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LES VERITABLES COMMUNISTES SONT RESPONSABLES
DE CE QU'ILS DISENT A LA CLASSE OUVRIERE

Avec la campagne référendaire en France, avec des lendemains de campagne qui trouvent une résonance aussi importante au moins en Europe, alors oui, on peut affirmer aujourd'hui avec certitude que c'est un bien sale coup qui est en train d'être porté à la classe ouvrière.

Derrière cette campagne, il s'agit en fait d'une réorganisation de l'appareil politique bourgeois, d'une volonté de fourbir son arme essentielle pour contrer la menace ouvrière montante : une gauche musclée, plus "sociale" et mystificatrice, capable d'encadrer et de dévoyer les luttes futures.

Et ce souci de la classe dominante, comme nous le soulignons dans la présentation de ce bulletin, ne se limite pas aux frontières de la France.

Une telle situation implique que les vrais communistes alertent la classe ouvrière contre ce danger.

C'est ce qu'ont fait une majorité de groupes dans le camp prolétarien (1).

Malheureusement le CCI, l'organisation qui se prétend la plus importante du camp prolétarien, qui se targue à la fois de pouvoir intervenir en 12 langues et d'être le "squelette du futur Parti"(2) ne tient pas le même discours.

Selon lui, l'organisation de ce référendum est plutôt révélatrice de l'extrême faiblesse de la bourgeoisie française, de son état de déliquescence, de ses grandes difficultés, voire de son incapacité à maîtriser le jeu électoral.

C'est ainsi que, dans RI n°357, trône en bonne place un article filandreux à souhait dont la trame de fond consiste à défendre l'idée que la bourgeoisie française est quasiment en pleine déconfiture, victime de son "archaïsme". Et de nous démontrer par A+B les racines de cet archaïsme, qu'on illustre par des expressions fortes et répétées (3).

Où l'on apprend que la bourgeoisie se saborde elle-même

"La façon dont Chirac a mis en œuvre le référendum sur la constitution européenne traduit une fuite en avant dans cette politique, au risque de provoquer un nouvel affaiblissement pour l'ensemble de la bourgeoisie française en cas de victoire du non."

De quelle politique s'agit-il ? On apprend, dans le paragraphe précédent, que c'est celle de "la bêtise avec laquelle la droite sabote sa propre stratégie…", celle qui témoigne d'un "archaïsme" profond des chiraquiens au pouvoir en France, qui "tels des animaux aux abois" n'auraient d'autre projet que de "s'agripper aux rênes du pouvoir".

Et d'en rajouter dans le même sens : "…le moment choisi pour ce scrutin est particulièrement défavorable du fait qu'il intervient dans une période de profond mécontentement de la classe ouvrière qui commence à réagir à une dégradation permanente de ses conditions de vie". Voilà comment on met une situation à l'envers, comment on déforme complètement son sens et comment on "hurle avec les loups". Cela rejoint le discours même de la bourgeoisie, celui de toutes ses fractions sans exception (de l'extrême-gauche à l'extrême-droite) qui nous martèlent que nous sommes en pleine "catastrophe", que la France, notamment son appareil politique (de droite et de gauche) est en grave "crise".

On apprend ainsi dans un autre paragraphe intitulé de façon éloquente Le référendum, un pari dangereux pour la bourgeoisie française que :

- "(Un "non") signifierait un affaiblissement considérable de la crédibilité de la bourgeoisie française et de son poids diplomatique en Europe comme dans l'arène impérialiste mondiale". Voilà bien un argument emprunté de toutes pièces à la classe dominante.

- La bourgeoisie perd la "maîtrise de son propre jeu politique". Carrément ! Et encore qu'"il n'est pas exclu, une nouvelle fois, qu'un manque de maîtrise de son propre jeu politique puisse faire capoter ses plans". "Cela ne serait pas la première fois que la bourgeoisie française réalise qu’elle n’a pas toujours les moyens de sa politique…". La bourgeoisie n'est donc plus capable de maîtriser notamment un de ses outils essentiels de mystification, de contrôle de la société et donc de pouvoir : les consultations électorales.

Quelles conclusions peut tirer le lecteur de cette prose ? Que la bourgeoisie française est dans un état de délabrement complet.

Ce n'est pas la première fois que le CCI se livre à un tel "glissement" politique visant à présenter la bourgeoisie comme une classe au bout du rouleau, incapable de maîtriser ses propres outils électoraux (4). La réélection de Bush qui, rappelons-le, s'inscrivait pleinement dans le processus de renforcement du dispositif politique de la bourgeoisie en vue d'accélérer la marche à la guerre, cette réélection avait été présentée par le CCI comme une manifestation de la faiblesse de la bourgeoisie US.

Voilà ce que l'organisation qui nous a jetés hors de ses rangs, qui méprise le débat et les analyses contradictoires avec le reste du camp prolétarien, est en train de faire à la classe ouvrière. En lui présentant une image dangereusement fausse de l'état du rapport de forces entre les classes, une image déformée de l'état dans lequel se trouve l'ennemi de classe dont, pour le moins, il sous-estime les capacités, le CCI contribue à endormir la vigilance des ouvriers en leur adressant ce message : "Finalement vous n'avez rien à craindre d'une classe ennemie qui est dans un tel état de délabrement". Le CCI aujourd'hui, loin de contribuer à aider les ouvriers à voir clair dans la situation, ne fait objectivement que participer, avec toute la bourgeoisie, à les égarer et à les désarmer .

L'opportunisme ne se soucie pas du cours historique et ne tient compte que des contingences du moment ; nous, nous continuerons à considérer l'histoire seule, juge et inspiratrice de notre action.
L'opportunisme recherche des actions communes et des compromis en fonction du moment seulement et en acceptant de mettre de côté le but final, en concentrant uniquement la lutte sur des étapes ; nous faisons au contraire découler nos actions de certains critères vérifiés par l'histoire et en fonction du but final, en le posant toujours à l'ordre du jour.
INTERNATIONALISME


Notes:

1. Pour ne citer que lui, le PCI-Le Prolétaire, dans le numéro 476, dénonce l'organisation d'une diversion aux luttes ouvrières de la part de toutes les forces bourgeoises, non sans avoir démontré que le prolétariat n'a rien à gagner dans ce type de consultation démocratique. "Son échec (au référendum)… signifierait qu'il a bien rempli son rôle de paratonnerre social, de diversion aux luttes ; c'est bien avec cette intention que les bonzes syndicaux, secondés par le PCF et l'extrême-gauche se sont efforcés…de détourner dans cette impasse le mécontentement prolétarien."

2. Aux lecteurs qui seraient tentés de penser que ce langage macabre est le produit de notre "rancœur sectaire", nous pouvons préciser que les termes sont du CCI lui-même. Voir dans Révolution Internationale n°358 l'article "Résolution du 16ème congrès…". Pour notre part, ceux qui nous suivent savent que nous n'allons pas si vite pour "enterrer" le CCI. Qu'il se décrive lui-même comme un squelette en dit long sur sa … vivacité !

3. Le terme "archaïsme" est asséné tout au long de l'article, complété par ceux de "fraction rétrograde" "faiblesse congénitale, chronique" et autres, censés décrire dans le détail l'état de délitement dans lequel se trouve la bourgeoisie française actuellement.

4. Dans le Bulletin 30 (mars 2005), nous reproduisions et dénoncions ces propos du CCI : "Le maintien de Bush au pouvoir était devenu intenable (…). [Mais] l'irrationalité, produit de la peur et de l'impuissance, a dominé ces élections (…)" ; "la classe dominante américaine est confrontée à des difficultés croissantes dans sa capacité à manipuler le cirque électoral (...). Comme la décomposition continue à s'accélérer, la classe dominante américaine rejoint d'autres nations capitalistes comme la France dans leurs difficultés à contrôler le cirque électoral".


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