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LUTTE CONTRE L'OPPORTUNISME

Nous publions ci-après un Appel au milieu pro-révolutionnaire lancé par le groupe Perspective internationaliste suivi de notre réponse, négative, à cet appel. Notre réponse donne les éléments politiques pour lesquels nous ne pouvions nous inscrire dans cette initiative et pour lesquels nous estimons qu'elle représente, non pas un pas dans "la bonne voie" du regroupement des forces communistes et de la constitution du parti communiste mondial dont le prolétariat international a un absolu besoin, mais plutôt une impasse et même un danger pour la réalisation de cette perspective.

A notre connaissance, cet appel a été discuté en Amérique du Nord, en Grande-Bretagne dans le "Forum de discussion des Midlands" (cf. la revue du BIPR, Revolutionary Perspectives n°50), et lors d'une réunion publique organisée par Perspective internationaliste à Paris, le 9 mai dernier. A ce jour, hormis le compte-rendu de la CWO-BIPR, nous n'avons lu aucun commentaire, aucune conclusion, aucun bilan de ces réunions et de cette initiative. Pour notre part, nous avons participé à la réunion de Paris - le fait d'être en désaccord avec l'initiative et d'avoir des désaccords politiques fondamentaux avec ce groupe que nous considérons comme appartenant à la mouvance conseilliste, ne signifie aucunement que nous nous interdisons d'intervenir dans ses réunions publiques, d'y mener un combat politique et d'y assumer, dans la mesure de nos forces, une présence politique, voire même d'essayer d'y convaincre des camarades.

Divers éléments, cercles et groupes y ont participé. Parmi eux, le CCI avait envoyé une délégation qui, suite à une véritable "discussion de marchands de tapis" avec PI, a participé à la réunion. Le marchandage en question, expliqué au démarrage de la réunion, a consisté dans le fait que PI voulait que le CCI retire son accusation de "parasitisme" pour qu'il puisse être présent, ce que celui-ci acceptait de faire à condition que PI retire l'accusation de stalinisme portée il y a plus de 20 ans dans le premier numéro de PI ! Ca volait haut dès le départ.

Les autres éléments et cercles présents se rattachaient au milieu qui assiste d'habitude aux réunions de PI, ex-Communisme ou Civilisation, Cercle de Paris (ex-membres du CCI), et à des éléments divers dont des membres des éditions Smolny, un nouveau groupe le Forum pour la Gauche communiste internationaliste qui publie une revue Controverses et dont les principaux membres sont des militants du CCI qui viennent juste de quitter cette organisation, des individus dont parmi eux un élément anarchiste de la CNT. Nous ne faisons pas de résumé de la discussion qui a tourné autour de l'Appel, chacun développant sa vision à lui, et pour beaucoup leur scepticisme sur l'initiative. Bref, bien peu d'homogénéité entre les participants au point qu'à ce jour, il semble bien - notre délégué ayant dû quitter la réunion avant la fin - qu'aucune initiative concrète ait été mise en avant et que chacun soit retourné à ses petites affaires.

Informons juste nos lecteurs, au passage, que nous avons été informé par la suite que le CCI, une fois que nous avions quitté le lieu, a essayé de faire adopter par les participants une motion visant à nous exclure de ces réunions et à nous condamner comme voleur, etc... Visiblement, la réunion s'est terminée au même niveau où elle avait commencé.

Enfin, un petit commentaire rapide sur le Forum pour la Gauche communiste internationaliste : il s'agit donc, apparemment, de militants ayant quitté dernièrement le CCI. Nous avons pris connaissance du premier numéro de Controverses. Et disons-le sans fard, cette première lecture indique que ces camarades semblent vouloir prendre un chemin qui ne peut que les mener à la confusion politique et à la remise en cause des acquis du CCI et de la Gauche communiste. Déjà, en terme de méthode : ils ne disent pas quel a été leur parcours politique, ce qui les a amené à rompre avec le Courant et donc ne semblent pas vouloir s'inscrire dans la revendication, critique, d'une continuité théorique, politique et organisationnelle. Conséquence politique immédiate de ce rejet de tout cadre théorico-politique impératif et contraignant lié à leur histoire : d'une part, ils ne s'engagent pas dans un combat au sein du CCI pour défendre leurs positions et assumer leur opposition à la politique actuelle, et d'autre part ils se sont jetés avec un enthousiasme sans fondement, autre que la bonne volonté s'exprimant dans le désir de "surmonter tous [les] legs du passé", à savoir la dispersion, les profondes divergences et les "blessures douloureuses [des] avant-gardes du prolétariat", sur l'Appel de PI au point d'en être devenus le principal et zélé propagandiste en Europe. Ils sont donc "libres" de toute continuité et de toute référence. La conséquence la plus évidente et la plus immédiate de cette "liberté" recherchée d'avec leur propre passé politique, se retrouve par exemple dans le texte sur la situation internationale de leur revue, Tendances et paradoxes de la scène internationale. Ce texte, sans aucune référence aux analyses et positions développées par les principaux groupes communistes, sans aucune référence même au CCI et à ses positions opportunistes en la matière, est incapable de dégager une quelconque perspective pour le monde capitaliste et se refuse à prendre position sur les principales questions théoriques et politiques qui se posent aux révolutionnaires : est-ce que l'alternative historique posée par le marxisme, guerre ou révolution, reste valable ? Est-ce que le monde capitaliste s'oriente vers un renforcement des contradictions entre les plus grandes puissances impérialistes dont la dynamique propre ne peut déboucher que sur une troisième guerre mondiale généralisée ? Est-ce que la guerre impérialiste reste une question centrale à laquelle est confronté le prolétariat international ? Tout en reprenant une vision s'apparentant à celle de la théorie de la décomposition du CCI actuel, l'article n'en dit pas un mot. Nous aurions d'autres critiques, tant sur la méthode et la démarche des camarades donc, qui ne peuvent, selon nous, que les mener à s'éloigner, à quitter, le terrain du marxisme et du combat politique communiste, que sur des prises de position qui en découlent, mais tout cela mériterait une critique plus élaborée de notre part que nous ne pouvons accomplir ici. Néanmoins, il nous semblait impossible d'ignorer l'apparition de ce Forum et de ne pas en informer nos lecteurs et le camp prolétarien.

Pour en finir, relevons simplement au passage que ces camarades qui ont voté toutes les résolutions et condamnations contre nous à partir de 2001 qui nous accusaient d'être des voleurs et des flics, des nazis et des staliniens, etc., qui ont adopté une motion interdisant toute relation, même personnelle, avec des membres de notre Fraction, nous ont salué fraternellement comme il se doit entre militants révolutionnaires. C'est dire quel était leur niveau de conviction lorsqu'ils votaient ces condamnations, c'est dire à quel point nous avions raison lorsque nous affirmions que les militants du CCI votaient alors ces résolutions en sachant pertinemment qu'elles n'étaient que des mensonges et des calomnies. C'est dire à quel point la politique liquidationniste vis-à-vis de notre Fraction, n'était que du bluff et à quel point elle a fait faillite.

Juillet 2009.


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