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Intervention du BIPR dans les luttes en Italie

Nous reproduisons ici un tract publié dans Battaglia Comunista de novembre 2004 que le Parti Communiste Internationaliste a diffusé à l'usine FIAT de Turin. Outre l'intérêt pour des informations sur la réalité des conditions de vie et de lutte de la classe ouvrière que les médias bourgeois ignorent et taisent délibérément, l'intervention et l'orientation politique que les camarades mettent en avant nous semble à souligner et à saluer. Elle est justement tout le contraire de la position indifférentiste et défaitiste du "nouveau" CCI qui, rejetant sa propre expérience et ses propres acquis politiques et militants des années 1970-1980, abandonne aux forces bourgeoises, syndicats et gauchistes, le terrain des luttes.

Quelle est la problématique qui se pose à la classe ouvrière et aux révolutionnaires lorsque la bourgeoisie et ses syndicats devancent, ou essaient de dévier, la colère ouvrière et sa réaction en organisant des "Journées d'action", des manifestations, des grèves de 24 heures, voire comme en Italie de 4 heures ? Bien évidemment, il n'y a pas une règle absolue, une orientation concrète permanente, invariable, ni une attitude systématique. Tout dépend des conditions et de la dynamique immédiates. Par contre, il y a une méthode et un principe "invariant" : ne pas abandonner le terrain politique à la bourgeoisie, ne pas laisser les syndicats agir à leur gré, et présenter en permanence - évidemment dans la mesure des possibilités militantes et organisationnelles - l'alternative prolétarienne du moment.

C'est cette méthode et ce souci politique que le tract exprime et défend fort justement quand il appelle les ouvriers de FIAT à ne pas en rester au dégoût et à la passivité face aux grèves - "d'intimidation et de menace" comme les défend maintenant le CCI actuel - de "protestation" organisées par les syndicats et à les "transformer" en véritable grève et lutte pour reprendre... l'expression du CCI des années 1980.

CONTRE LES GREVES BIDONS
ORGANISONS NOS GREVES !

Malgré la gravité et la permanence de l'attaque patronale contre nous, travailleurs de FIAT, et bien sûr contre les ouvriers des entreprises sous-traitantes, le syndicat continue à proclamer des grèves-bidons qui sont coûteuses pour nous, mais de fait inoffensives pour le patron. Quelles heures de grève par çi, une manifestation - de plus annoncée à l'avance - associée à un blocage d'autoroute en accord avec les forces de l'ordre patronal par là, il s'agit autant de faire voir que les syndicats défendent la classe ouvrière que d'éviter qu'ils en perdent le contrôle.

Résultats ? Zéro ! Pire, les résultats sont seulement négatifs pour nous. Avec la Cassa integrazione (1), les grèves-bidons, les salaires déjà en soi misérables, si nous réussissons tant bien que mal à boucler notre fin de mois, il nous faut aussi résoudre les problèmes d'écoulement des stocks de la FIAT.

Sur les causes de la crise qui affecte FIAT, le syndicat offre de fausses explications pour avancer ses objectifs de lutte complètement faux : la crise n'est pas due à la mauvaise gestion de la direction de l'entreprise, mais à la concurrence mondiale acharnée entre les colosses de l'automobile pour s'arracher les uns les autres des parts de marché. Cette concurrence, à son tour, est due à la profonde crise dans laquelle se débat le capitalisme depuis plus de 30 ans. Opel (General Motors) et Volkswagen se trouvent plus ou moins dans les mêmes conditions ce qui manifeste que notre sort ne dépend pas de la compétence capitaliste de tel ou tel manager, mais de la nécessité d'un capitalisme en grande difficulté qui, pour s'en sortir, n'a pas d'autre voie que l'attaque contre les salaires et l'augmentation de l'exploitation ouvrière. C'est dans ces moments que l'opposition fondamentale entre les intérêts ouvriers et patronaux devient patente. C'est dans ces moments qu'apparaît la fonction de "pompier social" du syndicat.

Il est clair alors que la démoralisation et le juste dégoût pour cette farce poussent beaucoup d'entre nous à refuser la grève et à se renfermer sur eux. Mais ce choix est extrêmement dangereux. On doit refuser farouchement la politique de perdante (pour nous) du syndicat faite de grèves-bidons, bien sûr ! Mais nous ne devons pas refuser la lutte si elle est une véritable lutte. Prolonger la grève au-delà du terme fixé par le syndicat serait déjà un pas en avant. Commencer à organiser la lutte de manière autonome et, si nécessaire, contre les politiques syndicales de faillite et de collaboration, serait un autre pas encore pour prendre dans nos mains la véritable défense de nos intérêts tant de fois, trop de fois pour ne pas dire toujours, trahis et vendus par les syndicats. Il n'y a personne qui puisse vraiment nous défendre sinon nous-mêmes !

Pour nous travailleurs - que nous soyons de la FIAT ou non -, la seule alternative est celle de l'auto-organisation véritable de la lutte, à partir de la base, au-delà et contre toute logique syndicale, dans l'unité avec les autres catégories de travailleurs, "fixes" ou précaires. Seules les assemblées ouvrières peuvent décider pourquoi, comment et quand faire grève.

Seule une lutte fondée sur ces principes est en mesure de briser les lois et les accords des ennemis de classe, concrètement sur le terrain de la défense de nos intérêts immédiats et généraux.

Pour la rupture de la paix sociale, c'est-à-dire contre la fausse harmonie des intérêts de toutes catégories entre la classe ouvrière et les patrons ! Il n'existe pas d'intérêt national, et encore moins de l'entreprise, au-dessus de celui des classes !

Pour l'union des tous les ouvriers !

Pour l'auto-organisation des ouvriers du lieu de travail au territoire !

Pour la perspective anticapitaliste du communisme international ! Pour le parti révolutionnaire !

Partito Comunista Internazionalista – Battaglia Comunista


Notes:

1. La Cassa Integrazione est un mécanisme d’assurance chômage qui indemnise le chômage technique. C’est à dire que des ouvriers d’une entreprise, quand celle-ci n’a «plus de travail à leur donner», sont payés par la Cassa pendant un certain temps, sans être licenciés.



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