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COMBAT CONTRE LE LIQUIDATIONNISME

Le texte que nous publions ci-après avait été rédigé il y a plusieurs mois déjà, par un de nos militants sur le coup de la colère et de l'indignation à la lecture d'un article polémique de la Revue internationale 121 du CCI contre la politique de regroupement du BIPR. Mais nous avions jugé que ce texte ne s'inscrivait pas, ou plus, dans les priorités politiques que nos bulletins suivants, devaient présenter. Il était donc resté "en magasin". Et puis la Revue sortie au premier trimestre 2006, la 124, a recommencé ses attaques, apparemment stupides et ridicules, en fait ignobles et destructrices, contre le BIPR. sur le même sujet à propos des conférences internationales qui se sont tenues au début des années... 1980. Quiconque, surtout des jeunes et nouveaux camarades, lit ces deux articles ne peut qu'être dégoûté du débat entre organisations révolutionnaires d'autant qu'il ne pourra tirer d'autres leçons politiques que le fait que "l’italien n’est pas une langue internationale" et que si le BIPR "avait accordé à ce type d’activité [les traductions] le même "sérieux" que le CCI lui avait apporté auparavant, il se serait mobilisé beaucoup plus pour surmonter les "problèmes techniques", ne serait-ce qu’en faisant appel à un traducteur professionnel" (Revue 124). De réelles leçons politiques pour aujourd'hui, de critiques politiques des orientations de regroupement développées par le BIPR aujourd'hui, de présentation de perspectives de regroupement "positives" pour aujourd'hui, d'alternative à la politique développée par le BIPR aujourd'hui, le lecteur sera bien en mal d'en trouver une seule. Seule reste la volonté de ridiculiser et de discréditer les efforts du BIPR.... aujourd'hui. Sinon quel intérêt de revenir plus de vingt ans en arrière ?

Nous avons donc finalement estimé nécessaire de publier ce texte. Pourquoi ? Car il apparaît de plus en plus ouvertement que l'actuel CCI a décidé d'attaquer et de détruire autant qu'il le peut la dynamique de regroupement international que le BIPR incarne et développe chaque fois plus. En fait, si le CCI est atteint de la maladie de l'opportunisme dont le révisionnisme de ses positions politiques (disparition de l'alternative historique guerre ou révolution, de la guerre mondiale impérialiste, de l'arme de la grève, etc...) est une expression, il existe en son sein un "courant" liquidateur, celui-là même qui est porteur des nouvelles théories telles la décomposition et le clanisme. Ce courant n'a d'autre souci que de détruire et liquider à la fois sur les plans théorique, politique, organisationnel et militant toute tentative de regroupement et tout effort de cohérence et clarification politiques. Ce "courant" est bien plus dangereux que l'opportunisme "classique". Ce courant est un véritable cheval de Troie de l'idéologie et des moeurs politiques bourgeoises au sein du camp prolétarien. Exagération ? Il suffit de lire les extraits de sa Revue théorique pour s'en faire une idée...


LE CCI "NOUVEAU" A REMPLACE LA POLITIQUE PAR LA PSYCHOLOGIE

Dans la Revue internationale 121 (2e trimestre 2005), le CCI s'essaie à une polémique contre le BIPR et sa politique de regroupement qualifiée "d'avortements" car "le seul domaine où le BIPR a fait preuve d'une certaine efficacité, c'est celui des avortements". Nous n'allons pas ici répondre à la place du BIPR qui, d'ailleurs, risque fort de ne jamais répondre sur ce terrain. Nous n'allons pas non plus développer sur la raison des différentes provocations et attaques aujourd'hui du CCI contre le BIPR. Constatons juste qu'elles se développent au moment où le BIPR apparaît et agit comme le seul véritable pôle de regroupement international suite à la destruction sectaire de l'expérience du CCI en matière de regroupement. Et s'il fallait des preuves de la faillite de l'actuel CCI sur ce plan, il suffirait de rappeler le lamentable et criminel fiasco de cette organisation dans son intervention en Argentine avec le NCI et la disparition de sa section en Australie suite à la crise de 2001 et sur laquelle il est resté, et reste encore, bien discret.

Contrairement à l'affirmation insensée de la Revue 121, la politique du BIPR a connu des succès. Et des succès importants. Comment le CCI ose-t-il amalgamer toutes les expériences qui couvrent une période de 30 ans ? Comment ose-t-il, sinon en niant une fois de plus la réalité, affirmer que le regroupement du PCint-Battaglia Comunista avec la Communist Workers Organisation de Grande-Bretagne au sein du BIPR - vieux de presque 30 ans ! - est un "avortement" ? Comment ose-t-il affirmer, contre toute évidence pour qui ne nie pas la réalité, que le regroupement du groupe canadien autour de la revue Internationalist Notes est aussi un avortement, un échec ?

En fait, tout militant ou sympathisant de la Gauche communiste aurait pu s'attendre dans cet article à la mise en avant de deux conceptions du regroupement et à la critique de l'une d'entre elles. Cela aurait présenté un intérêt politique de clarification. Mais il n'en est rien.

Comment l'article explique-t-il ce qu'il considère comme des "avortements" dans la politique de regroupement ? Par des explications politiques ? Le lecteur va pouvoir en juger sur la base des citations que nous en faisons.

L'article commence par interroger le BIPR : "Il faudra un jour que le BIPR se demande pourquoi, à plusieurs reprises, des éléments qui ont fait la preuve de leur incapacité à s'intégrer dans la Gauche communiste, se sont tournés vers le BIPR après l'échec de leur «approche» vers le CCI". Il s'agit de la thèse essentielle qui part du présupposé que toute la politique de regroupement du BIPR, depuis 30 ans, est un échec, un "avortement" : Les "déçus" du CCI, que celui-ci n'a pas voulu intégrer, se tournent vers le BIPR. D'entrée, il ne peut être question que les "déçus" du CCI aient pu être convaincus par les positions et la politique de Battaglia Communista et du BIPR. Il y a là déjà une curieuse conception qui tourne le dos au débat, à la confrontation des positions et à la clarification politique pour expliquer l'adhésion de tel ou tel à telle ou telle organisation. Quelle discussion et clarification politiques sont-elles possibles sur la base de la "déception individuelle" ?

A partir de cette thèse assénée comme une vérité immuable et générale, l'article s'engage dans tout un historique du processus de regroupement du BIPR : "c'est dans la préhistoire du BIPR (et même dans celle du CCI) qu'on trouve une première manifestation de ce qui allait se répéter ensuite de nombreuses fois". Nous soulignons toutes les citations.

Il commence donc par reprendre toutes les expériences les unes après les autres : lors des rencontres entre World Revolution, Revolutionary Perspectives et Workers'Voice qui allaient décider de l'adhésion au CCI de World Revolution, "le processus d'unification de ces trois groupes a abouti à un échec". Pourquoi selon l'article ? Parce que "les éléments de Workers'Voice décident de rompre avec World Revolution pour la raison qu'ils ont le sentiment d'avoir été floués par (...) Ces camarades ont eu le sentiment d'avoir été «trahis» et ont développé une forte hostilité envers ceux de WR".

Pour sa part, l'autre groupe, Revolutionary Perspectives, devant le refus du CCI de l'accepter comme tendance, a essayé de se regrouper avec d'autres groupes : "ce bloc «sans principe» (suivant le terme employé par Lénine) a fait long feu. Il ne pouvait en être autrement dans la mesure où la seule question qui rapprochait ces quatre groupes était leur hostilité croissante envers le CCI".

En conclusion de cette partie, voilà comment le CCI actuel dénie toute valeur au parcours de la Communist Workers Organisation, pourtant encore aujourd'hui une des principales composantes du BIPR et qui publie toujours Revolutionary Perspectives  : "Ainsi, le point de départ de la trajectoire de la CWO est marqué par le fait que le CCI n'avait pas accepté la demande de RP de s'intégrer dans notre organisation avec sa propre plate-forme".

Bref, "hostilité envers ceux de WR", donc d'ordre personnel, "sentiment d'avoir été floués et trahis", nous sommes toujours dans le domaine de la psychologie des individus militants. Voilà les raisons fondamentales pour lesquelles la CWO aurait fini par se jeter, "déçue" par le CCI, dans les bras de BC !

Et l'article de continuer à marteler sur le même thème : "le processus qui a conduit à la formation du BIPR est lui-même marqué par ce type de démarche où les «déçus du CCI» se tournent vers le BIPR". A l'appui de cette affirmation, vient ensuite l'exemple de l'échec, réel celui-là, du regroupement avec le SUCM. Puis ensuite c'est au tour d'un militant français : "Ce type d'attrait pour le BIPR de la part des «déçus du CCI» s'est manifesté à la même période chez l'élément que nous appellerons L. et qui, pendant tout un temps, a été le seul représentant de cette organisation en France". Suivent ensuite encore d'autres exemples pour en arriver à lire que "cette série de flirts des déçus du CCI avec le BIPR ne se limite pas aux exemples que nous avons cités". Ah bon ? L'élément E. aussi "a commencé à développer une attitude hostile". Et puis "il nous faut évoquer encore ceux du «Communist Bulletin Group» en Grande-Bretagne, de Kamunist Kranti en Inde, de Comunismo au Mexique, de Los Angeles Workers'Voice et de Notes internationalistes au Canada". Toutes les expériences, aussi diverses soient-elles, passent à la moulinette de la psychologie et sont réduites à des expressions des «déçus du CCI».

Le CBG ? "Probablement déçu que le CCI ait repoussé ses avances (...), le CBG s'est finalement tourné vers la CWO".

Kamunist Krantien Inde ? "Une autre aventure malheureuse du BIPR avec des «déçus du CCI»"

Comunismoau Mexique ? "De toute évidence, ce petit noyau a mal perçu l'établissement de relations entre le CCI et le GPI. (...) Le Colectivo Comunista Alptraum a probablement jugé que son «individualité» risquait d'être noyé dans un rapprochement avec cette organisation", le GPI qui allait par la suite constituer la section du CCI au Mexique.

Notes Internationalistes du Canada ? "Notes Internationalistes qui est aujourd'hui «groupe sympathisant» du BIPR fait aussi partie des «déçus du CCI»".

La conclusion de cette partie que pourraient jalouser, si ce n'était politiquement dramatique et destructeur, les auteurs de théâtre dit "de boulevard", ces pièces de théatres "légères" qui relatent les amours déçus, les jalousies et les cocufiages en tout genre chez les petits-bourgeois et bourgeois ? "On ne peut qu'être fasciné par la répétition du phénomène où des éléments qui sont «déçus par le CCI» se sont tournés ensuite vers le BIPR". Visiblement l'auteur de l'article est réellement et profondément fasciné. Nous ne savons pas s'il continue à ne pouvoir se passer des séances chez son psy, mais il est clair qu'il est "déformé" - à vie ? - par son "travail sur soi" et par la psychologie comme explication à tous les phénomènes. Certes, il ne s'agit pas pour nous de nier que des éléments de psychologie personnelle peuvent jouer à tel ou tel moment dans les débats et les combats politiques au sein des forces communistes. En particulier, quand les groupes sont petits, les militants peu nombreux et isolés, et que les expressions de luttes ouvrières restent faibles et peu fréquentes. Mais la première des choses à reconnaître dans ce cas, c'est justement la faiblesse politique que cela exprime. Et ensuite, pour justement pouvoir dépasser ce niveau, donner une explication politique et fournir les bases pour une confrontation politique des positions, il convient de poser les questions politiques, au plan politique. C'était justement une des leçons que le CCI avait tiré de sa crise de 1993-1995 et de sa dénonciation de l'utilisation devenue systématique de l'arme destructrice de la psychologie par le militant JJ pour "s'attacher" les militants et, ou, les détruire. En particulier, il expliquait les divergences politiques par des raisons psychologiques des militants qui se faisaient les porteurs de telles ou telles positions vidant ainsi tout contenu et toute valeur politique à ces positions.

Dix ans plus tard, c'est cette même politique, celle-là même de JJ, réintroduite par son double Louise au cours d'un long processus interne et souterrain, commencé au moins au début des années 1990, qui a fini par dominer notre organisation. Le lecteur peut s'en apercevoir à la lecture de la Revue Internationale 121.

Mais que personne ne s'y trompe. Si de tels éléments, si de tels individus aux origines et parcours personnels semblables, ont pu agir avec succès dans notre organisation et finir par imposer la psychologie sur le politique, c'est d'abord et avant tout dû à l'affaiblissement théorique, politique et militant considérable de notre organisation et de ses militants que nous n'avons su prévenir et combattre.

Eté 2005.


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