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ECHANGE DE CORRESPONDANCES
Introduction aux courriers de L. à la fraction

Nous ne tenons pas ici à faire de cette réalité "le grand révélateur" de la validité de notre travail politique ou "le grand signe" de l'intérêt qu'il suscite autour de nous, mais nous sommes contraints de constater, au fil des mois et des années, que du courrier (mails, lettres, publications…), en provenance de tous les coins du monde, s'accumule sur le bureau de notre fraction. Nous pouvons assurer tous nos lecteurs qu'autant que nous le pouvons (vu nos faibles forces militantes) nous répondons à tous ceux qui nous écrivent (1).

Nous faisons le choix de publier ci-dessous le courrier que nous a envoyé un seul et même camarade pour l'intérêt politique évident et plus particulier qu'il présente à nos yeux : même si nous ne sommes pas sûrs de partager totalement la démarche et la conception du combat politique développées par ce camarade (notamment quand il exprime son "indifférence" par rapport au sort du CCI actuel), nous saluons ses prises de position claires et tranchées contre le "CCI officiel" et ses méthodes ainsi que sa "sympathie" pour notre fraction et son travail (à l'évidence, il ne s'agit pas seulement de ce que nous faisons dans le cadre étroit de notre combat contre les orientations actuelles de notre organisation d'origine, mais aussi et surtout de celui que nous faisons pour le renforcement du camp prolétarien ainsi qu'en direction de la classe comme un tout).

Nous ne considérons pas l'abondance de ce courrier comme un simple encouragement à notre travail mais surtout comme la manifestation de la multiplication d'éléments en recherche de clarté politique, comme l'émanation de la réflexion politique qui traverse notre classe, comme un signe tangible (au même titre que les luttes ouvrières importantes de ces deux dernières années) de la "reprise" du combat prolétarien.


Courriers de L. à la fraction

Lettre du 23 mars 2004 

Camarades, quelle est la raison de ne pas avoir inclus dans le numéro 23 en espagnol le texte intitulé en français "La question de la forme d'organisation de la lutte ouvrière" ? Avez-vous l'intention de ne pas le traduire, ou n'avez-vous pas la capacité, ou bien n'est-ce pas intéressant pour les hispanophones -qui de toutes manières ont la capacité pour décider si cela les intéresse ou pas ?

D'autre part, sachez que bien que je ne sympathise pas avec la CCI, ni avec sa "véritable essence" que vous défendez, je préfère 1000 fois votre fraction que le CCI actuel qui, d'autre part, est le seul que j'ai connu. Et bien qu’en aucune manière je ne puisse coïncider avec vous, ce qui est secondaire, je lis avec intérêt votre bulletin sur Internet, surtout tout ce qui se rapporte aux luttes ouvrières tellement occultées par les médias bourgeois.

Un salut internationaliste.


Lettre du 30 mars 2004

Camarades, je vois que vous avez su capter la blague ce qui vient démontrer d'une certaine manière que vous ne faites déjà plus partie du CCI que vous avez laissé - ou duquel on vous a exclus. Le CCI s'est caractérisé, comme trait mineur mais peut-être pas si anecdotique, par son peu de sens de l'humour vis-à-vis de "l'extérieur". Le problème est qu'il confond être sérieux avec être ennuyeux, mortellement ennuyeux.

Bon en marge de ces considérations banales, si le fait que vous n'ayez pas traduit le texte dont on parlait, est dû à un manque de force militante, je le comprend parfaitement. Le problème est sérieux et il touche toutes les faibles forces militantes du prolétariat. Si je peux vous être d'une quelconque aide pour traduire des textes de l'anglais ou de l'italien en espagnol, je ferais ce que je pourrais. Cependant, je ne me sens pas capable de faire des traductions depuis le français.

En ce moment, je ne dispose pas de temps pour m'étendre sur mes positions sur le CCI. Cependant, je peux pointer quelques critiques rapidement. En premier lieu, la méthode de discussion du CCI, basée sur l'invention de ce que l'autre affirme pour ensuite le repousser, dans une praxis claire de manipulation éhontée pour apporter de l'eau à son moulin. Ensuite je peux continuer par cette conception moraliste de la violence de classes qui n'est pas une critique politique - que je peux partager - mais morale. Et déjà au plan politique le plus strict, cette vision conspiratrice de l'histoire, cette insistance sur "l’irrationalité" qu'on ne comprend pas, la description tranchée et sociologique - non dialectique - des classes, très proche de l’ouvriérisme stalinien qui définit le prolétariat comme l'ouvrier industriel en bleu de travail, laissant tous les autres définis comme "lumpens" ce qui a amené à qualifier les luttes en Argentine - en pure continuité logique avec cette conception sociologique - comme oeuvre du "lumpen" associé à la petite bourgeoisie. Je ne peux pas non plus être d'accord avec cette habitude de classifier de manière taxonomique les forces militantes dans l’hallucinant "milieu politique prolétarien", le "marais" et les "parasites" (desquels vous faîtes maintenant partie). Sans aucun doute, j'appartiens au "marais" et j'ai la mauvaise habitude d'avoir des relations avec des "parasites" comme les camarades du GCI dont les positions sont, à grands traits, celles qui se rapprochent le plus des miennes, ou maintenant des vôtres.

Comprenez que la question "quelles positions défends-tu ?" est trop générale. Je répondrais donc que je défends la lutte de classes, la perspective insurrectionnelle, la dictature du prolétariat, la destruction de l'Etat bourgeois et le communisme. A questions générales, réponses générales.

Un salut internationaliste.


Lettre du 29 avril

Salut, je viens de recevoir votre réponse et je vous remercie de sa rapidité. En réalité mes doutes sur votre réponse étaient sérieux. Mais je vois que vous l'êtes aussi. Vous avez raison quand vous dites que les positions qui vous ont expulsés étaient très générales. Et il n'était pas dans mes intentions d'entamer un quelconque type de discussion avec vous mais simplement de maintenir le contact ouvert.

On vous sait gré (c'est une expression) de l'effort que vous faites avec la publication de votre bulletin bien que (c'est une critique) je crois que c'est une erreur de tant se centrer sur le développement d'une critique de "l'actuel" CCI. La vérité est qu’en tant que lecteurs, nous sommes étrangers à cette organisation et le devenir actuel du Courant nous est assez indifférent bien que, oui, grâce à vos textes, nous avons pu connaître le véritable niveau atteint pas la dégénérescence de cette organisation, surtout par rapport à ses positions sur les luttes ouvrières en cours (particulièrement grave dans le cas de l'Argentine).

Je pense, vu que vous êtes impliqués dans cet effort de publication, qu'il serait plus important pour l'ensemble de la classe de se centrer sur le développement de positions qui pourraient servir d'orientation pratique dans les luttes. Je comprend que ces positions se développent et se renforcent en opposition à d'autres, mais pour l'ensemble du prolétariat, pour les prolétaires les plus combatifs qui s'approchent de vous, il serait plus intéressant de trouver des points de vue généraux, théoriques et pratiques, sur le cours des événements, la perspective révolutionnaire, etc. Je ne sais pas si je me suis exprimé clairement. J'espère que oui.

D'autre part, naturellement, vous êtes autorisés à publier ce que vous voulez de cette correspondance (…).

Enfin, je regrette de ne pouvoir vous être utile pour les traductions. Je ne connais pas le français, je le comprend très mal et je ne peux le traduire.

Un salut internationaliste.


Note:

1 Nous profitons de l'occasion pour réaffirmer à nos correspondants notre engagement à ne pas publier leur courrier s'ils ne le désirent pas. Et même si nous regrettons qu'ils, pour beaucoup d'entre eux, cèdent ainsi à la crainte de souffrir l'hostilité, les pressions et les menaces de l'actuel CCI.


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