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SITUATION INTERNATIONALE
Crise de l'immobilier, crise financière ?
Ou plus simplement crise capitaliste de surproduction ?

Une explication bien commode

Le coup de grisou qui a frappé l'ensemble des marchés mondiaux, des places financières et l'économie mondiale durant cet été a été imputé, à son de trompe, aux désormais fameux prêts à risque dits "subprime mortgage". Dans un premier temps, en tous cas, ce que les médias ont mis en avant est un scénario selon lequel, dans une économie mondiale dont les fondamentaux étaient sains, où les perspectives de croissance, tirées par les pays émergents comme la Chine ou l'Inde, étaient au beau fixe, certaines sociétés nord-américaines de prêts immobiliers auraient eu des pratiques douteuses, accordant des crédits inconsidérés à des débiteurs peu fiables. Les défauts de paiement d'un nombre croissant de ces emprunteurs auraient mis le système financier dans son ensemble au bord de l'effondrement.

S'il ne fait pas de doute qu'un certain nombre d'établissements de prêts immobiliers (notamment US, pour ce que l'on voit aujourd'hui !) ont consenti des crédits sans trop se préoccuper de la capacité des emprunteurs à rembourser leur dette, on ne peut pas ignorer :

- d'une part que ces établissements n'ont pu le faire que parce qu'ils ont "revendu ces dettes"1 à des banques et autres institutions financières qui en ont tiré profit tout en assurant une crédibilité à ces opérations ;

- d'autre part et surtout que c'est la logique capitaliste qui impose à ces établissements de prêts de mener ces opérations quel qu'en soit le risque, puisque c'est leur raison d'être.

Cela dit, et sans revenir dans le détail sur le développement de cette nouvelle convulsion qui s'étend à tout le système financier, il nous semble important de souligner ici un certain nombre de thèmes de la propagande bourgeoise.

Des mensonges en tous genres

Le premier de ces mensonges (intentionnels ou pas dans la bouche ou sous la plume de tel ou tel journaliste ou "spécialiste" de l'économie, peu importe !) consiste donc, on l'a vu, à incriminer quelques établissements de prêts hypothécaires. Le fait que ceux qui sont aujourd'hui connus pour ces pratiques soient nord-américains est en outre un excellent thème de propagande nationaliste pour les bourgeoisies des autres pays. C'est oublier un peu vite, d'abord, que c'est la consommation des ménages US qui "tirent" l'économie mondiale et le vénéré taux de croissance mondial. Que cette consommation se fasse à crédit et que la politique du dollar faible ait pour objectif de faire porter le poids de cet endettement aux autres pays, nul ne l'ignore, surtout parmi les "grands spécialistes" de l'économie.

C'est ensuite faire peu de cas du fait que, mondialisation oblige, toutes les grandes banques et institutions financières sont impliqués dans cette politique de "subprime" et en tirent des profits considérables2.

Un autre mensonge de taille consiste à vouloir nous faire croire que cette crise est venue comme un éclair dans un ciel serein. Pour ne parler que des 20 dernières années, on peut citer les krachs de 1987 sur les marchés d'actions, puis de 1990 celui des caisses d'épargne américaines (Savings and Loans), celui de 1994 avec le krach du marché obligataire US, ceux de 1997 et 1998 avec les crises financières qui toucheront des pays comme la Thaïlande, la Corée et Hong Kong puis la Russie et le Brésil, et enfin l'éclatement de la bulle dite "d'Internet" en 2001-2003.

L'idée selon laquelle les crises successives seraient des anomalies est une idée profondément ancrée dans la vision des économistes et autres thuriféraires de la société bourgeoise (et pas seulement eux, d'ailleurs). Les crises sont perçues par eux comme des incidents, des accidents d'un système dont la vocation est d'aller vers toujours plus de richesses, sans accrocs majeurs.

Cette idée n'est pas neuve et elle fut démolie par Rosa Luxemburg voilà plus d'un siècle dans son combat contre le révisionnisme de Bernstein.

"Pour lui [Bernstein] les crises sont simplement des désordres qui se produisent dans le mécanisme de l'économie ; si ces désordres cessent, le mécanisme se remet en marche. Or, en fait les crises ne sont pas des désordres au sens propre du mot, ou plutôt si, ce sont des désordres, mais sans lesquels l'économie capitaliste ne peut pas se développer. S’il est vrai que les crises constituent - disons-le schématiquement - la seule méthode possible à l’intérieur du capitalisme, et donc normale, pour corriger périodiquement le déséquilibre existant entre la capacité d’expansion illimitée de la production et les limites étroites du marché, alors les crises sont des manifestations organiques inséparables de l’ensemble de l’économie capitaliste." (Rosa Luxemburg - "Réforme sociale ou révolution ?" chap. 5)

Les crises ne sont donc pas des anomalies mais une nécessité impérieuse d'un mode de production visant essentiellement l'accroissement de la valeur au moyen de l'extraction de plus-value aux ouvriers.

Rosa poursuit d'ailleurs ainsi :

"C’est bien plutôt l’absence de désordre dans le développement de la production capitaliste qui recèlerait des dangers plus graves que les crises elles-mêmes. C’est la baisse constante du taux de profit, résultant non pas de la contradiction entre la production et l’échange mais de l’accroissement de la productivité du travail, qui menace de rendre la production impossible aux petits et moyens capitaux, risquant ainsi de limiter la création de nouveaux investissements et de freiner leur expansion. Les crises, autre conséquence du même processus, ont précisément pour effet, en dépréciant périodiquement le capital, en faisant baisser le prix des moyens de production et en paralysant une partie du capital actif, d’augmenter le profit, créant par là même les conditions de nouveaux investissements, d’une nouvelle extension de la production. Elles apparaissent donc comme un moyen d’animer le développement capitaliste ; si elles cessaient (non pas à certains moments, lorsque le marché mondial se développe mais si elles cessaient tout à fait), leur disparition, loin de favoriser l’essor de l’économie capitaliste, comme le pense Bernstein, provoquerait au contraire son enlisement." (Rosa Luxemburg, Idem)

Cette illusion d'un capitalisme progressant sans secousses majeures que défendaient les capitalistes du 19ème siècle (ainsi que les révisionnistes) s'est muée aujourd'hui en une idéologie selon laquelle, malgré les "petits inconvénients" des crises répétitives, le capitalisme est la seule issue réelle et envisageable pour l'humanité. Cela n'empêche pas de trouver, à chaque fois, une cause et des "fautifs" spécifiques parce que ces crises ne peuvent pas être ignorées et que, après chacun de ces krachs, chacune de ses "crises", la "solution" consiste à adopter des mesures qui reprennent et amplifient les pratiques qui avaient amené à ces crises : en gros, injecter de l'argent frais dans le système, recourir à un endettement encore plus massif. Ce qui ne peut manquer d'aboutir à une nouvelle "crise" après avoir détruit une certaine masse de capitaux et entraîner des mesures contre la population des pays concernés et notamment contre la classe ouvrière.

Plus encore, un des traits caractéristiques de l'entrée du capitalisme dans sa phase décadente est précisément l'impossibilité de dépasser ses crises régulières par des mécanismes purement "économiques" (dévaluation de capitaux, mise au chômage d'entreprises et expansion géographique à la recherche de nouveaux marchés). La première guerre impérialiste mondiale (1914-1918) a montré que, dorénavant, le capitalisme ne pouvait sortir que temporairement du marasme économique de la crise à l'échelle mondiale à travers un "règlement de comptes" généralisé, dirigé par les grandes puissances capitalistes. Le cycle des crises suivies d'une expansion croissante a laissé la place au cycle crise–guerre–reconstruction–nouvelle crise ; le capitalisme décadent conduit ainsi l'humanité à une barbarie croissante.

En ce sens, les "krachs" et "récessions" des dernières décennies ne sont pas des "accidents" ou des "erreurs" dans la vie "normale" du capitalisme mais des convulsions inévitables, toujours plus généralisées et profondes, qui touchent toujours plus de pays – y compris les pays centraux – qui marquent l'enfoncement progressif du système dans la crise mondiale et qui poussent de façon de plus en plus impérieuse les classes sociales à leur donner une "solution" définitive.

Nul doute que le soubresaut en cours (car il faut bien savoir que nous ne sommes encore que dans les premières phases de cet épisode) aboutira aux mêmes résultats (destruction de capitaux et mesures anti-ouvrières) ; que la bourgeoisie ne pourra y trouver d'autre "remède" que l'injection de liquidités sur le marché et son corollaire : un nouveau pas dans l'endettement massif ; et que, à terme, une autre secousse de la crise succédera à celle-ci… si tant est que celle-ci, justement, pourra être dépassée.

Un dernier mensonge que nous voulons relever ici consiste à "découpler", en quelque sorte, les phénomènes visibles du krach des "subprimes" des autres manifestations de la crise capitaliste dont on n'entend parler qu'à travers la véritable guerre économique que se livrent les entreprises à l'échelle internationale et qui se traduit par les diverses OPA, achats et ventes d'entreprises, en un mot par la logique de concentration capitalistique en cours accéléré depuis quelques mois. Tout le monde a en tête l'affaire Mittal-Arcelor, les batailles menées autour du rachat d'Euronext par la bourse de New York ou les manœuvres autour du pétrole russe pour lequel la bataille est rude entre l'Etat russe et les compagnies internationales pour l'exploitation des richesses du sous-sol.

Ces luttes acharnées qui se mènent pour le rachat ou l'alliance entre sociétés diverses sont la forme que prend la concentration, la course à l'influence et à la puissance économique de ces entreprises.

On n'a pas oublié, non plus, le rôle des fonds de pensions (notamment US) dans cette course effrénée qui se traduit systématiquement par des licenciements, des attaques contre les conditions de travail et de salaire des ouvriers.

Tous ces faits traduisent la profondeur de la crise économique et l'obligation qu'a la bourgeoisie de tous les pays de mener une guerre économique sans répit, au risque de se voir devancer par la concurrence et de disparaître.

Dans les dernières années, on a pu observer le rôle croissant des Etats et leur intervention directe ou indirecte dans les batailles commerciales qui se mènent. Cela exprime la montée des tensions impérialistes dont l'approfondissement de la crise économique est d'ailleurs la cause essentielle.

Crise économique et tensions impérialistes

Nous avons évoqué les épisodes Mittal–Arcelor où l'Etat français avait tenté (sans succès, il faut le souligner) de contrer le rachat de l'entreprise Arcelor, en partie française, par l'industriel indien Mittal. D'autres Etats, dans d'autres situations, cherchent à influencer le cours des choses dans le but avoué de défendre les "intérêts nationaux". On peut citer de nombreux cas parmi lesquels celui d'EADS est typique, ou celui de la main-mise des USA sur les marchés du pétrole ou de la reconstruction en Irak, ainsi que les nombreux cas de partage des compétences en matière d'industries de l'armement ou dans celui de l'espace, par exemple.

A chaque fois on voit qu'à travers les alliances ou les fusions de grandes entreprises de secteurs clef de l'économie les Etats interviennent, en fonction de leurs moyens évidemment, non seulement pour faire valoir les intérêts économiques de la bourgeoisie nationale mais aussi et surtout dans un souci politique d'alliances impérialistes.

A ce titre, et tandis que la crise des "subprimes" battait son plein cet été, un fait hautement significatif est un peu passé sous silence : l'aventure russe au Pôle Nord et le planté, par un sous-marin, du drapeau national par plusieurs centaines de mètres de fond. La richesse potentielle en hydrocarbures du sous-sol de cette région ainsi que sa situation stratégique font litière des simagrées écologiques de tous les protagonistes.

Face à des USA qui mènent une politique déterminée pour s'assurer le contrôle aussi large que possible des ressources en matières premières (et du pétrole en tout premier lieu), la Russie de Poutine cherche à profiter au maximum de ses ressources en pétrole et en gaz. Les pays européens – notamment Allemagne et France – qui sont très dépendant de ces approvisionnements cherchent d'une part à obtenir des conditions d'approvisionnement stables et avantageuses de ces marchandises et d'autre part à s'associer aux géants russes du secteur en investissant des capitaux dans ces entreprises. Cela implique d'être peu regardant sur les conditions dans lesquelles les sociétés pétrolières russes et l'Etat assurent leur domination sur le marché. La chose est habituelle.

Ce qui ressort de tout cela c'est que les soubresauts de la crise se déroulent sur un fond de concurrence de plus en plus exacerbée entre les différents Etats capitalistes, cette concurrence aboutissant à une guerre économique où tous les coups sont permis, ce qui provoque, en retour, un enfoncement dans la crise économique.

L'endettement faramineux des Etats, le recours à la planche à billet pour tenter d'éviter que la phase actuelle de la crise ne se prolonge et ne s'approfondisse, la guerre des monnaies entre le dollar US et l'euro visent d'abord, pour chaque capital national, à se placer le mieux ou le moins mal possible en faisant porter aux autres Etats le maximum de la charge.

Dans l'immédiat, ce sont les prolétaires qui subiront les effets de cette crise des "subprimes".

Conséquences pour la classe ouvrière

Si, comme l'écrivait Rosa, "les crises sont des manifestations organiques inséparables de l’ensemble de l’économie capitaliste" ; si elles "ont précisément pour effet, en dépréciant périodiquement le capital, en faisant baisser le prix des moyens de production, et en paralysant une partie du capital actif, d’augmenter le profit", elles ont aussi pour conséquence de jeter sur le pavé des centaines de milliers de prolétaires devenus – au moins momentanément – inutiles. Elles auront aussi pour conséquence, cette fois, de renchérir le prix des denrées les plus nécessaires à la survie des ouvriers. Chômage, hausse du coût de la vie d'un côté, augmentation des profits de l'autre. Voilà les résultats les plus immédiats de cette nouvelle poussée de crise.

A terme, ce sont aussi les conséquences de cet autre aspect de la crise que constitue la montée des tensions impérialistes que la classe ouvrière devra affronter. En clair, et comme plusieurs milliers de jeunes américains en ont déjà été les victimes (sans parler des populations iraquiennes, afghanes, tchétchènes et autres), ce sera le prix du sang qu'exigera le capital et cela de façon généralisée.

Mais l'enfoncement dans la crise, à l'inverse, est aussi la condition du renversement du capitalisme. Citons une nouvelle fois Rosa Luxemburg :

"Le socialisme ne découle donc pas automatiquement et en toutes circonstances de la lutte quotidienne de la classe ouvrière. Il naîtra de l’exaspération des contradictions internes de l’économie capitaliste et de la prise de conscience de la classe ouvrière, qui comprendra la nécessité de les abolir au moyen de la révolution sociale. Nier les unes et refuser l’autre, comme le fait le révisionnisme, aboutit à réduire le mouvement ouvrier à une simple association corporative, au réformisme, et conduit automatiquement à abandonner le point de vue de classe." (op. cit. chap. 5)

Dans cette perspective de renversement du capitalisme, le rôle des minorités communiste est essentiel.

Quelle politique pour les communistes ?

L'épisode de crise aiguë qui s'est déclenché cet été n'en est qu'à ses débuts, nous l'avons dit.

Les analyses, explications et interprétations de ce phénomène que l'on peut lire et entendre sur tous les médias de la bourgeoisie visent d'abord à nous seriner le caractère prétendument indépassable, irremplaçable et, disons le mot, "éternel" du capitalisme et de son économie. Et si, accessoirement, telle bourgeoisie nationale insiste sur l'origine nord américaine, il ne s'agit que d'ajouter une dose de ce poison nationaliste et anti-US si commode aujourd'hui, notamment chez les anciens "alliés" de Washington.

Pour les communistes, la crise économique est d'abord le révélateur de l'impasse que constitue le système capitaliste. Elle est ensuite le moyen par lequel ils ont la tâche et le devoir de faire progresser en étendue et en profondeur la conscience, au sein de la classe, de la nécessité d'en finir avec ce système par la voie de la lutte et de l'insurrection révolutionnaire. En aucun cas, bien sûr, il ne peut s'agir d'attendre que cette crise (aussi profonde qu'elle puisse être) aboutisse automatiquement à une sorte d'effondrement du système capitaliste, que la bourgeoisie et ses Etats mettent la clef sous la porte et déclarent le système en faillite.

La crise annonce implicitement la fin du capitalisme, à la classe ouvrière d'exécuter la sentence.

C'est là le sens profond de la préoccupation qu'ont toujours eue les communistes de comprendre et d'analyser l'évolution de la situation économique du capital. Si "Le Capital" est, selon le mot de Marx, la nécrologie de la société bourgeoise beaucoup plus que son anatomie, il convient de se fonder sur les lois découvertes par les pères de la théorie communiste pour déceler, dans le métabolisme du capital, les maux qui le condamne à entraîner l'humanité vers l'abîme.

Comprendre les aléas de la crise capitaliste c'est, pour les communistes, se donner les moyens de rendre clair aux yeux de leur classe la nécessité vitale de le renverser.

Pour finir nous laisserons, une dernière fois, la parole à Rosa Luxemburg et à son livre "Réforme sociale ou révolution ?". Dans son combat contre le révisionnisme naissant, elle dénonce l'idée selon laquelle le socialisme pourrait s'imposer petit à petit au moyen de réformes favorables à la classe ouvrière. Réaffirmant, après Marx et Engels, la nécessité impérative de la destruction violente du capitalisme par le prolétariat, elle défend le point de vue selon lequel ce renversement ne pourra se faire que dans des conditions de crise de la société capitaliste.

Mais alors une grande question se pose : atteindrons-nous le but final où tendent nos aspirations et, si oui, pourquoi et comment ? Pour le socialisme scientifique la nécessité historique de la révolution socialiste est surtout démontrée par l’anarchie croissante du système capitaliste qui enferme celui-ci dans une impasse. Mais si l’on admet l’hypothèse de Bernstein : l’évolution du capitalisme ne s’oriente pas dans le sens de l’effondrement - alors le socialisme cesse d’être une nécessité objective. " (Rosa Luxemburg, op. cit. Chap. 1, "La méthode opportuniste")

La Fraction, 22 sept. 2007


Notes:

1. L'expression paraît paradoxale ; il s'agit en fait, pour ces établissements, de créer des fonds mêlant ces prêts à haut risque avec d'autres moins risqués (voir sans risque du tout) et de vendre des parts de ces fonds à des banques ou sociétés de crédit qui, à leur tour, peuvent opérer de la même manière. Il en résulte un étalement du risque qui, en cas de crise profonde, propage cette crise à l'ensemble du système.

2. On a vu au mois d'août la banque BNP Paribas clore 3 de ses fonds "appuyés" sur les dits "subprime". Preuve que cette banque, comme nombre d'autres, était impliquée dans ce jeu délirant.

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