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Commentaires critiques du PCI (Le Prolétaire)
sur les positions de base de Klasbatalo

[Sur le point 1 : le caractère prolétarien de la révolution de 1917 en Russie1]

La révolution en Russie fut une révolution double : une révolution anti-tsariste, bourgeoise, qui mûrissait depuis longtemps dans ce pays et dont la principale force motrice était la paysannerie,, et une révolution anti-capitaliste, socialiste, dont la force motrice était la classe ouvrière et qui faisait partie d’une vague révolutionnaire prolétarienne internationale. Le pouvoir issu de la révolution était politiquement prolétarien et socialiste, mais il ne pouvait se maintenir que sur la base d’un compromis avec la paysannerie.

L’échec de la révolution internationale obligea le pouvoir prolétarien en Russie à essayer de résister en orientant le développement du capitalisme vers le capitalisme d’Etat et en essayant de le contrôler. Mais c’est le capitalisme qui finit par contrôler le pouvoir et le parti russes. Le stalinisme ne fut pas seulement une « représentation idéologique » de la dégénérescence et de l’isolement : il représenta cette force politique qui mena en Russie la contre-révolution anti-prolétarienne et la réalisation de la révolution bourgeoise. Au niveau international il s’intégra dans la contre-révolution bourgeoise mondiale dont il fut l’un des acteurs décisifs par son rôle à l’intérieur du mouvement prolétarien.

[Sur le point 2 : la décadence du capitalisme]

La « théorie de la décadence » ne permet pas de comprendre l’évolution du capitalisme mondial. A l’époque de la première guerre mondiale, le capitalisme ne s’était encore implanté que sur une partie minoritaire de la planète et même dans les pays capitalistes développés il restait d’importantes fractions de la population qui n’étaient pas de salariés (exemple : en France, en Italie, plus de la moitié de la population était encore dans les campagnes). Cela signifiait que le capitalisme avait objectivement devant lui de grandes possibilités de développement, s’il arrivait à surmonter la crise où il se trouvait (c’est-à-dire s’il réussissait à écraser la vague révolutionnaire prolétarienne (qui était d’ailleurs circonscrite en fait à une partie de l’Europe). Au prix de deux guerres mondiales, le capitalisme a pu redémarrer un très puissant cycle d’accumulation et s’étendre au monde entier.

[Sur le point 3 : la nature capitaliste d'Etat des pays dits "socialistes"]

Les jeunes pays qui ont conquis leur indépendance sur la vague des luttes anti-coloniales ont eu recours, de manière plus ou moins prononcée, en partie selon l’importance de la domination qui subsistait de l’ancienne puissance coloniale, à l’Etat pour suppléer au manque de capitaux locaux, en s’inspirant du « modèle » russe, comme seul moyen d’accélèrer un développement capitaliste endogène. Dans la mesure où ce développement s’effectuait, ce « capitalisme d’Etat » inévitablement devait laisser la place à un capitalisme classique.

[Sur le point 4 : le rejet de la participation aux élections et de la démocratie bourgeoise]

Avant de détourner le prolétariat de sa tâche historique, la démocratie bourgeoise et le cirque électoral en le plongeant dans la collaboration de classe, l’empêchent de retrouver la voie de la lutte indépendante de classe, y compris pour défendre ses intérêts immédiats.

[Sur le point 5 : le rejet des syndicats comme organes de l'Etat bourgeois]

Les appareils syndicaux actuels sont effectivement complètement et irrémédiablement liés au réseau bourgeois de la collaboration entre les classes. Mais en quoi cette constatation de la situation des syndicats actuels permet-il de rejeter des « syndicats rouges » (qui n’existent pas) ou des « syndicats anarchistes » ? Pour leur lutte quotidienne de défense immédiate contre les capitalistes, les ouvriers ont besoin d’une organisation spécifique, ouverte à tous ceux qui veulent défendre leurs intérêts de classe. Cette organisation ne peut être une organisation politique fermée, le parti de classe, mais une organisation de type syndical. Sans doute cette organisation de lutte économique

[Sur le point 6 : le rejet du « front uni »]

Il faut distinguer : Le « front uni politique» s’adressant aux partis ouvriers réformistes, c’est-à-dire soumis à la bourgeoisie, sont à condamner comme les fronts antifascistes et populaires. Le « front uni syndical » s’adressait à des organisations syndicales qui étaient alors encore indépendantes et gardaient un caractère de classe : c’est pourquoi notre courant le soutenait. Aujourd’hui, avec les syndicats actuels, ce n’est plus possible. Le « front uni à la base » s’adresse aux prolétaires, qu’ils soient ou non adhèrents à tel ou tel parti, pour une lutte précise, sans impliquer aucun accord politique au sommet entre différents parts ; En Italie ce pouvait être la défense armée contre les fascistes des sièges des partis et organisations « ouvrières », y compris des partis réformistes. Un « front uni » de ce type n’est pas à rejeter aujourd’hui.

[Sur le point 7 : le rejet des luttes de libération nationale]

Il faut distinguer entre le nationalisme des oppresseurs et le nationalisme des opprimés. Les décennies de l’après- guerre ont vu les prolétaires participer aux côtés de millions de paysans aux luttes anti-colonialistes et d’indépendance nationale, c’est-à-dire à des révolutions bourgeoises : ils ont eu raison ! Le prolétariat ne peut se désintéresser de révolution bourgeoise, se mettre de côté, comme le préconisaient les mencheviks en Russie : il doit y participer en luttant pour conserver ou conqu »rir son indépendance de classe, s’efforcer de pousser cette révolution jusqu’au bout, et si possible, s’il est organisé en parti, essayer d’en prendre la tête pour pousser à sa propre révolution internationale : tactique définie par Marx et Engels pour l’Allemagne de 1848-1850 appliquée par les bolcheviks en Russie.

Aujourd’hui le cycle des luttes révolutionnaires d’indépendance nationale – révolutions bourgeoises – est historiquement clos à l’échelle de la planète. Mais il reste et il restera toujours tant qu’existe le capitalisme des oppressions nationales, et des luttes contre ces oppressions. Les communistes ne sont pas indifférents vis-à-vis de cette oppression : ils luttent contre toutes les oppressions, y compris donc l’oppression nationale, mais en les intégrant dans (et les subordonnant à) la lutte prolétarienne de classe, plus précisément dans la perspective de l’union des prolétaires de tous les pays.

[Sur le point 8 : les conseils ouvriers comme organes de la dictature du prolétariat]

Pour faire la révolution et pour exercer sa dictature, le prolétariat a besoin de son parti politique : sans la direction du parti, il ne peut y avoir de victoire de la révolution ni de dictature du prolétariat victorieuse. Cette leçon fondamentale différencie les marxistes des libertaires et semi-libertaires

[Sur le point 9 : le rejet de l'autogestion et la nécessaire abolition des rapports capitalistes, des classes et de l'Etat]

L’abolition des rapports capitalistes nécessite d’abord la révolution politique, c’est-à-dire la prise du pouvoir par le prolétariat, la destruction de l’Etat bourgeois et l’instauration d’un Etat Prolétarien , c’est-à-dire de la dictature du prolétariat. Cet Etat prolétarien, cette dictature du prolétariat, est indispensable pour exproprier politiquement et socialement l’ancienne classe dominante et « neutraliser » les classes moyennes, pour déraciner progressivement le mode de production capitaliste. On ne peut passer directement du capitalisme au communisme, on ne peut sauter par dessus par cette phase intermédiaire qui sera aussi celle de la guerre civile internationale.

[Sur le point 10 : le parti]

Le parti est l’organe sans lequel le prolétariat ne peut prendre et exercer le pouvoir Ce parti a une fonction dirigeante dans la lutte révolutionnaire et l’exercice du pouvoir. Les autres formes et organes prolétariens (syndicats, soviets, etc.) ont un rôle secondaire par rapport à cet organe suprême.

Seul le parti qui se constitue sur la base du programme communiste historique du prolétariat et qui ne regroupe qu’une minorité de la classe, peut diriger et unifier celle-ci, c’est-à-dire l’arracher à la domination de la bourgeoisie. La grande masse du prolétariat fera la révolution sans avoir une idée claire du but final et de la marche à suivre, etc. : ce n’est qu’après la révolution et quand la bourgeoisie aura perdu son pouvoir sur la société que les masses les plus larges pourront accéder à cette « conscience » . Marx : la révolution est nécessaire au prolétariat pour qu’il se libère de tout le vieux fardeau qui pèse sur son dos…

[Sur le point 11 : la fonction et l'intervention des révolutionnaires]

Les communistes interviennent dans les luttes et la vie du prolétariat, mais pas pour clarifier le programme ! Le programme du parti, le marxisme, est le condensé des grandes luttes et expériences historiques de classe du prolétariat, pas des escarmouches contingentes et limitées d’ aujourd’hui ! Ce programme est l’arme la plus précieuse du prolétariat, il ne peut être soumis à une discussion démocratique et à une révision perpétuelle selon les suggestions passagères du moment, à plus forte raison quand l’influence contre-révolutionnaire de la bourgeoisie domine de façon écrasante le prolétariat lui-même ! Ce programme doit être compris, assimilé et défendu de façon intransigeante par les militants qui veulent se placer sur le terrain et contribuer au ressurgissement du prolétariat révolutionnaire. C’est un objectif difficile à atteindre car il nécessite de rompre avec tous les préjugés et l’idéologie inculqués par le multiforme et ultra-puissant appareil de propagande bourgeois. Mais c’est ce qu’il faut faire avant de vouloir faire entendre ses « idées » et « conscientiser » les prolétaires…

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