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- Chapitre 15 -
Le piège que constitue la CI commence à se refermer sur un SI centriste

D'abord prudemment appelée Délégation d'investigation, la CI a été créée avec "l'argument" selon lequel le SI, le BI et tout le CCI devaient se centrer sur les questions essentielles en vue de préparer le 14e congrès international prévu en mai ; et de ne pas se disperser sur les difficultés de Peter et ses accusations de clanisme contre le SI, présentées comme des questions secondaires et dont l'ensemble de l'organisation, y compris le BI, ne saura rien jusqu'au 14e congrès inclus : "Ce n'est pas une bonne chose de jeter ça dans la discussion pour le congrès, on a des choses plus prioritaires (…). On n'en discute plus au SI, on laisse la commission" (Krespel au SI mensuel du 20/01/01). En fait, c'est à partir de ce moment-là que Louise, Peter et Bruno, ayant déjà préparé, pour la CI, leurs "dossiers d'accusation" – bourrés de mensonges et d’affirmations diffamatoires - contre la majorité des membres du SI, et assurés de la présence en son sein de deux de leurs amis intimes (Krespel et François) vont étendre leur offensive. Jusqu'alors Peter était resté sur une certaine réserve dans le SI. Sans doute, n'est-ce pas par hasard depuis son allégeance à Louise suite à l'été 99 : n'a-t-il pas pour habitude "de ne pas s'engager dans un combat sans biscuits" aime-t-il à dire à ses proches ? Maintenant, avec son "biscuit de la CI", il va, d’une part, ouvertement bloquer le travail du SI et, d’autre part, participer directement – comme on le verra dans les notes du SI - aux accusations et aux calomnies qui vont se répandre auprès des "amis" et dans les couloirs et qui vont permettre de tirer des "portraits psychologiques" et de discréditer les membres du SI – après ceux du SE (cf. 9e chapitre, PV du 29/02/00 et du 18/04/00).

1- Le début du blocage et de la paralysie du SI provoqués par Peter

Cela a déjà commencé avec la publication du bulletin interne 278 qui contient une contribution de Juan sur la Confiance vérifiée dans le CCI et quelques réflexions sur le militantisme communiste. Par la suite, l'ensemble des prises de position dans tout le CCI, les sections et les militants se prononcent en accord avec ce texte. Celui-ci, en fait, reprend et cite explicitement les rapports d'activités précédents posant les difficultés de militantisme rencontrées dans toute l'organisation. Il avance une critique du militantisme intégral et défend comment l'organisation a traité, et souvent dépassé, les divers problèmes concrets soulevés par cette vision et cette pratique dévoyées du militantisme. Il reprend le rapport d'activités du 13e congrès du CCI – adopté à l'unanimité - qui met en exergue directement les difficultés militantes de toutes natures, en particulier celles que certains couples de militants rencontrent et présentent à l'organisation ; parmi eux, le couple Louise-Peter qui occupe une place particulière, centrale, dans la vie du CCI. Personne ne s'offusque alors, au moins ouvertement, et le BI et l'ensemble des militants ne voient rien de choquant. Pour tous, il s'agit là d'une question politique qu’il est normal et légitime de poser. Parmi les différents exemples concrets que reprend la contribution de Juan, se trouve donc la question du couple Louise-Peter et la critique de leur militantisme intégral – que Louise en particulier n'a eu de cesse de reconnaître et de critiquer chez son compagnon (cf. 4e et 5e chapitres de la première partie de cet Historique). Comme ils l'avoueront par la suite, ils ont vécu ce texte comme une attaque personnelle. "Quand Louise a lu le texte de Juan, elle a disjoncté tout de suite." (Peter au SI du 25/01/01). Une fois de plus, elle "disjoncte" quand l'organisation avance, ou essaie d'avancer dans une direction politique qui remet en cause sa vision et sa pratique du militantisme.

Peter qui est en charge des photocopies du bulletin, retarde de son propre chef, contre la décision du SI, la sortie de ce numéro 278 de trois semaines sous divers faux prétextes… jusqu'à la tenue du SI mensuel de janvier et la création de la Commission d'Investigation (CI). A ce moment, puisque l'ensemble du CCI est dessaisi du débat sur le fonctionnement au profit de la seule CI (cf. chapitre 14), les questions politiques posées par le texte vont pouvoir être passées sous silence, ou pour le moins escamotées, car elles touchent à des questions que l’on prétend "délicates", donc du ressort de la CI. Par ailleurs, commence alors une politique de discrédit du texte et de son auteur qui amplifie celle déjà lancée, en sous-main, contre Michel et le SI.

Le prétexte en est une seule et courte phrase du texte qui dit que "en particulier, il a fallu leur interdire de discuter des questions organisationnelles actuelles entre eux [Peter et Louise], en dehors du cadre des réunions, car la confiance de l'organisation dans les camarades sur cette question bien précise n'a pas été vérifiée". Cette phrase se réfère au fait que Peter et Louise, en tant que couple, ont toujours eu des discussions politiques sur le fonctionnement de l'organisation, ce qui a eu tendance à établir, entre le SE et le SI, un lien parasitaire, parallèle à celui mis en place formellement par l’organisation. Une telle situation est, pour le moins, source de confusions politiques et, plus sûrement, responsable des plus dangereux dysfonctionnements. C’est justement ce qui a été stigmatisé et même violemment condamné, au cours de notre combat de 1993-96, dans certaines pratiques du "clan pavillon" : tout le monde se souvient du témoignage éloquent d’Elise rapportant comment SK faisait des "rapports" à la maison après son retour des réunions du SE et comment cela était l’occasion de "débats" entre les habitants du pavillon. C’était une manifestation typique d’un fonctionnement parallèle, la pratique d’"une organisation dans l’organisation".

Et le texte d’orientation pour le BI plénier d’octobre 1993, La question du fonctionnement de l’organisation dans le CCI ne mentionnait-il pas en bonne place qu'il "importe aussi de veiller, dans le choix des militants devant travailler dans de tels organes (les organes centraux), à favoriser le moins possible l’apparition en leur sein d’une dynamique de clan du fait des affinités particulières ou de liens personnels pouvant exister entre les militants concernés. C’est notamment pour cela que l’organisation évite, autant que possible, de nommer les deux membres d’un couple au sein de la même commission. Un manque de vigilance dans ce domaine peut avoir des conséquences particulièrement nocives, et cela quelles que soient les capacités politiques des militants ou de l’organe comme un tout". On peut dire aujourd’hui que nous avons manqué de vigilance sur ce plan, faisant une confiance aveugle à l’intégrité et aux capacités militantes de Peter et Louise.

A plusieurs reprises, le SI a effectivement demandé à Peter de faire un effort pour ne pas évoquer les questions d'organisation avec sa compagne, d’abord parce que c’est un comportement condamnable mais aussi parce qu’il pensait naïvement que cela risquait d’aggraver la "maladie" de Louise. En fait, cette demande, qu'il accepte devant le SI, est jetée à la poubelle dès qu'il est de retour chez lui. Par la suite, il ira jusqu’à justifier cela avec aplomb, voire avec arrogance.

Peter: "En tous cas, je veux dire que je revendique les discussions condamnables ou «de merde», très nombreuses, que j’ai eues avec la camarade Louise en 1993. J'ai eu des discussions permanentes avec elle pendant plusieurs mois. Elle était très mal, etc…"

Juan : "Mais très souvent, en particulier au sein de cette commission [le SI], on t’a fait le reproche de mener des discussions particulières avec Louise ; on t’a reproché parfois des communications qui ne passaient pas par les voies normales de l’organisation. Moi, je trouve que c’est condamnable ; ça ne fait pas référence [aux leçons politiques du combat de] 93 en particulier" (SI du 25/01/01). [Jusqu'alors, Peter était d'accord, en tout cas il acceptait la critique sans rien dire, pour rejeter cette pratique. Ce n'est plus le cas. C'est une des manifestations du fait qu'il est passé à l'offensive contre le SI et qu'il commence à trahir les acquis et leçons organisationnels du CCI pour les besoins de la politique personnelle du couple. Par la suite, cette pratique sera justifiée et théorisée dans le Texte d'orientation sur La confiance adopté au BI plénier extraordinaire de septembre 2001]

Peter demande et obtient une Mise au point du SI sur le texte de Juan au SI mensuel du 20/01/01 (cf. l'importance de cette réunion dans le chapitre précédent de cet Historique) alors que le camarade Jonas a quitté la réunion à cause de son extrême fatigue et que Juan est absent de cette réunion.

Après coup, et devant le désaccord et les critiques de Juan, la majorité du SI se rend compte de son erreur. Mais au lieu de la reconnaître comme telle, il adopte une position centriste et essaie lamentablement "d'arranger la prise de position" adoptée. C'est une erreur grossière qui montre le désarroi dans lequel le SI est en train de sombrer à cause de son centrisme politique.

2- SI du 25/01/01

Juan "a fait quelque chose d’écrit à partir des notes. Il lit son texte (désaccord avec la Mise au point) et demande qu’il soit dans le BII [bulletin interne international]". La réponse de Juan critique Peter pour s’être focalisé sur un petit point afin d’esquiver le débat sur les questions de fond posées par le texte. Il critique le SI dans la mesure où la Mise au point constitue un recul du SI par rapport au texte alors que tous ses membres, sauf Peter, en partagent le contenu politique et sont d’accord sur la nécessité de sa publication. Cela constitue une erreur politique majeure et va désorienter un peu plus l'ensemble des militants, et en premier lieu le BI, en les faisant douter de la conviction et de la détermination politiques du SI.

Olivier: "Pour enlever toute ambiguïté, on a supprimé «interprétation calomnieuse» [dans le texte de la Mise au point]. Je peux être d’accord avec une grande partie de ce que dit le texte de Juan ; mais aujourd’hui, [il faut] faire le maximum pour aider le camarade Peter. (…)

Je propose des modifications à la Mise au point précédemment rédigée par Peter."

[Le camarade Olivier, ce jour-là avec Michel et Elise, essaie de concilier deux positions opposées au nom de l'unité du SI. Ils continuent sur leur lancée conciliatrice et centriste du SI mensuel du 20/01/01 qui, loin de stopper la crise, ne va faire que l'accélérer en donnant encore plus "confiance" à Peter, Louise et Bruno, et en faisant douter l'ensemble de l'organisation et, pour l'heure, les membres du BI, sur la détermination du SI et la justesse de la politique du BI et de l'organisation].

Peter exploite immédiatement et habilement cette faiblesse du SI : "je ne suis absolument pas d’accord pour bidouiller la Mise au point du SI mensuel, et si le SI le fait, je le soulève devant tout le BI ; ça c’est de la magouille. Je ne suis pas d’accord et je dénoncerai cela. Pas dans tout le CCI, pas dans le BII, mais dans le BI. Je le dénoncerai".

Elise: "je suis d’accord pour ne pas changer la Mise au point. Je ne suis pas OK pour que la prise de position de Juan soit dans le BII. Je suis OK avec la commission [d'investigation] pour essayer de lever un certain nombre de suppositions. Je suis pour la pédale douce [pour le calme]. Je suis aussi OK avec un certain nombre de choses dites par Juan: Vrai que Peter n’a vu que cela dans le texte de Juan, le point sur la résolution (interdiction, confiance non vérifiée...), les autres camarades ne l’ont pas vu parce qu'ils ne sont pas directement concernés et qu'ils sont plus concernés par les questions plus générales du texte. Peter doit prendre position dessus. La «mise au point» attire l’attention sur quelque chose de complètement secondaire dans le texte."

Cette intervention est typique du centrisme, du manque de courage politique et de la peur de la confrontation franche et ouverte devant toute l'organisation et tous les militants. Elise propose la non publication du désaccord de Juan et que ce soit… la CI qui prenne la décision - et non le SI dont c'est la responsabilité ; elle affirme son accord "sur le fond" avec le texte de Juan et avec son argumentation ; elle critique même l'esquive de Peter et remet en cause la validité de la Mise au point. Malgré cela, elle appuie Peter qui obtient ce qu'il désirait : le discrédit du texte avec la prise de distance du SI – alors qu'étant en accord avec le texte, il aurait dû l'appuyer sans réserve - d'une part, et la division de ses membres majoritaires d'autre part.

Finalement, seuls Jonas et Juan se prononcent contre la Mise au point. Olivier, Michel, et Elise reconnaissent alors dans les discussions particulières qu'ils ont fait une erreur. Mais c'est trop tard. D'autant que cette erreur est commise le même jour, au SI mensuel du 20/1/01, que l'adoption de la CI à laquelle seul Jonas s'oppose.

Ce moment est un tournant dans l’histoire de l’organisation ; c’est le moment où le rapport de force commence à basculer en faveur des "liquidationnistes", où ils arrivent à faire que leur vision des difficultés de l’organisation (qu’ils attribuent à un clan sorti de leur chapeau) soit prise en compte au détriment de la réalité la plus évidente (les dysfonctionnements dus aux comportements petits-bourgeois de Peter, aux attitudes troubles de sa compagne et à la politique du couple Louise/Peter qui se "sauve" au détriment de l’organisation). C’est le moment où la majorité du SI et derrière elle le BI baissent les bras, prenant ainsi une part essentielle de responsabilité dans le drame qui s’ouvre. La transformation de la "Délégation sur les problèmes de Peter" en "Commission d’investigation" dédiée à faire la lumière sur les prétendus agissements d’un clan, en fait le SI, est le signe concret et tangible du basculement définitif de l’organisation dans un processus de "liquidation". La manière même dont cela se déroule (agissements en sous-main, manoeuvres, pressions et sûrement chantages auprès de certains membres du BI soigneusement choisis) est particulièrement troublante.]

3- La nouvelle esquive du débat par Peter et Bruno face la critique de la politique "d'injonction" du SE

Membre du BI et de la nouvelle CI, François appuie encore à ce moment-là la politique du SI et du BI. Sur la base de son expérience quand il était membre de la CE, il met en lumière les dangers de la vision de la centralisation mise en pratique par le SE et défendue maintenant par Bruno et Louise au nom de la lutte contre le danger du "démocratisme". François – tout à fait justement - critique la politique "d'injonction", autoritaire, menée par le SE (cf. BII 280 et cité dans le rapport d'activités de la fraction présenté au BI plénier de janvier 2002, cf. notre bulletin 6) : "il faut permettre à la discussion de se développer et non promouvoir une orientation sur injonction [sur ordre] (…) ; avoir le souci, chaque fois que c'est possible de favoriser le débat le plus large, c'est cela qui est à la base d'une vraie centralisation (…). Ainsi quand le camarade Bruno pense défendre la centralisation, je pense qu'il se trompe".

Bruno se propose au SE pour répondre. En fait, sa réponse se concentre uniquement sur la réfutation d'un point de détail, d'un exemple concret, ce qui est incompréhensible pour l'ensemble des militants. Il reprend la même attitude que Peter par rapport au texte de Juan qui est d'une part d'esquiver la question politique posée et d'engluer dans une discussion sans fin sur tel ou tel détail d'un exemple concret donné et auquel l'ensemble des militants du CCI ne comprend rien. En fait, Bruno utilise cette "méthode" depuis deux ans (cf. les chapitres de la 1e partie) pour la plus grande confusion de tous et provoque ainsi un malaise qui se généralise.

A la réunion commune SI-SE du 2/2/01, on discute du projet d'introduction – critique – au texte de François, fait par Bruno au nom du SE.

Peter : "je suis OK [avec le projet de Bruno]".

Aglaé : "j'ai lu aussi le texte de François. Je suis contre le fait de cette introduction au nom du SE. Elle attire l'attention sur un aspect ponctuel alors que la contribution de François va au-delà. On ratiocine sur un petit aspect"

Juan : "je suis contre [le projet de Bruno]. Important. Si le SE doit prendre position, [cela doit être] un appui complet [au texte de François] (…). A mon avis, la préoccupation qui est là, [c'est] que le SE et le SI prennent leur distance [avec le texte de François] alors qu'il faut l'appuyer à fond. S'il faut préciser quelque chose, ça ne peut se faire que dans le cadre d'un appui complet (…). Il y a besoin d'une orientation et de la donner avec force." [Les notes sont très mal prises ce jour, mais le sens de la discussion n'en reste pas moins clair].

Olivier : "Mais le contenu du texte de François est comment on mène une discussion, comment on homogénéise, comment on traite des désaccords (…). Ca pose comment le SE a fonctionné pendant un certain temps. C'est la question centrale à aborder pour faire avancer l'ensemble du CCI, comment les OC [Organe Centraux] fonctionnent, comment on permet aux camarades d'être plus réactifs, ne pas chloroformer la pensée. C'est un débat général. Il vaut mieux qu'il y ait le choc des idées [cette fois-ci, Olivier rejette son attitude centriste précédente]. Si le camarade n'est pas d'accord, il développe c'est plus important de développer la discussion. Mais est-ce qu'il ne faut pas aller au-delà, voir comment on a travaillé. Je pense qu'il vaut mieux que la priorité soit : est-ce qu'on est d'accord avec le fond du texte de François ?".

Bruno : "le problème est dans la méthode de discussion. On estime à un certain niveau que peu importe la réalité matérielle. Le texte de François est le premier à avoir fait ce que le SE n'a jamais fait. Est-ce que oui ou non il y a démocratisme ? Il est le premier à le faire, il se réfère à une situation concrète, le problème est qu'il ne se rappelle pas de l'enjeu et il ne se souvient pas que c'est une décision de l'organe central (la CE). C'est une orientation pour tout le CCI. La tache du SE est de la relayer. Il répercute la discussion qu'il a eue avec le SE. Ne pas retenir la forme, le comment ça a été fait. Mais on s'en fout de ça. Un tract on ne le discute pas, on distribue et on discute après" [L’argument est ouvertement malhonnête dans la mesure où il ne s'agissait pas du problème d’un tract qu’il fallait publier dans l'urgence d'une situation mais de la manière dont l’organisation (en l’occurrence la section sud de RI) doit, dans la période actuelle, "encourager" ses sympathisants à constituer des cercles de discussion. Cette question n’a, à l’évidence, aucun caractère d’urgence sauf à être totalement guidée par l’immédiatisme petit-bourgeois, et sa mise en pratique immédiate ne mérite, en aucun cas, d’être imposée "d’en-haut" sauf à avoir une vision hiérarchique de l’organisation.].

Peter : "évident que c'est au coeur des désaccords qui existent [Pour Peter, il y a donc bien des désaccords politiques au sein de l’organisation, idée qu’il ne reprendra pas et qu’il reniera même par la suite pour les besoins immédiats de sa politique "liquidationniste" et de sa lutte contre la fraction (1) ]. Si le SE faisait une telle prise de position, cela invalide ce qu'il dit. C'est le seul exemple qui ait été donné et l'exemple n'est pas valable. Si l'exemple est faux, c'est la responsabilité qu'il y ait une prise de position. On peut dire : on soutient le sens général du texte, et sur l'exemple donné voilà les précisions qu'on peut y apporter. L'exemple donné par François que je ne connaissais pas. Est-ce que c'était l'exemple d'une attitude autoritariste ?" [Peter s'affirme alors d'accord avec le "sens général" du texte. Pourtant dans ce débat sur quel est le danger : "démocratisme ou autoritarisme-injonction ?", il met en avant, au côté de sa compagne, le danger du démocratisme. C'est donc purement par tactique personnelle, sans principe politique, qu'il adopte alors cette position].

Stanley : "rapidement. Vrai qu'il y a eu une orientation de la CE dont le SE s'est fait le relais. Mais la vision était : ils ne comprennent pas, ils appliquent, ils comprendront après. C'est cette vision qu'on avait. On donnait l'ordre".

[Il y a donc bien deux visions et deux pratiques politiques sur la question de la centralisation – et de la discipline - qui s'affrontent depuis un certain nombre d'années. Depuis au moins 1996. L'une, celle du SE d'alors, et aujourd'hui portée, revendiquée, théorisée, par la faction liquidationniste dirigeant le CCI, tourne le dos aux principes de ce dernier et aux acquis de la Gauche communiste (cf. les bulletins de la fraction, entre autres : l'intervention de la fraction à la RP du CCI à Paris du 4 mai 2002 reprise dans le numéro 11). Une fois de plus, l'accusation qu'il n'y avait pas de divergences politiques pour nier l'existence de la fraction et l'exclure, est démentie par les faits.]

4 – La lettre de Louise au SE du 6/2/01

C'est ce moment que choisit Louise pour réapparaître de manière particulièrement provocatrice et agressive. Elle a sans doute mis à profit ses dernières semaines de "maladie" pour rédiger les dizaines de pages de son dossier d'accusation contre le supposé clan du SI et son supposé guru Michel. Elle sait que la donne a changé depuis le SI mensuel du 20/01/02 et la constitution de la CI. Son cas particulier ne peut être traité, pour cause de maladie et de "problèmes personnels délicats", que par la seule CI. Le SI et le SE dont c'est pourtant la responsabilité politique et qui sont mandatés par des congrès et sur la base d'une orientation politique, donc politiquement responsables et avec des comptes à rendre, ont été dessaisis. Elle peut se permettre de passer ouvertement à l'offensive. Elle sait qu'outre Peter et Bruno, elle peut maintenant compter sur l'appui de Krespel qui est le porteur zélé de l'accusation de clanisme au sein de la CI qui elle, comme nous le verrons et comme cela a été théorisé par la suite (cf. le Rapport d'activités adopté en septembre 2001), va devenir complètement indépendante, sans mandat, n'ayant de compte à rendre à personne, donc sans avoir de responsabilité vis-à-vis de l’ensemble de l’organisation.

Ce sera le deuxième tournant qui sanctionnera la victoire quasi-définitive des « liquidationnistes ». En effet, après avoir obtenu grâce à la mise en place de la CI que l’organisation et ses organes centraux soient dessaisis des questions les plus importantes, qu’ils soient empêchés de les traiter ouvertement et collectivement, la deuxième étape va consister à faire de la CI un "super organe central de l’organisation" qui, comme aucun organe central dans l’histoire du CCI, a le pouvoir de trancher sur toutes les questions qu’il traite tout en étant incontrôlable et "indiscutable". De plus, comme on le verra ultérieurement et rapidement, le verrouillage sera totalement accompli quand il sera interdit, sous peine de sanction grave, à tout militant de poser devant toute l’organisation les questions qui sont prétendument du ressort de la CI.

Voilà comment les règles (ainsi que les principes qui les sous-tendent) les plus élémentaires et fondamentales du CCI (pour ne pas dire du prolétariat) sont bafouées, éliminées au profit de nouvelles règles que l’on essaie de présenter comme plus adéquates et plus efficaces. Et c’est en fonction de ces nouvelles règles que les "liquidationnistes" vont imposer leur politique de "discipline" et leur vision de la "loyauté" dans lesquelles, malheureusement, la majorité des militants de l’organisation vont se retrouver piégés. Il est clair que cette discipline et cette loyauté-là n’ont plus rien à voir avec la discipline et la loyauté communistes, avec la discipline et la loyauté telles que le CCI les a toujours conçues et pratiquées. Les membres de la Fraction n’ont donc "trahi" que ces nouvelles règles, que cette "discipline" et cette "loyauté" frelatées que les liquidationnistes ont réussi à mettre en place. Il était même de leur responsabilité de communistes d’agir ainsi.

"Louise au SE,

(…) Je vous adresse cette lettre afin de réitérer ma demande que ces textes [les siens] soient soumis à l’ensemble de l’organisation. La politique que vous avez adoptée à mon égard consistant à ne pas publier mes prises de position dans le débat part certainement d’un très bon sentiment"

"Néanmoins comme je l’ai dit à la première délégation venue me rencontrer, la confrontation politique des arguments ne me fait pas peur, bien au contraire et je suis intéressée comme l’ensemble de l’organisation à ce que toutes les divergences sortent au grand jour et soient pleinement assumées en vue de leur clarification."

[Il s'agit là, de sa part, d'une évidente manifestation de fourberie. En effet, d’une part, elle se présente (et se fait présenter par son mari) comme n’étant pas capable de supporter le débat organisationnel et d’ailleurs elle "disjoncte" à chaque texte ou intervention qui la remet un tant soit peu en question ; c'est même le principal motif mis en avant pour censurer toutes les réponses qui peuvent lui être faites. Mais d’autre part, si les autres ont "les mains liées" par sa "maladie", elle revendique haut et fort le droit d’exprimer ses prétendues divergences, c’est-à-dire en réalité le droit de salir et diffamer l’organisation et la plupart des membres des OC.]

"Telle a toujours été la politique du CCI conformément à ses principes organisationnels. Vous savez à quel point je suis profondément attachée à ces principes et à combattre jusqu’au bout toute dérive allant à l’encontre de ces principes, telles par exemple, les tentations de type monolithique consistant à favoriser la publication de textes allant dans le sens de la "majorité" et à faire obstruction à la publication de certaines contributions défendant un point de vue minoritaire. Il n’est pas inutile de rappeler que si le CCI tolérait ce type de dérive consistant à censurer les textes qui dérangent la "majorité", à étouffer le débat et à faire taire les voix minoritaires, cela signifierait son engagement dans un processus de sclérose, voire de dégénérescence, qui devrait être combattu publiquement comme telle avec la plus vive énergie (…) [suivent alors des accusations précises qui n'en sont pas moins mensongères et calomniatrices]. J’assume donc aujourd’hui [le mot aujourd'hui est de première importance car Louise elle-même confirme que ce n'était pas le cas jusqu'alors] la confrontation politique face à tout le CCI et j’espère que la "majorité" est prête à l’assumer également. Salutations communistes, Louise (6 février) [2001]" (2).

[Outre l'accusation fausse de censure qui scandalise tous les militants qui lisent alors cette lettre, alors que justement elle n'a eu de cesse que d'éviter la confrontation politique durant toutes ces années (cf. les chapitres de la 1e partie), il est intéressant de relever l'état d'esprit revanchard et agressif qui domine dans ce document, lequel se termine par une déclaration de guerre au SE et à l'organisation comme un tout. Enfin, elle a le culot de nous jeter à la figure les principes fondamentaux du CCI qu’elle ne cesse de détourner. 7 mois plus tard, elle et ses complices ne se gêneront pas pour ouvertement les trahir en imposant à notre fraction une censure, véritable elle, et une "politique disciplinaire" qui se soldera très vite par notre exclusion.]

La lettre provoque un tollé et une grande émotion parmi les membres du SE et du SI. Par la suite, elle provoquera à la fois la désapprobation générale et une grande inquiétude parmi les membres du BI. Mais aucune réponse, aucune riposte politique ne sera faite. Nouvelle erreur gravissime. Mais comment répondre au niveau requis par cette lettre scandaleuse, à quelqu'un qui est "gravement malade et qui va régulièrement depuis plusieurs années chez le psy" – tout comme Peter et Bruno d'ailleurs -… ?

SI du 8/2/01

Le SI prépare et discute la présentation du prochain bulletin interne n°280. Louise et Bruno ont pris l'habitude depuis plus d'un an d'inonder l'organisation et les bulletins de dizaines de pages de "contributions" dans lesquelles alors aucun camarade n'arrive à se retrouver et à comprendre où veulent vraiment en venir leurs auteurs. Souvent ces contributions arrivent au dernier moment – de plus en plus souvent, Peter les propose soudainement, par "surprise", en fin de réunion du SI quand l'ordre du jour se termine, vers 1h ou 2h du matin. Il commence là à user de méthodes sournoises qu'il va systématiser par la suite. Cela participe aussi de rendre plus difficile une prise de position du SI et de détériorer l'atmosphère et la confiance réciproque entre camarades, alors que les textes sont de véritables brûlots. De plus, le statut de Louise est toujours ambiguë : elle ne participe qu'aux activités de l'organisation qui lui conviennent. Officiellement, elle est toujours malade et en congé militant. Doit-on publier ses textes qui irritent par leur état d'esprit déplorable et destructeur et qui appelleraient des réponses cinglantes ? Réponses qui risquent de provoquer de soi-disant nouvelles crises et de soi-disant nouvelles déprimes chez Louise?

Juan : "les textes de Louise : le SI ne peut pas rester silencieux et depuis samedi je ne peux pas garantir que cela soit fait. Aujourd’hui qu’une présentation du BII ne prenne pas position , ce serait une erreur politique inacceptable. On ne peut plus laisser passer".

Jonas : "Ok avec la démarche et on ne peut pas en avoir une autre sinon [le bulletin] est une chambre d’enregistrement".

Olivier: "j’ai un problème sur le contenu. Les textes de Louise, on avait la position d’attendre que Louise revienne [dans l'activité normale de l'organisation, en particulier en section de Paris], qu’elle fasse le tri. Hier il y a eu une discussion par rapport à l’état de la camarade. Je ne suis pas persuadé que c’est lui rendre service que penser que ça va bien. Elle dit “je suis bien”, mais en même temps elle ne peut pas revenir en réunion; elle ne se sent pas assez costaud. Peter pense que ça va. Je pense qu’il faut avoir un peu plus de recul et ne pas tomber dans l’immédiatisme par rapport à l’état de la camarade. (…). Sinon, je pense qu’elle n’est pas vraiment bien quand on voit sa dernière lettre, c’est une catastrophe, avec l’idée qu’on veut l’empêcher de discuter, que l’organisation est monolithique".

Jonas: "et si on faisait une mise au point !" [il se réfère, non sans une certaine ironie, à la Mise au point rédigée par Peter et adoptée par le SI sur le texte de Juan]

Olivier: "il ne faut pas plaisanter. Je pense qu’il faut préserver au maximum la camarade, même si elle nous prend pour des magouilleurs. Elle a dans la tête qu’on est pire que des staliniens [cf. le chapitre 14]. Il faut avoir une ligne de conduite. Lui expliquer, quitte à apparaître comme durs. Concrètement je propose de ne pas publier ses textes, d'avoir une discussion avec elle sur son état. Elle va nous dire qu’elle va mieux. Il faut lui montrer ce qu’elle dit dans sa lettre: quand elle lit des textes, elle disjoncte. Si elle vient en section, elle va disjoncter. Il faut que le jour où elle revient, elle soit capable de tenir le choc. Il y a des désaccords politiques, il faut les assumer."

De plus en plus le SI est pris au piège : d'un côté, Louise est considérée comme malade et ne participe pas aux activités régulières de l'organisation ; de l'autre, elle est au courant des discussions du SI, de la CI – elle ne va pas tarder à confier à des proches que cette dernière est d'accord avec elle et que la majorité des membres du BI en Europe commence à la soutenir (ce que le SI ignore complètement et ce qui contredit les prises de position écrite de ses membres) - et du SE. C'est-à-dire qu'elle est beaucoup plus au faîte des discussions et des événements que l'ensemble des militants du CCI et même des organes centraux. Et pour couronner le tout, elle rédige des textes incendiaires, soutenus et présentés par son "mari" Peter, contre le SI et le SE qu'il faut absolument publier, et sans attendre, mais auxquels personne ne peut réellement répondre puisqu'elle est malade, fragile et que chaque texte avec lequel elle n'est pas d'accord la fait "disjoncter" ! De fait, le SI va perdre de plus en plus la main et être systématiquement pris de vitesse, englué dans sa naïveté politique (ou, peut-être, dans son manque de courage politique ?), son souci mal placé de l'unité en soi, de faire fonctionner l'organisation et d'assurer la régularité de son travail. Alors que les trois qui se concertent et tiennent des réunions – celles-là vraiment secrètes et non rapportées -, sont prêts à tous les sabotages, à mener une politique de la terre brûlée pour faire passer, pour le moins, leurs intérêts personnels. Si Louise et ses amis cherchent à contrôler l’organisation, ils ne peuvent pas mieux s’y prendre.

5 – L'usage croissant de la pression et du chantage sur les membres du SI

Pour le moment, c'est principalement une véritable politique de pression et de chantage sur les membres du SI qui est menée par Louise, portée par Peter au sein même du SI et relayée par Bruno dans le SE.

Le SI a quelques velléités de réagir, d’exprimer sa fermeté politique; malheureusement il est totalement mystifié par la "maladie" de Louise et ne peut que se débattre face à une situation qu’il ne contrôle plus. Il ne pense qu’à sauver Louise alors que c’est l’organisation qui est en danger.

Elise: "quand j’ai lu le texte de Louise A propos de mes propos dans le débat sur la confiance, j’ai trouvé que par rapport aux précédents textes c’était mieux. Un autre aspect, c’est que le camarade Peter m’a téléphoné mardi soir, assez agressif, «alors quand est-ce qu’on publie les textes de Louise ? ça fait 15 jours qu’on les a». J’ai un peu oublié la politique par rapport à Louise, j’ai dit «oui peut être, on verra !» [Peter fait ici ouvertement pression sur Elise dans les couloirs afin qu’elle intervienne favorablement à la publication des textes lors de la prochaine réunion du SI pour modifier sa politique en direction de Louise]. Mais quand j’ai lu hier la lettre de Louise au SE, je me suis dit que, vu l’état de cette lettre, je pense que le camarade Peter était mardi sous la pression de la camarade Louise, en train de disjoncter sur le sujet, et c’est sous cette pression qu’il m’a téléphonée et était si agressif. La lettre «attention à monolithisme,... obstruction à la publication,... dérive..., étouffer le débat,... faire taire,... bricolages, magouillages, etc...» Franchement ! On peut faire des conneries, mais ça c’est ce qu’elle pense, ça fait des semaines et des mois qu’elle pense ça de la politique de l’organisation.

Elle croit qu’on croit qu’elle n’est pas courageuse. Elle croit qu’on ne veut pas du débat (…). La politique, ce n’est pas qu’on veuille cacher les divergences de la camarade Louise, on publie les textes de Bruno, ceux de Peter; mais la camarade Louise, vu son état psychique, il n’y a pas de changement à faire par rapport à notre politique dictée pour essayer de sauver le militantisme de la camarade." [Ce qui prouve qu’il y avait bien une politique collectivement définie par le BI par rapport à Louise, qu’on la juge à postériori correcte ou pas].

Juan: "moi aussi je soutiens ça, surtout à la lecture de cette lettre qui m’a profondément choqué. Et si on doit publier quelque chose c’est cette lettre. C’est inacceptable. Et s'il faut montrer à l’ensemble des camarades du CCI pourquoi on refuse de publier les textes de la camarade, c’est à cause de ses difficultés manifestées par cette lettre, cet état psychologique."

Peter: "vrai que Louise m’avait demandé avant que j’appelle Elise ce qu’il en était de ses textes qui avaient été communiqués. Je lui ai dit que je n’étais au courant de rien. Et comme un BII se préparait, j’ai demandé à Elise ce qu’il en était".

Elise: "tu étais bien énervé".

Peter: "j’ai dit à Louise qu’il n’y avait rien de prévu pour le moment. Elle s’est énervée et c’est pour ça qu’elle a écrit cette lettre. Et elle demande aussi ce qu’il en est de son texte d’octobre pour la section de Paris sur le fonctionnement. Elle bout [elle est impatiente] d’intervenir dans la discussion. Elle veut entrer dans la discussion. Elle s’est énervée par rapport à ça parce qu’elle n’a eu aucun écho. Je pense qu’il faut distinguer deux choses : une chose c’est revenir en section de Paris..."

(Altercation Jonas-Peter sur le “sérieux”) [de cette attitude de Louise et sur son chantage].

[Conscient de la crédulité du SI, Peter enfonce le clou de la "maladie" et en profite même pour revendiquer un statut particulier pour sa compagne : elle a le droit de dire ce qui lui plaît, et surtout les pires diffamations contre l’organisation et ses militants, tout en étant inattaquable et protégée contre les critiques. C’est une trahison des principes et règles organisationnels du CCI qui sera théorisée par la suite.]

[Michel fatigué s’en va. 0.04]

Peter: "je pense que ce serait une erreur de ne pas publier ses textes car elle tourne en rond. Le critère doit être: est-ce que ces textes sont valables ou non ? (3) Ces textes font partie du débat. Le meilleur moyen de l’enfermer dans la logique du «on ne veut pas me laisser parler», c’est d’interdire la publication des textes." [Bien évidemment, Peter oublie que c'est Louise qui n'a eu de cesse les années précédentes d'exercer un chantage à son retrait des activités normales de l'organisation, des réunions de section de Paris, du SE, et du CR. Cf. les chapitres précédents].

Olivier: "elle serait en pleine forme et elle penserait ça de manière calme, je serais OK pour la publication. Elle en prendrait plein la gueule,[les réponses seraient très fortes] tant pis pour elle. Mais ce serait un débat politique entre camarades en bonne santé. Mais elle est malade et il fallait qu’elle prenne du recul pour se refaire une santé. Donc veut-on pousser la camarade à se retrouver plus bas que terre ? Moi, les textes ne me font pas peur, mais il s’agit de la sauvegarde d’une camarade et pas d’un débat. Peut-être que je me trompe, mais il faut la préserver. Je crois qu’il faut être fort. Il n’y a pas d’immédiatisme à avoir dans cette discussion. Car comme le dit Juan, c’est la lettre [au SE] qu’il faudrait publier, car si elle pense cela, c’est extrêmement grave car ça veut dire que l’organisation est en crise, qu’elle est foutue. C’est ça qu’il faut discuter, ça c’est la discussion essentielle, parce que c’est cela que les camarades ont dans la tête. Le reste est du pipeau [du blabla], c'est hors sujet. Le sujet, c’est sa lettre au SE. Moi je défendrais cela même si on estime que je suis un stalinien. Je crois qu’il faut lui expliquer rapidement et c'est dommage s’il faut attendre encore une semaine avant de la voir. Si on pense vraiment ce qu’elle dit dans la lettre, il faut l’assumer jusqu’au bout". [Olivier relève justement que ce n'est pas seulement Louise qui porte ce jugement scandaleux mais aussi Peter et Bruno bien que ceux-ci restent silencieux. Et pour cause, ils ne sont pas "malades" eux, et donc ils ne sont pas "intouchables" et on peut leur répondre.]

Peter: "qu’il y ait un problème, je suis d’accord et Mélanie [membre du BI en France] a raison de s’inquiéter du travail du SI. Il faut clarifier cela et c’est pour cela que j’ai demandé une commission. Des choses dépassent la pensée et il y a un énervement. [La stratégie de Peter apparaît ici clairement : ce n’est pas Louise qui pose problème (ses dérapages ne sont que de simples "énervements"), c’est le SI, d’où la nécessité de la CI avec le mandat qu’il a réussi à lui faire attribuer. Politiquement, ce n’est pas Louise qui a tort et qui est responsable des difficultés actuelles de l’organisation, c’est le SI.]

Pour la publication dans le BII, publication ou non, elle est déjà secouée par ce qu’elle a lu dans le BII. Elle a très mal réagi au texte de Juan. Je ne crois pas que si on répond à ses textes, elle le prenne plus mal que cela. Le critère c’est : est-ce que les textes sont acceptables dans le BII ? Elle s’est énervée mais comme ça arrive aussi aux autres camarades. Jonas n’a-t-il pas affirmé que j’avais été pris en flagrant délit de mensonge..." [Il met sur le même plan les insultes de Louise et l'appréciation politique et concrète faite par Jonas de ses propres mensonges avérés – et dont la liste est impressionnante et donne une image de la fuite en avant désespérée de Peter et de sa dérive politique et personnelle].

Jonas: "oui, et je le maintiens".

Peter: "alors je demande que le SI se prononce là-dessus".

Jonas: "je rappelle que c’était à l’occasion d’une affirmation de Peter qui disait qu’il n’y avait pas de discussion entre Louise et lui." [Devant la réalité qu'il ne peut à ce moment-là travestir, Peter n'insiste pas et retire sa "proposition". Il est intéressant de relever qu'il entame là une véritable guérilla permanente contre le travail régulier du SI qu'il va développer jusqu'au congrès]

Olivier : "Là où on a fait une erreur, on n’a pas poursuivi une politique de façon conséquente, on a louvoyé, on a pris des demi-mesures. Et elle ne comprend pas, et Peter non plus ; là, on est emmerdé. Il n’y a pas d’immédiatisme à avoir, les discussions auront lieu. Mais pour te faire réfléchir : tu dis «il peut y avoir des emportements de la camarade Louise, et la lettre au SE en est un exemple». Mais reprenons la lettre à la section pour le mandat : elle a dans la tête qu’il y a un esprit de clan, et donc ces dérapages auront toujours lieu. C'est ça la question. Le camarade Bruno dit «il y a des camarades qui sont diabolisés» : si on dit ça, on le met sur la table et on discute. Mais ce sont toujours des «sous-entendus» [qui sont du domaine exclusif de la CI et dont le SI et le BI sont dessaisis d'une part, et qui, d'autre part, sont propagés dans les couloirs et lors des visites que Louise et Peter font à certaines sections adroitement sélectionnées. Principalement en Allemagne où réside Krespel et à Toulouse, la plus grosse section locale du CCI après Paris et Mexico, et où vit François]. Désagréable dans la manière de discuter. Soit elle pense vraiment [ce qu'elle dit et écrit] ; soit c’est encore des délires [liés à sa situation de maladie]. Personnellement, j’aimerais bien le tester, le vérifier. Je n’en sais rien, mais si on fait une erreur, c’est dramatique. Aujourd’hui, nous ne sommes pas capables d’avoir une appréciation sur son état. Je suis calme, même si moi aussi j’en ai ras la patate [il en a assez]. Jonas est dans une situation difficile qui n’est pas liée à la situation politique. Il faut apprécier l’état des camarades. Voilà mon état d’esprit : c’est peut-être dur, mais même si on a un jugement peut-être dur sur moi, je crois que c’est de mon devoir d’avoir cette attitude et même si elle pense que je suis un magouilleur... Comme membres du SI, il faut s’élever. Ce qui est gênant, c’est qu’il y a beaucoup de sous-entendus qu’on voit apparaître".

Elise : "Un truc qui me gêne, ce genre de lettre [celle de Louise] c’est prendre l’organisation en otage. «Si vous faites pas ça, vous êtes ça» [stalinien dit Louise alors]. La camarade Louise est obsédée par le débat mais ne le dit pas. «Je n’en peux plus d’avoir une intervention politique». L’engagement militant c’est autre chose que ce débat. Et pour elle, sa personne c’est le nombril du monde. Il [Peter] doit y réfléchir. La politique n'est pas cohérente car le camarade Peter n’est pas convaincu de cette politique [du SI]. Nous avons pensé que c’était la politique la meilleure pour Louise (…). Il faut réfléchir plus loin; politique plus cohérente de l’organisation à long terme et voir au-delà pour demain et pas seulement de Louise.

Elle est obsédée par cette discussion et il y a d’autres discussions qui se posent en ce moment. Cette discussion est importante mais c’est plein de sous-entendus et cette discussion est pleine de sous-entendus". [Et qui commencent à créer un climat délétère et de malaise en section de Paris dont les militants ont écho de certaines accusations mais qui ne sont pas ouvertement posées et discutées. C'est une véritable politique destructrice. Par ailleurs, il est important de noter ici qu’Elise pose encore le problème comme Olivier, c’est-à-dire comme la majorité du SI, avant de céder, comme la majorité des militants, à la pression des liquidationnistes].

Ici commence à intervenir la question politique de la discipline formelle et de son respect. N'est-ce pas le SI mensuel qui a pris la décision de garder cette question du domaine de la seule CI ? Et de ne pas la poser devant toute l'organisation ? Fallait-il donc continuer à se taire devant celle-ci, rompant ainsi avec toute sa conception du débat et des combats organisationnels, ouverts et francs, au risque d'être accusés non seulement de "démocratisme", mais aussi de rompre avec la discipline ? Le piège de la discipline formelle commence à se refermer sur l'organisation et ceux qui veulent défendre les orientations de celles-ci. En se refermant, ce piège tourne le dos aux principes organisationnels mêmes du CCI. Et il commence à ouvrir la voie à la liquidation de la conception du débat et de la vie politique d'une organisation révolutionnaire qui est un des fondements du CCI. C'est de manière inéluctable que la faction constituée par Louise, Peter et Bruno – et sans doute déjà Krespel pour le moins – est amené à remettre en cause, les uns après les autres, tous les acquis du CCI en matière organisationnelle.

Pour l'heure, le processus ne fait que commencer. Il apparaît clairement que le piège tendu au SI mensuel de janvier avec la CI fonctionne.


Notes:

1 . [Reconnaître qu'existent des désaccords politiques est contraire à la théorie du clanisme qui expliquent tout, y compris les désaccords, par les animosités personnelles. Le "clanisme" d'un groupe de militants, une fois imposé majoritairement à l'organisation, permet justement d'éviter la confrontation politique des positions au nom de "la lutte contre le clanisme". Les militants ainsi dénoncés doivent d'abord et avant tout reconnaître leurs supposés torts claniques. C'est une précondition. Cela sera en octobre 2001 la raison pour laquelle on nous imposera la censure dans les bulletins internes. Si les "accusés" cèdent, ils s'embarquent dans un processus d'autocritique de type gauchiste, maoiste, personnelle, qui atteint la valeur de leur position politique, et les entraîne inévitablement à d'autres autocritiques personnelles. Car elles sont toujours "insuffisantes" et insuffisamment "loyales" puisque non fondées et surtout sur un terrain moraliste, culpabilisant, qui n' a rien à voir avec le terrain prolétarien. Commence alors le reniement politique, puis vient la capitulation politique face à ses propres convictions, pour finalement finir par le déboussolement, la démoralisation et la destruction du militant.]

2 . Il n'est pas inutile à la lumière de la censure dans les bulletins dont la fraction a été victime dans le CCI sous l'impulsion de Louise, de citer un autre passage de sa lettre : "C’est donc en parfaite conformité avec ces orientations données par le SI [l'ancien SI au main du supposé clan] que TOUTES les contributions doivent être publiées sans aucune censure de quelque nature que ce soit (car je ne pense pas que ces affirmations de l’introduction du BINT 276 soient de la pure démagogie). Enfin, il n’est pas inutile de rappeler que, selon les principes organisationnels du CCI, les positions minoritaires doivent être sur-représentées, ce qui signifie que l’organisation a le devoir de favoriser au maximum la libre expression des divergences".

3 . Quelques mois plus tard (juillet 2001), Peter mentira délibérément aux membres du BI, jouant ouvertement le BI contre le SI, en utilisant un autre "critère". Voici comment il présentera le "combat" qu’il a mené au sein du SI : "on ne doit pas juger, et je me suis battu au SI pour qu’on ne juge pas les camarades en dépression sur les textes qu’ils font... J’ai dit on ne publie pas ces textes car ils peuvent discréditer les camarades. Ce n’est pas par rapport aux conneries que peut dire un camarade dans une telle situation, juger un camarade qui est sous médicament, ce n’est pas la méthode qu’on doit mettre en oeuvre" (SI mensuel de juillet 2001). Les principes et les critères de Peter sont à géométrie variable en fonction de ses intérêts immédiats.


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