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PRESENTATION DU TEXTE :
"Le CCI réécrit l’histoire du bolchevisme, comme staline"

Le texte du camarade Olivier que nous publions ci-après est une contribution importante sur une question d’une très grande actualité pour les générations actuelles de prolétaires et de révolutionnaires ; même si cette actualité n’est pas d’une évidence aveuglante pour un grand nombre de ceux qui sont directement ou indirectement concernés. Cette question c’est, bien sûr, celle de la construction de l’organisation révolutionnaire – et demain, du parti.

Le regroupement des forces communistes (autre façon de dire ‘construction de l’organisation ou du parti’) est une tâche de longue haleine en même temps que constante et, pourrait-on dire, quotidienne. Ses aspects sont nombreux et répondent à des impératifs aussi variés que :

- l’approfondissement théorique et l’élaboration politique, l’analyse de la situation et la délimitation des axes de la propagande ;

- l’affirmation des fondements programmatiques aussi bien que l’intervention dans la classe ouvrière ;

- ou, enfin, la définition de principes et d’une méthode d’organisation et de centralisation des minorités révolutionnaires.

Car le paradoxe est que, aussi petites et faibles en influence que soient les organisations et groupes prolétariens aujourd’hui, leur rôle, leurs tâches et leurs responsabilités face à leur classe sont strictement les mêmes que celles et ceux des organisations communistes qui, demain, exerceront une influence vitale dans les luttes décisives de la classe ouvrières ; les mêmes que celles et ceux du Parti communiste sans lequel l’insurrection ne pourra pas être victorieuse ni la dictature du prolétariat s’imposer (et encore moins se maintenir).

La question des formes et de la méthode de fonctionnement des organisations politiques prolétariennes est, probablement, une des plus difficiles et des plus sous-estimées par les générations actuelles de militants communistes. C’est aussi, et les deux choses sont liées, à travers cette question que se révèlent les glissements, les dérives, voir la dégénérescence, des groupes politiques. Ou, du moins, c’est à travers les pratiques organisationnelles de plus en plus en contradiction avec les principes généraux affirmés par une organisation que peut se faire jour, en premier lieu, la dérive politique de cette organisation.

Le lecteur habitué à notre bulletin aura compris que nous faisons référence, notamment, à l’évolution (ou plutôt l’involution) actuelle du CCI, notre organisation. Mais qu’on ne s’y trompe pas ! La dérive actuelle de cette organisation peut et doit servir de leçon à l’ensemble du camp prolétarien pour aujourd’hui et, plus encore peut-être, pour demain. L’entrelacs que l’on voit s’opérer entre les reniements au plan organisationnel et les trahisons de principes politiques et théoriques fondamentaux sont une caractéristique constante lors de la dégénérescence des organisations prolétariennes et il est de la responsabilité de l’ensemble du camp prolétarien de saisir l’occasion de cet échec prévisible (même si nous devons, aujourd’hui, tout faire pour éviter cette issue fatale) pour mettre en débat, publiquement, les causes profondes et la logique de cette dégénérescence ; d’en tirer les conséquences pour éviter de retomber dans les mêmes travers demain.

Le texte du camarade Olivier s’attaque à l’une des manifestations les plus grotesques de la démarche des liquidationnistes du CCI : la réécriture de l’histoire du parti bolchevik, la transfiguration du combat constant de Lénine pour que l’organisation se constitue sur des bases saines et claires, fut-ce au prix de la scission (pourvu que ce soit sur des bases claires), de ruptures (qui, le plus souvent, ne remettaient pas en question le respect pour les militants avec qui on rompait), de délimitations, selon le terme qu’il utilisait fréquemment.

Citations et exemples à l’appui, Olivier montre que la rupture qui a eu lieu au 2ème congrès du POSDR en 1903, si elle a permis une délimitation et donc une clarification essentielle, n’a rien à voir avec la rupture organisationnelle définitive entre deux camps ennemis que nous présente le CCI.

D’abord, les fractions bolchevik et menchevik ont continué, pendant des années, à travailler ensemble et même à appartenir au même parti. Les phases de regroupement, de ‘réconciliation’ ont été fréquentes et Lénine s’est en permanence efforcé de les provoquer. Ce qui ne signifie absolument pas qu’il ait, à un moment quelconque, mis les divergences sous la table, fait des concessions de principe ; bien au contraire ! Car dans les épisodes où le rapprochement était possible et souhaitable, Lénine entendait bien convaincre ses camarades mencheviks (ou, au moins, le plus grand nombre d’entre eux) de la justesse de ses propres thèses et positions et de la fausseté des leurs. L’union, le regroupement est un combat ; un combat politique qui se mène ouvertement et publiquement. Voilà ce que montre la pratique de Lénine.

Ensuite, contrairement à ce qu’affirme le CCI, le sens politique profond du congrès de 1903 ce n’est pas, en soi, le rejet de l’esprit de cercle (ou de "clan" selon la vision falsifiée des liquidationnistes). Plus exactement, ce que combat Lénine d’un côté, et ce qu’il défend de l’autre, c’est :

- le combat contre les positionnements politiques fondés sur des fidélités étroites ou des structures régionales ou nationales (le Bund juif) ;

- la défense du droit et du devoir de mener le débat sur les questions politiques, sans restriction et jusqu’au bout, même si cela doit conduire à la séparation organisationnelle.

En somme, la signification profonde du 2ème congrès c’est d’abord l’affirmation de la primauté du débat et de la confrontation politique au-delà des accords de circonstance. Il va de soi que ce débat et cette confrontation ont leur limite ‘naturelle’ dans les bases programmatiques de l’organisation (on ne va pas mettre en question la nécessité de la destruction du capitalisme, par exemple) et dans sa capacité à agir (un désaccord sur une question politique ne doit pas empêcher l’organisation de remplir son rôle dans la classe).

Voilà ce que, pour sa part, la fraction retient de la contribution du camarade Olivier. C’est dans ce sens et avec ce souci que nous la soumettons au débat. Certains points de vue, certains arguments ne nous semblent sans doute pas les plus décisifs, les plus évidents, les plus tranchants. Soit !

Mais la démarche fondamentale nous semble être la bonne et nous invitons les camarades qui auraient des critiques à faire à tel ou tel aspect de ce texte à nous les communiquer pour entretenir le débat.

Il va de soi que nous sommes aussi disposés à publier (en fonction de nos moyens et de nos priorités) le point de vue de camarades pour qui la démarche même du texte du camarade serait erronée ! Mais il s’agit là d’une autre question.

La fraction.

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