd'hui (et le CCI, malgré sa dégénérescence actuelle, est encore l'une d'entre elles) soient le plus largement entendues dans la classe. Notre fraction a évidemment et unanimement accepté de diffuser le tract du CCI, comme elle l'a fait et le fera encore pour ceux des autres groupes du camp prolétarien quand elle les jugera globalement valables et adaptés à la situation"
(Bulletin 18, mars 2003). Un an plus tard, notre attitude reste la même.


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