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Vers des affrontements décisifs entre le prolétariat et les forces capitalistes

La lutte des classes revient avec force s'affirmer comme "le moteur de l'histoire" aux yeux du plus grand nombre, malgré sa "mort annoncée" tant de fois par les idéologues et propagandistes bourgeois. Tous les continents sont touchés par les combats du prolétariat : les Amériques - Brésil, Chili, Mexique, Etats-Unis -, l'Asie - Chine, Vietnam, Thailande, Turquie -, l'Afrique - Afrique du Sud, Egypte -, les pays de l'ancien glacis soviétique - Russie, Bulgarie, Ukraine, Pays baltes, et maintenant, de manière simultanée, quasiment tous les pays d'Europe occidentale - Grèce, Espagne, Portugal, France, Grande-Bretagne, Belgique, Allemagne, etc... Le prolétariat du monde entier, et particulièrement de son coeur historique, l'Europe occidentale, reprend le chemin du combat de classe. Ces luttes se développent en réponse aux attaques massives que le capitalisme en crise aigüe est obligé de porter contre la classe exploitée. La soi-disant reprise économique n'est qu'un leurre, un mensonge de plus, que la réalité quotidienne - et bien souvent aussi les chiffres mêmes des statistiques de la bourgeoisie - vient démentir. Il en est de même pour la fausse bonne santé économique des pays dits "émergents"1. La Chine - et avec elle le Brésil -, si souvent mise en avant comme exemple, connaît une situation économique de plus en plus "contradictoire" du point de vue capitaliste et misérable pour la classe ouvrière. A tout moment, ce pays peut exploser, tant au plan économique que social, et les luttes ouvrières massives et violentes se multiplient2.

Ce développement simultané des luttes ouvrières au plan international pose la question de la perspective de "l'internationalisation" de ces luttes. Il indique que nous sommes entrés dans un processus qui mène à des confrontations de classes généralisées et historiquement cruciales.

Ce processus se confronte aujourd'hui aux obstacles que l'appareil d'Etat capitaliste met sur sa route. En premier lieu, les manoeuvres et les sabotages des syndicats qui sont de plus en plus obligés d'utiliser une fausse division interne entre les directions et une "base" plus radicale. Les premières organisent des journées d'action, grèves et manifestations nationales, qui visent à occuper le terrain, à limiter au maximum l'éclatement de luttes ouvertes et à étouffer toute prise en main directe par les ouvriers de celles-ci et particulièrement de leur extension et unification contre l'Etat. La pression et la combativité ouvrières croissantes ne pouvant être contenues par ces seules journées, le syndicalisme de base "accompagne" (quand il ne les organise pas lui-même) les "débordements", les actions plus radicales, les grèves "sauvages" - c'est-à-dire celles qui, à juste raison, ne respectent pas les lois bourgeoises qui fixent le soit-disant "droit" de grève - ; les manifestations qui ne veulent pas être des balades syndicales inoffensives et qui s'emparent de la rue, les piquets de grève et de blocage des entreprises, etc. Il "accompagne" aussi tous ces mouvements sociaux en muselant les assemblées générales qui se veulent indépendantes des syndicats avec les "comités" et autres "coordinations" qu'il contrôle- les "AG interprofessionnelles" se sont multipliées en France ces derniers temps, parfois à l'initiative des ouvriers eux-mêmes, plus souvent à l'initiative des gauchistes et syndicalistes de base - pour finalement chercher à les détourner de leur fonction et de leur but. Malgré ces obstacles, la combativité et les luttes ouvrières se maintiennent cherchant leur voie par de multiples moyens et dans un apparent "désordre" qui n'est que le processus même de la lutte des classes, et plus particulièrement celui de la grève de masse décrit en son temps par Rosa Luxemburg.

" Tantôt la vague du mouvement envahit tout l'Empire [Russe], tantôt elle se divise en un réseau infini de minces ruisseaux ; tantôt elle jaillit du sol comme une source vive, tantôt elle se perd dans la terre. Grèves économiques et politiques, grèves de masse et grèves partielles, grèves de démonstration ou de combat, grèves générales touchant des secteurs particuliers ou des villes entières, luttes revendicatives pacifiques ou batailles de rue, combats de barricades - toutes ces formes de lutte se croisent ou se côtoient, se traversent ou débordent l'une sur l'autre, c'est un océan de phénomènes éternellement nouveaux et fluctuants". Bien qu'il ne s'agisse pas encore de mouvements sociaux du niveau de ceux de 1905 en Russie, c'est quand même le processus de la grève de masse qui se développe actuellement à l'échelle internationale et tout particulièrement en Europe occidentale et qui va poser à terme les questions de la généralisation et de l'unification des combats ouvriers. Si ce processus est, aujourd'hui, encore loin de s'exprimer à travers un mouvement qui remet ouvertement en question le capitalisme, il n'en reste pas moins vrai que, comme le précise Rosa Luxemburg: "La grève de masse est bien plutôt un terme qui désigne collectivement toute une période de la lutte de classes s'étendant sur plusieurs années, parfois sur des décennies".

Mais déjà, nous pouvons affirmer que, rarement dans l'histoire, nous avons connu une situation telle que celle qui se profile devant nous à partir d'aujourd'hui et qui réunit autant de conditions objectives et subjectives pour que ce processus s'épanouisse : la marche inexorable et sans retour de la crise économique (signant la faillite historique définitive du système capitaliste) s'accompagne d'un enfoncement inéluctable du prolétariat mondial dans la plus grande des misères et d'un développement de la barbarie guerrière capitaliste qui annonce et permet la préparation, par la classe dominante, d'un nouvel holocauste généralisé ; mais ces insupportables conditions permettent, cependant, à la classe ouvrière, partout, d'affirmer de plus en plus sa colère et son refus des politiques bourgeoises, et favorisent le développement de ses propres expériences de lutte et de sa conscience de classe mise à mal depuis une vingtaine d'années.

D'ailleurs la bourgeoisie ne s'y trompe pas et ne cesse de s'y préparer au niveau international. Ce sont les mêmes stratégies qu'elle instaure volontairement et développe partout pour faire face au danger prolétarien. Elle se donne tous les moyens (notamment grâce à ses syndicats et à ses médias) pour retarder, disperser, saboter les ripostes ouvrières et surtout pour empêcher leur généralisation et leur unification conscientes par delà les divisions corporatistes et même nationales ; en d'autres termes, elle fait tout, dès aujourd'hui, pour faire avorter le processus qui s'est ouvert.

Actuellement, par exemple, un peu partout (surtout en Europe et en Amérique du nord) et en utilisant exactement les mêmes moyens, elle adapte son appareil politique à l'aggravation des contradictions de classes. Ainsi, à travers la publicité qu'elle fait aux "oppositions extrémistes" de la gauche comme de la droite, elle s'arme spécifiquement contre la classe ouvrière : avec la première "opposition", elle vise à couvrir le flanc social, celui des luttes ; quant à la deuxième, elle lui sert d'épouvantail afin de détourner l'attention des ouvriers vers la prétendue cause de "la démocratie en danger" et, par là, les enchainer derrière la défense de l'Etat démocratique. Nous revenons dans ce bulletin sur ce phénomène dans notre article, Partout la bourgeoisie prépare son appareil d'Etat pour contrer le prolétariat en lutte.

Mais, dans la perspective des confrontations massives inévitables qui murissent déjà, la bourgeoisie ne peut se contenter de seulement entraver le développement des luttes ouvrières et de la conscience de classe dans les grandes masses ouvrières. Elle s'attaque aussi directement au plan politique et idéologique aux avant-gardes politiques du prolétariat, c'est-à-dire aux forces communistes. Celles-ci sont déjà affectées par la dispersion et le sectarisme, ce qui aujourd'hui handicape la réaction ouvrière et le rapport de forces historique entre prolétariat et bourgeoisie. La pression de l'idéologie bourgeoise au sein du camp politique prolétarien est une constante qui justifie le combat permanent qui doit être mené contre les diverses manifestations de l'opportunisme politique. L'actuel CCI, dans sa course folle et apparemment sans frein dans cette voie, tente actuellement un véritable coup de force pour introduire l'anarchisme comme une composante à part entière du camp révolutionnaire, voire même comme l'alter-ego de la Gauche communiste ! Outre que ceci ne peut que précipiter la liquidation, déjà bien engagée, de cette organisation et sa perte définitive comme organisation communiste, l'acceptation passive, le silence par les autres forces du camp prolétarien, sur les révisions théoriques et politiques par le CCI représenterait un handicap considérable pour le prolétariat dans la perspective des confrontations massives de classes.

Comme moment particulier de ce combat, le lecteur trouvera dans ce bulletin la lettre ouverte que nous adressons à l'ensemble des militants du CCI. Et nous appelons tous les groupes communistes et tous les sympathisants de la Gauche communiste, au premier chef du CCI lui-même, à intervenir et à s'impliquer dans ce combat3.

Bien évidemment, nous ne limitons pas à cette seule dimension, même si elle est pour nous fondamentale, l'action des groupes communistes. Leur intervention est tout aussi importante dans le développement des luttes ouvrières et le processus de grève de masse dans lequel nous sommes entrés. A ce jour, leur dispersion et leurs hésitations politiques n'ont pas permis que cette intervention soit à la hauteur, non pas du nécessaire vis-à-vis de la classe, mais de leurs forces politiques et militantes. Pourtant, à partir de l'histoire et des positions politiques qu'ils partagent, ils ont les moyens et la possibilité de parler d'une seule voix dans les combats d'aujourd'hui et de demain. Leur existence n'a de sens que pour cela.

31 Octobre 2010.

1. Autre exemple parmi d'autres encore d'un ex-"tigre" asiatique maintes et maintes fois vanté : Singapour a vu son PNB diminuer de 19% au troisième trimestre. Source : IILS, 09/2010.

2. Source : yahoofinances, 14/10/2010.

3. Nous sommes prêts à reproduire sur notre site et dans notre bulletin toute contribution et intervention de groupe ou d'individus.


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