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L'INTERVENTION DES REVOLUTIONNAIRES

Nous publions ci-après un tract diffusé par des "communistes internationalistes" - c'est ainsi qu'ils signent - au Canada dénonçant la situation croissante de guerre impérialiste que connaît le monde capitaliste et dans laquelle la bourgeoisie canadienne entend bien prendre toute sa part comme l'atteste l'envoi d'un contingent important de soldats en Afghanistan.

Malgré quelques affirmations que nous ne partageons pas, ce tract met l'accent surtout sur la question centrale, et historiquement dramatique, qui est posée aujourd'hui au prolétariat international et à ses minorités communistes : la perspective de la guerre impérialiste généralisée au travers d'une bipolarisation croissante en cours entre grandes puissances. Loin d'être une déclamation abstraite ou "morale" contre la "Guerre", leur dénonciation souligne à juste raison que l’accumulation de ces conflits ouverts glissant vers une guerre généralisée s’attaque à tous les aspects de la vie politique et sociale de notre classe". C'est donc en toute responsabilité militante que les camarades appellent le prolétariat à opposer son alternative à la guerre impérialiste généralisée, à savoir la révolution prolétarienne, réaffirmant ainsi l'alternative historique mise en lumière par le marxisme : "Socialisme ou barbarie, il n‘y a pas d‘autres choix". Ils en appellent aussi au regroupement révolutionnaire dans la perspective de la construction du parti communiste mondial, indispensable au succès historique de la perspective révolutionnaire du prolétariat.

Nous saluons donc cette prise de position qui, selon nous, situe correctement les enjeux de la période actuelle, guerre ou révolution, qui dénonce le rôle central et actif, premier, des grandes puissances dans la marche à la guerre généralisée, et qui en appelle à la responsabilité historique du prolétariat international et de ses minorités révolutionnaires dans cette situation pour abattre le capitalisme fauteur de guerre.

Novembre 2006


Un Monde en Guerre, et en Guerre de Classe !

À partir de maintenant, « vous êtes pour ou contre nous », lançait George Junior après les attentats du World Trade Center qui avaient secoué le soi-disant monde libre des États-Unis d‘Amérique. Cette logique binaire et manichéenne est en application depuis cinq ans avec des politiques qui rendent ce pôle de l’impérialisme mondiale de plus en plus puissant dans son agressivité à maintenir ses acquis stratégiques de par le monde, ou pour museler la critique sur son propre territoire (on pense par exemple à la Stratégie de Sécurité Nationale des É.U.A (1) et au Patriot Act).

Cet attentat épouvantable qui, en septembre 2001, provoqua la mort de milliers de personnes fut ainsi le prétexte d’une nouvelle guerre pour les États-Unis. L’agression qui fut perpétrée est complètement étrangère à l’action communiste, agissant contre la classe prolétarienne en attaquant des édifices où prolétaires et bourgeois se confondaient dans leurs activités quotidiennes. C’est ainsi que, pour la plus grande part, ce sont encore une fois des prolétaires qui ont subit l’assaut guerrier produit par la polarisation des tensions entre les puissances impérialistes mondiales. Il faut noter que les moudjahiddines afghans, les talibans, et le très fantomatique Al-Qaeda, sont des créatures politiques de la CIA et des services secrets pakistanais (ISI) ultimement conçus pour lutter contre la menace de l‘impérialisme soviétique dans les années ’60 et ‘80. Les talibans ont été soutenus en partie par l’armée pakistanaise et l‘ISI (qui fut lui-même financé par la CIA) pour être placés à la tête de l’Afghanistan afin de restaurer brutalement l’ordre dans un pays dévasté par la guerre.

Mentionnons qu’à cette époque, UNOCAL, une entreprise pétrolière américaine, est en négociation avec le régime taliban afin de faire acheminer les ressources pétrolifères de l’Asie Centrale vers le Pakistan au moyen d’un oléoduc qui traverserait l’Afghanistan. D’ailleurs, le consultant et lobbyiste employé par la pétrolière pour négocier avec les talibans n’est nul autre que Hamid Karzai, l‘actuel président du peuple afghan. En 1996 cependant, l’accord échoue et les relations entre les deux pays s’enveniment. Aussi, l’attaque contre les tours jumelles a offert la meilleure excuse aux États-Unis pour intervenir militairement en Afghanistan et placer ses pions dans une position stratégique pour le contrôle des ressources de la Mer Caspienne.

Depuis leur intervention en Afghanistan, les États-Unis ont impliqué davantage leur bloc impérialiste aux Proche et Moyen-Orient. Récemment, en octobre 2006, devant leur incapacité croissante à établir l’ordre en Afghanistan, les États-Unis ont remis le commandement suprême des forces d’intervention là-bas à l’OTAN (qu’ils contrôlent totalement (2)). Membre de l’OTAN, le Canada devrait compter près de 3000 soldats sur le territoire afghan en 2007. Harper a exprimé sa détermination pour que « le rôle du Canada dans le monde ne se limite pas à ce continent », tout en se vantant auprès de l‘administration Bush d‘avoir investi des milliards pour le renforcement de l‘armée canadienne. Des entreprises comme Bombardier ont d’ailleurs développé des drones et des ponts mobiles destinés à l’armée américaine. SNC-Lavalin fabrique de grande quantité de munitions pour les forces d’occupation en Iraq et en Afghanistan. C’est ainsi que l’impérialisme canadien se montre lui aussi de plus en plus agressif et se met en branle vers une déflagration mondiale.

Depuis la chute du bloc soviétique, le repartage de certaines zones stratégiques mondiale est en train de se déterminer et la polarisation des blocs impérialistes se précise davantage. Le 11 septembre 2001 n’a fait que confirmer la réalité du capitalisme qui est une marche perpétuelle vers la guerre pour le contrôle des ressources en vue de la production de valeurs d‘échange. Cette réalité n’est pas une option possible avec laquelle peut jongler les dictats du capitalisme (le choix entre la paix ou la guerre) mais bien une réalité intrinsèque au mode de production capitaliste dans laquelle tous les États s’engouffrent et trouvent leur rôle, du plus grand au plus petit. Et l’accumulation de ces conflits ouverts glissant vers une guerre généralisée s’attaque à tous les aspects de la vie politique et sociale de notre classe. L’excuse du terrorisme - et de la guerre au terrorisme - permet de plus en plus à la bourgeoisie d’empêcher toute opposition critique à son ordre économique et politique. Par exemple, lors de la grève du métro de New York en décembre 2005, les grévistes ont été traités de terroristes, de saboteurs de l’effort de guerre américaine, et ont risqué des sanctions allant jusqu’à 25,000$ sous l’effet de la loi Taylor (une loi anti-ouvrière en vigueur dans cet état).

Il n’y a pas à l’intérieur du système capitaliste des forces réellement progressistes. C’est que dans le monde du capital, la sphère politique est complètement dominée par la sphère économique. Le capitalisme n’est pas gérable, il a une logique propre qui est celle de la course aux profits et à l’accumulation de richesses. Peu importe le parti au pouvoir, peu importe les aspirations sociales de celui-ci, il devra obéir à l’ordre économique en vigueur s‘il veut rester en place. Le socialisme dans un seul pays est hors de question, car il n’est pas réalisable. De fait, pour survivre, il doit pactiser constamment avec le capitalisme; et historiquement, il n’a conduit qu’à des aberrations totalitaires qui ne pouvaient déboucher sur autre chose que des dictatures capitalistes.

Prolétaires, pour combattre ces guerres fomentées par les classes dirigeantes, une seule alternative est possible : opposer à la guerre impérialiste des bourgeoisies nationales, notre propre guerre, celle du prolétariat international : la guerre de classe! Ouvriers, ouvrières, il faut envisager des grèves contre la guerre dans tous les secteurs de la production. Cela voudra aussi dire pour nous la confrontation avec les corporations syndicales qui cherchent toujours à nous isoler, usine par usine, et pays par pays, dans leur volonté d‘être un intermédiaire du système capitaliste. Contre l’effort de guerre nationaliste, il faudra opposer la solidarité ouvrière de par le monde, car il y a plus d’intérêts communs véritables entre le soldat canadien et le travailleur afghan qu’entre le soldat canadien et sa propre bourgeoisie. Une longue lutte se poursuit pour le développement de la conscience de notre classe afin d’en finir une fois pour toutes avec la logique guerrière du capitalisme. Prolétaires, nous devons nous unir en participant à la construction d’un parti prolétarien internationaliste, un parti anti-stalinien! Pour que triomphe la paix à l’échelle mondiale, il faut d’abord gagner la guerre de classe. Socialisme ou barbarie, il n‘y a pas d‘autres choix !

Des communistes internationalistes, Montréal 2006.


Vous pouvez nous rejoindre à cette adresse pour questions ou commentaires :

cim_icm@yahoo.com

1) The National Security Strategy of the United States of America est un document émis en 2002.

qui présente la Nouvelle Politique Étrangère Américaine. Celle-ci affirme que "pour contrer une menace suffisante à notre sécurité nationale (...) pour empêcher ou prévenir des actes hostiles de nos adversaires, les États-Unis vont, si nécessaire, agir de façon préventive."

2) Les pays impérialistes d‘Europe, membres de l’OTAN, sont en train d’élaborer une Politique Étrangère et de Sécurité Commune afin d’élaborer une défense à caractère européen quasiment au sein de l’OTAN.


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