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Le regroupement des révolutionnaires (Correspondance)

Avec l'annonce de la constitution de notre groupe, nous avons reçu un certain nombre de réactions. Elles étaient toutes positives et la plupart nous encourageaient dans notre démarche politique, en particulier sur le fait de dissoudre "nos anciens groupes", de nous regrouper en un seul, et de vouloir oeuvrer au regroupement des forces communistes. Parmi celles-ci, certaines ont exprimé quelques questionnements ou interrogations sur notre démarche, voire des doutes sur notre capacité à la mettre en oeuvre, et sur la constitution d'un nouveau groupe alors même que nous affirmons vouloir lutter pour le regroupement autour de la TCI. Pourquoi ne pas adhérer directement à celle-ci alors ? L'une des interrogations nous est adressée par un camarade du Canada à propos de la relation que notre groupe, présent dans ce pays, pourrait développer vis-à-vis du groupe canadien de la TCI, le GIO. En effet, il est de notoriété publique dans le pays que ce dernier a jusqu'alors développé une politique "d'ignorance", et même d'hostilité, vis-à-vis des Communistes Internationalistes - Klasbatalo, dont les militants sont aujourd'hui membres du GIGC et constituent la "section" canadienne de notre groupe.

Nous publions donc ici notre réponse au courrier du camarade F. Nous estimons que notre réponse présente de manière très concrète - loin des seules "bonnes intentions" - la politique et l'attitude que nous entendons développer vis-à-vis du seul pôle de regroupement international qui existe aujourd'hui, à savoir la Tendance Communiste Internationaliste.

Bonjour,

Merci, mais j'avais déjà pris connaissance de votre communiqué hier. Une question en particulièrement m'intriguait. Le passage suivant indique un rapprochement avec la TCI, ex-BIPR : "notre groupe orientera son intervention afin de favoriser au mieux le processus de regroupement autour de la Tendance Communiste Internationale - de ses positions et de son organisation comme seul pôle international en capacité d'incarner la tradition de la Gauche communiste". Je vous croyais pourtant à couteaux tirés avec le GIO ici à Montréal...

Au plaisir, F.

Notre réponse

Le GIGC au camarade F,

Cher camarade,

Nous voulions juste répondre au questionnement politique de ton mail du 13 novembre sur notre communiqué : "Le passage suivant indique un rapprochement avec la TCI, ex-BIPRĀ  : "notre groupe orientera son intervention afin de favoriser au mieux le processus de regroupement autour de la Tendance Communiste Internationale - de ses positions et de son organisation comme seul pôle international en capacité d'incarner la tradition de la Gauche communiste". Je vous croyais pourtant à couteaux tirés avec le GIO ici à Montréal..."

En premier lieu, la position que notre nouveau groupe a adoptée sur le "camp prolétarien" en général - c'est-à-dire les forces communistes - et sur la TCI, comme organisation internationale se revendiquant du courant historique de la Gauche communiste, fait suite aux débats, contradictoires, que les CI-K et la FIGC ont mené depuis 2010 sur la question. A la veille de notre conférence de constitution, plus exactement depuis mai 2012, les deux groupes sont arrivés à définir une position et une intervention commune sur cette question. Nous ne pouvons revenir en détail sur les arguments donnés dans le cadre de ce courrier mais tu peux t'y référer facilement en relisant, par exemple, le texte des CI-K, Retour sur une "contribution à un état des lieux de la Gauche communiste"1.

Par contre, il convient de relever que nous essayons d'aborder cette question d'un point de vue historique et international - et non immédiat et local, c'est-à-dire non contingent et... "montréalais". Ces deux dimensions, historique et internationale, sont essentielles pour pouvoir évaluer la place et le rôle - potentiel - que tel ou tel courant historique, voire tel ou tel groupe lié à un de ces courants, peut et doit jouer dans le processus de regroupement international des forces révolutionnaires. A l'issue du débat précité, voilà les conclusions auxquels les CI-K étaient parvenus et que notre groupe reprend à son compte aujourd'hui :

"Enfin, la manière dont nous comprenons aujourd'hui la position de la FGCI n'est plus (...) mais bien de lutter pour que la TCI, seule organisation de la Gauche actuelle qui a le potentiel politique de jouer un rôle de pôle de regroupement, devienne ce pôle de regroupement dont les petits groupes communistes comme le nôtre ont évidemment besoin." (nous soulignons).

Parler de processus de regroupement autour du pôle historique et international représenté par la TCI ne veut donc pas dire qu'il faut réduire ce processus à une adhésion pure et simple à la TCI. Si c'est le cas, tant mieux ! Mais ce n'est pas toujours possible, ni même souhaitable en soi, en particulier lorsque subsistent un certain nombre de divergences politiques non clarifiées, c'est-à-dire pour le moins non "identifiées". Un processus de regroupement, du point de vue communiste, présente diverses dimensions dont l'adhésion et le regroupement organisationnel ne sont qu'une expression parmi d'autres ; et bien souvent elles ne sont que la finalité, la dernière étape, le résultat, des autres dimensions. Parmi celles-ci, existe celle, fondamentale, spécialement aujourd'hui, de mener au niveau international des débats autour des positions de ce pôle et de chercher à le renforcer en l'appuyant autant que faire se peut, tant dans son renforcement politique et organisationnel que dans son intervention internationale dans la classe ouvrière et au sein du milieu, ou du camp, révolutionnaire.

Ce sont ces critères fondamentaux qui déterminent notre position et notre intervention comme groupe international tant au niveau général, international, qu'aux différents niveaux locaux et plus immédiats. Ce sont ces critères qui déterminent déjà et vont continuer à déterminer notre attitude fraternelle et si possible de collaboration vis-à-vis du groupe canadien de la TCI, le GIO2.

Ainsi, nous ne sommes pas "à couteaux tirés avec le GIO à Montréal" comme tu l'affirmes. Par contre, il est vrai que le GIO, à ce jour, ne reconnaissait pas vraiment les CI-K comme un groupe de la Gauche communiste. A ce titre, c'était son problème et non le nôtre ; il lui aurait appartenu, tôt ou tard de clarifier sa position vis-à-vis des CI-K tout en restant fidèle aux traditions et aux positions politiques de la Gauche communiste et de la TCI comme un tout. Par contre, la TCI comme un tout avait su développer des relations fraternelles avec les CI-K depuis maintenant quelques temps.

Aujourd'hui, il appartient au GIO de se positionner vis-à-vis de notre nouveau groupe. Considère-t-il que le GIGC est un groupe de la Gauche communiste avec lequel il doit entretenir des relations fraternelles parce que nous sommes, historiquement, dans le même camp de classe et que, en particulier, nous défendons globalement les mêmes positions programmatiques et de plate-forme ? C'est ainsi que se positionne la TCI au vu des premières réactions de ses membres. Ou bien considérer qu'il est le seul groupe de la Gauche communiste intervenant à Montréal en ignorant, ou bien encore en rejetant, la réalité, à savoir l'existence et l'intervention politiques de notre groupe. Mais alors, il se retrouvera dans une contradiction politique qui, à terme, le mènera dans une impasse politique ne pouvant que l'affaiblir, voire mettre son existence politique en question.

Ce n'est pas ce que nous souhaitons, loin de là.

Nous espérons que ces quelques commentaires auront éclairé ta réflexion et répondu à ton questionnement. N'hésite pas à nous envoyer tes commentaires et critiques éventuelles.

Fraternellement,

Le Groupe International de la Gauche Communiste, le 15 novembre 2013.

1. (http://klasbatalo.blogspot.fr/2012/05/retour-critique-sur-contribution-un.html).

2. Cela n'empêche que nous puissions avoir des divergences et même des critiques politiques vis-à-vis des positions de la TCI comme un tout, comme organisation internationale. Et, évidemment, cela n'empêche pas que nous avons des divergences et des critiques politiques encore plus importantes vis-à-vis de certaines positions particulières que le GIO peut, parfois, développer et qui ne sont pas toujours, à nos yeux, en cohérence avec les positions de la Gauche communiste et de la TCI. Mais il ne nous appartient pas de trancher les divergences et les débats internes à la TCI.


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