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Notre réponse à la TCI

La FGCI à la TCI,

Chers camarades,

En premier lieu, nous tenons à vous remercier pour votre prise de position sur notre rapport d'activités. Nous savons l'effort que cet acte politique a représenté au milieu des différentes tâches que vous devez affronter. La signification politique de votre attitude fraternelle et militante à notre égard dépasse la simple relation entre la TCI et notre fraction ; elle dépasse même la relation « historique » qui aurait dû se développer entre nos deux courants – PCInt-BIPR et GCF-CCI – depuis les années 1970 à nos jours. Comme vous l'écrivez, « d'une certaine manière, notre relation a été un modèle de comment les communistes ayant des divergences doivent établir des liens » [« in some ways our relationship has been a model for how communists with differences should relate to one another »].

Un « modèle de relation » entre communistes

Ce « modèle de relation » ne représente pas un principe abstrait ou moral. Il a un sens politique et concret du point de vue communiste et du prolétariat. Loin de rester dans le respect « poli » de nos relations et de nos divergences, ce « modèle » n'a de sens que dans les expressions concrètes de solidarité et de fraternité communistes face à l'ennemi de classe et ses attaques de toutes sortes en lien, et en « interaction », avec les discussions et la confrontation de nos différences politiques en vue de les clarifier au maximum, voire de les dépasser lorsque c'est possible.

Dans ce sens, nous relevons et apprécions particulièrement la réaffirmation de votre confiance en « l'intégrité et l'honnêteté avec laquelle [nous avons] essayé de défendre ce en quoi [nous] croyons » [« the integrity and honesty with which [we] have tried to carry out what [we] believe in »]. Depuis notre expulsion scandaleuse du CCI et les condamnations ignominieuses que cette organisation a portées contre nous, vous avez toujours assumé avec responsabilité et sérieux une attitude politique fraternelle et à la fois critique qui nous a encouragé et soutenu dans ces moments extrêmement difficiles tant au point de vue politique que personnel. Cependant, cette confiance communiste vérifiée par vous n'aurait eu que peu d'intérêt pour notre classe si elle ne s'était accompagnée, si elle n'avait permis, si elle n'avait été un facteur actif, des discussions et de la clarification de différentes positions et principes politiques ; et en tout premier lieu de celle de la conscience de classe et du parti. Inutile de revenir ici sur les passages de notre rapport et de votre document sur ces questions qui, selon nous, marquent la ligne de fracture au sein du camp prolétarien d'aujourd'hui et de demain entre ceux – les courants – qui seront amenés à être les facteurs actifs, voire décisifs, de la formation du parti et ceux qui s'en détourneront, voire s'y opposeront soit de manière ouverte, soit de manière « détournée », c'est-à-dire « centriste » comme nous l'enseigne l'histoire de notre classe et du mouvement communiste.

Sur ce point, et en passant, nous aurions une différence d'appréciation d'ordre secondaire sur l'approche politique vis-à-vis des camarades qui tendent plus ou moins ouvertement à se situer dans le rejet ou la sous-estimation non seulement du rôle historique du parti, mais aussi et surtout des organisations actuelles de la Gauche communiste au point d'en déclarer la faillite. C'est le cas effectivement de la revue Controverses. Notre attitude et intervention vis-à-vis des camarades de cette mouvance sont essentiellement politiques et le fait qu'ils aient participé – les membres de Controverses – aux accusations et condamnations les plus ignominieuses contre nous lorsqu'ils étaient encore dans le CCI, n'intervient pas dans notre appréciation politique, nous voudrions que ce soit clair. Le fait même que ces camarades nous aient fraternellement salués lors de nos rencontres après leur démission du CCI nous suffit1. Par contre, nous estimons que leur positionnement politique actuel basé sur une déclaration de faillite des groupes de la Gauche communiste représente un véritable danger que nous entendons d'autant plus combattre que nous pensons que ce combat de classe est au coeur du front historique entre les classes.

Mais revenons à notre propos. Nous sommes convaincus que le « modèle de relation » que nous avons pu établir entre nous – modèle par ailleurs qui est encore empreint de faiblesses importantes à nos yeux et dont nous sommes prêts à prendre notre part – est la voie pour établir les bases les plus saines et les plus solides possibles pour le regroupement des communistes et la formation du parti mondial du prolétariat.

Deux divergences qui n'en sont pas

Nous en arrivons ici à un point de malentendu entre nous : la question du, ou des pôles, de regroupement. Nous n'avons jamais prétendu qu'il ne pouvait exister qu'un seul pôle de regroupement, ni que « avant c'était le CCI, maintenant c'est la TCI » [« once it was the ICC, now it is the ICT »]. Ni la fraction, ni « notre » CCI : « cependant, si le CCI est devenu le principal pôle de regroupement, il n'est pas pour autant seul au monde. Le BIPR malgré la confusion qui a déter­miné ses origines, par rapport à la déliquescence politique des autres groupes qui forment alors le milieu prolétarien constitue l'autre pôle de référence et de relative clarté politique qui va polariser les débats. » (Revue internationale #54 du CCI, L'évolution du milieu politique depuis 1968, 1988, souligné par nous)2.

Et aujourd'hui, 20 ans plus tard cette affirmation du « vieux » CCI, 12 ans en particulier après sa crise organisationnelle et l'ouverture d'un cours opportuniste dominant dans cette organisation, qu'en est-il des pôles d'alors ? Voilà ce que notre fraction, que ce soit comme Fraction interne du CCI ou comme FGCI, n'a de eu de cesse de défendre :

« Pratiquement, dès sa constitution, et avant même l'exclusion de notre fraction du CCI en mars 2002, nous nous sommes adressés au BIPR parce que nous le considérions dès lors comme le seul pôle qui restait au sein du camp prolétarien, autour duquel peut s'organiser un regroupement des forces communistes. Les conséquences politiques à venir de notre exclusion sur le CCI lui-même ne pouvant mener, entre autres conséquences, qu'au rejet de sa politique de regroupement - menée, tant bien que mal, jusqu'alors - ainsi qu'au triomphe rapide du sectarisme. Depuis, la dérive sectaire - qui s'est vu renforcer par des prises de position chaque fois plus opportunistes de cette organisation - n'a pas démenti notre "prévision" - et nos avertissements - d'alors. Par ailleurs, la situation d'extrême dispersion du courant dit "bordiguiste" depuis l'éclatement du PCI en 1982 ne lui permet pas d'assumer ce rôle qu'il réussissait à remplir auparavant.

De par sa continuité organique directe avec la Gauche italienne, de par son programme, de par ses analyses politiques et de par son existence organisationnelle internationale, le BIPR reste donc la seule organisation qui a aujourd'hui les moyens d'assumer une réelle politique de regroupement au niveau international. Et, de fait, il constitue le seul véritable pôle auquel les éléments et groupes qui tendent à se rapprocher des positions de la Gauche communiste peuvent se référer et autour duquel ils peuvent réellement se "regrouper" » (Résolution d'activités de la FICCI, janvier 2008).

A ce jour, nous maintenons notre analyse sur ce point. Rien, aucun élément matériel quelconque, n'indique que cette situation ait changé – même si nous n'excluons pas dans l'absolu que celle-ci puisse changer, voire être bouleversée dans un éventuel futur. Nul « honneur »que nous vous ferions en considérant que la TCI est le seul pôle de regroupement qui reste aujourd'hui, mais plutôt un constat matériel, objectif, et une énorme responsabilité pour votre organisation.

Sur le même sujet, ou presque, nous n'avons jamais estimé qu'être un pôle de regroupement signifiait automatiquement et dans n'importe quelle situation, en particulier celle qui prévaut maintenant depuis 1968 – pour nous limiter à cette période –, d'être « le futur parti international du prolétariat » ni « son unique noyau ». Historiquement, cela peut arriver – ou ne pas arriver. Mais ce n'est pas la situation aujourd'hui pour la TCI, ni ne fut celle du CCI lorsque nous le considérions comme un des pôles. C'est justement le CCI devenu ouvertement opportuniste qui révise en 2005 ses positions de 1988 et sa vision du processus de regroupement menant à la constitution du parti qui estime qu'il « constitue déjà le squelette du futur parti » (Résolution sur la situation international du 16e congrès international, Revue internationale #122).

Nous avons relu notre rapport et nous n'avons pas relevé de

passage qui « qui répète encore (…) que [la TCI] est le seul noyau du futur parti mondial du prolétariat » [« repeat yet again (…) that [the ICT is] the only future nucleus of a world proletarian party »]. Il n'y a donc pour nous aucune divergence politique réelle sur ces deux points entre nous mais un problème de compréhension.

Une véritable divergence

Par contre, et ces deux dernières questions nous y amènent, il y a bel et bien une réelle divergence sur « comment l'organisation politique internationale de la classe ouvrière surgira ». Selon la TCI, « il vaut mieux pour de réelles organisations qu'elles surgissent au sein de la classe ouvrière à partir de la classe ouvrière de chaque territoire là où elles sont présentes plutôt que d'établir des succursales de trois ou quatre camarades qui viennent juste d'adopter notre plate-forme » [« it is better for real organizations to emerge within the working class in each territory where it is present than to establish warehouses of three or four comrades who just happen to agree with our platform »]. Pour nous, « toute organisation, aussi petite soit-elle, doit se considérer et agir comme un groupe international centralisé, avec une même plate-forme politique en particulier, quelle que soit sa configuration et sa présence géographique ». Nous ne pensons pas que notre conception corresponde systématiquement à l'établissement d'un « pôle centralisé auto-proclamé » – nous-mêmes ne sommes pas et ne pouvons être un pôle de regroupement international dans les circonstances actuelles – constitué de « succursales de trois ou quatre camarades ». Mais là n'est pas la question que nous devons débattre et clarifier.

Il est vrai que le prolétariat se voit imposé les limites nationales que la bourgeoisie est incapable de dépasser et qu'il se confronte ainsi à un Etat national avec ses particularités historiques. Dans ce sens, chaque prolétariat est confronté à des conditions et des circonstances particulières. Pour autant, ses armes et ses méthodes de lutte sont, et aujourd'hui plus que jamais, les mêmes dans tous les pays. Seuls les « moments » – au sens large du terme –, les circonstances si l'on préfère, peuvent être, et sont, distincts. Il en va de même pour son avant-garde politique qui se voit aussi obligée de s'organiser en « section », groupes ou partis territoriaux... mais toujours, et aujourd'hui plus que jamais, sur une base programmatique et politique internationale. Selon nous, et il nous semble que l'expérience du mouvement ouvrier et de ses avant-gardes communistes vient largement le confirmer, ce n'est qu'armés d'une vision et d'une pratique internationale que les communistes peuvent intervenir et assumer de la manière la plus efficace possible leur tâche de direction politique dans toutes les luttes du prolétariat, luttes immédiates et locales d'aujourd'hui et de demain, aussi réduites soient-elles, luttes massives et généralisées de demain, luttes révolutionnaires et insurrectionnelles d'après-demain, exercice de la dictature du prolétariat dans un seul pays ou un groupe de pays, etc...

Ce lien entre dimension internationale et dimension nationale de la lutte pour la révolution et le communisme est un lien dynamique – dialectique – dans lequel la première est l'élément déterminant. Elle détermine en particulier l'activité des communistes et de leur organisation. Ce n'est pas un hasard si un des apports essentiels de la « Gauche italienne » a été justement son combat pour préciser, « durcir » et imposer les 21 conditions d'admission à l'IC contre les exceptions et particularismes nationaux que tous les centristes et opportunistes qui courraient après le prestige de l'octobre rouge – et Dieu sait qu'ils furent nombreux ! – cherchaient à invoquer et à introduire afin de garder au sein de l'Internationale leur « autonomie » et refuser la centralisation programmatique, politique et organisationnelle – ou si l'on préfère la discipline communiste. De même, c'est la Gauche qui lutta pour que les questions nationales en général, et surtout celles-là mêmes qui touchaient directement au parti bolchévique, au parti « russe », soient posées et discutées par toute l'Internationale – ils furent seuls à avoir cette audace « d'intrusion internationaliste ».

Certes, la TCI, ni aucun groupe aujourd'hui n'est le parti, ni même son noyau. Pour autant, et dans la mesure où la formation du parti centralisé internationalement de demain sera inévitablement l'objet d'un combat, en particulier contre toutes les tendances à l'autonomie nationale et locale, c'est-à-dire contre tous ceux qui lutteront ou s'opposeront, souvent de manière détournée et au nom des particularismes et autres « exceptions »3, les militants communistes doivent d'ores et déjà se considérer comme des militants « à dimension internationale » quelle que soit leur origine géographique ou leur passeport actuel et s'organiser en conséquence afin de se préparer et de s'armer pour ce combat. De même que nous devons viser à ce que le parti se constitue bien avant le processus révolutionnaire – au risque de défaite historique dans le cas contraire –, de même nous devons déjà nous préparer au combat théorique, politique et organisationnel qui nous attend pour participer à la réussite de sa formation ultérieure.

Un petit point en passant : nous pensons que l'argument de la TCI selon laquelle « une centralisation prématurée peut être une barrière pour le surgissement de nouvelles forces au sein de la classe ouvrière dans chaque aire géographique » [« premature centralisation can be a barrier to the emergence of new forces within the working class in any single area »] peut engager le nécessaire regroupement des forces communistes dans une certaine confusion. Néanmoins, nous pensons aussi qu'il est nécessaire de réfléchir à cette remarque. Ne serait-ce que parce que les expériences du PCint-Programme communiste et du CCI, deux expériences d'organisation centralisée internationalement, deux expériences actuellement en grandes difficultés, peuvent sembler donner raison à votre vision.

Dans ce sens, et même si nous sommes d'accord avec la finalité de l'invitation que vous nous adressez en guise de conclusion et selon laquelle « ce serait un grand pas en avant si vous pouviez participer dans la formation d'une organisation internationaliste composée de communistes français qui pourrait agir comme un véritable noyau orienté, non seulement vers les débats entre internationalistes autour du monde, mais aussi vers la classe ouvrière avec laquelle vous êtes directement en contact » [« it would be a great step forward if you could participate in the formation of an internationalist organisation based amongst French communists which could act as a real nucleus oriented, not only to debate amongst the internationalists around the world, but also to the working class [we] are directly in contact with »], nous savons qu'au stade actuel de nos compréhensions et visions respectives, nous n'entendons pas exactement la même chose.

Nous ne développons pas plus ici, ces quelques lignes – déjà trop longues – ne visant qu'à poser les termes d'une confrontation des positions sur cette question et de leur clarification, voire dépasser la divergence. La centralisation internationale du parti communiste est une question de principe. Néanmoins, nous ne pensons pas que la divergence, telle qu'elle s'exprime aujourd'hui – les camarades de la TCI luttent aussi pour un parti centralisé –, soit de nature à empêcher un travail en commun, voire à un rapprochement – y compris organisationnel – encore plus affirmé.

Sur les racines de l'opportunisme

Nous ne répondrons pas ici sur l'appréciation critique, critique que vous avez toujours portée à la vision et aux analyses du CCI, sur le lien qui est fait entre l'analyse du développement des luttes ouvrières dans les années 1970 et 1980, et derrière cela la démarche idéaliste que vous avez toujours vue, et la faillite du CCI actuel. Juste un tout petit mot sur la méthode.

D'abord, si l'analyse des « années de vérité » – les années 1980 – du CCI peut être critiquée, il est difficile de la présenter comme un moment particulier de la dérive opportuniste finale. Car n'est-ce pas aussi sur la base de cette analyse que le CCI s'est dégagé – dans ses prises de position officielles, congrès, résolutions, articles, et pratique militante aussi – de ses travers conseillistes et anarchistes d'origine ? Qu'il s'est réapproprié – certes avec beaucoup de difficultés – tout le combat de Lénine contre l'économisme et pour le parti, organe de direction politique ? Notre fraction n'a eu de cesse de défendre les acquis théoriques, politiques, organisationnels et militants de cette époque contre leur liquidation ouverte depuis 2001.

Ensuite, il nous semble que définir la raison d'une dégénérescence opportuniste d'une organisation ou d'un courant politique par son analyse erronée du cours de la lutte des classes est une erreur, ou pour le moins une explication largement insuffisante. N'est-ce pas là la critique que le CCI – nous y avons participé et avons nous-mêmes porté cette critique – a toujours porté à tort contre la constitution du PCint en 1943 ? Constitution qui aurait eu lieu, selon le CCI dans un cours contre-révolutionnaire, donc à contre-courant. Or le PCInt n'est pas tombé dans une dégénérescence opportuniste et a survécu, ô combien, ô comment, jusqu'à ce jour au point d'être la principale organisation d'avant-garde du prolétariat mondial de nos jours. L'argument du CCI contre la formation du PCInt tombe donc. Et nous pensons que la même « argumentation » vis-à-vis de sa propre dérive n'est pas plus suffisante. Certes, une analyse erronée affaiblit une organisation et peut favoriser des faiblesses déjà existantes menant à une dérive opportuniste. Mais c'est surtout l'armement programmatique et théorique qui est déterminant dans la résistance d'une organisation communiste face au poids et aux attaques de l'idéologie bourgeoise et non ses analyses sur la situation. Grâce à la fidélité aux principes et au programme, on peut résister aux erreurs et faiblesses qui sont le lot quotidien des organisations communistes. Par contre la justesse dans une analyse d'une situation, voire même d'un cours historique, ne garantit pas de pouvoir résister aux sirènes de l'opportunisme et du renoncement.

Voilà, chers camarades, les quelques réflexions et précisions que nous voulions apporter à votre prise de position sur notre rapport d'activités. Comme nous vous l'avons déjà dit, nous sommes prêts à débattre de tout cela, mais surtout nous restons disposés et déterminés à participer au travail de la TCI et à lutter à ses côtés – à la place que vous et nous définirons – dans la difficile voie de la reprise des luttes ouvrières et surtout dans celle encore plus difficile et pourtant fondamentale, première, vers le regroupement des forces communistes et la formation du parti mondial.

Fraternellement,

LA FGCI

1. Leur attitude fraternelle indique la réalité et la profondeur de leur conviction lors de la crise du CCI en 2001-2002 quant aux condamnations qui nous étaient portées et dont la plus grave était que nous étions des flics. Et elle en dit long sur les conditions dans lesquelles les militants du CCI se sentaient contraints de voter les pires résolutions et autres motions contre nous dans la folle ambiance de panique créée à dessein par la faction liquidationniste d''alors au nom de « la défense de l'organisation et de son unité ».

2. Ou bien encore : « Nous avons déjà vu que cette vision pessimiste ne tient pas compte du fait que la majorité du milieu révolutionnaire dans les années 1968-75 était restée rigoureusement étrangère à toute dynamique de contact et de discussion, alors qu'aujourd'hui, les deux principaux pôles de regroupement qui existent à l'échelle internationale -le CCI et le BIPR- sont tous les deux des défenseurs -même si c'est en termes différents- de la nécessité de ce débat. Ce n'est pas par hasard si les nouveaux groupes qui sont en train d'apparaître, en particulier à la périphérie du capitalisme, tendent immédiatement à faire référence aux débats entre ces deux pôles. Aujourd'hui, n'en déplaise à ceux qui croient que le débat entre les révolutionnaires est une espèce de supermarché, qui, pour être riche et satisfaisant, devrait offrir le choix entre des milliers de produits divers, cette sélection n'est pas un "appauvrissement", mais un pas en avant. Cette polarisation permet aux nouveaux éléments qui surgissent de se situer clairement par rapport aux divergences politiques FONDAMENTALES qui existent parmi les grands courants essentiels du mouvement révolutionnaire, au lieu de se perdre dans les mille finasseries secondaires de telle ou telle secte. » (Revue internationale #55 du CCI, Décantation du milieu politique..., 1988). Aujourd'hui encore, nous restons convaincus de la validité de cette affirmation et de cette « méthode ».

3. N'est-ce pas déjà le cas de la mouvance « conseilliste » que nous avons évoquée et dont une grande partie est constituée de « déçus » du CCI, mais pas uniquement – l'Istituto Damen par exemple – et dont une des motivations pour quitter les organisations communistes dont ils étaient membres, est justement la revendication de leur « autonomie » et « liberté de pensée », qu'elles soient individuelles ou de cercle ?


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