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La pratique opportuniste des interdictions de séjour
Réunions "publiques" du CCI et de PI

1 - L’opportunisme montre les dents

Le 15 janvier dernier, le groupe Perspective Internationaliste (PI) tenait une réunion publique à Paris sur le thème de la situation internationale. La semaine suivante, le 22, le CCI en tenait une sur la question des catastrophes naturelles (le tsunami).

Pour des raisons pratiques, nous n’avons pu nous rendre à celle de PI. Mais notre fraction, comme à son habitude, s’est rendue à celle du CCI et, comme d’habitude, nous avons été interdits d’entrée. Comme d’habitude… et même un peu plus, serions-nous tentés de dire !

Samedi 22 janvier, la garde prétorienne de la liquidation ne nous interdisait pas seulement l’accès à la salle de réunion, comme elle le fait depuis des mois (ce qui ne nous empêche pas, au demeurant, de venir interpeller les militants du CCI et les quelques rares présents à ces agapes) ; elle nous barrait le passage à la porte du bâtiment et les militants zélés du CCI se tenaient droits (pas tant que ça) et fiers (en fait, assez peu) sur le bord du trottoir devant la grille d’entrée. à quand l’interdiction de la rue où se trouve leur lieu de réunion, l’interdiction de l’arrondissement, du département, de la ville ? Quand les menaces et les "bousculades" contre nous vont-elles aboutir à leur résultat logique ? Quand vont-ils passer des tentatives d’intimidation au "cassage de gueule" ? Ce n’est qu’une question de temps, de moyen et d’opportunité, nous le savons et cela ne change rien, ni ne changera rien à notre détermination, qu’ils en soient assurés !

De plus, alors que ces derniers mois, les militants ayant fonction de miliciens restaient silencieux et se dérobaient à nos interrogations, cette fois-ci, menés par un des chefaillons de la clique liquidatrice, ils étaient hargneux et bavards. Nous invectivant et nous insultant dans ce lieu assez passant, ils prenaient quand même bien garde de ne pas répondre aux questions politiques que nous posions sur le contenu de plus en plus lamentable de leurs publications.

La seule explication possible à cette attitude et à ce crescendo dans l’imbécillité agressive ne peut être trouvée que dans l’impasse dans laquelle la direction liquidatrice a choisi d’entraîner le CCI. Dès le moment où, en 2000/2001, les questions que nous posions et les critiques que nous formulions à propos des orientations politiques ont été repoussées, ignorées et que, pour fuir la confrontation politique claire et ouverte, on nous a accusés de mille maux imaginaires, dès ce moment donc, l’engrenage de la déliquescence était engagé.

Nous en avons, autant que nous l’avons pu, rendu compte dans notre bulletin en proposant systématiquement des alternatives pour sortir de l’impasse. En vain jusqu’aujourd’hui !

Ce sur quoi nous voulons mettre l’accent aujourd’hui c’est sur le fait que le véritable scandale dans la pratique actuelle du CCI n’est pas tant qu’il en arrive un jour à nous agresser physiquement. Le véritable scandale réside dans le fait qu’une organisation qui se présente comme communiste, prolétarienne, qui revendique les apports de la Gauche communiste, refuse la discussion politique publique. Et ce, quels que soient les prétextes plus ou moins fantaisistes qu’elle peut inventer pour les besoins de la cause.

Que ces Messieurs, quand ils sont 15 ou 20 face à 2 militants de notre fraction, en arrivent à nous "casser la gueule" serait en réalité un épiphénomène, une anecdote très secondaire au regard de la trahison fondamentale des acquis de notre classe qu’ils ont commise, et qu’ils commettent régulièrement, en interdisant le débat au nom de la Gauche communiste. Un cassage de gueule ne ferait qu’ajouter les mœurs de petites frappes à celles de traîtres et d’opportunistes.

Et nous voulons signifier ici de façon très claire que ces pratiques opportunistes de "sélection" à l’entrée de réunion n’est pas, malheureusement, l’apanage du seul CCI.

2 - La monnaie de la pièce (contrefaite)

Lors de la réunion de Perspective Internationaliste du 15 janvier, un militant du CCI venu , nous semble-t-il, défendre les analyses de son organisation, s’est vu jeter dehors sous prétexte que le CCI cherche à empêcher toute discussion et non pas à débattre de façon saine et normale1.

Nous affirmons haut et clair que cette attitude est inadmissible et que, si la fraction avait été présente, elle se serait opposée de façon radicale à ce type de pratique !

Relevons d’abord quelques aspects de détail.

Le militant du CCI, venu seul, n’a pas opposé beaucoup de résistance à son éviction et ce, malgré les protestations courageuses d’un camarade présent (Ol.). Il lui était probablement difficile de combattre une politique dont son organisation s’est fait une spécialité en nous interdisant de séjour dans ses propres réunions. Soulignons encore que cette "spécialité" n’est pas inconnue de PI qui nous interdit aussi de séjour dans ses réunions au prétexte que nous continuons de défendre certaines positions que l’actuel CCI assume encore (pour combien de temps ?). Le lecteur pourra se reporter à un échange de correspondances entre la fraction et PI dans le bulletin n°15, janvier 2003.

Relevons, enfin, qu’il est proprement ahurissant de constater que des gens se disant communistes et revendiquant, pour certains, l’héritage de la Gauche communiste, acceptent de débattre tranquillement sous l’épée de Damoclès d’un oukase de ce genre. "Sois d’accord ou va-t-en !" leur disent les responsables de PI.

3 – Un débat riche et serein

En regard de ces deux manifestations de l'esprit de secte, la réunion du PCI (Le Prolétaire) du 5 février à Paris a été une illustration de ce qu'est et de ce que doit être la confrontation des points de vue politiques au sein de la classe ouvrière et de ses minorités communistes. Pas d'oukase, pas de mise en demeure, d'interdit ou d'accès conditionnel ; un lieu de débat de discussion ouverte où les points de vue peuvent se confronter sans que ne soit pris en compte autre chose que la pertinence et la validité des positions politiques défendues par les uns et les autres. Les seuls critères retenus sont ceux du sérieux et de la cohérence politique. (2)

La discussion s'est articulée autour de l'analyse présentée brièvement par les camarades du PCI sur la nature "sociale" des catastrophes que subit l'humanité en général et les populations les plus pauvres en particulier et que les médias bourgeois qualifient de "naturelles", comme pour dédouaner la société capitaliste de ses responsabilités dans les conséquences des soubresauts "normaux" et prévisibles de la nature qui nous entoure. Puis, dans un deuxième temps, l'exposé démontrait et démontait l'ignoble campagne de prétendue "solidarité" que les divers Etats bourgeois ont organisés autour de ce raz-de-marée et de ses conséquences. Il a montré qu'il s'est agi, en fait, de l'exploitation de ces milliers de cadavres et de sinistrés pour poursuivre et amplifier les campagnes impérialistes qui voient s'opposer de plus en plus ouvertement les USA et un certain nombre de puissances de second ou troisième ordre. En fait, à travers ces campagnes, la bourgeoisie cherche à apitoyer le badaud et à lui faire payer le prix de l'installation de ses soldats (officiellement chargés de missions "humanitaires") dans des zones du monde ; concurrence économique et stratégique oblige, chaque impérialisme cherche à occuper toute la place qu'il peut.

La discussion a été l'occasion de préciser et d'affiner cette analyse à travers des interventions nombreuses et argumentées.

Un détail mérite ici d'être relevé. Après une demi heure de discussion environ, alors que le débat allait bon train, nous vîmes débarquer dans la cafétéria où se tenait la réunion un groupe composé de quelques militants et sympathisants du CCI. Ils avaient probablement décidé de se réunir là pour tenir une permanence, ce qui est tout ce qu'il y a de naturel.

Cependant, à la vue de notre tablée, le groupe "CCIste" grimaça, détourna le regard et s'en fut à l'autre bout de la salle, sans un salut, sans un mot. Et notre discussion continua sans plus prêter attention à l'anecdote.

Quoiqu'on puisse en dire, voilà une nouvelle illustration de l'attitude de fuite d'une organisation qui s'enorgueillissait encore, récemment, de s'attacher à défendre son point de vue partout où l'occasion se présentait (3). Soit ils n'ont pas "remarqué", malgré l'invitation du PCI à tous ses lecteurs, que cette réunion de lecteurs avait lieu - négligence coupable – soit ils le savaient et ont sciemment décidé de se … défiler.

De toutes façons, il devient clair que la direction opportuniste du CCI n'accorde plus qu'un sens à ses interventions : semer la zizanie partout où elle peut. Et, quand elle ne peut pas, elle se débine.

4 – Permanence de l’opportunisme

La politique d'exclusion de leurs réunions "publiques" menée par le CCI et Perspective Internationaliste n'est qu'un symptôme du mal profond qui ronge ces deux groupes (entre autres et à des titres différents, bien entendu). Ce mal, c’est l’opportunisme, la dérive croissante vers des positions étrangères à la classe ouvrière. Que cette dérive se manifeste tantôt sous la forme anarcho-conseilliste, tantôt sous celle de l’idéalisme le plus crasse, tantôt par des emprunts au stalinisme, tantôt par d’autres déformations encore ou par un subtil mélange de tout ça, peu importe ! Une des caractéristiques essentielles de l’opportunisme est, justement, sa propension à changer de cap et d’orientation, de position en fonction des… opportunités du moment.

Pour la classe ouvrière, pour ses organisations politiques, le débat ouvert, la confrontation des points de vue, l’affrontement des positions et la clarification des analyses sont des nécessités vitales. La discussion est parfois virulente et les oppositions tranchées ! Qui s’en plaindra ? Sûrement pas nous, pas les communistes pour qui cela est nécessaire à la délimitation politique et organisationnelle.

En rejetant les points de vue qui les gênent, auraient-ils mille fois raison par ailleurs, ils se privent de ce qui est aussi nécessaire à la classe ouvrière que l’air que l’on respire. Ils aboutissent nécessairement et pour le moins à se rabougrir et, à terme, à disparaître comme instrument de la classe.

Et cela vaut pour PI, pour le CCI et pour toute expression politique prolétarienne !

Mais, pire que ça ! Au plan immédiat, en ayant de telles pratiques ils contribuent à répandre dans la classe les germes pourris du sectarisme et de l’opportunisme.

Une des leçons que nous ont léguées nos prédécesseurs de la Gauche (et déjà Lénine, Rosa Luxemburg et l’ensemble des combattants prolétariens) c’est que si les délimitations politiques doivent être claires, tranchées et affirmées, ce n’est que par le débat et la confrontation des points de vue et position que ces délimitations s’opèrent. Seulement par le débat, y compris avec ses pires adversaires politiques. Et l’histoire nous montre que ce sont toujours les opportunistes et les centristes qui ont refusé la discussion et la délimitation. Croyez-vous que ce soit un hasard ?


Notes:

1. Que la politique actuelle du CCI consiste à chercher à saboter les réunions des autres groupes du camp prolétarien, nous ne l’ignorons pas, puisque c’est ce qu’il a fait en octobre dernier lors d’une RP du BIPR à Paris. Voir à ce propos la prise de position de notre fraction dans le bulletin n°28, novembre 2004. Relevons, cependant une différence de taille : à la RP du BIPR il y avait près de 30 militants du CCI. A celle de PI, un seul !

2. C'est dans ce même esprit que s'est tenue le 19/02 une RP du BIPR à Paris. Nous y reviendrons dans un prochain bulletin.

3. Une des caractéristiques de la liquidation du CCI est le mensonge et le bluff. Nous l'avons déjà mis en évidence en plusieurs occasions et les événements argentins avec le NCI en ont été la dernière manifestation. En particulier, les annonces triomphales sur l'unité - politique devrait-il s'entendre - de l'organisation démentie par la presse, sur les interventions dans les manifestations et luttes, etc. Un des bluffs se trouve être la revendication d'être la continuité du véritable CCI quant à la tenue et à la participation des réunions publiques. Voilà ce que l'actuel CCI continue encore à affirmer et qui est démenti par la réalité : "Mais plus fondamentalement, cette bande de "Pieds Nickelés" [il s'agit de notre fraction] n'avait pas prévu, dans son "plan d'action", que l'"actuel CCI liquidationniste" allait adopter la même politique que celle de "l'ancien CCI" consistant à participer (et à inciter nos sympathisants à participer) aux réunions des autres groupes politiques." (A propos du Bulletin n° 28 de la FICCI : Réponse aux calomnies honteuses d'une petite association de malfaiteurs, Revue internationale 120, à ce jour, 17/02/05, uniquement sur le site web et souligné par nous). Le vrai CCI aurait délégué un ou deux de ses militants pour participer à la permanence du PCI... et défendre sa position sur le tsunami. Celui-ci, et alors que ses membres présents ce jour font tous partie des organes centraux, et en particulier international, tous membres éminents du liquidationnisme, se sont piteusement et honteusement éloignés.


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