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Nous publions ci-après la réponse d'une partie de notre fraction, réponse qui se présente comme "position majoritaire" de notre fraction, et qui a été rédigée bien après la "Réponse aux réponses" des CIM. Elle est en claire opposition avec notre prise de position reproduite précédemment puisqu'elle ne soutient pas la Proposition des CIM, expliquant d'entrée pourquoi la Proposition était vouée à l'échec du fait du sectarisme existant parmi les groupes. Elle justifie ainsi le maintien du statu quo au sein du camp prolétarien, la démission et le défaitisme devant cette situation. Il est intéressant de noter que le fond des arguments rejoint celui de la vision sectaire du CCI officiel gangréné par l'opportunisme.

Nous aurons l'occasion de revenir sur les difficultés et désaccords internes de notre fraction prochainement afin de les éclaircir aux yeux de nos lecteurs et du camp prolétarien.

Jonas, Ldo et Juan pour la Fraction.


Commentaires critiques de la majorité de la Fraction sur
la proposition des CIM (Communistes Internationalistes -Montréal)
de créer un site web commun aux groupes de la Gauche communiste

La Fraction interne du CCI

aux CIM

Le 07/11/2009

Chers camarades,

Tout d'abord nous regrettons de devoir vous transmettre des commentaires par après, c'est-à-dire très tard, par rapport à la proposition de site Web que vous avez faite à différents groupes du camp prolétarien. Vous connaissez, pour partie, les raisons internes sur lesquelles nous reviendrons ultérieurement. Dans l'immédiat nous vous renvoyons au texte que nous vous avons adressé le 25/10 « Adresse au MPP » dans lequel nous signalons « que l'ensemble des mails reçus par nos lecteurs depuis le 04/08/09 ont été rédigés à l'initiative d'un seul camarade, Ju, sans consultation préalable de l'ensemble de la Fraction. Au-delà de la méthode que nous contestons, nous désapprouvons et nous nous désolidarisons du contenu et des axes politiques développés dans ces messages par le camarade. ».

A vrai dire, nous avions émis, majoritairement, des réserves sur votre proposition. Du fait de notre crise interne, nous n'avons pas eu la possibilité de développer les arguments dans une discussion collective, discussion qui a été refusée par le camarade Ju explicitement (16/09/2009).

Aujourd'hui, nous allons tâcher d'aller plus loin dans ces arguments en intégrant à notre réflexion les réponses des groupes et vos propres commentaires suite à ce que vous-mêmes interprétez comme un échec.

I. Pourquoi la proposition était vouée à l'échec ?

L'idée de départ s'appuie sur le constat d'un besoin important de stimuler et développer le débat et la confrontation fraternelle des positions politiques au sein et entre les groupes sérieux du milieu prolétarien ; en premier lieu ceux qui se « revendiquent » de la Gauche communiste.

Cette préoccupation, cet état d'esprit d'ouverture, cette volonté de regroupement se sont souvent et clairement manifestés dans vos écrits et interventions.

De là, votre souci de faire changer les choses, de remettre à l'ordre du jour la nécessaire discussion et confrontation politique entre (et au sein) les organisations de la Gauche communiste. Cela reflète bien une réelle volonté d'être partie prenante de la perspective de regroupement des forces communistes. Il y a un réel souci de mettre tout à profit en vue de favoriser ce regroupement, notamment par un débat commun à l'ensemble des groupes sérieux du milieu politique se rattachant à la Gauche communiste. Cela nous le saluons et nous y associons.

Cependant à y regarder de près, n'importe quel groupe du camp prolétarien peut prétendre être animé de cette volonté, y compris des éléments isolés de la mouvance prolétarienne peuvent défendre sur le fond cette préoccupation. Cela n'en fait pas un critère de référence.

1. Dans le bilan que vous commencez à tirer de cette expérience avortée, vous touchez le coeur du problème.

Vous indiquez que, face aux réponses et non-réponse de certains groupes, vous êtes un peu « mitigé » quand à cette proposition. Vous vous interrogez « sur son utilité dans la période, l'énergie à y consacrer par rapport aux forces réelles, sa validité lorsque nous assistons au reflux de la plupart des groupes concernés ». Nous saluons tout particulièrement la lucidité de ce premier et rapide bilan.

Toute proposition allant dans le sens du regroupement des forces révolutionnaires, dans le sens de pousser au débat au sein et entre les groupes ne peut reposer que sur une analyse politique approfondie de l'état de ce milieu, sur son évolution en relation avec l'évolution de la période dans laquelle nous nous débattons. Notre propos n'est pas de condamner les groupes de manière superficielle et non basée sur des arguments politiques de fond, mais bien plutôt de nous interroger sur l'état réel de ce milieu et « l'opposition » entre les différentes tendances au sein de celui-ci.

- Ainsi, le CCI a depuis plusieurs années, choisi l'option politique de débattre prioritairement avec la mouvance gauchiste, anarchiste qu'il revendique ouvertement tandis qu'il a rompu toute politique de débat et de confrontation des positions avec le BIPR ou le PCI. C'est un constat : on ne rencontre plus de polémiques dans la presse du CCI. Ce tournant dans l'orientation politique du CCI qui trouve sa « justification » dans la théorie de « la culture du débat » est à l'opposé de la conception du regroupement telle que nous pouvons, vous et nous, la concevoir.

- la réponse du PCI-Le Prolétaire (26/09/09) est tout à fait claire quant à leur divergence de fond concernant leur conception du regroupement des forces communistes. Le PCI-Le Prolétaire, est toujours resté sur la même ligne politique à ce propos, sa réponse est en cohérence avec ses fondements politiques et « respectable »de ce point de vue, même si nous pensons qu'il est dans l'erreur. Sur cette base, il ne pouvait adhérer à la proposition.

- quant au BIPR, dans le contexte immédiat, il n'était pas réaliste de penser que cet organisme pourrait se saisir et relayer cette proposition. C'est avec ce groupe que nous partageons la vision la plus proche de la Gauche communiste et du regroupement, c'est un fait. Cependant il y a fort à parier que des divergences existent quand aux conséquences concrètes, à la mise en pratique de ces conceptions.

Par ailleurs, on doit prendre pleinement en compte ce fait : la simple reconnaissance de l'existence d'une « Gauche communiste », la notion de « camp prolétarien » n'est pas partagée au même niveau par l'ensemble des groupes ciblés par la proposition initiale.

La plupart des groupes nient cette filiation ou du moins n'ont pas la même vision (et par conséquent la même approche par rapport à cela). Cette conception divise les groupes du milieu depuis plusieurs années et c'est un niveau important de divergence politique duquel découle nécessairement une approche différente de l'intervention vis-à-vis des autres groupes. C'est un point qui devrait être débattu, sur lequel les positions devraient être confrontées.

Enfin, chaque groupe possède son propre site, ses propres moyens d'intervention qu'il maîtrise selon ses propres orientations politiques, chacun a ses propres moyens d'expression (presse, forums...) : il aurait fallu que la proposition ait été bien innovante, pour qu'elle puisse rencontrer leurs intérêts politiques dans le moment présent.

2. Quoiqu'il en soit, l'échec que vous constatez ne nous surprend pas. Selon nous, il était contenu dans la proposition elle-même et déjà dans les contradictions qu'elle renferme, contradictions qui engendrent une certaine confusion.

- En premier lieu des contradictions au niveau concret de la proposition, ce qui serait un moindre mal et aurait pu être relevé et aménagé. Qui pouvait intervenir sur ce site ?

. "ce sera un outil interne à des groupes de la GC"

. "éventuellement d'autres groupes (et/ou individus) pourraient s'ajouter"

. "la lecture du site sera ouverte à tous". Qu'adviendrait-il alors des « individus conscients » qui

souhaiteraient intervenir et publier sur ce site ?

. "le but premier concerne les groupes de la GC"

Cela est confus car il n'apparaît pas clairement, ni à qui est destiné ce site, qui pourrait y intervenir, qui en assurerait la gestion technique. Mais surtout qui assurerait le suivi et le choix des textes ? Qui déterminerait des orientations éventuelles ?. Sauf à considérer qu'il pourrait s'agir d'un site web n'ayant d'autre destination que d'être un porte-voix, sans cadre politique défini en commun, aux documents des groupes de la GC.

- Certes, et c'est louable, la proposition s'appuyait sur des « critère politiques », avec le souci de donner une concrétisation politique à ce site. Critères politiques qui posaient déjà une menace, celle « de voir certains groupes se détacher du CP lorsque les discussions verront certains de ceux-ci surgir avec des notions complètement étrangères aux intérêts de notre classe » selon votre propre proposition. Certes, mais, qui sera juge de ces « notions étrangères aux intérêts de notre classe » quand déjà, les groupes visés ont une approche divergente des positions politiques et analyses ? Quand les groupes ciblés par la proposition n'ont pas la même analyse sur des questions aussi importantes que la nature du Parti, la question syndicale, la question nationale...

Dans cet ordre d'idée, la proposition était adressée à l'OPOP. Or, la Fraction a pris position quand à la nature de ce groupe, nature qui n'a pas été clairement discutée entre les groupes et sur laquelle nous pouvons douter qu'une homogénéité existe. Dernièrement, nous avons dénoncé la « collaboration active du CCI » avec ce groupe gauchiste de type syndicaliste de base, lisible dans sa plateforme. Cela n'induit pas que toute discussion et confrontation politique soit exclue avec l'OPOP. Quant à côtoyer un tel courant d'idée au sein d'un site « réservé » à la Gauche communiste, c'est une autre orientation. Nous regrettons que les camarades Ju et L, qui ont salué chaleureusement la proposition des CIM, n'aient pas relevé cette contradiction.

3. La proposition part d'un mélange entre « débat politique » et outils pour mener celui-ci.

Or il y a là une question de méthode et d'approche politique.

L'outil pratique et, en quelque sorte, technique du site ne peut pas et ne doit pas être érigé en solution en soi. Ou bien, dit autrement, une fois que l'on a constaté qu'il existe une grande dispersion entre les groupes de la GC, il importe d'abord d'en comprendre les raisons et les bases ; en suite de quoi on peut, et on doit, se poser la question des moyens (des outils) à mettre en oeuvre pour combattre cette dispersion, pour travailler au regroupement. Cependant, l'outil utilisé ou envisagé ne doit pas être considéré comme LA SOLUTION, mais comme le moyen d'arriver à cette solution. Reste à définir et élaborer cette solution et, bien sûr, à en débattre au préalable.

Selon nous, l'utilisation d'Internet, sous l'angle d'un « débat virtuel » n'est pas identique à l'idée de mener un « débat politique ». Autrement dit, créer sur Internet un « lieu d'échange virtuel » , une sorte de « forum » comme il en existe tant, conçu comme un « point de rencontre » entre les groupes et « défendre l'idée d'un débat politique nécessaire », sont deux choses non identiques.

La Fraction a, là-encore, eu l'occasion de mener la polémique critiquant ces « espaces virtuels », ces « forums » comme substitut à la véritable confrontation des positions politiques, au véritable débat qu ne peut avoir lieu que dans un cadre militant et organisé.

« Les réseaux ou les forums sur Internet ne sont que des sortes de communautés virtuelles illusoires ou chacun peut y aller de sa plume éphémère, sans engagement politique d'aucune sorte. Leur fond de commerce, c'est la "démocratie", la "liberté d'expression" dont ils relayent les poncifs les plus en vogue ; la plupart des intervenants y pratiquent au quotidien l'insulte et la caricature des points de vue pour faire oublier leur propre inanité et leur absence de volonté de débat. Au nom de la "liberté d'expression individuelle" on y prescrit l'anonymat c'est-à-dire le droit à la lâcheté la plus crasse. Quant il ne s'agit pas purement et simplement d'un appât de la part de brigands au service de l'idéologie bourgeoise. Ce type de support est incompatible avec les impératifs d'un débat maîtrisé et volontairement orienté selon des critères politiques préalablement définis. » (« Pour une presse militante d'intervention » (Bulletin 43), paragraphe

« Forums... : arène de la confusion politique »)

« Dans le numéro antérieur du bulletin, nous mettions en relief comment la publication inconsidérée d'articles les uns à la suite des autres "online" tournait le dos aux exigences d'une presse communiste militante qui requiert un cadre théorico-politique, des analyses et des orientations politiques et une intervention militante vers la classe ouvrière. Toutes choses qui nécessitent obligatoirement un cadre et une vie organisationnels collectifs permanents ainsi qu'un esprit et une activité de Parti à l'opposé des "réseaux Internet". (Bulletin 44)

4. Enfin, soulignons que la mise en place d'un tel site, en admettant que l'idée en soit acceptée par les groupes, aurait nécessité au préalable une discussion ne serait-ce que pour définir un cadre politique de fonctionnement. Or, même ce préalable n'est pas à l'ordre du jour du fait de la crise dramatique qui agite ce milieu (crise interne à la plupart des groupes) et qui, au-delà des pertes militantes et de l'érosion « numérique », a pour effet, non une décantation mais par une confusion politique encore plus grande. D'où la nécessité vitale d'une analyse plus complète de l'état du milieu politique, travail qui reste à faire et autour duquel nous devrions associer nos faibles forces.

II. Quelles perspectives ?

Lorsque nous vous avons rencontré l'été dernier à P., nous vous avions proposé de renforcer nos relations politiques, condition pour envisager d'asseoir le débat politique entre nos deux regroupements, les CIM et la Fraction.

Nous vous avions alors proposé de donner un nouvel élan concret au débat à partir, par exemple, des critiques que font les CIM sur « l'optimisme de la fraction sur l'état du rapport de force entre les classes » ainsi que sur la question que vous envisagiez d'approfondir concernant ce que vous étiez en train d'analyser comme « un retour du capitalisme d'Etat).

En ouvrant une discussion entre la Fraction et les CIM sur une telle base, nous pouvions nous inscrire dans la perspective de répercuter ce débat et l'élargir au sein du milieu prolétarien (groupes ou éléments en recherche).

Nous avions évoqué à nouveau le projet de « bulletin de discussion internationale » qui, pour différentes raisons, avait été mis en retrait mais auquel nous sommes toujours attachés, vous et nous, comme un outil sur lequel nous pouvions avoir collectivement toute maîtrise politique, tant au niveau du contenu que du « public » auquel nous pouvions le destiner.

En ce sens, nous restions sur l'orientation que la Fraction avait validée dans sa « résolution d'activité de 2008 » et qui avait emporté votre accord.

« Aujourd'hui, le camp prolétarien a pour tâche prioritaire de confronter et de clarifier aux yeux du plus grand nombre les différentes positions politiques qui le traversent. Pour cela, il doit se donner les moyens d'offrir des cadres de discussion et de confrontation politique afin de servir de référence aux éléments et nouveaux groupes qui surgissent. (...) outre le fait que, pour l'heure, il n'est guère envisageable de tenir un ou des cycles de conférences internationales du camp prolétarien qui permettraient d'offrir un espace international de référence, mettant en avant les positions communes et les divergences qui existent entre les principaux courants et groupes qui le composent, aucune des revues théoriques qui paraissent aujourd'hui n'est en capacité d'être un lieu de discussion et de confrontation politique pouvant réellement servir de référence internationale.

Il appartient à notre fraction de pousser à la constitution de tels outils et de tels lieux, ou espaces, de vie prolétarienne et de participer à l'animation de ceux qui existent. C'est la raison pour laquelle, nous devons nous efforcer d'assister à toutes les réunions publiques des groupes dans la mesure de nos moyens - y compris celles du CCI "officiel" desquelles nous sommes toujours "interdits" et violemment chassés. De même, nous nous devons de participer plus activement aux quelques polémiques qui se déroulent entre les groupes.

Mais, tout cela nous paraissant encore largement insuffisant au regard des besoins du camp prolétarien (et de la classe comme un tout), nous avons commencé à discuter avec quelques camarades, en particulier avec les CIM, de la nécessité et de la possibilité de réaliser un "bulletin de discussion et d'information international" qui ferait appel à tous ceux - groupes, militants, éléments isolés - qui voudraient y participer activement (politiquement et matériellement) pour en faire un lieu de débat permanent et un point de référence pour tous les éléments et groupes que la classe fait et fera surgir. Ce bulletin, loin d'être une énième publication révolutionnaire venant s'ajouter à celles qui existent déjà, se voudrait être un nécessaire et efficace outil pour le regroupement des forces communistes, regroupement qui ne peut se concevoir aujourd'hui qu'autour du BIPR. »

Pour notre part, nous persistons à penser que c'est sur l'ensemble de ces bases que notre réflexion commune doit se poursuivre.

La Fraction (position majoritaire)

Le 07/11/2009


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